Comment fait-on pour continuer de voyager quand on passe son temps sur la route ? La question peut être somme toute un peu surprenante. Après tout, je suis plus en moins en voyage permanent. Mais des fois, c’est bien de casser la routine de ce voyage régulier. De casser le train-train quotidien. De voyager… autrement. Et dans ce contexte, il y a une option que j’aime bien.
Oui, je sais, je devrais être en train de partir vers les montagnes. Et je vais le faire. Bientôt. J’ai juste… prolongé encore un peu mon séjour à Huesca. Parce que je sais pas si je vous l’ai dit, mais j’y suis bien. En fait, ce que j’aurai aimé, c’est laisser le Chamion à Huesca, et rayonner. La plupart des endroits où j’ai envie d’aller dans les prochains jours ne sont pas très loin. Mais pas très loin, à pied, ça reste beaucoup. Je me suis renseigné à l’office du tourisme, mais il n’y a pas de petites lignes de bus régionaux malheureusement. Pas de moyen d’aller me perdre dans des endroits perdus. Ça reste la principale problématique du Chamion je crois. Les trajets d’une vingtaine de kilomètres. Trajets pour lesquels j’aimerais bien ne pas tout déplacer. Je suis toujours en réflexion sur les options possibles. On verra bien ce que ça donnera.
Pour autant, il y a quand même une ligne de train qui se balade un peu dans le coin. Et elle va, notamment, à Saragosse. Encore une ville dont je ne sais rien, mais dont je connais le nom. Parce que c’est, semble-t-il, une assez grande ville espagnole. Alors le samedi, pour fêter le week-end, je saute dans un train, et je me fais une excursion… à la grand ville ! Du trajet en lui même, je n’ai pas grand chose à dire ; un conseil, ne faîtes pas comme moi. Asseyez-vous du côté droit du train. Le paysage côté ouest était bien plus intéressant que celui côté est, mais je n’ai pas pu changer de place, y avait plein des gens. Bon, si, je peux quand même préciser que mon billet aller-retour dans la journée me coûte 11 euros (pour deux fois une heure). Parce que oui, les tarifs des trains en Espagne restent encore plutôt raisonnables.
(parce que j’ai eu une remarque récente sur le manque de train et de chemin de fer sur ce blog)
C’est en regardant mon billet que j’ai réalisé qu’il y avait plusieurs gares à Zaragoza ; c’est grâce à la technologie que j’ai décidé, pas complètement arbitrairement, de descendre à Portillo, du fait de la présence proche du « Palacio de la Aljaferia ». Comme pour tout le reste, je n’en connais absolument rien. Mais il faut bien trouver des raisons de prendre des décisions parfois.
Et donc, je suis descendu du train. Très vite, je me suis trouvé à côté du Palacio, à l’extérieur plutôt joli (bien que l’on me fisse remarquer sa ressemblance avec un château de sable, fait que je ne puis point nier). Quand je vois la file d’attente à l’entrée, et le panneau annonçant qu’il n’y a plus de place pour les visites du matin, je me dis que l’endroit doit être sympathique à visiter. Peut être une autre fois (par curiosité, je suis allé jeter un œil sur internet, et oui, en effet, ça doit valoir la peine ; wikipedia m’informe que « Avec la mosquée de Cordoue (Xe siècle) et le chant du cygne de la culture islamique que fut l’Alhambra de Grenade (XIVe siècle), nous devons inclure dans la triade de l’architecture hispano-musulmane l’Aljaferia de Saragosse comme parfait exemple de réalisation de l’art taïfa de la période intermédiaire des royaumes indépendants antérieurs à l’avènement des Almoravides. »).
J’ai le droit juste après à un autre magnifique exemple d’architecture. J’ai à peine vu le bâtiment que je n’ai aucun doute sur son usage… mais j’ai bien la confirmation ensuite. Oui, c’est bel (?) et bien une école ! Des fois, j’aime beaucoup l’architecture moderne. Des fois, j’aime… moins.
De Zaragoza, donc, je ne sais rien ; si ce n’est que l’Ebro (mon fleuve espagnol préféré, notamment parce que c’est le seul que j’ai vraiment côtoyé jusqu’à présent) y passe. Du coup, mon objectif était assez simple : rejoindre le fleuve, et le remonter jusqu’au centre-ville, pas très loin. Suite à un léger malentendu, je me suis retrouvé beaucoup plus en amont du fleuve que prévu, mais ça m’a permis de profiter des berges plus longtemps. Certes, celles-ci seraient beaucoup plus jolies, agréables et colorées au printemps. Et la promenade serait plus agréable sans le vent (quoi, encore du vent ? Mais il vente toujours dans ce pays !). Mais j’en profite quand même.
Et je suis finalement arrivé dans la vieille ville, et sa sans doute très célèbre Basílica de Nuestra Señora del Pilar qui, il est vrai, a un peu tendance à dominer très vite le paysage. À partir de là, j’ai commencé à me laisser porter par une déambulation aléatoire. C’est beau, c’est vivant, ça me plait. C’est plus grand que Huesca (beaucoup), c’est beaucoup plus animé, et ça répond à ma question. J’ai toujours plaisir à me promener dans des grandes villes (675 000 habitants). Et puis en plus, j’aime bien les trams. Bon, bin me reste plus qu’à trouver une très grande ville pour voir…
Je n’avais pas forcément très faim, mais je ne parle pas assez de nourriture en ce moment. Et puis faut dire qu’il m’inspirait bien, ce… cet endroit. Spécialisé dans les croquetas. Certes un peu bruyant au début, mais beaucoup plus agréable une fois que les enfants insupportables soient partis.
Si l’on résume : jambon cru, épinard chèvre, saumon poireau, Francfort moutarde et poulet au caramel. Et en dessert : Oreo Mascarpone, chocolat blanc pomme, chocolat noir noix.
J’imagine que ce genre de lieu a plus comme vocation initiale d’être un endroit où prendre un apéro sympa entre amis. Mais en formule repas, c’est pas mal aussi ! Et ça justifie de repartir pour une longue marche digestive ensuite.
Et forcément, très vite, on finit par se retrouver devant la basilique. Difficile de faire autrement, je vous l’accorde.
Et la déambulation reprend. D’abord sur la grande place devant la Basilique, puis en en faisant le tour, en empruntant le Pont de Pierre pour faire la photo qui va bien et en retournant marcher dans les vieilles rues ensuite.
Les vieilles rues laissent leur place à du plus moderne alors que je rejoins la place d’Espagne et le grand boulevard qui y mène. Le boulevard de l’indépendance (de l’Aragon ?).
J’ai plaisir à me promener dans cette ville. Je la trouve agréable. D’un côté, j’ai l’impression d’avoir eu un bon aperçu (rapide), d’un autre, je me dis qu’il y a sans doute des choses à creuser. J’ai encore tout mon temps avant mon train pour rentrer. Du coup, je continue de marcher, mais les rues plus résidentielles, moins vivantes, me parlent quand même un peu moins.
Je finis par arriver à la gare de Delicias, encore plus décentrée que Portillo. Pour le centre-ville, il vaut mieux privilégier Goya (oui, comme le peintre, qui est originaire justement de Zaragoza ; étrange coïncidence, je vous l’accorde).
Le retour à Huesca se fait beaucoup plus vite que l’aller. Faut dire que je dors toujours assez bien dans le train… même si j’ai beaucoup marché, je fais un petit détour par le centre-ville de Huesca, histoire de profiter un peu de la ville le samedi soir. Juste pour voir. Observer. Ressentir.
J’envisageais peut être un départ de Huesca le dimanche ; mais ma prochaine destination étant plutôt touristique, je me dis que le lundi, ça sera encore mieux. J’ai bien envie de passer une journée de plus à Huesca.
Et le lundi arrive. Une autre journée qui commence tranquille. Je prépare le Chamion pour la route. M’installe au volant. Tourne la clé. Clac. Clac. Pas de soucis, je connais. Patrice m’a déjà solutionné ce problème par le passé, par mail. « donne juste un coup de marteau sur le démarreur ». Deux trois bons coups de marteau plus tard (oui, ça n’est pas la première fois, et je garde d’ailleurs mon marteau dans la cabine pour un accès rapide). BAM. Clac clac clac. BAM BAM. Clac clac. BAM ? Clac. BAM BAM ? Clac clac.
Bon, soyons honnête, ce moment, ça fait un moment que je m’y attendais. Mon démarreur, ça fait un moment qu’il me fait des bruits bizarres. Des fois, j’avais plus l’impression de chercher à me connecter à un internet avec un modem 56k que de démarrer un moteur. Alors j’avais dors et déjà commencé ma quête d’un nouveau démarreur. Et j’en ai trouvé un, en Angleterre. L’expéditeur attendait juste que je lui fournisse une adresse pour me l’envoyer. Pas simple… dans l’idée, je m’étais dit « je me le ferais livrer en France une fois rentré, mais je vais pas le commander tout de suite, on sait jamais ». Du coup, je vais me le faire livrer en Espagne. À Huesca.
« Lista de correo » en espagnole, ça veut dire « poste restante ». Et ça marche, vu que j’ai même réussi à recevoir une lettre à Huesca (ma première lettre reçue sur la route !). On va voir si ça marche aussi pour recevoir des démarreurs !
Je suis allé à la police municipale. Je les ai prévenus que le Chamion allait rester encore quelques temps. Ils m’ont dit que c’était une bonne idée de les avoir prévenus, et que je pouvais rester (en même temps…).
Bon, bin je vais vraiment devenir un habitué de Huesca on dirait bien ! Je savais qu’à chaque démarrage, il y avait un risque que ce soit le dernier. Je suis sur une aire de camping-car confortable, dans une ville que j’aime bien. Il fait soleil, les panneaux tournent à fond, je suis à 8 mètres d’un point d’eau propre / eau grise. À 250 mètres d’un supermarché. Le problème est identifié, et devrait être résolu assez facilement. Moi ça me va. Et je trouverai bien de quoi m’amuser les jours qui viennent !
« Ce que j’aurai aimé, c’est laisser le Chamion à Huesca, et rayonner »
On peut dire que tu as de la chance dans ton (petit) malheur. Tu aurais pu tomber en panne au milieu de nulle part, genre d’endroit que tu affectionnes.
Un point d’eau à 8 m c’est royal !
Tiens je vais t’envoyer du courrier à “Lista de Correos” juste pour le fun. Tu as une préférence de bureau de poste ?
Sébastien Chion
Lista de correos
C. Coso Alto, 14
22002 Huesca
Espagne
C’est que parfois on solutionne quelques soucis avec le marteau, mais ça fini par ne plus fonctionner!!!
Très belle citation. J’hésite entre m’en faire un t-shirt ou un poster ^^ !
Encore du suspense !
C’est devenu plus compliqué pour quitter l’Angleterre, que l’on soit humain ou paquet : as-tu maintenant des nouvelles, ou, mieux, as-tu reçu l’artefact?
Il m’est revenu en mémoire que la grotte d’Altamira est en Espagne, peut-être même accessible par le train (je n’en sais rien) depuis ton point de rayonnement.
Bon, si tu rayonnes, rayonne bien, et si tu répares, répare bien !
On attend impatiemment la suite…