Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionJanuary 10th, 2013
  • La toute première représentation de Don Giovanni a eu lieu au Théâtre Nostitz de Prague, le 29 octobre 1787. Mozart, semble-t’il, aimait beaucoup Prague. Vue la ville aujourd’hui, on peut facilement imaginer l’importance culturelle qu’elle avait à la fin du 18e siècle (capitale du Saint-Empire romain germanique au 14e siècle, puis à nouveau à la fin du 16e siècle, elle est la deuxième plus grande ville de l’Empire au 18e siècle).

    L’opulence passée de Prague se ressent partout. Capitale culturelle évidente, aux nombreux musées, théâtres, salles de concert, bars et restaurants avec musique live, galeries d’art… alors même que je ne m’intéresse pas plus que ça à la question, alors que je fais juste parcourir les rues de la ville, je ne peux m’empêcher de sentir ce tourbillon culturel. Le centre ville est inscrit sur la liste du patrimoine culturel, et en 2000 la ville est nommée capitale européenne de la culture.

    Opulence passée ? Pas si passée que ça semble-t’il. Prague est la cinquième région urbaine la plus riche d’Europe en terme de PIB par habitant. Oui, devant l’Île de France. La République tchèque, de son côté, est -avec les Pays-Bas- le pays avec le plus bas taux de pauvreté en Europe (10% de la population, face à une moyenne de 16% pour l’Union Européenne).

    Mais je m’égare dans les chiffres et les statistiques. Étrange enchaînement, que de commencer à parler de Don Giovanni, et d’arriver à parler de PIB par habitant.

    La culture, je disais, je l’ai ressentie partout autour de moi. La ville est culturellement riche, et ça paraît. Si je ne suis pas allé faire le tour des musées et des galeries d’art (je ne doute pas un seul instant que certains doivent très sûrement valoir le détour) j’ai eu un séjour très musical.

    Le mercredi soir, Marie m’amenait au Blues Sklep, pour un concert jazz/blues. Un groupe dans lequel son frère joue de l’harmonica. Dans une magnifique cave voutée, ambiance intime… et fumée de cigarettes. Oui, il existe encore des lieux où il est autorisé de fumer. D’autres avec zone fumeur et zone non fumeur. Et d’autres, enfin, ou fumer est strictement interdit. Et comme ici, on fume beaucoup moins qu’en France, la fumée n’est pas si dérangeante que ça… et puis un club de jazz, dans une cave voutée, il me semble que la fumée est nécessaire…

     

     

    La musique, on l’entend assez régulièrement dans la rue. J’ai croisé quelques saxophones, violons, accordéons… mais surtout, deux magnifiques harpes de cristal. La première sur le Pont Charles

     

     

    Et la deuxième Place de la République (Namesti Republika)

     

     

     

    Le jeudi soir, Marie continuait à me faire découvrir les places insolites. Alors que l’on marchait dans la rue, elle a poussé une grande porte, majestueuse, imposante. Du genre qui demanderait 5 digicodes différents avant de pouvoir rentrer si on était en France. À l’intérieur, un grand hall. Nous sommes, semble-t’il, dans la faculté de Philosophie de l’une des universités de Prague. Elle m’amène vers un escalier qui descend vers le K4. Un club réputé dans les cercles étudiants. Là encore, une série de caves voutées, toutes reliées les unes aux autres. Un groupe est en train de se préparer à jouer. Le terme de musique “Underground” convient parfaitement dans le cas présent. Techno industrielle magnifique, qu’il faut bien jouer dans une cave 10 mètres sous terre pour ne pas déranger les voisins. On ne restera pas longtemps pour écouter, mais il est toujours réconfortant de savoir que ce genre de lieu existe pour ce genre de musique. Quand on repassera, par curiosité, le vendredi, nouveau groupe au programme. Cette fois-ci, une musique 100% expérimentale, qui nous fera fuir bien rapidement…

    Et puis il y avait aussi l’orchestre de swing de son ancien lycée, qui jouait dans un bar. Moins underground celui-ci, vu qu’il fallait monter un escalier pour y accéder.

     

     

     

    (Note 1 : il semblerait que l’abus de bière laisse entrevoir sur une photo un gars en train de jouer du violon trompette [violette ? tromplon ?] ; note 2 : believe it or not, mais Béatrice qui danse avec Marie est bien arrivée à la soirée avec une béquille)

    Quand on marche dans les rues de Prague, la nuit, on passe à côté de nombreux bar/club, qui semblent jouer un peu tous la même musique. Le même look à l’intérieur, avec les touristes qui viennent danser sur les mêmes rythmes techno-pop que l’on trouve partout dans le monde. J’ai la nette impression, et Marie me le confirme, qu’il y a bel et bien deux scènes à Prague. Celle pour les touristes, qui ne présente pas forcément beaucoup d’intérêt, et celle que les locaux découvrent lentement, par le bouche à oreille. Et cette deuxième, selon moi, vaut très clairement le détour.

    Et puis il ne faut pas non plus oublié que Prague est une destination pour tout les amateurs de jazz. On en entend un peu partout. Et parfois, le son d’un saxophone convient parfaitement à un lieu…

     

     

    2 commentaires

    1. Commentaire de Dieu

      Je constate avec plaisir que Prague est encore un des rares lieux civilisés où l’on peut écouter du jazz dans des conditions normales d’écoute… avec fumée donc… Merci de raviver quelques souvenirs de caves (peut-être le Blues Sklep ?) où l’aération était suffisamment bien foutue et les tendances totalitaires laissées au vestiaire pour que les empêcheurs de fumer en ronds cohabitent sans problèmes avec les amateurs de burus bleu (moi) tout en savourant jazz and blues…
      En outre tout ça me rappelle une bonne bouffe à la brasserie “Novo mestsdry pivovar”… ou quelque chose comme ça… et quelques belles brunes… Kozel…Kelt… À ta santé !

    2. Commentaire de Sébastien Chion

      En tant que non fumeur supportant la fumée, j’ai quand même une préférence pour les endroits où l’on peut voir à plus de deux mètres devant soit. Mais en même temps, dans cette cave, quand j’ai vu cette femme allumer sa cigarette, j’ai trouvé que c’était la chose parfaite à faire. Ça convenait avec les lieux, avec l’atmosphère, avec l’ambiance. Comme il semble y avoir un pourcentage de fumeurs beaucoup plus raisonnable à Prague qu’en France, j’imagine que l’effet aquarium est plus long à se mettre en place. Cohabitation difficile, s’il en est une, entre le droit de chacun de pouvoir s’allumer une clope librement quand il veut, et celui de son voisin de ne pas inhaler la fumer. Quoi qu’il en soit, dans la cave du Blues Sklep, je me serais bien allumé une cigarette pour profiter du fait que je n’en avais le droit. Mais je ne l’ai pas fait, parce que je n’en avais pas l’envie ;)

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