La traversée du Mexique est elle sûre ? Oui, non, peut-être, difficile à dire. Les échos sont nombreux. Il y a beaucoup de « on dit ». Beaucoup de gens qui vont nous dire « c’est dangereux » sans vraiment savoir. Juste parce que c’est le Mexique. Je n’avais pas envie de m’arrêter dans le nord du Mexique, parce que j’en avais en effet une image de région très dangereuse. Pourquoi ? Aucune idée de où me venait cette image. Pourtant, il fallait bien que tout cela soit basé sur quelque chose… Au final, la source d’information qui m’a paru la plus fiable, c’était le site internet du ministère des affaires étrangères française. Pas le choix d’être honnête avec leurs ressortissants, parce que ce sont eux qui ont à gérer en cas de problèmes. Pas trop de possibilité d’exagérer trop non plus, j’imagine, pour des raisons diplomatiques. Bref, le site internet du ministère des affaires étrangères nous offrent cette carte qui fait rêver :
Ouaip, on devait passer par là. Et on n’avait pas le choix. Quelques consignes de sécurité de base : rien de visible dans la voiture. Fenêtres fermées en permanence. Portes fermées à clé en permanence. Il faut rouler. Éviter de s’arrêter le plus possible. Privilégier les autoroutes payantes. Notre objectif est clair : on passe la frontière, et on roule minimum 4h non stop. On avance le plus possible.
Grosse hésitation la veille au moment de choisir notre post frontière. Deux options possibles : Eagle Pass, un peu plus au nord, ou Nuevo Laredo. À vrai dire, on avait oublié la ligne rouge entre Nuevo Laredo et Monterrey. Sinon, on n’aurait pas hésité, et on aurait visé Eagle Pass sans hésiter. Mais finalement, nous sommes partis de Nuevo Laredo.
Stressés ? Un peu. Laurie sans doute un peu plus que moi. J’ai cette fâcheuse habitude d’être un peu trop confiant. De me dire que puisque je suis persuadé que tout va bien se passer, tout va bien se passer. Il n’empêche, j’ai décidé de faire attention quand même. De rien prendre à la légère. D’être bien préparé. J’ai copié sur internet tous les documents importants de mon ordinateur. Mon ordinateur comme mon appareil photo sont vieux. Ils n’ont plus aucune valeur. Si quelqu’un les veux, je lui donne sans hésiter. Si quelqu’un veut un peu trop n’importe quoi, je lui donne sans hésiter. J’ai une assurance voyage, je suis en pleine forme, je baragouine l’espagnol… bref… on y va ?
Premier stress : la traversée de la frontière. Comment ça va se passer ? On passe le Rio Grande. On est de l’autre côté. On est au Mexique. Une première vérification. Rien à déclarer ? Non, rien à déclarer. Deuxième vérification : vous allez où ? Mexico City. Bien, continuez. Et… et là, on se retrouve de l’autre côté. On se regarde. Il y a forcément un problème. Personne ne nous a demandé nos passeports. Et Laurie n’a eu à remplir aucun papier pour l’importation de sa voiture. Bizarre. De mon côté, je me souviens avoir lu que pour passer seulement trois jours proches de la frontière, il n’y a rien à faire. D’accord. Mais si on veut aller plus loin ? Un panneau nous sauve. « Importation de véhicule ». On s’y dirige, un peu comme on peut, mais on y arrive. Un magnifique bâtiment officiel (comprendre un gros bloc de béton). Ça fait officiel, donc, et sérieux. Une heure plus tard, on en ressort. Laurie a un autocollant à coller sur son pare-brise, et on a tout les deux nos cartes de touristes dans nos passeports.
On se regarde : c’est la que la partie sport commence. J’ai pas forcément beaucoup dormi cette nuit, mais je suis en pleine forme. Conduire sans m’arrêter pendant quatre heures, aucune inquiétude. Je sais que je suis capable de beaucoup plus. On décolle.
Très stressés au début, on se détend petit à petit. L’autoroute est calme. On s’habitue vite à la conduite, un peu sauvage. Mais beaucoup plus calme que Bali ou le Maroc. Rien de stressant. Pas de barrage militaire, pas de milices au milieu de la route, pas de véhicules en feu, pas de scène de guerre… on finit par passer un deuxième post frontière. C’était donc bien ça : Il y a un genre de zone tampon prêt des États Unis. Comme tout est déjà en règle, on passe sans aucun problème. Le van n’a jamais été fouillé. Tant mieux. On n’avait rien à déclarer, mais il y a quand même beaucoup de bordel là dedans, ça aurait été long.
L’atmosphère à bord du van se fait de plus en plus légère. On roule, on rigole beaucoup. Un peu nerveusement parfois. Petit inquiétude au moment d’un barrage militaire. Mais ils font juste nous faire signe de continuer. Autre ralentissement plus tard. Des employés de l’autoroute nous sonde pour savoir d’où on vient, où l’on va. Pourquoi Pas !
Et on roule encore et encore. Après 4h30, on est sorti de la zone la plus risquée. Petite pause pipi, on change de chauffeur et on repart.
Autre contrainte formelle : ne jamais, jamais, jamais rouler de nuit. Les risques d’agressions augmentent, et on voit beaucoup moins les ânes, les moutons, les chèvres, et tout l’écosystème qui vit sur le bord de l’autoroute.
Il est 16h30 quand un panneau nous indique « San Luis Potosi » à 200 kilomètres. Un peu plus de deux heures de route. C’est ce qu’il doit nous rester d’ensoleillement. Pourquoi s’arrêter à San Luis Potosi ? Parce que nous sommes dans l’état de San Luis Potosi. Et que si la ville et l’état ont le même nom, la ville doit être grande. Et si la ville est grande, il y aura des hôtels. Logique imparable.
Oui, nous avions surestimé notre première étape, la plaçant un peu trop loin. Impossible de s’y rendre en une journée. Du coup, San Luis est devenu notre étape intermédiaire.
Laurie a géré l’arrivée en ville comme une chef. Le GPS nous a garé en plein centre-ville, et on est parti marcher un peu au hasard. Et là… et là, soudainement, le cerveau réalise. Alors, les cours accélérés sur Babbel en février mars, ça donne quoi ?
– Buenas tardes, buscando una habitación grande per duo por favor.
– Esta 250.
– Tenen un estaciamento?
– No. Pero este un hotel con estaciamento. Vais à la izquierda y la prima derecha.
Et là, je me pète un peu les bretelles. C’est con, c’est pas grand chose. Mais j’arrive à demander une chambre, j’arrive à demander la route, j’arrive à comprendre le chemin. Un peu après, nous sommes dans le hall de l’Anahuac. Hôtel avec parking, internet et salle de bain ! Pour un prix dérisoire qui nous fait halluciner. On va chercher la voiture, on la gare.
Ça y est. Je crois que je réalise enfin. On est au Mexique. Et qu’est-ce qu’on fait quand on arrive dans un nouveau pays ? Vamos comer ! Deseo probar la cucina del mexico !
[…] six heures au Mexique Écrit par : Sébastien ChionOctober 22nd, 2015 L’arrivée au Mexique […]