Je n’ai jamais fait aussi peu de photos qu’au Guatemala. Je n’ai pas envie de sortir l’appareil photo de mon sac. Je préfère le garder rangé. J’ai l’impression qu’il crée un mur, un décalage complet, avec la réalité. La plupart du temps, mon appareil photo n’a pas sa place. Il est trop envahissant, trop dérangeant. Il me donne l’impression de m’imposer au près des locaux. Et je n’en ai aucune envie. De photos Momos, je n’en aurai donc pas. Et je ne regrette absolument pas.
Nous sommes allés à Momos parce que le lendemain était un jour de marché. Nous sommes allés à Momos parce que nous voulions sortir des routes touristiques. Nous voulions voir un autre Guatemala. Xela est très agréable, me plait beaucoup, et me parait authentique. Mais nous avions envie de plus. Momos paraissait une très bonne destination pour ça.
Le chicken bus nous a posé à quelques pas du parc central. Pour cinq quetzals, un tuk tuk nous a permis de franchir le reste de la distance. Dans le guide qui nous sert de référence (Lonely Planet) nous n’avons qu’un seul hôtel pour Momos. Beaucoup trop cher. Alors on a décidé de venir au hasard. De se faire poser au centre ville, et de marcher avec les sacs, en attendant de trouver quelque chose qui nous inspire.
Le Parque Central de Momos est agréable. Ouvert, coloré, vivant. Ce n’est pas jour de marché, c’est veille de marché, et pourtant la place à coté du Parque Centrale est recouvert d’étales. Je repère, plus par chance qu’autre chose, un panneau publicitaire pour un Hospedaje. Je n’ai pas encore tout à fait compris ce que c’était. En gros, c’est un hôtel. Mais avec un autre nom. Pourquoi cet autre nom ? L’avenir l’expliquera peut-être. Nous allons voir. Nous frappons à la porte. J’explique que nous cherchons une chambre. 60 Q pour deux. Même pas 10 euros. C’est parfait. La chambre ? Quatre murs, un lit. Rien d’autre. En même temps, on ne cherche rien d’autre !
Nous posons nos sacs, et partons explorer la ville. Les gens nous regardent, nous sourient. Beaucoup nous parlent pour nous demander d’où on vient. Je découvre avec plaisir que je dois utiliser mon espagnol, et que mon espagnol ne me fait pas défaut. Évidemment, je dis des choses étranges, je fais des fautes, mais je m’exprime sans problème. Il y a un an de cela, cette langue m’était complètement inconnue.
Parlant de langue… pour le repas du soir, Lilou sort « c’est moi qui régale ». Et là, je la regarde avec des grands yeux. Deux neurones viennent de se connecter dans ma tête. « Regalo » en espagnol, veut dire « cadeau ». C’est moi qui régale… c’est moi qui offre. Et si l’étymologie de « régale » était la même qu’en espagnol. Un vrai régale… un vrai cadeau… du ciel ? Sans doute ! Continuer de découvrir de nouvelles expressions, de nouveaux liens, de nouveaux petits détails. Ça me plait tellement…
Nous avons arrêté les restaurants pour gringos. Quand nous ne mangeons pas en mode « grignotage », nous achetons de la nourriture dans la rue. Tacos, tortillas, frijoles… nous mangeons pour 30 Q environ. Moins de 4 euros. Pour deux. Je commence enfin à comprendre le Guatemala. À le découvrir. Que je suis heureux d’avoir quitté la Iguana !
Le lendemain matin, nous faisons un tour du marché de Momos. Vivant, joyeux, coloré. Des tissus dans tous les sens. Des motifs, des couleurs… là encore, les gens nous parlent. Ils sont curieux. Ils se demandent ce que nous faisons ici. Parce que des touristes, dans le coin, il n’y en a pas. Nous n’en voyons aucun. Ni sur le marché, ni dans les rues… nous sommes les seuls blancs. Mais ça ne choque pas. Nous ne dérangeons pas. Les gens sont curieux. Intrigués. Lilou demande le prix d’une couverture. On nous répond un prix en dollars américains. On explique que l’on n’a que des Quetzals. Les gens apprécient. Ils apprécient aussi que l’on parle espagnol. Oui, nous sommes les bienvenus. Et ce petit passage par Momostenango nous plait énormément à tout les deux. Nous le percevons tous les deux comme une bouffée d’air frais, alors que nous sommes à la fois enthousiaste et inquiet vis à vis de la prochaine étape du voyage : nous continuons sur Chichicastenango, et son marché ! Destination préférée des touristes pour acheter des souvenirs du Guatemala. Oui, nous sommes inquiets à l’idée de ce qui nous attend !