Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionAugust 15th, 2014
  • Dans un grand boeing bleu KLM…

    J’ai croisé des québécois à quelques reprises dans les rues d’Amsterdam. Entendre l’accent, la façon de parler, m’avait fait un bien fou. De retour à Montréal, j’ai retrouvé ce français qui me plait tant, cet accent qui, au final, me paraît presque naturel. J’ai découvert avec amusement que mon cerveau était en train de permuter : les expressions québécoises me reviennent très rapidement. Je me sens de retour. J’ai pensé à cette vidéo de Solange, sur le fait de changer sa langue, d’adapter son palais. Je n’y suis jamais arrivé. Des fois, je regrette de ne pas avoir réussi à oublier mon « parler français » pour me mettre à parler québécois.

    Et puis il y a évidemment cette question, que les gens ont réussi à me poser tant de fois à nouveau. « Tu es d’où ? ». Et cette fois-ci, je n’ai pas su quoi répondre. Je ne pouvais plus répondre « de Montréal », mais je ne me voyais pas vraiment répondre « de Lyon » non plus. J’habitais là avant de partir, je vais habiter là en revenant, mais cette réponse ne me semblait pas convenir alors que j’ai ce sentiment de rentrer chez moi.

    Parce que oui, en quelques jours à Montréal, je suis bel et bien revenu chez moi. J’ai découvert une nouvelle micro brasserie sur la rue Masson, où j’ai pu boire une bière avec Brigitte et Mohamed pour marquer mon retour. J’ai revu Estelle et Gerardo, et surtout j’ai enfin pu voir Enolyne, que je reconnais sans la moindre hésitation comme l’un des plus beaux bébés du monde. Je suis allé à un concert extérieur gratuit de l’OSM avec 40,000 autres montréalais, au pied du stade olympique. L’OSM qui joue Carmina Burana pour mon retour, c’est forcément un signe. J’étais avec Laurence, qui m’a ensuite invité à manger une poutine chez Frite Alors (c’est elle qui a choisi l’endroit, je n’y étais pour rien !). Elle m’a même fait un BLT pour le petit déjeuner le lendemain, avant que je parte déambuler sur la rue Sainte Catherine. J’ai retrouvé ma place des festivals, j’ai écouté un monsieur qui jouait sur un grand piano (piano à queue modèle orchestre). J’ai rejoint Ariane, Renato, Mathieu et Lucas dans un sushi à volonté. Je leur ai offert un tour aperçu des micro brasseries Montréalaises (Réservoir, Dieu du Ciel, Amère à boire, Benelux). Ils avaient déjà eu l’occasion de passer au St Bock, ils repartent donc -selon moi- avec un aperçu de ce que l’on fait de mieux en bière à Montréal. J’ai vu un container de l’Evergreen sur la place des festivals. J’ai retrouvé tout le monde le lendemain pour un brunch chez Toi, Moi et Café, sur la rue Notre Dame. Non sans avoir raconté l’histoire de la rue Workman, et avoir parlé un peu de Gabrielle Roy. On a marché un peu sur le bord du canal, où j’ai découvert qu’ils avaient remis mon panneau de circulation préféré. Il y a évidemment eu l’immanquable visite du marché Atwater, et de la place Sir Georges Etienne Cartier. J’ai abandonné mes français, pour aller au Vice & Versa, boire une petite bière avec Estelle et Brigitte. Et Virginie, qui nous a rejoint. Et aussi Florence. Nous avons continué vers la Tohu, pour le 10e anniversaire de la Falla. Le lendemain, puisque c’était dimanche, puisque j’étais à Montréal, on s’est tous retrouvé au Mont Royal. Pas beaucoup de tam tam, pas beaucoup de soleil, mais ça n’était pas plus important que ça.

    Et le dimanche soir, soudain, après être revenu à Montréal, je me suis retrouvé au Québec. J’ai retrouvé Gabrielle, et fait la connaissance de Félix, son copain. Et Sofiane, un de ses colocs. On a mangé ensemble, avec Virginie. Je ne sais pas comment expliquer ce sentiment. Comment faire la différence entre « retrouver Montréal » et « retrouver le Québec ». Parce que là, il s’agit bel est bien d’une histoire de ressenti intérieur. Ce n’est pas juste les gros frigos ou le four. J’en ai vu d’autres ailleurs. Ce n’est pas seulement le set de table. Ce n’est pas seulement l’accent. C’est peut être d’entre Félix parler de boulettes de viande, la façon dont le repas a été servi, les choses qui ont été dites… beaucoup de français se sont installés au Québec, se sont intéressés à sa culture, se sont adaptés à son mode de vie, à sa façon de parler, ont commencé à s’intégrer… j’ai le sentiment d’avoir été adopté. J’ai eu plusieurs belles familles Québécoises, au prêt des quelles j’ai passé beaucoup de temps. J’ai vécu avec eux, j’ai vécu chez eux. Forcément, ça laisse des traces. Peut être plus encore que ce que je pensais.

    Ce soir, je prépare un pâté chinois.

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