Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionApril 26th, 2022
  • J’ai su que j’étais de retour en France dès la première nuit. Il est assez impressionnant de voir à quel point les campings-cars et autres véhicules aménagés ne sont pas accueillis de la même façon en Espagne et en France. Je l’avais déjà constaté par le passé, et je le constatais à nouveau tout de suite. Difficulté à trouver des points d’eau, parkings nocturnes interdits ou payants… il est assez facile d’improviser ses déplacements en Espagne, en sachant qu’il sera (presque) toujours possible de trouver un endroit où s’installer sans trop de soucis. En France, c’est une autre histoire. Mon tout premier choix de parking pour ma première nuit en France s’était révélé payant (juste pour les campings cars désirant passer la nuit) et j’avais donc continué un peu. Sur Toulouse, ça avait été un peu plus simple ; les grandes villes ont cet avantage de proposer pas mal de parkings un peu décentrés, et on finit toujours par pouvoir se débrouiller. Mais après hésitation sur mon itinéraire retour, j’ai pris une option sans grande ville ; et j’ai recommencé à calculer mes étapes en fonction des endroits où il me serait facile de dormir ; et qui semblait présenter un peu d’intérêt quand même.

    Cahors

    J’ai donc pris la destination de Cahors, avec l’idée de suivre un peu la vallée du Lot ensuite. J’ai contourné Montauban sans m’y arrêter (l’impression qu’il y avait rien à y voir). Et je me suis installé sur un grand parking confortable à Cahors. Le temps de jeter un œil à la ville. Puis un deuxième. Sous un ciel magnifiquement gris. J’avais d’abord envisagé de laisser la météo influencer mon itinéraire, mais celle-ci ne m’offrait pas vraiment d’option plus intéressante qu’une autre.

    De Cahors, je n’ai pas grand chose à dire ; un amateur de vin en parlerait peut-être plus longuement. Mais de mon côté, à part quelques vieilles pierres, et un joli pont, je n’y ai pas trouvé grand chose. Une ville étape, qui ne donne pas envie de s’éterniser non plus, mais sympa pour y passer une ou deux nuits.

    Saint Cirq Lapopie

    Pourquoi je connais ce nom ? Aucune idée. Il y a des noms, comme ça, je les (re)connais. Il parait qu’il faut y aller, que c’est joli/beau/touristique/à voir/à faire. Il y a déjà des panneaux de direction dans Cahors. Et accessoirement, c’est sur ma route. Donc bon… difficile de ne pas s’arrêter ; mais j’ai dors et déjà prévu de ne pas y dormir (parce que bon, 12 euros la nuit sur le parking…).

    Et c’est vrai qu’il est joli ce village, sur son bord de falaise, surplombant le Lot. Je vais donc m’y promener un peu, profitant du retour du soleil, ce qui est des plus agréable.

    Aurillac

    Sachant que je ne pourrais dormir à Saint Cirq, j’avais prévu de passer la nuit à Figeac. Même si j’ai plutôt des envies de grandes villes, ça n’est pas évident à trouver sur l’itinéraire que je me suis choisi… mais au moins, des petites villes, ça pourrait toujours faire (un peu) l’affaire.

    En arrivant à Figeac, je n’ai pas tiqué sur les deux gendarmes sur le bord de la route. Ni sur les quatre ou cinq véhicules installés sur le parking où j’avais prévu de me garer. Quand j’ai revu des CRS un peu plus loin, j’ai commencé à me poser des questions. Puis d’autres encore. Un peu partout. Une interdiction de stationner sur l’autre parking que j’avais repéré. Par curiosité, j’ai regardé ce qui pouvait bien se passer à Figeac. Quelles étaient les chances que je prévois de faire escale dans la ville où Macron avait décidé de faire son dernier meeting de campagne avant le deuxième tour, aucune idée. Mais ce qui est sûr, c’est que je ne dormirai pas ici. Une envie soudaine de ne pas rester, de partir le plus loin possible… je continue donc jusqu’à Aurillac.

    Là encore, je ne sais pas trop quoi dire de la ville… j’y resterai deux jours, principalement dominés par la pluie… je me promènerai un peu dans un centre-ville qui n’est pas laid. Qui n’est pas spécialement beau. Qui n’est pas ennuyant, sans pour autant être palpitant. J’explore un peu. Je regarde… mais… non, franchement, ça me parle pas plus que ça… et si l’étape dure trois nuits, c’est simplement parce que la météo est pourrie ici, qu’elle est pourrie ailleurs, et que je n’aime pas rouler sous la pluie. Quitte à ce qu’il pleuve, autant que ce soit dans un endroit où je peux m’imaginer aller boire un verre si j’en ai envie. Ou manger un magnifique burger, des frittes maison délicieuses, en buvant une bière locale. Ou encore où je peux me poser un long moment dans un bar à jeux, en grignotant quelques spécialités locales, pendant que mon ordinateur se recharge. Voilà. C’est toujours ça. À Aurillac, j’ai bien mangé !

    Puis le retour du soleil a été annoncé. Pour deux ou trois jours. J’ai regardé un peu la carte, à nouveau. Deux trois jours de soleil, avec quelques jolis volcans à visiter ? Et pourquoi pas ! Le Puy Mary, il est sympa non ? En plus, en bas dans la vallée, à Mandailles-Saint-Julien, il parait qu’il y a un endroit sympa où passer la nuit. Alors… lets go !

    Puy Chavaroche

    Ça fait du bien de retrouver un peu des montagnes, même si le paysage n’a absolument rien à voir avec ce que j’ai quitté en Espagne. La route jusqu’à Mandailles est belle alors que l’on remonte la vallée de la Jordanne.

    Un peu plus tard, le Chamion est confortablement installé, juste au bord de la rivière, dans un petit village. Au fond de la vallée. Au pied de plein de jolies montagnes. Une fois sur place, il m’est plus facile de regarder la carte, et de décider quoi faire. Ça fait presque deux semaines que je n’ai pas fait de dénivelé… le temps passe vite ! J’espère que mes jambes n’ont pas tout oublié… parce que je leur ai prévu une bonne balade pour le lendemain. Bon, l’avantage, c’est que c’est une ballade à géométrie variable, que j’ajusterai donc en fonction de comment ça se passe.

    Je finis la journée par une petite balade le long de la Jordanne.

    Le lendemain matin, je me lance dans une première ascension. Celle du Puy Chavaroche. La balade part directement du parking où j’ai installé le Chamion, et s’attèle de suite à nous faire grimper haut. Ça fait un moment que je n’ai pas grimpé, mais ça ne semble pas un problème pour mes jambes.

    Comme d’habitude, l’avantage d’une montée raide, c’est qu’on arrive assez vite en haut. Et la ligne de crête offre dors et déjà une magnifique vue sur les environs.

    Pour rejoindre le Chavaroche -puis le Puy Mary- il me faut aller à droite. Pour autant, je fais un petit détour en longeant un peu la ligne de crête dans l’autre direction ; admirer le paysage sous un autre angle. Et voir cet autre sommet d’un peu plus prêt.

    Et c’est l’occasion de faire un joli panoramique.

    Avant de faire demi-tour, et d’attaquer les 200 derniers mètres (de dénivelé) qui me mènent au sommet de Chavaroche. Je me posais quelques questions, depuis la vallée, en voyant les longues plaques de neige. Mais elles ne sont pas sur le chemin, et je peux continuer d’avancer sans problème.

    Une fois de plus, la vue sur les environs est absolument superbe.

    Tout à gauche, la suite de la balade. On distingue facilement le Puy Mary. Dans le prolongement du Puy, c’est la brèche de Roland. Oui oui, le même Roland qu’en Espagne. Mon petit doigt me dit que le nom exact devrait être « la brèche de l’épée de Roland » mais qu’une fois de plus, il s’approprie le boulot des autres… en arrière de la brèche, c’est le Puy de Peyre Arse. Dans le prolongement de la brèche vers le fond, le Puy Bataillouse et le Bec de l’Aigle. Le beau pic bien régulier en face, c’est le Puy Griou. En arrière plan, de l’autre côté de la vallée suivante, le Plomb du Cantal (point culminant du département). Et un peu plus à droite, un autre triangle assez joli : le Puy de l’Usclade. Et oui, si j’ai appris ces noms, c’est que même si mon séjour dans le coin n’a duré que trois jours (spoiler pour la suite) : je suis allé à la rencontre de certains d’entre eux.

    Mais pour le moment, je continue ma balade en direction du…

    Puy Mary

    La balade redescend jusqu’au col de Redondet. De là, je pourrais continuer à descendre, ou faire un autre petit détour, qui me fait remonter un peu. Après tout, ne serait-ce point dommage de rater La Chapeloune ?

    En plus, c’est l’occasion de faire un autre panoramique, vu que ça faisait longtemps quand même !

    Ensuite, ça descend. Puis ça descend encore. Et je finis par rejoindre la route qui permet d’accéder au pas de Peyrol, le col au pied du Puy Mary. Mais plutôt que de suivre le goudron, je décide de suivre le chemin. Qui lui me permet de descendre encore pendant un moment… avant de finalement se décider à remonter.

    À partir du parking, l’accès au Puy Mary a un petit côté « autoroute » option « les aménageurs de l’extrême ». Je me souviens être passé par ici il y a quelques années ; je ne sais plus quand exactement. Je me souviens ne pas m’être arrêté. C’était l’été ; il y avait beaucoup trop de monde.

    Mais là, il y a presque personne. Et il fait gris. Du coup, c’est tranquille. Mais gris. Je constate que mes jambes commencent à fatiguer quand j’attaque cette nouvelle ascension. Il faut dire que je commence à avoir cumuler pas mal de dénivelé aujourd’hui. Je marche moins vite que ce que j’avais prévu ; mais je n’en suis pas moins fatigué pour autant…

    Et j’aurais le sommet pour moi tout seul. Enfin presque. Je devrais le partager avec quelques millions de petits moucherons. Du coup, je ne m’éterniserai pas trop.

     

    À partir de là, je ne sais pas trop comment gérer la suite. Dans ma tête, j’avançais plus vite, je descendais, puis remontais en face, traversais la trouée de Roland (par principe) puis redescendais sur ma maison. Mais vue l’heure, et ma fatigue, ça n’est pas vraiment jouable. Plutôt que de redescendre directement sur le pas de Peyrol, je descends quand même le Puy Mary par son autre versant. Sans continuer. Je reviens en longeant le flanc sud, qui me ramène sur la route, dans le virage que j’ai atteint en descendant de Chapeloune.

    Et de là, je peux descendre. Et continuer de descendre encore.

    Et encore et encore.

    Je dois bien reconnaître que je ne suis pas mécontent d’être de retour au Chamion. C’était long un peu, je suis fatigué un peu. En même temps…

    Avec un profil pareil :

    Ça donne quand même 19,4 km avec 1289m de dénivelé Après deux semaines de pause, ça me parait quand même plutôt pas mal !

     

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