Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionJune 7th, 2021
  • Un peu de route plus tard, un détour par une station service, des regards hallucinés des gens en terrasse qui voient passer une maison alors qu’ils mangeaient tranquillement. La route. Classique. J’arrive au lac de Lavaud à 20h30. Plus spécifiquement, à l’air de camping-car du lac de Lavaud. Où, comme d’hab, tout le monde me regarde passer un peu bizarrement. On est vendredi soir, il y a pas mal de monde. Je discute un peu avec un voisin. Ma maison est posée ; il y a du monde, mais ça reste tranquille ; c’est quand même plus agréable qu’un parking !

    Le ciel a commencé à se couvrir ; la nuit tombe. Ça clignote un peu partout à l’horizon. Avant de finalement se rapprocher. Premier orage ; première pluie depuis que j’ai pris la route. J’aime le son des grosses goutes sur le toit. J’en profite.

    Le lendemain, rien ne va plus sur l’aire : l’électricité a sauté à un moment pendant la nuit. Les campings-cars sont perdus, déstabilisés. Ici, tout va bien. Les panneaux solaires produisent. Je prends un peu mon temps, écris un peu pour mon blog, m’occupe des derniers problèmes techniques. Je vais faire quelques pas, avant de prendre la route.

    Je roule sans me presser. Ce soir, je dors à Vaux Rouillac, quelque part pas très loin de Cognac. Je vais rendre visite à des amis. Encore une visite innocente qui va tout chambouler. Comme la vie c’est toujours bien s’y prendre.

    J’ai rencontré Julie il y a « quelques » années (voui, bon, d’accord, c’est un léger euphémisme). Comme beaucoup de personnes dans ma vie, nos chemins se croisent avec une irrégularité aléatoire impressionnante. Mais on se retrouve toujours avec plaisir. Je planifiais une petite pause de quelques jours ; j’arrivais le vendredi, je repartais le lundi car j’avais rendez-vous pour quelques bricolages sur le Chamion. Je gardais un très bon souvenir de ma dernière visite à Julie et sa « petite » famille (un autre euphémisme ?) et j’étais bien content de venir les voir. Et puis elle m’avait prévenu : « Phileas (7 ans) il a vraiment hâte de voir ta maison ! Son rêve, plus tard, c’est de construire une maison bateau (ne surtout pas confondre avec une maison sur un bateau, c’est pas pareil) pour faire le tour du monde et construire des maisons pour les gens qui n’en ont pas ». Donc oui, forcément, j’étais attendu.

    Les petits villages de Charente sont très jolis. Avec des immenses domaines en pierre (on est juste à côté de Cognac). Et des rues vraiment vraiment très étroites. Julie m’avait assuré que mon Chamion pourrait se rendre jusqu’à chez eux, au bout d’une impasse. Forcément, moi, « impasse » ça me fait quand même un peu peur. Faire faire demi-tour à une maison qui n’a pas la direction assistée, c’est pas toujours évident. J’envisageai quand même de lui faire confiance, même si j’ai commencé à me poser des questions quand j’ai vu où mon GPS voulait m’embarquer. Comme j’hésitais, j’ai décidé de laisser passer la voiture derrière moi pour ne pas la déranger trop longtemps.

    Damien (le marie de Julie) en est descendu. Il me faisait des appels de phares et des coups de klaxons depuis un moment. J’étais suffisamment concentré sur la route pour ne rien remarquer. Après discussion avec lui, j’ai décidé de changer mon plan d’approche. Je suis allé me garer au parking du stade juste à côté, et je viendrai faire du repérage à pied.

    Maison garée, Damien arrive avec Phileas et les deux jumelles (Tia et Énée) qui se précipitent avec enthousiasme pour visiter. Puis on se rend à pied retrouver Julie, Lou (la plus vieille) et Hélios (le petit nouveau). On discute un peu. Je fais du repérage de rue. Ca va être sport, mais ça va passer. Et en effet, ça passe. Ma maison se retrouve garée à côté d’un magnifique tilleul qui bourdonne presque autant que le Chamion. Un son auquel je ne prêtais pas particulièrement attention avant, et qui depuis quelques années me rassure tellement… il y a encore des abeilles qui butinent… quand j’entends un arbre ou un buisson qui bourdonne, je reste toujours quelques minutes en dessous à les écouter. Ça me fait du bien à l’avenir…

    J’aime voyager avec ma maison. Ça me permet de pouvoir me replier dans ma petite bulle de temps en temps, quand j’en ai envie. Une maison avec 5 enfants, dont un nouveau né, et deux chiens, j’anticipais de devoir me refermer sur moi-même de temps en temps.

    Ou pas.

    Il y a des familles comme ça qui débordent tellement d’amour qu’on peut juste s’y sentir bien. C’est aussi simple que ça… bien sûr qu’il y a des tensions entre les enfants, bien sûr qu’ils n’obéissent pas tout le temps et qu’il faut parfois lever la voix. Mais dans l’ensemble, c’est vraiment ça. Il y a du respect, et plein d’amour dans tous les sens. Et ça fait juste du bien. Et comme cela m’arrive parfois avec certains enfants, je me fais très vite adoptée par l’ensemble de la famille. À ma grande surprise, comme à chaque fois. Dans ce petit tourbillon de gens, j’arrive à créer (ou renforcer) des liens avec chacun des (petits) humains qui tourbillonnent. Et je me sens bien. Vraiment bien.

    On profite du samedi après midi pour aller rendre visite aux parents de Julie qui me connaissent depuis que je suis « tout petit comme ça ». Le dimanche, on va faire un petit tour à l’amphithéâtre romain d’à côté dont j’ai mangé le nom (les Bardaux ? ). Balade dans les ruines, avec Damien qui nous partage sa passion pour les orchidées, et ses nombreuses anecdotes d’organisateur de festival (festival de musique dans un amphithéâtre romain, en pleine nature, au milieu d’une forêt de chênes, ça vend tellement plus de rêve que les nuits de Fourvière !).

    Et puis tiens, je profite de la pause goûter pour sortir le téléobjectif. Parce que quand même…

    Julie se vengera un peu plus tard :

    Retour à la maison. Normalement, les soirées crêpes c’est les dimanches de fin de vacances. Mais comme j’ai eu la bonne idée de mentionner que j’adorais cuire les crêpes, on fait une exception. Et je me retrouve aux fourneaux à cuisiner, en suivant mes quantités pour 8. Elles disparaitront toutes.

    J’ai un peu modifié mes plans. Plutôt que de partir le lundi après midi après avoir réparé le Chamion, je me dis que je vais plutôt partir le mardi matin. Aucun rapport, évidemment, avec le fait que Julie a invité ses parents à une soirée sushis maison le lundi soir.

    Je retrouve Frédéric chez lui en début d’après midi, dans un petit village sur les bords de la Charente. Frédéric, je l’ai rencontré sur un groupe Facebook. Après avoir posté un petit message, pour dire que j’avais besoin de faire des réparations sur ma maison à roulettes. J’ai suffisamment observé Patrice démonter et remonter roues et roulements que je me sens capable de le faire en solo. Mais je n’ai pas l’outillage nécessaire. Et en fait, les réseaux sociaux, c’est pas juste un endroit où on dit du mal et on insulte les gens. C’est surtout un endroit où il y a des échanges, des partages, et une solidarité vraiment impressionnante. Du coup, après avoir posté mon message et indiqué mon itinéraire, Frédéric m’a proposé son aide. Mécanicien spécialisé dans les rallyes, qui a fait de la mécanique en compétition (pas genre « le rallye des retraités du 16 » plutôt genre « championnat du monde »). Du coup, je me sens assez en confiance. Après tout, la conduite du Chamion est assez proche de la conduite rallye !

    Le contact passe super bien avec Frédéric. On discute d’un peu tout et rien au début, mais on finit quand même par parler mécanique quantique. Après tout, ça reste de la mécanique d’une certaine façon !

    Je démonte les roues. Frédéric fait tout le reste. Et je remonte les roues. Je vous assure, je gère super bien en mécanique !

    Retour chez Julie. Je retraverse une fois de plus la petite impasse, je retrouve mon arbre bourdonnant. Et surtout, j’ai une idée !

    Les sushis sont délicieux ; la soirée est très sympa ; on mange bien ; on rigole bien. Julie a aussi préparé un gâteau au chocolat (pourtant je n’ai mentionné qu’une dizaine de fois -par jour- à quel point j’aimais les gâteaux au chocolat ! Quelle heureuse coïncidence !). Gâteau au chocolat à cuire à la mijoteuse. L’idée est certes surprenante, mais le résultat est oh combien délicieux !

    Je partage mon idée avec Julie. Elle accepte avec un sourire et un enthousiasme qui me fait chaud au cœur.

    Les idées étant ce qu’elles sont, elles entrainent d’autres changements de programme. Je ne partirai finalement pas le mardi ; c’est l’anniversaire des jumelles. À la place, je partirai le mercredi matin. La décision a été prise alors que Phileas, Tia et Énée sont déjà à l’école. Ce qui rajoute une autre idée supplémentaire : le soir, j’embarque Damien dans le Chamion, et on va chercher les enfants à l’école. Ils feront les 5 kilomètres du retour dans la cabine, tout heureux de voir que je ne suis pas encore parti. Et moi je suis tout content de pouvoir leur offrir ça ! Pour les deux cent derniers mètres, j’ouvre les volets de la maison, et ils finiront le trajet directement installé sur les banquettes à l’arrière !

    J’ai quand même un peu de mal à partir le lendemain matin. Je suis vraiment bien avec tout ce petit monde ! Mais je dois retrouver Iris à la gare de la Hume (bassin d’Arcachon) samedi. Il faut donc que j’avance un peu. Comme c’est mercredi, les enfants ne sont pas à l’école. Et c’est donc une famille presque au complet qui assiste au départ du Chamion.

    Un commentaire

    1. Commentaire de Patrice GEORGES

      Je vois que tu fais d’énormes progrès en mécanique.!!!

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