Le lac de Saint Pardoux
Nuit tranquille ; silence complet. Je commence ma journée sous les arbres. Mon thé est prêt ; je me pose à l’arrière du Chamion pour le boire en admirant le lac. Cris, éclats de rire, plus de cris. Un canoe ; puis un autre ; et un autre ; et encore un autre. Plein de canoes. Une classe de lycéens au grand complet sur des canoes, qui remontent le lac dans une explosion de bonne humeur.
L’un des canoes repère ma mini clairière, et voit que l’on peut y accoster. Très vite, d’autres le suivent. « Oh, pardon monsieur, on voulait pas vous déranger sur votre île ». « Oh, j’ai même un peu de réseau ici ! ». « Bonjour, pardon pour le dérangement ». « Hey, elle est trop bien votre maison ». Cinq minutes de chaos euphorique plus tard, les canoes sont repartis, et je retrouve le calme de mon « île ». L’échange a été bref, mais teinté de bonne humeur et de rires.
En général, quand on voyage, on « s’invite » chez les gens. C’est ce que j’ai fait pendant de nombreuses années. J’ai été hébergé dans de nombreux endroits. Ce qui est chouette quand on voyage avec sa maison, c’est que l’on peut toujours inviter des gens chez soit. C’est même encore plus intéressant, vu que l’on peut demander aux gens où ils ont envie qu’on les invite chez nous. Et donc j’ai invité Aurore chez moi à St Pardoux.
La grande révolution de ma maison pendant toute cette période d’immobilité, ca a été l’ajout d’un four. Ma plaque de cuisson deux feux s’est vue remplacer par une cuisinière complète. Quatre feux + four à gaz. Et quel bonheur de retrouver la possibilité de faire de la cuisine un peu plus compliquée. Pizzas, tartes, gâteaux… du coup, j’ai d’autant plus de plaisir à recevoir que je recommence à me faire plaisir en cuisinant !
J’ai rencontré Aurore il y a quelques « oh mon dieu ça nous rajeunit pas ! » années. C’était à Montréal. Puis on s’est recroisé en France il y a quelques « ou là là tout ça tu es sûre ? » temps. Repas copieux, qui a permis d’essayer de re-situer tout ça dans une frise chronologique presque cohérente. Et qui nous a ensuite encouragé à aller faire une belle balade ! Balade au cours de laquelle on a croisé un vélo. Puis plein de vélos. « rebonjour monsieur », « hey, vraiment trop bien votre maison, on revient la voir demain », « oh pardon, on vous dérange pas ». Sortie kayak le matin VTT l’après-midi, chouette programme !
Puis Aurore est repartie sur Limoges, tandis que j’en profitai pour rester une autre nuit bien tranquille près de mon lac. En m’offrant une autre petite balade de début de soirée, pour profiter du coucher de soleil (je n’ai réalisé que le lendemain à quel point mon comportement avait été horriblement dangereux, alors que je suis rentré chez moi à 22h !).
Limoges
Et j’ai finalement pris la route de Limoges le lendemain, où j’ai retrouvé Aurore pour un petit repas en terrasse (la petite graine, resto vegan, que je recommande fortement !) :
Et un autre repas copieux dans le ventre, on est reparti pour une autre balade, dans les rues de Limoges cette fois ! Balade que je complèterai le lendemain en déambulant à nouveau dans les rues. Mon objectif secondaire : un magasin de bricolage (une poignée de porte d’entrée toujours capricieuse, un bouchon pour mon évacuation, un tuyau pour pouvoir remplir mes cuves à eau quand j’ai soif).
Lacelle
À Saint Léonard de Noblat, j’ai vu ce magnifique viaduc passant par dessus la ville. Qui a attiré mon regard sur un autre détail de la carte : le mince filet violet. La ligne de chemin de fer Limoges – Ussel, dont le trajet suit le cours de la Vienne. Ca me fait vraiment envie. Et finalement, après deux jours d’hésitations, je décide de m’offrir un petit aller-retour en train. Pour des raisons esthético/touristiques, mais aussi (à moindre échelle) pour des raisons économico/politiques. L’adage dit « acheter c’est voter ». Et c’est quand même assez vrai pour certaines choses. Même si je faisais déjà attention à comment je dépensais mes sous, je me rends compte que plus le temps passe, et plus j’y fais attention. Producteurs, artisans, achats locaux… j’ai enfin fermé mon compte à la BNP parce que j’assumais plus… mais aussi les petites boulangeries dans les petits villages… combien j’ai vu de petits villages qui n’avaient plus de boulangerie… et oui, d’autant plus de petits restaurants/cafés/bars maintenant.
Et oui, le train fait aussi parti de cette démarche. Il n’y aura jamais de voitures intelligentes. La voiture est un moyen de transport pratique, mais absurde. D’ailleurs, la voiture soit disant intelligente que j’ai conduit de Metz à Lyon suite à la vente du Warum, était plus un danger public qu’un truc intelligent… bref… le train reste, selon moi, le moyen de transport le plus intelligent que l’on ai conçu jusqu’à aujourd’hui, et il est vraiment temps que les rails reprennent le premier plan ! (side note pour le lecteur intéressé : le projet Railcoop, une coopérative citoyenne qui entend raviver certaines lignes de train abandonnées ; la première en cours de rétablissement : la Lyon – Bordeaux ; outre la logique d’avoir des axe est-ouest en France, perso j’y suis sentimentalement attaché à cette ligne !). Déjà dans la région du Puy, j’aurai bien aimé sauter dans un train et faire une petite balade à bord ; parce que le train, dans le Massif Central, ça reste forcément une aventure. Mais l’occasion ne s’est finalement présentée.
Après réflexion et consultation des horaires de trains, j’ai donc pris la décision d’aller à Lacelle et d’en revenir, histoire de rappeler que oui, les petites lignes locales sont encore importantes ! Et pourquoi Lacelle et pas ailleurs ? Parce qu’à Lacelle, il y a le projet GASEL (Garage Associatif et Solidaire en Limousin). L’idée des garages associatifs est de mettre à disposition le matériel permettant de faire soit même certaines réparations sur son véhicule, sous la supervision de quelqu’un qui peut filer un coup de main en cas de besoin. Et donc de se réapproprier un peu son moyen de transport pratique quoi qu’absurde. Du coup, je trouvai chouette d’aller visiter un petit village perdu avec son garage associatif. (side note pour le lecteur curieux : j’ai une petite réparation à faire sur le Chamion ; petite fuite au niveau du join spi arrière droit ; rien de grave, mais il faut faire quelque chose ; pour avoir vu Patrice, le mécanicien officiel du Chamion, faire l’opération à plusieurs reprises, je pense savoir comment faire, mais je n’ai pas l’outillage, du coup j’ai commencé à chercher des garages associatifs, avant de finalement trouver quelqu’un pour me filer un coup de main un peu plus loin sur ma route).
Bref. Je suis monté dans le train, et je me suis laissé porter jusqu’à Lacelle.
Bon, Lacelle c’est vraiment un tout petit village (130 habitants). Et pourtant, je découvre qu’en plus du garage associatif, il y a un collectif (les mille feux) qui ont aménagé une petite balade autour de l’étang ; balade qui traverse également l’ancien stade de foot (abandonné suite à la résurgence d’une source au milieu du terrain, ça c’est chouette). Comme j’ai deux heures à attendre avant mon prochain train, je m’offre une petite promenade en prenant tout mon temps.
Eymoutiers
Puis je reviens à mon point de départ. Et jette rapidement un coup d’oeil aux horaires de train. Pour découvrir que le train de 16h47 que je pensais prendre, bin en fait c’est que le vendredi ; et aujourd’hui, j’ai beau vérifié, on est jeudi… du coup le train d’après, il est deux heures plus tard. Deux options s’offrent à moi : attendre trois heures à Lacelle, ou me rendre à Eymoutiers (à 15 km d’ici) d’où je pourrai prendre un train plus tôt. Forcément, à pied j’aurai pas le temps. Mais ça fait combien de temps que je n’ai pas fait de stop ?
Posé sur le bord de la route, un grand sourire aux lèvres, le pouce levé. Enfin les bras le long du corps la plupart du temps ; parce qu’avec une voiture aux 3 minutes, on va pas trop se fatiguer quand même !
Ce sera finalement Julie qui s’arrêtera pour m’accompagner jusqu’à Eymoutiers. Julie qui, avec son compagnon, vient d’acheter un terrain dans le coin, pour construire une maison ossature bois, structure de coque inversée. Elle travaille le cuir, il construit des instruments de musique encombrant en métal. Punaise que ce village perdu au milieu de nul part (« la mairesse est bien à gauche ») me donne envie de revenir faire une escale de quelques jours !
Julie me dépose à Eymoutiers, où je m’offre une petite balade dans les rues, vu que j’ai un peu de temps devant moi. Et aussi deux boules de glaces, un chocolat chaud et un petit dessert en terrasse, chez le pâtissier/glacier du village (solidarité petit commerçant bien évidemment) !
Eymoutiers… certes le village est un peu plus grand que Lacelle, mais pas si grand que ça. Seulement 2064 habitants d’après Wikipedia (qui m’informe que les habitants sont les Pelauds ; c’est meugnon !). Une épicerie bio/locale/vrac ; une recyclerie ; des noms de rue qui rendent hommage à des résistants, à des féministes… sympa la région !
Et me voilà de retour dans mon train, qui me ramène à Limoges.
Limoges, c’est pas ce qu’on fait de mieux en accueil camping-car. Mes deux nuits sur mon parking pas très plat, juste à côté d’un grand boulevard, m’ont suffit. Et puis faut que je remette de l’eau dans les cuves si je veux recommencer à me laver.
Il est 19h ; j’ai repéré un lac sympa vers l’ouest, à 60 km d’ici. Deux heures pour faire 60 bornes, avec un plein d’essence en chemin, je peux le faire !
Je trouve que c’est un blog intéressant parce qu’il y a plein de voies ferrées anciennes et parce que l’auteur prend le train et nous propose de bien jolies photos d’installations ferroviaires. Content aussi de voir que tu séjournes dans un coin qu’on a pas mal exploré et bien apprécié. Bon vent et bonne vapeur !
” Lacelle où se tient la fête de la montagne. Il y a là la confédération paysanne, Terre de Liens, et plein d’autres stands accueillants et passionnants.” Extrait de mon journal de voyage, samedi 29 septembre 2018.
Puis, jeudi 4 octobre, achat de “bichons aux pommes” au marché d’Eymoutiers. Nous allons à St-Léonard-de-Noblat où nous découvrons un musée du rail, mais c’est fermé… Par contre au “moulin à papier” nous avons visité une magnifique exposition.
Veinard, va !
Tu as bien raison de soutenir le train…!