Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionMarch 10th, 2022
  • Je commence la journée du lendemain sans me presser. Avec dans l’idée de ne rien faire, et sans doute de ne pas bouger. À la base, je pensais reprendre le Chamion la veille, et redescendre. Me disant qu’en fin de journée, il était peu probable que je croise un véhicule dans l’autre sens. Mais fatigué après la balade, j’ai préféré me poser. Et j’ai très bien dormi sur mon petit parking.

    La météo est loin d’être au beau fixe, ce qui ne me convient pas vraiment ; mais je ne peux pas y faire grand chose de toutes façons. Donc je m’adapte. Journée grisaille pluvieux, ça veut dire en effet journée à pas faire grand chose. Pour autant, je ne resterai pas perché sur mon perchoir : un responsable du parc fini par apparaître en fin de matinée, et m’explique que je n’ai pas le droit de dormir ici et qu’il me faudra donc partir. Bon, bin au moins, ça règle la question du programme de la journée : je vais m’activer un peu. Pour autant, n’étant pas pressé plus que ça, je prends mon temps.

    J’ai repéré une balade que j’ai très envie d’aller faire, pas loin d’ici. Les gorges de San Julian. Juste à côté de Nueno. J’observe un peu la route avant d’attaquer la descente. A priori, pas de véhicule en vue. Je me lance. Et en effet, je ne croiserai personne. Ce qui m’arrange et qui, sans doute, arrange la personne qui ne m’a pas croisé puisqu’elle n’est pas montée.

    J’ai pris le temps de discuter un peu avec le garde/ranger/responsable -très sympa. Il semble assez d’accord avec moi sur le fait qu’il faudrait restreindre cette route ; mais il semblerait que personne ne veuille prendre la décision finale. Tant mieux pour moi, certes ; pour autant, je comprendrais bien une telle décision…

    J’arrive un peu plus tard au début de la promenade. En repérage satellite, j’avais vu un joli parking. Je m’étais dit que ça serait une chouette option où passer la nuit, sans doute. En arrivant sur place, j’ai vu les barrières séparant les maisons du reste du monde. Ah bin oui, ici aussi il y a ces modèles de développement résidentiel, accessibles uniquement avec autorisation, et un portique qui ferme à l’entrée, pour restreindre l’accès. Même avec l’autorisation, je me refuserai de passer la nuit ici. Je me gare donc un peu plus loin, le long d’un chemin de terre, au début de ma balade. Mais ça ne sera qu’un parking temporaire ; il me faudra aller dormir ailleurs. On verra en revenant. En attendant, je pars marcher.

    La balade est assez calme, bien indiquée, et la météo a décidé de collaborer. Je me rends assez vite au début des gorges de San Julian, sous le regard protecteur de la Peña Gratal, qui a bien compris que nous avions rendez-vous un de ces jours. Elle m’attend dans un silence surprenant (okay, c’est un peu capilotracté, mais comme « gritar » ça veut dire « crier » en espagnol, ça me tentait).

    J’ai laissé de côté l’embranchement pour aller voir l’ermitage du coin (quand je vous dis qu’il y a plus d’ermitages que d’habitants dans la région, c’est vrai !). J’y reviendrais au retour. Mais pour le moment, je me dirige vers le fond des gorges. La deuxième partie. Celle que j’ai vue en photos et qui m’ont fait tout de suite dire « okay, moi je vais là ». Et quand j’y arrive, en effet, je suis content de ma décision. J’ai vu pas mal de gorges, et de canyon, et de foz, ces derniers temps. Mais un modèle comme celui-ci, j’avais pas vu ça depuis longtemps ! Pourtant, oui, c’est bien ouvert. Ça n’est pas une grotte. Juste une autre rivière qui a eu envie de jouer avec un gros caillou divin !

    J’aime énormément la quiétude des lieux. Et le petit bruissement de l’eau, tout au fond. À plusieurs reprises, j’ai l’impression d’entendre des gens parler. Mais non, il s,agit bien de l’échos des gouttes d’eau sur les parois. C’est beau. C’est apaisant. C’est agréable. Ça fait du bien. Je reste un moment à observer le « fond » de la gorge. Et je comprends mieux un panneau à l’entrée du sentier. Un panneau qui donnait un aperçu du profil de la balade ; car en partant d’en haut, il est possible de redescendre le barranco de San Julian. 120 mètres de descente, en une succession de rappel de quelques mètres, jusqu’à 18 mètres pour le tout dernier. Ça doit être une chouette descente !

    Outre le fait que je suis dans le mauvais sens, je n’ai de toutes façons pas de quoi me lancer dans une ascension de 18 mètres (parce que non, ne fais pas de paroi ni de 100 m, ni même de 18 sans assurance ah mais ! ) ; je fais donc demi-tour. Remonte tranquillement les gorges, et vais voir l’asocial du jour.

    Et en effet, ça en fait un de plus qui ne devait pas avoir trop de problèmes de voisinage.

    Le retour au Chamion se fait sans soucis. Mon cerveau réfléchit à la suite des opérations. Après un petit moment de réflexion, je décide de pousser jusqu’à Bolea, petit village un peu plus loin dans l’ouest, qui dispose d’un parking spécifiquement rien que juste pour les campings-car, c’est fort aimable je vous en remercie. L’itinéraire court consiste à aller tout droit, sur un chemin de terre (comme je commence à en avoir un peu trop l’habitude, pauvre Chamion) ; l’itinéraire long fait un léger détour, me faisant passer très proche de Huesca… à nouveau. Au point de me poser la question de m’y arrêter une fois de plus. Mais c’est bien aussi de varier les paysages ! Je choisis donc l’option Bolea, itinéraire long.

    Peu de temps après, je suis garé sur un parking sans âme et sans intérêt. Et aussi sans personne. Mais avec d’énormes lampes pour bien voir la nuit, on sait jamais !

    La journée du lendemain est, une fois de plus, à la pluie. Et moi, cette météo, ça me rend un peu beaucoup tout mwof. J’ai envie de gravir des montagnes, pas de rester enfermé chez moi pendant que les sommets redeviennent tout blanc. Et puis j’ai complètement oublié un détail : il faut que je trouve une laverie d’ici quelques jours si je veux continuer à avoir de quoi me vêtir. Il est encore trop tôt dans la saison pour se promener tout nu.

    Je passe une partie de ma matinée à réfléchir à tout ça ; comment je m’organise ; où je vais. Les seules laveries automatiques, dans le coin sont à Huesca. C’est con, j’aurais du dormir là bas en fait, ça aurait été plus intelligent… enfin… après une bonne partie de la journée sans sortir de la maison du fait de la météo pas du tout favorable, je me décide à retourner à Huesca, une fois de plus. Vue les distances que je parcours, ça reste un détour très raisonnable (40 km aller/retour). Mais à cause du concours de quéquette de l’autre abruti en Ukraine, mon coût du kilomètre a connu la même surprise qu’un peu partout, et ça picote un peu quand même…

    Je retrouve mon parking de Huesca sans soucis. Je me gare encore à un nouvel emplacement (l’idée étant évidemment de les tester tous, les uns après les autres). Je vais faire ma lessive et passe une soirée tranquille.

    Mon programme du lendemain est déjà connu : il fait beau, alors je pars pas trop tard, en direction du Castillo de Loarre, histoire de me poser quelques jours là bas, et faire quelques belles balades (n’est-ce pas, l’ami Théo) !

    Une nuit plus tard, un plein d’essence que je rembourserai sans problème en l’étalant sur les 12 prochaines générations, des courses rapides qui m’ont permis de (enfin) trouver des copeaux agglomérés, je reprends la route. Direction el Castillo donc. Avec une vraie petite grimpette comme je les aime à la fin (je suis toujours impressionné quand je dois redescendre en seconde).

    Et surtout, un magnifique château pour me tenir compagnie les jours qui s’en viennent !

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