La pointe sud de la Floride se prolonge par une succession d’îles, communément appelées « les Keys ». Les Keys, en Floride, désigne de façons générales les petites îles regroupées en archipel. Mais la plupart du temps, quand on parle des Keys, on parle de cette succession d’îles particulières, reliées par une seule et unique route : la US-1. Tout cela sur un peu plus de 160 kilomètres, avant de se terminer à la très célèbre « Key West ».
Des Keys, je ne sais pas grand chose. Si ce n’est que Jacques Poulin aimait à y aller (les Keys ressortent dans plusieurs de ses livres). Et aussi que Key West est la ville (l’île et la ville portent le même nom) natale de Ernest Hemingway. Aller voir la maison natale de l’auteur préféré de mon auteur préféré me paraissait une belle mission.
Nous avons attaqué les Keys avec enthousiasme… et un peu d’inquiétude aussi. Après avoir vu cette côte est hyper urbanisée tout le long, nous nous attendions au pire… tout en gardant un peu d’espoir. Et puis bon, a priori, les Keys sont un endroit parfait pour la plongée et le snorkeling (nage avec palmes, masque et tubas) et voyant mon anniversaire désormais avancer à grand pas… j’avais adoré fêté mes 31 ans avec les tortues de Bali, je me voyais bien fêter mes 35 avec les dauphins de Floride.
Nous avons commencé par partir en direction de l’est. D’après la carte, se trouvait là bas Byscaine National Park. D’après la réalité, nous avons compris que le parc était plus loin. Nous avons appris par la suite que c’était un parc exclusivement marin, et qu’à défaut de bateau, nous devrions nous en passer. Soit. Nous sommes repartis en direction de l’ouest, donc, en nous arrêtant dans un state park que nous avions raté en passant devant. Et là, nous avons découvert ceux qui allaient devenir nos pires ennemis pour les prochains jours. Beau petit sous bois ombragé, assez humide, assez chaud. Nous avons tué des moustiques par centaines, avant de rapidement nous décider à faire demi-tour. Les lieux n’étant pas aussi inspirant que ça. Quit à se faire dévorer, autant que ce soit pour voir quelque chose d’intéressant… mais là…
Peu de temps après, nous nous arrêtions dans un Visitor Center, dans le but de recueillir quelques informations, notamment sur les possibilités de nager avec des dauphins, faire de la plongée, ou faire du snorkeling.
Les Keys, j’avais lu rapidement, aiment votre portefeuille. Destination touristique par excellence, vous avez intérêt à arriver avec des billets plein les poches. Plongée bouteille ? Hors de prix. Snorkeling avec les dauphins ? Ils sont très très rares. Nage avec les dauphins dans un parc aquatique ? Hors de prix (et scandaleux un peu sur les bords). Au final, ne nous restait plus qu’une option à prix correct : la sortie snorkeling. Parce qu’en fait, on ne voit pas vraiment les coraux et les poissons tropicaux sur le bord de l’eau (contrairement à Bali où j’étais retourné faire de l’apnée sur une épave avec un banc de poissons gigantesque dont je garde encore un souvenir émerveillé). Il faut s’éloigner d’environ 5 kilomètres minimum des côtes. Et avec le petit bateau gonflable avec des rames en plastique de Laurie, on oublie ça. Bien, nous garderons donc l’option dans un coin de notre tête. Et puis les virées bateau en mer, c’est toujours chouette !
Nous avons aussi repéré quelques states park qui nous faisaient envie, et nous nous sommes joyeusement dirigé vers le premier de la liste.
Pennekamp State Park
Situé sur la toute première île des Keys, c’est sans doute l’un des parcs les plus populaires. Entre autre, et -oserais-je dire- principalement à cause de ça. Le parc offre quelques petites balades courtes en forêt, la possibilité d’explorer la mangrove en kayak, et deux plages où l’on peut faire du snorkeling. Laurie s’est équipée d’un masque et d’un tubas. Moi, je suis plutôt réticent. J’aimerai bien avoir du matériel, mais c’est un peu encombrant. Et du bon matériel coûte cher. Et du bon matériel, j’en ai déjà. Sous mon lit, en France… garder les yeux ouverts dans l’eau, même salée, ne me dérange pas. Alors on va barboter quelques temps. Mais avant, on va quand même se renseigner sur les expéditions snorkeling. Le parc, évidemment, en propose. Côté timing, on se dit que pour le lendemain, ça pourrait être pas mal. On réserve, tout enthousiaste. Et après notre petite baignade rapide, dans une eau horriblement froide (bin oui, 28°, vous aussi vous trouvez ça scandaleux j’espère !), on décide de prolonger le plaisir avec une petite balade en bateau gonflable sur la mangrove. Et c’est vrai que c’est beau. Et c’est vrai qu’on est bien. Et c’est vrai qu’on aime ça !
(vous l’avez deviné, la vie est dure !)
On garera le van pour la nuit pas loin d’une station service, de l’autre côté du parc, et le lendemain, on est de retour pour notre balade. On avait réservé pour la longue de 9h, mais ils l’ont annulé, faute d’inscription. Nous nous retrouvons donc sur la balade courte de 10h30. « Courte », ça veut quand même dire une bonne heure (aller retour) de bateau et une bonne heure dans l’eau. Ce qui est déjà pas mal. Ma grosse inquiétude, c’est de savoir que l’on est 45 à bord. J’espérai quelque chose de plus petit. Mais heureusement, à l’arrivée, la piscine est assez grande pour tout le monde. Qu’il est bon de retrouver le plaisir de l’apnée en mer ! Suivre les poissons, observer les coteaux, faire la course avec un requin (tout petit). Redécouvrir le bonheur de l’apesanteur. Se rappeler les sensations, toujours aussi belle, toujours aussi parfaite. Se demander pourquoi je ne suis pas dans l’eau plus souvent. Pourquoi je n’ai toujours pas mon brevet PADI’s Open Water. Pourquoi je ne suis pas plongeur certifié. Pourquoi, n’est-ce pas ?
Et pourquoi est-ce que vous n’avez pas de photos sous marines ? Simplement parce que Boulette elle a pas insisté assez au moment de vouloir me vendre sa go’pro. Non mais franchement, Boulette, si tu avais insisté, y aurait eu une photo du Christ au fond de l’eau !
Bahia Honda National Park
De retour sur la terre ferme, on s’est précipité sur la nourriture. Et oui, la mer ça creuse toujours autant ! Le repas englouti, on a reprit la route, direction : l’ouest, l’objectif étant de rejoindre Key West et le « mile zéro » à un moment.
Nous roulons tranquillement, découvrant petit à petit que nos inquiétudes se révèlent justifier : là encore, tout est construit. Partout. Bétonné. Goudronné. Maisonné. Resorté. La nature semble avoir complètement disparu. Nous passons d’une Keys à l’autre, enjambant des canaux sur les ponts plus ou moins longs, plus ou moins hauts. Il y a bien une ou deux îles qui sont un peu plus vertes. Généralement, ce sont celles qui sont trop petites. On se rend vite compte, quand il y a de la verdure des deux côtés de la route, que juste derrière la dite verdure, il y a de l’eau. Si ce n’est pas construit, c’est qu’il n’y a pas la place !
Nous finissons par arriver à Bahia Honda en milieu d’après midi. Suffisamment tôt pour que ça vaille encore la peine de (payer pour) entrer dans le parc. L’endroit est magnifique, et nous plait énormément. L’eau, à nouveau, est à température parfaite pour se baigner. Je décide de me renseigner rapidement, par curiosité, pour une autre sortie snorkeling, le lendemain. Après tout, demain c’est mon anniversaire. J’étais tellement bien sur le bateau, tellement heureux dans l’eau, j’ai bien envie de remettre ça !
On nage encore un peu, et puis on va au point de vue qui permet de voir le vieux pont. Autrefois, les Keys étaient reliées entre elles par… oui, le train. La voie ferrée allait jusqu’à Key West. On partait de Miami, et on allait au bout du monde. En train. Un ouragan un peu violent, et l’essor de la voiture on assez rapidement eu raison du cheval de fer. Les ponts ont été convertis en pont routier, dans un premier temps, avant d’être abandonné au profit de nouveaux ponts : la voiture a besoin de beaucoup plus de largeur que le train, et très vite les anciens ponts n’ont pas suffit. Aujourd’hui, ils servent de lieux de balades, de point de vue, et pour la plupart, de jetée pour pêcher. Nous, nous mangeons en regardant le soleil se coucher sur le vieux pont, qui nous plait vraiment beaucoup. Et aussi en tuant quelques moustiques, qui nous plaisent beaucoup moins.
Et puis au moment de quitter le parc -qui, comme tous les states parks de Floride ferme à la nuit tombée- on se dit que quand même, cet endroit nous plait particulièrement énormément beaucoup. Suffisamment pour justifier de l’utilisation de trois adverbes ! On a envie de tenter notre chance. Il y a deux campings, sur le parc. Le premier, comme partout, est fermé par des barrières à code. Mais la chance est avec nous : le deuxième, lui, ne l’est pas ! On tourne un peu, trouve un emplacement libre. On se dit que ça se tente. Qu’avec un peu de chance, il n’est pas réservé . Alors on s’installe. La vue sur l’océan est magnifique. Surtout avec l’orage qui fait rage, tout loin là bas au loin. Suffisamment loin pour ne pas donner grand chose en photo, mais faire un magnifique feu d’artifice. Et sans compter la voie lactée, qui est de toute beauté. Et aussi cette étoile filante, qui traverse le ciel… je pense à la famille, de l’espace d’à côté, qui vient de passer une vingtaine de minutes à monter un abris extérieur, puis à le recouvrir de lumière. Ils se privent du ciel. Ils se privent des étoiles. Ils perdent du temps et se compliquent la vie pour se priver de l’un des plus beaux spectacles de l’univers. Les humains me fascinent…
Je reste un long moment, à jouer de la flûte sur la plage. À admirer le vide, les yeux perdus vers l’infini. À être heureux. À repenser à la journée. À me dire que cette année, mon anniversaire a eu lieu le 9 octobre, et que ça me va très bien ! Pour une fois, j’ai la chance de m’endormir dans un parc. Au frais. Au calme.
Just a slight correction at the beginning (as I’m quite sure this is complete new information to the author of this blog): I was not born in Key West, but in Oak Park, Illinois (look it up on Google Maps in case you don’t know where that is). I did, however, live in Key West for a couple of years after my father’s suicide. Who would have thought that I would go exactly the same way as he did… (So yeah, don’t ask me how I’m able to write to you at the moment.)
That being said, I hope you don’t mind (although I don’t really give a fuck if you do) that I’m writing in English here. Even though I spend seven years in Paris in the 1920s, I never really bothered to learn French fluently. I might be able to throw around some French catch phrases from time to time (as I did for example in my horribly overrated novel “The sun also rises”), but it doesn’t really go any further than that.
I was going to conclude by quoting myself (’cause who doesn’t love a quote…), but I couldn’t really thing of anything suitable for this particular situation. So yeah, let’s just go with this one: “Always do sober what you said you’d do drunk. That will teach you to keep your mouth shut.”
Cheers,
Ernie
*spent
*think
Morning Ernie,
Thann you son much forme the précision. I guess i red to fast the information about your house. All my apologies for that. Hope everything is alright with you !