Je me réveille en premier le lendemain matin. Je vais ranger deux trois trucs dans la voiture, commence à préparer le départ. On a environ sept heures de route à faire aujourd’hui, dans un monde idéal il faudrait donc ne pas partir trop tard. Ceux qui me connaissent un peu doivent avoir l’habitude : quand j’hésite entre deux options, c’est toujours la troisième que je choisis. On hésitait entre le désert et la côte, Fannie a décidé de rajouter « Pourquoi pas les montagnes à nouveau » ? C’est vrai que Kings Canyon, au sud de Yosemite, à l’air de toute beauté également. Nous irons donc y dormir ce soir, et nous y promener demain.
Les choses sont difficiles ce matin pourtant ; on n’arrive pas à se décider. Piscine puis déjeuner puis route ? Déjeuner puis piscine puis route ? Piscine puis route puis déjeuner quelque part ? On passe notre temps à changer d’avis, indécis, incapable de se fixer. On optera finalement pour un retour au buffet à volonté pour le petit déjeuner, avant de prendre la route. Il fait extrêmement chaud, mais on ira à la piscine une autre fois. On embarquera finalement dans la voiture aux environs de midi. Il y a énormément de trafic sur la route. Nous sommes sur l’autoroute Las Vegas – Los Angeles, nous sommes dimanche, ça ne doit pas aider. Les voitures font absolument n’importe quoi, rendant la conduite extrêmement stressante ; on alterne trafic dense et bouchon pendant un long moment. Un dernier long bouchon, créé par un poste de surveillance à l’entrée de la Californie (« any fruit ? » « no » « have a good day » « thanks » ) puis ça commence à se calmer un peu. Nous ne serons vraiment pas resté longtemps au Nevada…
Je me suis quand même posé quelques questions en voyant ce panneau :
Et oui, il existe quelque part aux États-Unis, au milieu du désert Mojhave, la Zzyzx Road. D’où vient le nom ? Mot autochtone ? Expression locale ? En fait non… simplement une personne qui voulait écrire un mot qui serait tout dernier dans le dictionnaire. Il a réussi, mais Kwoikwoi se retrouve dépité. Le voilà battu au scrabble !
Calico’s Ghost Town
Les villes fantômes, ça n’est pas vraiment ce qui manque dans les environs. On décide de s’arrêter à Calico, qui est indiquée sur la carte routière. Après tout, ça peut être amusant de visiter une ville fantôme ! De mon côté, je m’attendais un peu à une ville style « Val Jalbert » au lac Saint Jean. Des vieilles maisons en ruine, quelques visiteurs, et c’est à peu prêt tout. C’est sans compter sur le fait qu’aux États Unis, on ne fait jamais les choses en petit. Pis aussi que le milieu est sans doute assez bon pour conserver les vieilles maisons. Bref, tout est en très bon état. Quelques rénovations un peu trop voyantes, mais dans l’ensemble, ça a un petit côté historique. Sauf, sans doute, l’asphalte qui recouvre entièrement la rue. Je m’attendais un peu à me retrouver au milieu d’un épisode de Lucky Luck. C’est pas tout à fait ça… mais quand même un peu ! Vieilles maisons en bois, saloon… et surtout, touristes et attrapes touristes ! La ville n’est plus fantôme du tout. Toutes les maisons sont maintenant occupées par des vendeurs de souvenirs, et autres babioles. On prend quand même notre temps pour visiter, tout en mourant de chaud en plein soleil. Oui, bon, on l’a cherché quand même !
Après ça, retour sur la route… la visite a été plus longue que prévue, on a perdu pas mal de temps dans le trafic au début… c’est pénible d’être en voyage pis de se dire « on est en retard », mais c’est un peu ça quand même. Mais pas si grave que ça non plus. On fera juste la fin de la route de nuit.
Le sud de la Californie ? C’est à peu prêt sans intérêt ; à moins d’aimer les champs de blé, de maïs, les vergers, et autres, qui s’étendent à l’infini. En fait, toute cette région ressemble à un délire de joueur de Sim City, ou truc du genre. Il n’y a plus rien de naturel. La région est 100 % artificiel. Il n’y a pas de rivières : elles ont toutes été transformées en canaux d’irrigation, entièrement bétonnés ; sans doute pour minimiser les fuites, et contrôlées le plus possible l’acheminement d’eau. Ce délire artificiel est quand même relativement inquiétant, surtout quand on commence à réaliser son étendu. On y roulera plusieurs heures, sans jamais que ça s’arrête ! Et on est loin d’avoir tout vu…
Le jour tombe tranquillement ; on s’arrête dans une petite ville au milieu de nul part pour combler la faim qui commence à s’installer. On mange mexicain dans un petit restaurant familial très sympa. En entrée, je goûte d’ailleurs au meilleur guacamole que j’ai jamais eut la chance de manger !
Et puis on reprend encore la route, pour la dernière ligne droite. Enfin… façon de parler… parce que là, on remonte dans la montagne. Par une vraie petite route. Qui tourne. Et qui tourne. Et qui tourne encore. Une grosse heure de route en lacet, de nuit, à 30 kilomètres heures. En fait, on en rigole plus qu’autre chose. On est fatigué, mais pas trop pressé.
Alors qu’on approche du bout, je demande à Fannie si jamais il y a des campings indiqués dans les environs. Une fois de plus, même envie au même moment : on ne se sent pas trop d’arriver au milieu de nul part, de nuit, et de monter la tente sans se poser de questions. La grotte habitée par un ours, ça arrive tu juste dans les films ? On prendra pas de chance. On trouve un terrain de camping. On s’installe. En dix minutes, on est couché à dormir !