Il m’a fallu un bon moment avant de me décider pour l’autoédition. Et dans un premier temps, j’ai quand même passé pas mal de temps à démarcher les éditeurs. J’avoue que j’aimais bien l’idée de confier le projet à quelqu’un d’autre, de faire confiance à des gens dont c’est le métier. Ça aurait été beaucoup plus simple pour moi.
Mais après plusieurs mois à recevoir des lettres circulaires affirmant que malgré la haute qualité de mon récit, je ne rentrais pas dans les critères recherchés, j’ai décidé de m’essayer.
L’autoédition a très mauvaise presse en France, c’est ce que l’on retrouve sur beaucoup de blogs, et de site internet. J’avais déjà entendu dire « s’autoéditer, c’est payé pour dire que l’on n’est pas assez bon pour être édité ». C’est souvent l’imagine que véhicule l’auteur qui a décidé de se débrouiller tout seul. Vaniteux et persuadé d’avoir du talent. À ce sujet, j’ai bien aimé Les 5 commandements du troll de l’autoédition du Souffle Numérique. Outre la qualité du texte, la qualité du produit fini est également souvent critiquée dans le domaine. J’étais tombé sur un article où un éditeur affirmait être capable de dire si un livre était autoédité ou non, juste en regardant l’objet… Bref, j’avais l’impression qu’en me débrouillant tout seul, les gens verraient un mauvais contenu, dans un mauvais contenant. J’avais un défi de taille à relever. Et oui, j’aime les défis.
Le contenu
À l’air du numérique, la micro impression et l’impression sur demande permettent de produire des ouvrages à moindre coût. Cela faisait un moment que j’avais terminé l’écriture de mon livre, et j’avais besoin de voir s’il tenait la route. J’avais eu quelques relecteurs, sur une version écran, mais le rapport à l’écran et au papier est différent. Je voulais voir mon livre imprimé. Je voulais pouvoir en tourner les pages. Et dans un premier temps, je me suis tourné vers le célèbre Lulu.com . J’ai fait différents types de devis, j’ai fait des tests, et j’ai décidé d’imprimer 60 exemplaires de mon livre. Une quinzaine serait consacrée à faire des aller-retour chez les éditeurs, les autres seraient offerts autour de moi. À ce stade, je ne me voyais tout simplement pas vendre mon livre. « Vendre ». Comme dans « lui donner une valeur marchande ». Non, ça je n’y arrivais pas encore.
Évidemment, je l’ai distribué à des amis. À des gens que je connais, et surtout qui me connaissent. Mais aussi à des gens en qui j’ai confiance. Des gens qui, je le sais, seront honnêtes sur leur retour. Ce serait mon panel test. Ceux qui me diraient si, oui ou non, je devais continuer l’aventure. L’accueil que mon livre à reçu, l’enthousiasme de ces relecteurs, m’a poussé à aller de l’avant. J’ai décidé de m’autoéditer non pas parce que mon livre n’était pas assez bon pour trouver un éditeur, mais justement parce qu’il était assez bon pour plaire. Les gens m’ont encouragé dans ma démarche, et j’ai fait le saut.
Le contenant
Il se trouve que je suis graphiste de formation. Alors pour moi, il n’y a rien de plus faux que de dire « un livre ne se juge pas à sa couverture ». Passionné par les livres (les objets), avec plusieurs mises en page à mon actif, j’étais enthousiaste à l’idée d’avoir l’occasion de réaliser un livre à nouveau. D’autant plus que cette fois-ci, il s’agissait de mon livre. Je me lançais dans la réalisation avec plaisir.
Les 60 premiers exemplaires me plaisaient. D’un format poche classique, avec une couverture classique. Tout était classique. Ça marchait. C’était correct. Mais il me manquait quelque chose. J’avais envie de pousser un peu plus. D’aller un peu plus loin. Je voulais sortir du 11×18. Je voulais un ouvrage de qualité. Et les prix de lulu devenaient complètement prohibitifs à grande échelle.
Je suis reparti en quête d’un imprimeur. J’ai fait réaliser pas mal de devis en ligne. J’ai obtenu toutes sortes de tarifs. J’ai particulièrement accroché sur le devis que me proposait Copy Media. C’était d’ailleurs le seul imprimeur qui avait pris la peine de me rappeler au téléphone pour parler du projet plus en détail. Les échanges ont été nombreux. Ils m’ont accompagné tout le long de ma réflexion, de mes changements d’idées sur les formats, puis sur le type de papier. Ils m’ont accompagné jusqu’à l’étape finale. J’ai su, quand j’ai eu mon Prêt A Tirer dans les mains que j’avais fait le bon choix. Format original, papier couleur ivoire, et une couverture qui sortait un peu du lot.
La conclusion
L’autoédition m’apporte une liberté qui me plait. Le produit, tel qu’il est à la fin, et celui que j’ai construit. J’en suis entièrement responsable. J’ai pu concevoir la couverture, choisir le type de papier, garder ce titre que j’aimais bien. Garder, aussi, les droits d’auteurs. Se faire éditer, c’est confier à une autre personne toutes les décisions entourant le livre. Je suis particulièrement heureux d’avoir pu décider de moi même.
Et j’ai un livre de qualité. J’ai lu que, dans un livre édité, il y a en moyenne une faute aux sept pages. J’ai eu trois relecteurs pour l’orthographe, dont ma mère, passionnée par la langue française, qui a fait un travail d’orfèvre. Je suis persuadé d’être bien en dessous des statistiques de l’édition, au niveau des fautes. J’ai également passé des heures à affiner la mise en page. À utiliser les bons tirets, et les bons espaces. À travailler la typographie au maximum. J’ai aussi passé des heures de réflexion sur la couverture.
Tout cela a pour conséquence que mon livre me convient parfaitement. Je suis même sûr qu’il me convient mieux que si une autre personne s’en était chargée à ma place.
Il ne me reste désormais plus qu’à découvrir cette dernière étape dans la vie d’un livre. Après la création, après la conception, vient la distribution… et c’est encore un nouveau défi en perspective !
[…] J’ai longtemps hésité. J’avais envie de la garder jalousement juste pour moi. Mais j’avais aussi envie de partager mon petit trésor personnel. Donc voilà… après une longue hésitation, je l’ai scannée. Juste quelques mots, qui m’ont fait immensément plaisir et m’ont encouragé dans ma démarche d’auto-édité. […]