Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionMarch 1st, 2020
  • J’ai donc retrouvé Gaëlle à la gare de Tortosa. Note en passant : si vous connaissez un marabout spécialisé dans le désenvoûtement des malédictions ferroviaires, je pense que Gaëlle serait intéressée par son contact ! Elle a quand même réussi à traverser une demi-France et une demi-Espagne, dans un Lyon-Barcelone-Tortosa qui n’aura pas été de tout repos. Le lendemain de son arrivée ce sera donc une visite de la ville, en mode plutôt tranquille, légèrement teintée d’explorations culinaires locales (ah, le chocolat chaud qui ne se boit pas mais qui se mange avec une cuillère, et qui demande presque un couteau pour se faire des portions !).

    Mais le samedi, on passe aux choses sérieuses ! Parce qu’il y a quand même quelques paysages que j’ai eus la chance de voir, et qui sont très faciles d’accès. Et une balade que j’ai repérée et faite en grande partie, qui consiste à prendre un vélo, et à laisser la gravité faire le boulot à notre place. Et oui ! Une dernière petite dose de Via Verde pour moi. Location de vélo à Tortosa, et bus (à l’aube blême) pour Horta de San Joan. Xocolate caliente espeso sur la place du village, petite balade dans les rues toujours aussi tortueuses et belles de la ville, et début de la descente.

    Gare de Horta, puis gare de Bot. Parce que ça fait combien de temps, déjà, que je suis pas passé à Bot, le centre du monde ? D’ailleurs, pour fêter ce retour, et le fait que le week-end la buvette/resto du monorail est ouverte, papas bravas pour le deuxième petit déjeuner !

    On attaque ensuite la portion que je connais le mieux : Bot-Prat de Compte, et tout ses tunnels. Les vélos sont fournis avec un éclairage… mais pas si éclairant que ça. La traversée du 740 mètres est assez amusante, mais on s’en sort quand même. Arrivés à la gare de Prat, on prend la descente pour Fontcalda. Parce que je ne me lasse pas de ses canyons et que j’avais bien envie de les partager avec Gaëlle.

    Le truc chouette à faire cette balade le samedi, c’est que tous les bâtiments réaménagés en bar/restaurant sont ouverts ; il commence à y avoir assez de monde sur la route. Du coup, c’est l’occasion de jeter un oeil au bar de Pinell de Bray. Le serveur nous regarde interloqué quand on ne commande qu’un bol d’olives. Je lui explique que notre objectif étant de s’arrêter dans chacune des gares/bar sur notre chemin, il faut que l’on soit raisonnable. L’idée semble lui plaire ! Les espagnols ne sont pas encore trop passés par la case « bières de microbrasserie » et c’est regrettable. Parce que l’endroit serait juste parfait pour en ouvrir une !

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    On abandonnera l’idée de s’arrêter à tous les bars dès la gare suivante. À Benifallet, il y a trop de monde. Ça ne nous fait pas envie. On continue donc un peu la route, pour retrouver l’Ebre. Et cette portion de la Via Verde que je ne connais pas encore. Et découvrir de nouveaux tunnels !

    On finit par arriver à Xerta. Mon inquiétude se confirme : depuis que l’on a rejoint l’Ebre, le paysage est quand même moins impressionnant. C’est à peu de choses prêt le même que celui que l’on aurait pu observer par la route. Et surtout, c’est beaucoup plus plat qu’au début. Je ne suis toujours pas fan de vélo, et Gaëlle non plus. Heureusement, il ne nous reste qu’une quinzaine de kilomètres à faire.

    L’aménagement est moins agréable : on doit parfois quitter l’itinéraire de la voie déferrée, et les montées ou descentes sont courtes, mais brusques. Quelques passages dans les villages également, qui n’ont pas le charme de ceux de la Terra Alta.

    Mais finalement, le pont rouge viendra nous sauver !

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    On est bien heureux d’être de retour à la maison, sur les coussins très confortables de la banquette ! Un peu plus tard, en fin d’après midi, on ramènera les vélos, et on s’offrira une récompense bien méritée sous la forme de bocadillos. Souvent la base du repas de midi pris à toute vitesse en Espagne : une baguette, avec des choses dedans. Comme on veut vraiment expérimenter la chose, et qu’on a trouvé un resto spécialisé là-dedans (et peuplé majoritairement d’autochtones) on décide de se faire plaisir. Parce qu’en plus, c’est bon !

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    Et j’en profite pour militer pour un nouveau mot, découvert en Catalogne. Parce qu’ici, ils ne mangent pas des sandwichs, mais des “entrepans”. Et en fait, bin l’idée me plait beaucoup, et je pense qu’à partir de maintenant je vais me mettre à manger des entre-pains parce que ça sonne vraiment bien (et que je suis persuadé que la personne qui ouvrira un restaurant spécialisé dans les entre-pains dans un quartier un peu branché de Lyon aurait moyen de bien s’en sortir !).

    Nous hésitons un moment pour la suite du programme, alors que nous avons trois éléments à prendre en considération : nos amis de la Livingston se sont installés dans une ferme bio à une trentaine de kilomètres d’ici ; il nous faudra arriver à Valencia un jour (oui, c’est une thématique récurrente, je sais bien) ; la météo annonce pour lundi soir des vents à 90 km/h. Nous finirons par opter pour le dimanche à la mer, en allant explorer le delta de l’Ebre (là d’où viennent les flamants roses venus manifester lors du Carnaval de Horta, il faut suivre) et deux nuits à la ferme pour la suite, en espérant y trouver un abri contre le vent.

    Je me réjouissais de ne voir aucune grande surface pendant mon séjour en Terra Alta et Matarraña ; même Alcañiz était plutôt raisonnable à ce niveau là. Mais la sortie de Tortosa par le sud, avec sa double voie qui relient les ronds-points autour desquels s’enchaînent les grandes-surfaces me ramènera malheureusement à la réalité. Il y a encore du boulot à faire à certains endroits… mais nous finirons par nous extirper de tout ça (sous le regard des montagnes magnifiques qui nous entourent) et à nous engager dans le détroit de l’Ebre. Et là, d’un seul coup, c’est plat. Les panneaux nous amèneront jusqu’à une petite plage, et nos pas nous amèneront un peu plus loin dans le sable.

    La plage nous permettra aussi d’apprendre quel est le soucis : chaque année, la mer mange une partie du delta. Les vagues grignotent un peu de sable, l’emportant au loin, faisant disparaître la terre petit à petit. En temps normal, cette érosion est compensée par le fleuve : ses affluents et lui-même étant plutôt du genre actif et dynamique, ils ont tendance à récupérer pas mal de sédiments en chemin. Le fleuve dépose, fait grandir le delta, la mer grignote, et rééquilibre plus ou moins tout ça. Sauf que comme en amont il y a de plus en plus de barrages et de réservoirs, le fleuve est de plus en plus calme et les sédiments se déposent en amont (remplissant les réservoirs, obligeant à en creuser d’autre…). Les municipalités du delta aimeraient donc bien que les municipalités en amont arrête d’aménager le fleuve, sous réserve de finir par disparaître…

    Après avoir exploré un peu la plage, nous décidons de nous diriger vers l’embouchure de l’Ebre. Ce fleuve que j’ai suivi un moment (lui et ses affluents) j’ai bien envie de voir comment tout ça se termine. Dans un petit parc naturel, après une petite balade courte et agréable.

    Et nous, alors que l’après midi approche tranquillement du moment où elle ne sera plus après-midi et deviendra soirée, on se décide à prendre la route pour la ferme de Burgans. Parce que quand le lundi s’annonce pluvieux et venteux et que l’on a des amis qui aiment les jeux de plateau, ça serait dommage de ne pas en profiter !

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