Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionMarch 7th, 2020
  • Alors donc nous avons terraformé Mars, préparé Orléans à l’invasion des anglais, planté de jolis jardins et réalisé de magnifiques feux d’artifices. Nous avons également créé de grandes connexions ferroviaires et navales autour du monde, et envoyé quelques drakkars vikings faire du commerce. Nous avons aussi mangé du caviar d’aubergine, des amandes grillées, des olives et du confit de poivrons de la ferme. Sans oublier de refaire les stocks d’une huile d’olive bio particulièrement parfumée et délicieuse.

    Tout cela pendant que le vent soufflait. Si la météo a été plutôt raisonnable la première nuit, nous avons déplacé le Chamion a l’abris dans un hangar dans l’après-midi du lundi pour le mettre à l’abris des rafales à 130 km/h annoncées pour la deuxième nuit. La résistance du Chamion aux vents violents continuent d’être une question à laquelle je ne sais répondre. Quand j’étais petit, on m’a appris qu’une maison en paille s’envolait si on soufflait dessus. Idem pour une maison en bois si on soufflait un peu plus fort. On m’a appris qu’il fallait construire une maison en briques avec des fondations solides pour ne pas que le grand méchant loup la fasse s’envoler ; habitat en dur contre habitat durable. Ceci étant, je pense que le premier petit cochon n’avait jamais entendu parlé des maisons en terre-paille et surtout que le deuxième petit cochon n’avait pas écouté ses cours sur le contreventement et sur les sections minimales à prévoir pour une ossature. Le Chamion, depuis qu’il a pris la route, n’a pas bougé (étrange phrase, cela dit en passant). Si je roule généralement dans les 65 km/h, il m’arrive de monter à 75 et même parfois à 80. Le record officiel reste à 90 km/h pour le moment. Pour autant, je ne pense pas que la route soit ce qui le fait le plus travailler. La cabine vient casser une bonne partie du vent et le toit en pente améliore l’aérodynamisme (et donc diminue les pressions exercées sur la structure). Par contre, les ralentisseurs, les nids de poule, les ronds points et les virages (même sans aller très vite, je me dis que l’énergie centrifuge doit jouer) et les légères torsions du châssis… tout ça, je me dis que ça doit la faire travailler plus la maison. Alors quand il y a du vent, surtout quand le Chamion est bien orienté, je ne m’inquiète pas trop. Même si je n’ai pas particulièrement envie d’expérimenter les rafales latérales à 100 km/h… par contre, quand ça souffle, ça tangue ! Les suspensions viennent compenser une partie de ce que subit la structure, certes, mais n’encouragent pas l’humain à dormir à l’intérieur. Du coup, quand il y a du vent annoncé, je préfère être à l’abris d’un mur. On ne dort que mieux !

    Après un lundi nuageux et venteux à jouer, on a récidivé avec un mardi nuageux et venteux à jouer. Sans contrainte de temps, peut-être serions nous rester une journée de plus à jouer. Ou peut-être pas… la ferme, quoi que bien sympathique, fait payer les nuits après la première, même s’il y a achat de produits – au demeurant forts chers. Je reste d’ailleurs très mitigé sur les lieux. Ils accueillent des woofers (des gens qui viennent donner un coup de main et qui sont nourris logés en échange) mais je trouve que les conditions ne sont pas correct : 5,5 heures par jour, 5 jours par semaine. Et potentiellement un peu plus que ça, si j’ai bien compris… nos amis de la Livingston nous ont expliqué, après avoir discuté avec la propriétaire, qu’elle n’a pas le choix de fonctionner comme ça : après plusieurs années de sécheresse, seule une partie de la ferme est cultivée, le reste est laissé à l’abandon. Du coup, elle ne produit pas beaucoup, est obligée de prendre des woofers et de vendre ses produits un peu cher pour s’en sortir… bref, quelque chose, quelque part, ne fonctionne pas…

    Et donc, après de longues tergiversations (en partie dues aux nouvelles rafales annoncées pour la nuit de mardi à mercredi) nous avons quand même décidé de prendre la route le mardi soir. C’est ce que j’aime avec le Chamion. On peut partir sur un coup de tête. Il est presque toujours prêt à partir. S’il ne l’est pas, il peut l’être en moins d’un quart d’heure. Et c’est juste génial quand, à moitié sur un coup de tête, on décide de partir le mardi à 23h de pouvoir le faire sans se compliquer la vie.

    Le vent est plutôt retombé, les rafales semblent derrière nous. C’est parfait. Nous n’irons pas très loin. L’idée étant juste de réactiver le mouvement. Un peu plus tard, nous voilà garé sur un parking ami des campings-cars à l’Ampolla. Le Chamion orienté vers le Nord-Ouest (c’est pratique d’avoir une boussole moi je vous dis !) d’où vient le vent qui souffle encore un peu. Comme les rafales commencent à forcir, on fait un petit tour rapide à pied du quartier, voir si on ne peut pas se cacher dans une rue, contre un mur, mais l’endroit n’est pas idéal. Tant pis. On va se coucher. J’analyserai les grincements pendant que Gaëlle dormira. Il y a quelques craquements qui me font sursauter, mais rien qui ne m’inquiète. Je finirai par m’endormir vers 3h30 quand les rafales finiront par se calmer. Pour la petite anecdote, il y a un an jour pour jour, le Chamion avait le droit à des vents à 100 km/h en Bretagne. Il s’en était tout aussi bien tiré.

    Une rapide inspection de l’ensemble le lendemain matin montre que rien n’a bougé. Parfait. On se fait une petite promenade rapide dans l’Ampolla, en longeant la mer, on attrape un croissant et un chocolat chaud (liquide, quelle tristesse !) et on reprend la route, direction le sud.

    Notre itinéraire est connu : tout droit vers le sud, jusqu’à Valencia. Une escale prévue en route, à Peñiscola, parce qu’une madame qui est venue nous parler sur l’aire de camping-car de Tortosa nous a dit que la citadelle était jolie, et qu’il fallait aussi aller voir le désert à côté de Zaragoza. En échange, je lui ai recommandée de s’éloigner de la côte pour aller jusqu’à Horta.

    Nous avons donc roulé, croisant de loin quelques bourgades ne nous donnant pas envie de nous arrêter. Avant de finalement nous garer juste à côté de la vieille ville de Peñiscola. Sous le regard attentif de la Citadelle. Plutôt magnifique il est vrai !

    Donc Peñiscola ça veut dire (ou c’est dérivé) de Péninsule. Parce qu’en effet, il y a un rocher, au bout d’une péninsule. La bande de terre pour y accéder est bordée de deux plages magnifiques. Il y a plusieurs siècles, quand c’était à la mode, les templiers ont décidé de construire une citadelle ici. Ils en ont d’ailleurs construits un peu partout dans la région. La citadelle ne sera jamais complètement terminée, les templiers étant soudainement devenu persona non-grata en France et en Espagne. Quelques temps plus tard, le pape Luna fera de la Citadelle son palais épiscopal. Je ne maîtrise pas très bien l’histoire de la chrétienté. Mais il semble bien me rappeler qu’en effet, à une époque, il y a eu une période où deux papes revendiquaient le titre. Un à Avignon, et un autre, donc, à Peñiscola.

    Et nous voilà parti faire un tour dans la vieille ville. Première constatation : on a du se planter à un carrefour, parce que nous ne sommes plus en Espagne. Nous sommes arrivés en Grèce sans que personne ne nous ai prévenu. Qu’ils sont beaux tout ces bâtiments blancs !

    Alors qu’on avance dans les ruelles, on découvre des aperçus du rocher originel sur lequel a été construite la citadelle et la ville. On découvre aussi des points de vue magnifiques sur la mer. On découvre enfin que cette ville est très touristique. Et pour cause : elle est belle, les plages sont superbes, et il y a aussi un parc naturel pas loin du tout au sud. Mais tout début mars, elle est tranquille, et c’est très bien !

    Quand on arrive finalement en haut du rocher, au pied de la citadelle qui domine le reste de la ville, la décision est vite prise. On a envie d’aller la visiter. Autant pour le bâtiment que pour la vue qu’elle promet sur les environs. Et on ne sera déçu ni par l’un, ni par l’autre. Le bâtiment est massif. Les murs sont épais ; impressionnants. Les salles sont grandes, et résonnent beaucoup. La pierre est bien travaillée. L’ensemble est superbe !

    C’est quand même joli, sans personne, non ?

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    Et donc, pour la vue, c’est plutôt chouette aussi !

    Péninsule !

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    On redescend ensuite tranquillement jusqu’au Chamion, qui nous a sagement attendu en s’abreuvant de soleil. Il est 17h03. Le parking était gratuit jusqu’à 17h, timing parfait. Oui, les horaires des parkings sont ajustés aux horaires des boutiques comme en France. Mais du coup, c’est étrange d’avoir un parking gratuit de 15h à 17h, puis payant de 17h à 22h !

    On hésite un peu. On réfléchit. On regarde l’heure. Que fait-on ? Gaëlle a envie que l’on se rapproche le plus possible de Valencia pour avoir un peu de temps pour voir la ville. Nous sommes déjà mercredi, elle part samedi. Le temps passe vite…

    On reprend la route. Assez vite, on se décide à rouler jusqu’à Valencia. Après tout, depuis Peñiscola, ce n’est que 190 km. Sur des routes où je pense pouvoir assumer du 65 km/h de moyenne ! Je ferai même plus que cela. Puisque partis à 17h10, nous serons à nous balader dans les rues de Valencia à 19h55. Chamion de course !

    Valencia donc. Enfin. Finalement. Voilà. Si mes souvenirs sont bons, d’après mes premiers plans, je devais y arriver fin octobre. Ça, c’était avant qu’on me propose un travail. Après, je me suis dit que j’allais sans doute y arriver début janvier. Ça, c’était avant que je me rappelle que prendre son temps c’est chouette. Par la suite, je pensai que mi février, c’était tout à fait jouable. Ça, c’était avant de voir un panneau qui disait « Fontcalda ».

    Mais donc, j’ai fini par arriver là où je pensais terminer la première étape de mon voyage. À chaque nouvelle étape, je crée un nouveau dossier pour trier mes photos. Ça me permet de faire un suivi de mes étapes et de m’organiser. C’est pratique ! Finalement, quitter la France aura été la première étape (824 photos), avancer en Catalogne la deuxième (439 photos), explorer la Terra Alta la troisième (3391 photos quand même !).

    Valencia est donc la quatrième étape de mon voyage. De cette ville où j’ai passé quelques jours (quatre je crois) il y a trois ans, je ne me souviens de pas grand chose. Je sais juste que je l’avais appréciée. Mais je ne sais plus pour quelles raisons exactement.

    Pour ceux que ça intéresse, voici les différents articles que j’avais écrit à l’époque sur mon séjour :

    Valencia – Los jardins des Túria

    Valencià – voyage dans le futur

    Valencia – explorations

    Je ne les relierai pas pour le moment ; j’aime l’idée de redécouvrir la ville à nouveau. De voir si ma nouvelle perception correspondra à ce que j’en avais pensé à l’époque. Il y a deux choses que je n’ai pas oublié : la cité des arts et des sciences (et ma fascination pour l’oeuvre de Calatrava) et les Fallas qui viennent de commencer et feront vibrer la ville pour encore une dizaine de jours.

    Nous avons passé deux jours à nous balader en ville, les souvenirs et les images me revenant au hasard des rues et des carrefours. Je ne parlerai pas de la ville pour l’instant, préférant prendre le temps de m’en imprégner, petit à petit.

    Gaëlle est finalement repartie pour Lyon le samedi matin (confirmant une fois de plus son besoin pour un exorcisme ferroviaire).

    De mon côté, je vais me lancer dans la recherche d’un lieu où poser le Chamion sur du long terme -la quête ne s’annonce pas facile jusqu’à présent !- mais aussi, sait-on jamais, d’un travail ! Et si j’arrive à trouver les deux, je pense que pour fêter ça, j’ajouterai aussi des cours d’Espagnol ! La pratique, pour délier la langue, c’est bien. La lecture, pour le vocabulaire, c’est pas mal. Mais pour la grammaire, les cours c’est quand même mieux si je veux maitriser le subjonctif !

    La phase quatre est donc engagée. Combien de temps durera-t-elle ? Pas l’ombre de la moindre idée !

    Un commentaire

    1. Commentaire de Kaly

      Et si tu enseignais le français ? En échange de cours d’espagnol peut-être, ou même d’un bête payement…

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