Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionSeptember 10th, 2014
  • Il faudra que j’améliore mon équipement. Surtout si ça continue comme ça. Parce que cette nuit, il a fait froid. Vraiment froid ! Enfin… j’ai survécu, c’est l’essentiel ! Et surtout, ma journée peut commencer pas mal plus tôt ! Parce qu’à peine réveillé, je me mets au volant, avec dans l’idée de faire tourner le moteur, d’avancer, et surtout de mettre le chauffage au maximum !

    Mes plans pour la journée sont à peu prêt clairs : explorer un peu les Badlands du sud, passer par « Wounded Knee », faire un détour par le Nébraska où je ne suis jamais aller, puis remonter vers les « Black Hills » qui se trouvent être une forêt nationale, où je pourrais donc trouver à me loger (comprendre « camper ») assez facilement normalement.

    Badlands National Park, south entry

    Le ciel ne s’est pas amélioré pendant la nuit. La température non plus. Pas plus que le vent. Du coup, je laisse assez rapidement tomber l’idée des Badlands du sud. Je passe juste à côté, commence à y rentrer, puis fait demi-tour. J’en ai tellement vu la veille. C’était absolument magnifique… mais avec le même ciel, ça ne me fait pas plus envie que ça.

    Wounded Knee

    J’arriverai un peu après à Wounded Knee, lieu d’un important massacre d’indiens. Pour seul « monument » commémoratif, il y a un immense panneau, qui explique ce qu’il s’est passé. Nous sommes dans la réserve indienne de Pine Ridge. Un des habitants vient me voir pendant que je suis à l’arrêt. Il m’explique « ce panneau a été installé par le gouvernement. Il s’appelait “la bataille de Wounded Knee”, alors que ça n’a jamais été une bataille. Alors nous, on l’a réécrit. On a réécrit la vraie histoire. Et là haut, c’est le cimetière. Vous pouvez aller rendre hommage aux morts du massacre ». J’aurais aimé que l’explication s’arrête là. Qu’il n’essaie pas, juste après, de me vendre un attrapeur de rêve… je lui explique que je ne suis pas intéressé, avant d’aller faire un détour rapide par le cimetière où, en effet, un petit monument rend hommage à Big Foot.

    Je reprends la route, pour me réarrêter Deux cents mètres plus loin. Deux personnes font du stop. Je ne pensais pas que j’en aurais sur mon chemin. Ce sont deux indiens de la réserve (mon dieu que je déteste ce mot…), qui se rendent jusqu’à Pine Ridge. C’est là où je vais aussi. Je suis content de pouvoir les y amener.

    Le gars est sympa. On discute un peu. Il me raconte pas mal d’anecdotes sur les environs. Notamment sur la météo. Les tempêtes de neige, les tornades, toutes ces petites choses bien sympathiques qui donnent envie ! La fille, par contre, ne dira pas un mot de tout le trajet…

    Je finis par les déposer à Pine Ridge, où je m’arrête moi aussi pour un long moment dans un petit café hyper sympa. Poser sur mon ordinateur, à préparer la suite de mon programme, à réfléchir aux options qui s’offrent à moi. En dégustant un succulent smoothie et un cupcake particulièrement excellent !

    Nebraska

    Et je reprends la route à nouveau. Je me retrouve au Nebraska. D’après la carte, je suis sur une route qu’elle est belle (oui oui, y a des petits points verts des deux côté). Il ne me faudra pas longtemps pour admettre que les petits points verts sont peut être de trop. Certes, ce n’est pas laid… mais de là à qualifier ça de « scenic », il y a encore un peu de marge. À moins que, en effet, ce soit l’un des plus beaux paysages du Nebraska… auquel cas, je comprends pourquoi personne ne recommande le Nebraska comme destination !

    Black Hills National Forest

    Je suis de retour dans le Dakota du Sud, à nouveau en direction du nord. J’arrive dans la ville de Hot Springs, en laquelle je fondais beaucoup d’espoir, à cause du nom. En réalité, s’il y a bien une source chaude, elle est utilisée pour la plus grande piscine intérieure au monde entièrement alimentée en eau chaude naturelle. Bon, je me dis que nager un peu, ça pourrait quand même être agréable. Mais en fait non. À ce prix, je me dis que ça n’est pas une bonne idée du tout. Alors je continue encore. Je finis par arriver au parc national de « Wind Cave ». Il paraît que les grottes y sont magnifiques. J’arrive un peu tard pour la dernière visite, mais j’ai le temps d’explorer le centre d’information, que je trouve particulièrement bien conçu. J’aime beaucoup l’idée du puzzle, utilisé pour illustrer la mission d’un parc national. Le premier puzzle est entier. Il représente l’objectif à atteindre : ce qu’était le parc avant l’arrivée de l’homme blanc. Il y a de nombreux animaux, des forêts, des prairies, etc… sur le deuxième puzzle, beaucoup de pièces ont été enlevées (le bison a disparu, ainsi que d’autres animaux, le ciel bleu, etc…). Le troisième puzzle, enfin, est un intermédiaire entre les deux. Il représente ce qu’il est possible d’atteindre aujourd’hui. Le bison est réapparu, mais d’autres espaces du puzzle reste manquant à tout jamais. Bref, le message est simple, explicite et (un peu) déprimant…

    Je me dirige vers le camping qui est juste à côté du centre d’information. Je suis pas mal monté en altitude, et ça se ressent un peu au niveau de la température. Celle-ci n’en finit plus de baisser. Ça se ressent aussi au niveau des prévisions. Oui, il n’est pas impossible qu’il neige demain. J’ai un peu du mal à y croire. Demain, nous serons le 11 septembre. On est certes un peu en altitude, mais on n’est même pas à 1500 mètres. Il ne peut pas neiger un 11 septembre, n’est ce pas ?

    2 commentaires

    1. Commentaire de Kaly

      La quatrième photo à Wounded Knee (les deux piliers et la croix) est une image que j’ai déjà vue. Elle apparaît entre autre dans “Thunder Heart”, où Val Kilmer joue le rôle d’un métis qui va finir par accepter sa part de sang indien (je sais, on ne doit plus dire “indien”).

      Je suis en train de lire “enterre mon coeur à Wounded Knee”, mais j’ai du mal car c’est une succession de massacres, de trahisons, de longues marches, de fuites… où les Blancs ne jouent pas le beau rôle !

      C’est une bonne chose que les Premières Nations aient corrigé le panneau d'”information”, ce n’était en effet pas une guerre.

      Je pense qu’il ne faut pas perdre une occasion de rappeler cela. Tu n’aimes pas le mot de “réserve” – comme je te comprends ! – et le fait que les gens des Première Nations vivent là découle directement de ce lourd passé. Les “Indiens” étaient prêts à accepter la présence des Blancs, mais ceux-ci n’ont pas compris (et sont encore nombreux à ne pas comprendre) la richesse (culturelle, humaine, etc) que tous les peuples autochtones représentaient.

      Imbu de lui-même, l’homme blanc ???

    2. Commentaire de La Feuille

      Ben effectivement, si tu bosses pour une agence de publicité visant à attirer du monde dans le Nebraska, c’est raté. C’est pas folichon, folichon. Je n’ai jamais regardé s’il y avait des “routes vertes” sur la carte Michelin qui décrit les grandes plaines au sud de Paris. Il semble que les graphistes qui travaillent sur les cartes aient un quota de routes touristiques à placer. Quand il n’y a pas l’embarras du choix, un seul chêne planté au bord de la route peut être considéré comme un attrait touristique !

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