La veille, on est quand même arrivé relativement tard au camping. Dans ce contexte, donc, pas vraiment possible de payer à qui que ce soit. Le matin, fidèle à notre habitude, on se prépare assez rapidement. Il ne semble pas y avoir de responsable sur le site du camping ; simplement une borne d’auto-perception. Aujourd’hui, nous serons très vilains… nous ne paierons pas. On est dans un mode « hébergement gratuit » depuis le début de ce voyage, on a du mal à changer !
On embarque dans la voiture pour aller voir un petit bout de forêt de séquoïa géant. J’avais déjà vu quelques beaux modèles. D’abord en Colombie-Britannique. Ensuite à Muyr Woods, au nord de San Francisco. Mais là, on est dans une place qui s’appelle « Giant Valley » et « Sequoïa National Park ». On peut donc se permettre d’avoir de fortes attentes. Surtout quand le guide nous dit que l’on va voir le troisième plus gros être vivant de la planète.
Dans le coin, les arbres les plus jeunes sont pluricentenaires. Les plus vieux comptent deux ou trois millénaires. Ce sont des modèles qui n’arrêtent à peu prêt jamais de pousser. La plus part, ça se voit à la base, on connu des incendies. Un, deux, trois, quatre… ça dépend. En général, ils sont suffisamment énormes et massifs pour survivre, même s’il manque des bouts. Celui là, ici, a été victime de la foudre. Il a brûlé tranquillement pendant une semaine avant que l’on arrive à l’éteindre. Il se porte comme un charme. Enfin non, comme un séquoïa géant en fait.
Quand à lui, il est tombé. Ça se voit. D’après le panneau explicatif, ça fait au moins deux cents ans. Ça pourrait faire 500, on ne pourrait pas le dire. En plus de bien supporter les incendies, ils supportent particulièrement la pourriture et les maladies. Du coup, impossible de dire depuis combien de temps il est là. Il est encore en bon état. D’ailleurs, comme il est creux, et par terre, on peut s’y promener.
En fait, tout ça est simplement hallucinant. Quand on voit le plus gros de tous, il n’y a pas vraiment de différences. Il est comme les autres. Énormes. Impossible de réaliser rendu là. Des chiffres ? 1800 mètres cubes. Je laisse à Paul calculer combien d’année il chauffe le Charbinat avec un arbre. 82 mètres de haut, 1300 tonnes, 33 mètres de circonférence à la base, 1700 ans. La branche la plus large fait 1m40 de diamètre, et la première branche est à 39 mètres du sol. Des chiffres plus amusants ? Si c’était un réservoir de voiture, on pourrait faire 350 fois le tour de la terre avec son volume d’essence, et ça prendrai 159 000 ballons de basket, ou 37 millions de balles de ping-pong pour le remplir.
Belles bêtes, non ?
Une fois de plus, on a le goût de se tremper les pieds. Fannie repère un petit lac de montagne qui semble avoir une plage. En plus, j’ai été mis au défi de me baigner dans autre chose qu’une source chaude. Sachant qu’une piscine et une baignoire ne compte pas, il ne me restait pas beaucoup d’options…
On arrive prêt du lac, pour voir une horde de plusieurs centaines d’enfants, tous habillés pareils, hurlant comme pas possible. C’est un camp d’été pour je ne sais plus quel groupe catholique. Ils sont répartis en plein de groupes différents, font plein d’activités différentes. Du genre qui doit sûrement stimulé leur esprit d’équipe, tout ça tout ça. Petite pensée émue pour Mercredi Adams !
En se renseignant, on apprend qu’il y a une plage plus tranquille un peu plus loin, où nous nous dirigeons assez rapidement. À mon grand regret, les enfants sont relativement vifs et rapides, et je n’arrive à en écraser aucun. Dommage, vue la quantité qu’ils sont, ça serait sûrement passé inaperçu en plus !
L’eau n’est pas excessivement chaude, mais ça va quand même. La plage donne sur une petite baie calme d’un lac, du coup l’eau est un peu plus chaude. On fait quelques brasses pendant un moment, le temps que Fannie se rende compte que je suis loin d’être un grand nageur. Qui sait… peut être qu’un jour j’apprendrais !
Mais il est vrai que toute cette eau fraîche fait le plus grand bien !
Bien rafraîchis, on se dirige finalement vers le fond de la vallée. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas fait des routes de lacets. L’ambiance est un peu tendue dans la voiture. Cumule de fatigue, de nombreux jours passés ensemble, et stress d’un voyage qui approche de sa fin. On arrivera tranquillement pas vite à calmer tout ça, à retrouver le sourire, et à apprécier ces dernières heures de voyage. La vallée est magnifique ; elle s’étend à nos pieds, dans un paysage grandiose. On descend tranquillement pas vite, s’approche de la rivière assez mouvementée qui coule au fond. Visiter ce genre de région juste à la fin du printemps et de la fonte des neiges permet d’autant plus d’apprécier les cours d’eau et les cascades !
En parlant de cascade, on en trouvera une assez sympathique, sur le bord de laquelle nous casserons la croûte.
On s’offre une dernière petite promenade tout au fond de la vallée, dans un paysage ressemblant quand même beaucoup à celui de Yosemite ; avec quelques milliers de touristes en moins. Ce petit aperçu rapide du parc nous donne envie de revenir, d’y passer plus de temps. Malheureusement, on est sur la fin du voyage, sur un emploi du temps serré ; c’était voulu d’ailleurs… revenir un jour ? Oui, non, peut être ! On verra bien. La dernière étape nous attend. Ce soir, nous dormirons une dernière fois chez Jane, avant d’aller rendre la voiture, et prendre l’avion !
Et en panoramiques :
On fait nos adieux aux montagnes, après une dernière longue distance vers la pleine agricole californienne. Un dernier mangeage de kilomètres avant de rentrer. Lignes droites à perte de vue au milieu des champs, une fois de plus. Ça roule bien, ça roule vite, les kilomètres défilent à vive allure. On fait une petite pause de temps en temps, rapide, sans trop s’attarder.
On est de retour sur l’autoroute. Plus on approche de San Francisco, plus le trafic s’intensifie. De retour sur une cinq voies, toujours aussi stressant. Le soleil se couche, j’ai plusieurs heures de conduite derrière moi ; stress, fatigue. Une fois de plus, ça commence à faire beaucoup. Ce rythme de voyage est trop rapide. Note pour plus tard : essayer d’y aller plus relaxe. Et puis là, sur un pont, on voit un auto-stoppeur qui fait des grands signes. Vêtu d’un pantalon et d’un sac poubelle, son espérance de vie semble horriblement courte en un tel endroit. On s’arrête pour l’embarquer, mais je me sens vraiment pas confortable de m’arrêter avec un trafic aussi important et rapide. Lui même ne nous met pas vraiment à l’aise. On lui explique qu’on avait prévu de s’arrêter à la prochaine sortie, mais qu’on va juste l’éloigner du pont, pour pas qu’il se fasse frapper.
On le dépose donc juste après, et réembarque sur l’autoroute. Je suis une fois de plus limite côté stress. Fannie s’en rend compte et me fait remarquer qu’on n’est pas pressé, ni obligé de rouler avec le soleil couchant en pleine face et autant de trafic. Je trouve sa remarque étonnamment intelligente, et m’empresse d’acquiescer. On s’arrête deux sorties après, direction « Pleasanttown ». Ça sonne film d’horreur tout ça !
Rien que le nom fait rêver… en fait, la ville est exactement comme on pourrait l’imaginer. Petite ville parfaite avec ses gens heureux qui marchent sur les trottoirs, ne traversent jamais sur la rouge, et font leur épicerie le dimanche après midi après la messe. Bon, il y a peut être un peu d’exagération, mais c’est quand même ainsi qu’on le ressent. Les petites boutiques, et même les statues de gens en train de magasiner ! Le « bonheur » de Pleasantville représenté devant nous dans la rue. Impressionnant ! Inquiétant un peu aussi ! Il y a bien un côté film d’horreur, même si c’est bien joli ! On s’arrête à une terrasser de restaurant, pour un dernier repas, histoire de se reposer avant de finir la route. On mange bien. Tant mieux, ça sera nécessaire !
Et puis voilà, finalement c’est fini, nous sommes de retour chez Jane. La dernière étape, une fois de plus, a été extrêmement pénible. Conclusion : je déteste conduire la nuit sur des autoroutes 5 ou 6 voies avec des automobilistes faisant des changements de files en permanence. Je suis surpris qu’il n’y ai pas plus d’accidents, pourtant tout se passe très bien. J’ai les yeux vraiment fatigués, d’avoir conduit en plein soleil une bonne partie de la journée, puis avec toutes ces lumières dans tout les sens. Ça fait plaisir de revoir Jane brièvement avant de partir. On discute un peu ; une fois de plus, on se fait plein de promesses pour se revoir. Et puisqu’on s’est déjà revu, celles-ci semblent désormais beaucoup plus crédibles. La séparation sera beaucoup moins difficile !
Le retour le lendemain se fera sans encombre. Après avoir longtemps hésité entre laisser la voiture à l’aéroport (et donc traverser toute la ville avec) ou à l’endroit où on l’a pris, et donc porter nos sacs un peu et payer le train, on prend finalement la deuxième option. Certes un peu plus fatigante, mais pas tant que ça… elle enlève beaucoup de stress !
Le retour de la voiture se passe sans le moindre problème. Le voyage en train également. J’ai l’habitude d’arriver dernière minute à l’aéroport, surtout quand je voyage seul, parce que je n’aime pas attendre. Mais Fannie préfère qu’on y arrive tôt, et je n’y vois aucun problème. Ça nous laisse tout le temps pour enregistrer nos bagages, et s’offrir un énorme petit déjeuner pour la route.
Le mot de la fin ?
Un voyage magnifique, une fois de plus, dans une région qui me fait rêver chaque fois un peu plus. À nouveau, je sais que je vais devoir y retourner, mais peut être en prenant mon temps pour une fois. Encore et toujours, les jambes me démangent, et je sais déjà que le retour à Montréal ne sera pas nécessairement évident à gérer…
Sinon, côté animaux, nous avons été servi :
– 17 chevreuils
– un ours brun
– deux aigles
– un serpent à sonnette
– deux vautours
– un serpent jaune, pas à sonnette
– et j’en oublie sûrement !
2400 photos en poche, 2993 kilomètres roulés… et beaucoup de choses à raconter…