Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionFebruary 25th, 2020
  • [le retard sur le blog sera rattrapé prochainement ; il y a juste eu quelques jours sans internet qui ont fait le plus grand bien ! Arrivée à Valencia ce soir (finalement !) pour ceux qui sont curieux de savoir où j’en suis rendu :) ]

    Je me réveille après une nuit de sommeil plutôt courte. Mon cerveau a décidé cette nuit que de dormir, il n’en avait pas besoin. Mais c’est pas grave. Je m’active quant même, prépare le Chamion, et prends la route. J’ai trois objectifs pour la journée : el Salt (une cascade dont on m’a dit beaucoup de bien), Torre del Compte (parce que c’est un village de la Via Verde) et arriver à Alcañiz ce soir.

    Première étape : rouler jusqu’à el Salt. Je continue donc encore un peu vers l’ouest, avant de bifurquer vers le nord sur la N232 où je ne resterai pas longtemps. Je quitte la grande route pour une toute petite route. Mais je commence à avoir l’habitude de ce format, et je ne m’inquiète plus. Quand un poids lourd arrive en face de moi, je dois bien le reconnaître, c’est lui le plus gros pour une fois. Mais je trouve facilement la place pour le laisser passer, et reprends la route sans plus de soucis jusqu’au chemin qui descend à el Salt.

    La région est toujours aussi pleine de reliefs. La première impression est vraiment celle d’une région assez plate, alors qu’en réalité, ça monte et ça descend dans tous les sens. Une fois de plus, je repère le pic bien distinctif de Santa Barbara dans le lointain. Et oui, malgré tout le temps que j’ai passé dans la région, je ne suis jamais vraiment allé très loin.

    Le chemin est là qui descend jusqu’aux chutes. Elles sont à quatre kilomètres. Le chemin n’a pas l’air très large. Mais après les 20 kilomètres de la veille et une nuit courte, j’ai la flemme de marcher. Et plus j’avance, plus je me rends compte que de toutes façons, mon Chamion c’est un véhicule tout terrain qui s’ignore ! Et donc, il descend sans le moindre petit soucis le chemin de terre et de graviers, un peu étroit et parfois un peu raide. Je passe même la première, une fois n’est pas coutume.

    Et el Salt est là. Je me gare en bord de falaise, et pars explorer un peu. L’endroit est de toute beauté. La roche, en haut de la chute, ressemble à ce que Gaudi aurait probablement fait s’il avait travaillé comme architecte paysagiste ! Et la cascade est impressionnante. Et pleine de vigueur ! Mais la façon dont la roche a été sculptée, toute en rondeur, toute en douceur par (la force !) de l’eau au fil des siècles confère à l’endroit un aspect surréaliste.

    Je continue la balade en profitant d’un petit chemin qui descend pour aller faire un tour au pied de la cascade. Et puis derrière, aussi, parce que ce genre d’occasion est quand même plutôt rare !

    Jusqu’à présent, les cascades se sont faites plutôt rares dans la région. Il y a quand même pas mal de cours d’eau, dont le débit semble très variable vue la différence de largeur entre les lits et les cours d’eau. Et il y a aussi du relief. Mais la nature semble avoir préféré les canyons profonds et les vallées encaissées aux cascades. C’est un choix ; et je ne suis pas sûr d’être la bonne personne pour lui reprocher. D’ailleurs, je ne lui reproche rien. Je suis ravis depuis le début de mon excursion en Terra Alta, et sa continuation en Matarraña (la région d’Aragon frontalière avec la Catalogne où je suis donc présentement). Mais j’aime les cascades, et celle-ci me plait ! Je la contemple encore un peu, et lui souhaite une belle continuation avant de reprendre la route.

    Prochain objectif, Torre del Compte donc. Je rejoins assez vite l’A231. Si je tourne à droite, je serai à Valderrobres dans 10 kilomètres. Et oui, tout cela n’était qu’une autre grande boucle pour admirer un peu plus la région. Un détour… d’une quarantaine de kilomètres. Les distances en Chamion, même sur plusieurs jours, restent relatives ! J’hésite un peu à faire l’aller retour à Valderobbres. Non pas par nostalgie, mais le Chamion a soif. L’aiguille du réservoir approche de la fin du bout. Mais je me dis que dans l’autre direction, Alcañiz ce n’est que 30 kilomètres et que j’ai assez pour aller jusque là-bas.

    J’arrive peu de temps après en vue de Torre del Compte. Qui passe sur ma gauche et porte en réalité le nom de La Fresneda. Un autre petit village du coin. Que je décide d’ignorer, malgré l’ermitage et le château magnifique qui dominent la ville parce que mon objectif c’est Torre del Compte. Je quitte donc la route principale, et m’engage sur une plus petite route. Cinq kilomètres plus loin, je fais demi-tour. Torre del Compte, c’est vraiment petit, et y a rien à voir. À part un ermitage, bien évidemment.

    Parce que alors oui, c’est quelque chose que je n’ai pas encore précisé. Mais que le lecteur aura peut-être finir par deviner de lui même en me lisant : dans la région, il y a plus d’ermitages que de villages. Chaque village dispose d’au moins un ermitage, et assez souvent deux. Et c’est sans compter les ermitages disséminés un peu partout dans la campagne… Donc voilà. Un village en Terra Alta ou en Matarraña, c’est au minimum : un bar, une église, un ermitage, et un élevage de cochons. Parce que oui, ça aussi il y en a partout… vous les avez peut-être vus passer sur les photos, ces bâtiments rectangulaires, plutôt en longueur… la France a beaucoup parlé de l’élevage intensif des cochons en Bretagne… je me demande si c’est la même chose ici. Parce que malheureusement, ce n’est pas vraiment de l’expansif… après, quand on voit la quantité de jambons disponibles absolument partout, on se dit qu’il faut bien qu’ils viennent de quelque part…

    Mon détour à Torre del Compte me laisse dans l’expectative. J’étais parti pour visiter un village, que j’ai finalement délaissé. Est-ce que je me décide à lui préférer La Fresneda ? Après quelques hésitations, et après m’être compliqué la vie pour trouver un endroit où me garer (j’avais pas envie de faire comme tout le monde, et me garer simplement dans la rue, le long du trottoir même si deux autobus auraient eu encore la place de se croiser), je pars me balader à la Fresneda.

    La spécialité locale ? Les arcades. Voilà. Encore une ville qui a son truc à elle, plus que les autres. Les autres villages aussi ont des arcades, parfois. Mais pas autant ! Et aussi des rues plus larges et plus lumineuses que dans d’autres villages. Ce point là, s’il peut paraitre positif pour le touriste photographe en février, n’est peut-être pas aussi appréciable aux mois de juillet/août. Combien de fois j’ai eu froid (bon, mettons frais) dans les rues de Valderrobres, de Horta ou de Arnès, simplement parce que j’étais à l’ombre, que le soleil n’entrait presque jamais dans les ruelles dans la journée, et que l’air y était tout le temps frais. Et ça, je pense qu’en été, c’est appréciable !

    (donc la première photo c’est Torre del Compte, et ensuite ça se passe à la Fresneda)

    Et donc, bien évidemment, je suis allé en haut. Pour voir à quoi ça ressemblait depuis la tour qui domine toute la région. J’en profite pour repérer un viaduc magnifique ; la Via Verde, bien évidemment ! (et le village que l’on voit dans le lointain, autour de la montagne pointue, c’est Calaceite où je devrais normalement passer le lendemain).

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    Les ruines de la tour me plaisent bien. Tout comme la vue sur les toits de la ville.

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    La ville que l’on voit juste en face, c’est Torre del Compte. Et si on continue dans sa direction, légèrement à droite… oui, ce sont les montagnes qui dominent Bot. Et juste à droite, le Santa Barbara. Et toujours la chaine del Ports par la suite.

    Quitte à être en haut, j’en profite pour aussi aller faire un tour à l’ermitage.

    Avant de redescendre tranquillement jusqu’à la maison. Et de sursauter violemment quand une musique super forte se met à jouer dans la rue… sur le système de communication de la ville. Car ici, comme dans tous les autres villages que j’ai traversés, il y a des hauts parleurs un peu partout dans les rues pour annoncer les choses importantes de la mairie. À Bot, ils avaient annoncé le rendez-vous pour les enfants qui voulaient danser. À Horta, le regroupement de la fanfare. Là, ils jouent de la musique à fond pendant une minute. Sauf que ce truc, c’est pas du tout conçu pour jouer de la musique, et ça me défonce les oreilles. Quand enfin le maire (ou le conseiller, ou le préfet, ou je ne sais pas qui !) fait son annonce, outre le fait que je suis rendu sourd et que je n’entends plus rien, je ne comprends rien du tout à ce qu’il dit. Pas très grave ! Je m’enfuis avec le Chamion, en gardant un oeil sur la route, et un oeil sur l’aiguille de l’essence. Mais malgré les petits détours imprévus, il va les faire ces 30 kms, n’est-ce pas ?

    Je finis par rejoindre la N420 qui me conduira à Alcañiz. Et le paysage change. À partir de là, on descend dans une grande vallée assez large. L’horizon apparait. La vue porte loin ; ça a l’air plat. C’est très déstabilisant !

    Plus déstabilisant encore, ce contrôle de police. Ou la Guarda Municipale fixe intensément le Chamion alors que j’avance tout doucement. Et les voyant, je ralentis, et ralentis encore, attendant le signe qu’ils vont me faire pour me dire de m’arrêter sur le côté. Forcément, y a pas le choix ! Je ralentis encore, de peur de manquer un signal, un geste, un signe, et de finir en garde à vue pour délit de fuite à 12 km/h au volant d’une maison à roulettes ! Mais non, rien du tout. De dépit, c’est moi qui leur fait un signe de la main, et je reprends la route. Pour m’arrêter un kilomètre plus loin dans une station service. Ouf ! Et en toute sérénité, j’attaque les 10 derniers kilomètres de descente jusqu’à la grande ville, que je traverse (avec l’aide du GPS) pour aller jusqu’à l’aire de camping car du coin.

    Et pour le reste de la journée, ça sera petite balade en ville, écriture sur le blog que j’ai un peu délaissé ces derniers jours (au profit du livre que j’écris et qui avance bien, donc c’est pour une bonne cause) et laverie automatique ! Parce que ma dernière datait… pfiouh… j’étais encore dans ces villes non accueillantes du bord de mer où les sécheuses ne fonctionnaient qu’à moitié !

    Alcañiz, c’est une grande ville. Avec moins de personnalité que les autres petites villes visitées ces derniers temps. Mais qui, elle a aussi, a son petit truc unique : les cigognes qui font leur nid sur l’église !

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