Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionMay 31st, 2021
  • Cascade de Veyrines

    À la base, une fois à Allanche, je pensais continuer tout droit. Rejoindre une ligne rouge, et continuer en suivant cette ligne rouge. J’ai trouvé la conduite tellement agréable la veille que j’ai envie de continuer sur des petites routes. En plus, sur cet itinéraire, ma carte indique une petite étoile bleue avec « cascade de Veryrines » sur le bord de la route. Et les cascades, moi j’aime ça. Comme d’hab ; j’aurai pu chercher des photos, histoire de voir à quoi elle ressemblait. Savoir à quoi m’attendre. Mais non. Vraiment. Je préfère les surprises. Et une fois de plus, je ne regrette pas ! La cascade est toute belle ; et les environs m’encouragent à m’éloigner un peu, pour aller admirer encore plein de verts…

     

    Les petites routes

    Et le Chamion continue d’avancer, sagement. Tranquillement. De Allanche, j’arrive à Marcenat. Puis à Condat. Je suis rattrapé par une voiture de temps en temps, mais il n’y a presque pas de circulation. Je peux rouler à ma petite vitesse confortable. La boîte à vitesse du Chamion me paraît parfois un peu aléatoire. Il y a des jours où en 5e, je n’ai aucune reprise sur du plat à moins de 60 km/h ; et des jours comme aujourd’hui où il monte tranquille des faux plats, à 50 km/h, en accélérant si je lui demande. Et j’avoue que c’est quand même l’approche qui me plait le plus. Et oui, j’ai réussi à ralentir encore un peu… rouler à 50, moi, ça me va !

    Arriver à Condat, le panneau indique « les gorges de la Rhue ». Ça tombe bien, c’est justement par là que je m’en vais. La route diminue encore en largeur. Croiser demande désormais un peu de concentration. Mais vu que je ne croise personne, ce n’est pas un gros problème… le paysage est magnifique ; je profite de quelques occasions pour garer la maison quelques minutes sur le bord de la route, le temps de faire une ou deux photos qui ne rendent pas vraiment l’impression générale.

    Et je m’arrête un peu plus longtemps, juste avant d’arriver à Bort-les-Orgues, pour profiter d’un panorama. Que je mettrais un petit moment à trouver. Je commence par faire une belle balade qui m’emmène au fond de la vallée, sur le bord de l’eau. Oui, je sais. Descendre, en général, c’est pas la meilleure approche pour les points de vue… Avant de faire demi-tour, et de voir le petit sentier qui montait. Plus logique pour un panorama.

    J’envisageai de faire une étape courte. Comme je me mélange entre les jours de la semaine (c’est un concept un peu compliqué, je le reconnais) je dispose d’une journée de plus que je pensais pour me rendre jusqu’à Limoges. Et je me disais que je pourrais peut être m’arrêter à Bort-les-Orgues. Me poser sur une aire de camping-car sympa, faire une petite balade, terminer la journée tranquille…

    C’est marrant de voir comment les aires de camping-car se suivent et ne se ressemblent pas. Immense terrain gazonné à Allanche ; 4 places goudronnées, aussi serrées que sur un parking à Bort-les-Orgues, accessibles par une succession de rues étroites, et de croisements un peu serrés. Je n’insiste pas, je continue mon chemin. Je m’arrêterai quand je verrai un endroit qui me plait.

    Les kilomètres s’enchaînent. Toujours sur des lignes oranges. Je m’arrête pour faire quelques courses dans une petite épicerie bio et locale sur le bord de la route. St Nectaire et Cantal bio, le plus dur étant de rester raisonnable. Oh ! De l’aligo. Bon, je prends aussi… Comme bien souvent, j’échange quelques mots à propos de la maison. Il y a des choses qui ne changent pas. Puis je repars.

    Encore quelques petites hésitations d’itinéraires. Mais le choix est de plus en plus simple. Petites lignes oranges plutôt que lignes rouges. Je contourne Ussel ; traverse Meymac sans y trouver l’inspiration. Par contre, je vois des panneaux qui parlent du Mont Bessou, point culminant de la Corrèze. Et de sa tour d’observation. Et les panneaux affichent fièrement « 1000 m » ! Ah. Ok. Bon… je suis quand même les panneaux, en me disant que je trouverai peut être un chouette endroit où dormir au sommet, avec le monde qui s’étalera à mes pieds.

    J’avoue qu’au début je comprends pas trop. Je trouve un parking. Au pied d’une tour qui n’est clairement pas celle que je suis sensé grimper.

    Quand à la tour d’à côté, c’est guère mieux !

    Mais à force de déambuler dans les bois en suivant un sentier tortueux, j’arrive à la tour d’observation ; celle que j’ai le droit de grimper. Du coup, cette tour n’est pas vraiment le point culminant de la Corrèze, vu que les arbres d’un côté masque complètement la vue. Et que les deux autres tours géantes sont bien plus hautes… mais bon, ça reste le point culminant accessible au commun des mortels. C’est toujours ça !

    En attendant, entre la vue pas hyper inspirante, et le parking pas hyper horizontal, c’est toujours pas ici que je dormirais.

    Pérols sur Vézère

    (et non pas Périls sur Vénère comme mon ordi essaie de me l’imposer)

    Quelques kilomètres plus loin, quand je vois un panneau « aire de camping car » qui semble conduire vers un tout petit village, j’hésite. Je pensais pousser jusqu’au bled d’après. J’hésite un peu trop, passe le carrefour, fais demi-tour un peu plus loin, et reviens sur mes pas. Un grand champ herbeux où broutent déjà quelques camping-car. L’endroit me plait bien. Je vais me joindre au troupeau.

    Une petite rivière coule juste en arrière. J’ai le clapotis de l’eau dans le camion quand j’ai la porte ouverte.

    Je vais faire un tour dans le village. Un samedi en fin de journée, je ne trouverai sans doute pas grand chose, mais il y aura peut-être un truc ouvert le dimanche matin. Une boulangerie, un petit café… ou pas. Pérols sur Vézère ne dispose d’aucun petit commerce. Ce qui me laisse dans une perplexité perplexe. En général, l’idée d’aménager une aire pour les camping-car, c’est de dynamiser un peu les petits commerces locaux. J’aime bien quand je m’arrête dans un petit village aller boire un chocolat chaud au café du coin ; ou acheter des pains au chocolat à la boulangerie. Mais là… rien. L’aire de camping-car est juste complètement désintéressée. Et en fait, bin ça fait plaisir ! On se sent toujours bienvenu dans des moments comme ça. Et comme il y a aussi deux parcours de balades suggérées, je sais déjà comment je commencerai ma journée du lendemain…

     

    Les moulins de Razel

    Matin ensoleillé. Boire son thé (un gen maïsha), en écoutant du Einaudi qui enlace voluptueusement le chant du ruisseau. Démarré tout doucement. Profiter de ces moments tout simples. Et magiques.

    Continuer avec une balade tout aussi magique. Le chemin part dans les bois. Forêt, douce et reposante. Qui, petit à petit, se densifie. Je finis par marcher dans une hêtraie protégée (zone de conservation pour les arbres, et les chauve-souris) ; les arbres sont splendides ; majestueux. Quelques spécimens encore plus impressionnants…

    Le chemin finit par quitter la forêt pour arriver au lieu dit de Razel. Dans ma tête, je cherche une blague à faire avec Finn Razel (la gentille sorcière dans « Willow », il faut suivre un peu !) mais sans succès malheureusement. Par contre, un peu plus tard, je découvre un affichage qui me fait éclater de rire, en présentant une photo de l’animal emblématique du coin : le beau blaireau de Razel !

     

    Mais Razel est aussi (surtout ?) connue pour ses moulins. Le hameau est installé dans un endroit assez peu traditionnel (orienté nord, assez humide) pour une raison fort simple : un accès à un petit torrent dynamique, qui facilite l’installation d’un moulin. Fait cocasse, après l’installation d’un moulin public, une famille riche a construit son propre moulin. Voyant cela, une autre famille riche a fait construire son propre moulin. Les trois étant bien conservés, ils valent en effet la balade. Autre fait cocasse : pendant la seconde guerre mondiale, l’Allemagne contrôlait la production de farine (afin d’en réquisitionner un pourcentage pour elle-même). Les moulins ont donc été mis sous scellés. Par des allemands qui ne savaient pas qu’on pouvait y rentrer par en dessous. Ils ont donc continué de fonctionner et de produire la nuit, alimentant la résistance locale en farine.

    La suite de la balade se fait un peu moins intéressante. Un peu plus goudronnée. Un peu plus habitée. Et je reviens tranquillement après une grande boucle jusqu’à mon point de départ.

    Me voilà  à nouveau dans ma maison, prêt à partir. Mais cette fois, j’ai anticipé mon itinéraire. Et j’ai déjà prévu de suivre les petites routes. Je dois retrouver Aurore, une amie que je n’ai pas vue depuis quelques années. On doit se retrouver au lac de Vassivière. Mais finalement, ils annoncent de la pluie. Donc on décide de programmer Limoges directement. Ou pourquoi pas le lac de Saint Pardoux (non, pas Sardoux – je ne crois pas qu’il ai été sanctifié- mais bien Pardoux), où il est sensé faire beau ? Allez, va pour Saint Pardoux ! Itinéraire repéré, c’est parti.

    Saint Léonard de Noblat

    Après deux kilomètres, je fais demi-tour, reviens de 100 mètres en arrière, et prends une autre route. Plutôt que suivre le panneau « Bugeat » je suis le panneau « Bugeat, route des hêtres ». Route qui porte bien son nom ! Bordée par de nombreux hêtres, aussi magnifiques que ceux que j’ai pu voir la veille (mais que je photographierai moins cette fois, contraint que je suis de garder les deux mains sur le volant). Ce petit itinéraire alternatif fait quelques kilomètres seulement, et je me retrouve de nouveau sur mon itinéraire initial. Je ne suivrai pas la ligne rouge qui m’amène jusqu’à Limoges, puis l’autoroute gratuite vers le nord pendant 20 kilomètres. À la place, je bifurque, et prends la direction de St Léonard de Noblat. Petite bourgade où je décide de m’arrêter en voyant un viaduc impreessionnant. Je me précipite sur mon appareil photo en entendant un sifflement caractéristique. Un autre me confirme que j’ai bien entendu. Je m’installe, et me prépare. Après tout, ce n’est pas tous les jours que j’ai l’occasion de voir un véhicule plus ancien que le mien passer au dessus de ma maison !

    Je finis mon petit tour dans les environs, découvrant que St Léonard de Noblat est sur l’itinéraire de St Jacques de Compostel. Quelle surprise ! En vrai, vous en connaissez, vous, des villages qui ne sont pas sur le chemin de St Jacques ?

    Un peu plus loin sur la carte, un point m’intrigue. Une étoile rouge (« curiosité ») légendée « P. du Dognon ». Et j’avoue être intrigué… c’est quoi un P. du Dognon ? Quelques kilomètres avant d’arriver, j’apprends que « P » c’est pour « pont ». Certes. J’aurais pu y penser ! Il est fléché, indiqué régulièrement. J’attends donc un viaduc immense ; un vieux pont en pierre romain ; un aqueduc construit par les égyptiens quand ils ont accompagné Hannibal…

    Un éclat de rire plus tard, je reprends la route. Je dis quelques gros mots dans Ambazac. Le village compte plus de ralentisseur que de panneaux directionnels. Par chance, j’ai repéré suffisamment de nom pour comprendre assez vite que je suis parti dans la mauvaise direction ; je fais donc demi-tour, repasse quelques ralentisseurs, et au feeling part dans une autre direction (sans panneau) qui s’avère être la bonne.

    Dimanche ensoleillé. 17h30. Je me dirige vers un lac, situé à 20 minutes de voitures de Limoges. C’est fou le trafic qu’il y a dans l’autre sens ! Je regarde tous ces gens qui quittent les lieux, afin que l’endroit soit plus tranquille et paisible pour moi. Et franchement, j’apprécie ! Dans mon infinie gentillesse, je laisse la famille (celle qui squatte l’emplacement sous les arbres que je vise) finir tranquillement de replier ses affaires et s’en aller. Puis je m’installe. Oh que je vais être bien ici sous les arbres avec vue sur le lac ! Ça sent le matin tranquille dans ma bulle !

     

    3 commentaires

    1. Commentaire de Patrice GEORGES

      Encore de bien belles photos qui font envie. J’ai beaucoup aimé le jeu de mot!!

    2. Commentaire de La Feuille

      C’est un blog intéressant parce qu’il y a plein de voies ferrées anciennes et même un train magnifique sur un viaduc…

    3. Commentaire de Iris

      La prochaine fois ce serait sympa de faire un pique-nique à Razel,avec un sandwich au menu (et une comparse qui s’appelle Willow, si possible). En sortant de la voiture tu lui dirais “prends la bagueeeeette Willowwwww!”…

      OK ok ça va…En même temps tu as parlé de blague, pas de blague drôle hein. Bon. On fait ce qu’on peut (j’aime bien le petit clin d’œil au blaireau ceci dit)

      Bonne route, et à tout bientôt ! :)

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