Facebook, parfois, ça fait des miracles. Certains diront aussi « un bon karma ». Peut être. C’est vrai que ces derniers temps, j’ai plutôt stocké des points de karma (à les stoppeurs que l’on dépanne à 3h du matin !). Mais comme je compte pas les points, je saurai dire si je suis plutôt dans le positif ou dans le négatif. Bref…
Le garagiste nous a laissé dans une profonde indécision. « Vous savez, c’est un vieux véhicule ; trouver les pièces, ça va être impossible ou super long. Nous on est bien occupé en ce moment. J’essaie quand même de regarder pour vous ce que je peux faire, mais c’est pas gagné. Je vous donne des nouvelles demain ».
Alors forcément, ça ne nous a pas forcément fait beaucoup avancé. Voir même, ça a un peu douché mon enthousiasme. J’étais à nouveau confronté au discours du garagiste devant un vieux véhicule, qui n’a pas l’air d’avoir envie de se compliquer la vie. Comme on ne pouvait pas faire grand chose, et que les Rosiers, c’est joli, on a continué à se balader dans le coin, à admirer les paysages, à se promener le long de la Loire, et à profiter des couchers de soleil.
Pour autant, j’ai commencé à voir venir l’option galère. Et du coup, j’ai décidé d’anticiper le moment où il allait falloir poser le chamion quelque part pour une durée indéterminée. Le garagiste accepterait peut être de l’avoir sur son parking pour quelques semaines, le temps de trouver les pièces… mais dans le doute, j’ai posté sur un groupe Facebook une demande pour trouver un endroit où poser le camion quelques temps. Déjà, ce qui fait plaisir dans un cas comme ça, c’est que trois personnes étaient prêtes à nous laisser un bout de terrain dans un rayon de 20 km. Bonne nouvelle. L’autre bonne nouvelle, elle est venue de Tony. Qui n’habite pas loin des Rosiers, et qui a proposé de passer venir jeter un oeil. Le mardi midi, on avait donc Tony et Eloise, sa compagne, venus jeter un oeil. Tony s’y connait un peu en mécanique. Et il a l’air d’avoir un réseau bien conséquent. Pas mal de contacts s’il a des questions. On discute un peu, il regarde un peu. Il m’inspire totalement confiance. Du coup, quand il propose de commencer démonter pour voir comment c’est dedans, j’accepte. De toutes façons, y a pas vraiment d’autres options ! Tout démonter, ça permet d’y voir plus clair. Enfin un peu.
Le verdict est assez clair : les goujons (les boulons qui tiennent les roues) entrés en force dans le moyeu (le truc qui fait tourner la roue) sont désolidarisés. Et surtout, il n’est pas possible de les remettre en force : il y a eu énormément de jeu, le métal est tout bouffé. Par contre, le reste est intact. Le tambour n’a rien eu. Les freins non plus. Les jantes ont pris chères aussi. Nous sommes mardi 15h, nous cherchons un moyeu pour Ford Transit mk1 A0306 (ou A2JW) de 1975, et deux jantes pour roues jumelées arrières. Pendant que j’aide Tony sur la partie mécanique (je le regarde en lui passant des pièces) et qu’on fait deux trois allers-retours dans les boutiques du coin, Gaëlle et Eloise épluchent internet.
Et le garage rappelle ! Le garagiste m’avait quand même laissé une bonne impression, et j’avais quand même envie d’y croire. Mais c’était pas gagné. Il a réussi à trouver un passionné des Ford Transit dans le sud de l’Indre et Loire, à Argenton. Selon lui, il est impossible de retrouver des goujons ou des moyeux (il a déjà essayé) mais il est possible de les ressouder. Quand aux jantes, il se trouve que justement, il en a une paire à vendre ! Et ça, forcément, ça donne envie d’y croire.
Pour fêter ça, on se fait une autre petite promenade de fin de journée avec Gaëlle. On reprofite du coucher de soleil, et on retourne voir Genne, de l’autre côté du pont. On trouve un endroit tout calme, tout tranquille, magnifique. Une halte aménagée dans le cadre de « la Loire à vélo ». Y’en a régulièrement, partout. Dans celle-ci, WC, douche, casiers qui ferment à clé, et même des bornes recharges pour les vélos électriques (j’en connais qui pourraient même se laisser tenter !).
Il nous reste quand même une problématique. C’est bien beau d’avoir des jantes à Argenton, mais c’est quand même à 220 kms des Rosiers. Et avec un chamion sans roue, ça fait un peu loin. Qu’à cela ne tienne ! Le mercredi matin, on est réveillé à 6h30. À 7h15, on est dans un train pour Nantes. À 8h30, on est dans le tram. À 9h30, on est à Saint Herblain. On récupère la twingo, qui aurait du normalement rester là un moment. Mais un programme, c’est fait pour être changé. À 14h, on est à Argenton sur Creuse. On fait un peu de tourisme, car on a rendez-vous à 16h30. C’est petit mais mignon. Et comme on a encore un peu d,avance, on fait une petite pause de bord de Creuse.
Et puis finalement, on rencontre Sébastien de Transit Passion 36. On discute un peu, on récupère les jantes et six écrous (parce que oui, les écrous ils ont aussi souffert dans l’opération). 20h30, on est de retour aux Rosiers. Fatigués, un peu, quand même. La veille, j’ai aussi commandé les roulements des roues arrières, parce qu’il faudra les changer. Et que quand on démonte des roulements, c’est facile d’avoir la référence. Et qu’on peut être livré en 24h si on veut. Du coup, ça me rend confiant pour le prochain changement de roulement avant sur le Chamion. Mais ça, c’est une autre histoire.
Jeudi matin, 8h30, je dépose au garage les anciennes jantes, les nouvelles jantes et les écrous. Et je remercie une fois de plus le garagiste pour son aide. 12h, le garage m’appelle. Les goujons sont ressoudés, on peut venir récupérer les jantes à 14h. 13h, Tony revient. On commence à tout nettoyer avant remontage. 14h, on récupère les jantes. Voir les roues montées comme ça, ça me rappelle la période où je faisais des maquettes de camion ; oui, elle remonte à loin la passion des camions !
Je prends un cours de nettoyage et de décapage, et de graissage de roulements. 16h, le camion a de nouveau des roues. 16h15, la roue est de nouveau connecté à l’arbre de transmission. 16h30, le chamion repose à nouveau sur ses 6 roues. Rien n’a cassé ou fait crac quand on a redescendu le cric. C’est plutôt agréable comme sensation !
J’ai encore un peu du mal à y croire. Et pourtant, c’est réglé. On fait un premier test sur la route. Jusqu’au garage. Pour aller remercier tout le monde. Et puis chaque mètre parcouru, c’est un mètre de moins pour la dépanneuse au cas où. Je roule pas vite. Un peu stressé, mais pas tant que ça. Un dernier au revoir au garagiste, et on reprend la route. Pour cette nuit, on rêve d’un endroit tranquille. Quatre nuits sur le bord de la route, on dort quand même beaucoup moins bien. Les camions, ça fait du bruit et ça secoue le camion. Et ça stresse un peu. Alors pour cette nuit, Tony nous recommande le dolmen de Bajoulière.
Dix bornes plus tard, le chamion est garé en pleine nature, loin de tout, avec toutes ses roues. Et ça fait quand même plaisir ! Ce soir, on se pose, on fait rien. On marche un peu, mais pas trop. Bientôt, on recommencera à planifier et à calculer. En plus, on a Jonathan et sa Livingston à croiser à un moment. Mais ça, on y réfléchira demain. À la place, on admire le dolmen, les arbres un peu bizarre, et la douce campagne angevine.