Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionMarch 25th, 2022
  • J’ai décidé de quitter Riglos. Après tout, j’ai plus ou moins fait le tour des balades du coin. Je peux donc avancer un peu. Un peu à regret, parce qu’il y a quand même un projet que je n’ai pas pu matérialiser : faire des photos de nuit. Le lieu s’y prêtait parfaitement. Les mallos, sur fond de ciel étoilé, en pose longue… grande trainée lumineuse dans le ciel, devant ces magnifiques géants oranges… je le visualise tellement bien dans ma tête, je sais que ça aurait été magnifique. Mais ça ne sera pas… bref…

    Le Chamion redémarre avec son enthousiasme tranquille habituel. Et je repars. Pas vite. Parce que de toutes façons, dans le coin, ni les routes ni les paysages n’invitent à aller vite. Je roule jusqu’à Agüero. Dix kilomètres jusqu’à Murillo, et cinq ou six de plus après. Je ne suis pas non plus dans une région où les étapes sont longues…

    Et donc, soudain, Agüero apparait.

    Voilà.

    Que dire d’autre…

    Je trouve ce village absolument magnifique. Dans son petit écrin confortable de gros cailloux… avec l’église, qui dépasse, parfaitement alignée avec le point où les mallos, eux, reculent un peu…

    Les gens se précipitent à Riglos. Parce que c’est à Riglos que les mallos sont les plus hauts. Les plus impressionnants. Mais il y a quelque chose que je trouve très « violent » à Riglos. Le village est écrasé. Il ne fait pas le poids. On est dans un monde de superlatif. Agüero est dans la subtilité ; la légèreté. La délicatesse. Et même si le paysage est moins dramatique, moins impressionnant, je cois que j’ai une petite préférence pour cet endroit. En même temps, les deux villages et leurs environs sont tellement semblables et différents à la fois qu’il me parait difficile de faire une comparaison qui tienne la route.

    J’ai l’impression de souvent fonctionner de façon binaire. D’associer les lieux par paires, à la fois complémentaires et opposées. Montréal-Toronto, Sydney-Melbourne, Oregon-Californie Riglos-Agüero. Voir les choses de façons binaires simplifie parfois les choses… mais cette simplification/généralisation reste quand même à éviter je trouve… le monde est loin d’être binaire… (mais l’Oregon reste quand même mieux que la Californie ; je pense que c’est important de le préciser, vu que le blog a, depuis quelques temps, un nouveau lecteur qui vit en Californie – b’jour Bob).

    Peu de temps après, le Chamion est installé bien comme il faut. Et je pars faire un petit tour dans le village. Voir si on y trouve une mini épicerie, une boulangerie, ou un truc du genre. Réponse : non. Mais on y voit une cheminée traditionnelle de la région. Oui, j’ai découvert récemment qu’il y avait une forme de cheminée traditionnelle ici. Pourquoi, comment, quand, qui ? Aucune idée. J’avoue ne pas être plus passionné que ça par les cheminées traditionnelles (ou non).

    Il est encore tôt quand je reviens au Chamion ; je prends un peu mon temps, mais des petits coins de ciel bleu me motivent à aller faire quelques pas dehors. Au programme : une petite balade rapide qui permet de faire le tour des mallos. Comme je me connais un peu, je pars du principe que la balade courte… sera peut être un peu plus longue prévu. On verra bien !

    D’abord on monte (un peu raide, il est vrai).

    Et puis on tourne à gauche, et on redescend. Pour se retrouver au pied des gros cailloux, dans la gorge que l’on devinait à gauche d’Agüero sur la photo d’arrivée.

    La gorge donc… d’un côté, les cailloux :

    Et de l’autre… d’autres cailloux !

    Et au milieu coule une rivière (je sais, c’est un classique). Et surtout, en plus de la rivière, il y a un chemin qui permet de remonter tout ça… tentant, non ?

    Je commence par finir mon tour des mallos et je complète presque la boucle, en revenant au village (mais de l’autre côté, du coup, par rapport au Chamion).

    Et sans la moindre hésitation, je prends le chemin qui descend au fond de la gorge. Large, facile et confortable. Que je quitte vite, pour plutôt rejoindre le bord de l’eau. En me disant que j’arriverai bien à remonter la rivière. En tout cas, c’est joli. Bon, okay, c’est galère. Assez régulièrement. Mais c’est joli. Mais c’est quand même très galère. Enfin heureusement, c’est joli !

    Par curiosité plus qu’autre chose, je me balade à nouveau avec mon appli de traçage GPS. Elle est super précise au niveau des chemins existants ce qui, en soit, est déjà bien pratique, mais en plus apparaissent en « tracé fantôme » les trajets régulièrement empruntés. Donc même s’il n’y a pas de chemin officiel, on peut deviner là où on peut quand même passer. Et c’est assez intéressant de comparer ces cartes et ces traces fantômes à la réalité concrète du terrain.

    Il y a toujours un questionnement quand on arrive par en arrière, sur un panneau avec une grande chaîne qui bloque le passage. Attention déchets toxiques ne pas franchir ? Zone de sables mouvants, danger ? Fauves en liberté, avancez à vos risques et périls ?

    Mais en fait non ; c’est juste un panneau qui dit que l’utilisation de la Via Ferrata ne peut se faire qu’avec le matériel de sécurité nécessaire et une autorisation spéciale. Comme je n’avais pas prévu de faire de Via Ferrata, je peux continuer. J’ai à nouveau rejoint un vrai chemin, la suite de la balade est plus simple.

    Un truc qui m’impressionne presque à chacune de mes randos en Espagne, c’est tout l’aménagement d’irrigation que l’on retrouve… partout ! Des petits tuyaux tout simples, aux bassins de stockage, des petits barrages aux ouvrages assez gigantesques… chaque balade transpire la soif, et le besoin de lutter contre le sec à coup de canaux ou de tuyaux d’irrigation. Chaque cours d’eau est mi à profit, même si cela doit signifier transporter l’eau sur une distance assez importante. En même temps, tout parait sec. Trop sec. Partout. Je ne vois pas beaucoup le soleil ; le ciel est toujours gris et couvert. Et pourtant, je vois la pluie encore moins souvent…

    Et ici, ça ne fait pas exception. Un peu plus haut sur la montagne, ils sont en train de construire une énorme citerne en béton. Pour l’eau, là encore, j’imagine…

    Moi, je continue de marcher. Jusqu’où ? Vers l’infini et au-delà ? Ou un peu moins loin, peut-être ? On pourrait dire « jusqu’à la Cueva de Alforaz » par exemple. Ça me parait un bel objectif. J’ai vu le panneau au moment de repartir du village. J’ai vu sur la carte que c’était pas très loin. J’ai décidé que c’était un bel objectif à me donner pour découvrir les gorges. Et que je suis heureux de les découvrir, parce qu’elles continuent d’être magnifiques !

    La grotte n’est pas très profonde. C’est plus une ouverture dans la roche. Mais elle reste assez impressionnante, compte tenu de la nature de la roche. C’est du pudding : plein de petits cailloux cimentés dans tous les sens. Dans le genre qui reste assez friable. Et oui, pourtant, y’a des gens qui grimpent là dedans. Tiens, d’ailleurs, il est précisé d’éviter de rester trop proche des falaises dans les zones où il y a pas mal de grimpeurs. Quelques jours plus tôt, à Riglos, deux anglais m’avaient expliqué être là pour monter les mallos justement, que c’était très chouette, mais un peu stressant. L’un des deux s’est retrouvé à déloger un bloc de la taille d’un four micro-onde à un moment. D’où l’importance de porter un casque 200 mètres plus bas !

    Même si la grotte devait être l’objectif de ma balade, j’ai envie de prolonger un petit peu. Ni très loin, ni très longtemps… mais j’ai quand même envie de voir comment c’est juste après le virage… c’est intrigant. Et puis c’est peut être du repérage pour d’autres balades plus tard peut être.

    La suite de la vallée donne envie, avec ses sommets qui attendent tranquillement pas trop loin là-haut. Des balades qui ne semblent pas trop fatigantes tout en étant prometteuses de jolis points de vue. Il faut que je m’en souvienne (pas trop dur).

    Je suis aussi impressionné par certaines portions du chemin. Autant parfois je me retrouve à marcher sur des sentiers qui ne ressemblent à rien, autant tout l’accès à la grotte est propre avec son pavage de pierres irrégulier.

    Je fais demi-tour assez vite après, le chemin s’enfonçant dans la forêt. Et il faudrait que je parte pour beaucoup plus loin/longtemps pour profiter de la suite. Je reviens plutôt sur mes pas.

    Le chemin me fait repasser au pied des mallos. Ça me va très bien.

    Je rentre au Chamion. La balade a été un peu plus longue que prévue (comme prévu, oserai-je dire), mais est restée bien tranquille tout du long. 9 km en 3h, avec 350 mètres de dénivelé, ça permet de rester actif. Sans se faire mal aux jambes.

    (la boucle en haut de la balade, quand on a l’impression que je me suis téléporté de l’autre côté de la vallée avant de revenir, c’est juste parce que le GPS m’a perdu dans la grotte ; il a dû paniquer j’imagine).

    Je retourne au Chamion. L’après-midi se termine tranquillement. Le soleil est doux. Je suis bien dehors, et j’en profite. Ça fait du bien aussi de rester à côté du Chamion… pourquoi est-ce que ce temps là ne peut pas s’installer de façon un peu plus durable ? ça me fait tellement de bien, et j’en aurai tellement besoin…

    2 commentaires

    1. Commentaire de Kaly

      Dans les Mallos te fais pas mal à l’os et fais gaffe aux molosses…!
      Mouais, bon, d’accord…
      C’est marrant, ces falaises ressemblent vraiment à des éléphants qui avancent peinards…

    2. Commentaire de Kaly

      En plus de dire des âneries, j’en oublie la moitié : il manque

      VAS-Y MOLLO DANS LES MALLOS !

      Non, ça ne s’arrange pas !
      ;-)

    Laisser un commentaire