Aztèques, Mayas, Incas. Pour moi, ce sont les trois grandes civilisations précolombiennes d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud. En les nommant du nord au sud. Mes connaissances ne sont pas très développées sur la question. Je compte bien y remédier au cours des prochains mois. Sauf erreur de ma part, ces trois civilisations ne se partagent pas tout à fait la même chronologie. Elles se sont peut être croisées un peu, je n’en suis même pas sûr… mais oui, je compte bien remédié à tout ça. Je recommande au lecteur de prendre donc mes affirmations avec quelques pincettes pour le moment. Je compte bien approfondir la question et mes compétences sur le domaine au cours des prochains jours.
Mexico a été construite sur les ruines de Technoticlan, la capitale de l’empire Aztèque. Telle que je vois les choses à l’heure actuelle, chacun de ces trois empires était plus ou moins comparable à la Grèce antique : un pays, uni par la religion, mais séparé en de nombreuses cités/états indépendant(e)s.
Quand Cortez est arrivé au Mexique, les prophéties Aztèques annonçaient la fin du monde. Elles annonçaient aussi le retour de Quetzacoatl, le dieu – serpent à plume. Une parenthèse s’impose. Pour la plupart des tribus aborigènes d’Australie, on parle du Serpent Arc en ciel, à l’origine du monde. Deux civilisations, à des milliers de kilomètres de distance, qui n’ont probablement eu aucune possibilité d’avoir le moindre contact entre eux, placent toutes deux un serpent comme créateur du monde. Et si l’on y pense, c’est aussi le serpent qui, dans la bible, est la cause du départ de Adam et Ève du Paradis. Donc là encore, un serpent est à l’origine du monde actuel… Quand Cortez a entendu la prophétie Aztèque, il en a joué. Il s’est présenté comme le dieu serpent. Pire encore, au combat, les espagnols étaient des barbares : ils tuaient leurs adversaires. Les aztèques, beaucoup plus civilisés, les gardaient prisonniers. Pour pouvoir les sacrifier plus tard. Certes. Chacun voit la civilisation à sa façon. Il semblerait que tout cela ai fortement contribué à aider Cortez dans sa victoire.
Mais pour le moment, je ne veux parler ni d’Aztèques, ni de Mayas, ni d’Incas. Pour le moment, je veux parler des Teotihuacans. Une autre civilisation précolombienne dont la capitale, qui porte le même nom de Teotihuacan, se trouve à une heure et demi de bus de Mexico City. Les ruines de la capitale seront donc nos premières ruines d’une civilisation précolombienne. Premier contact avec des civilisations dont les archéologues ne savent pas grand chose. Dont je sais encore moins. Mais qui me fascinent. Pourquoi ? Parce que plus le temps passe, et plus les civilisations anciennes me fascinent. Les amérindiens, les aborigènes, les incas et tous les autres… toutes ces civilisations semblent partager un certain nombre de « vérités ». Si aucune religion ne m’intéresse, les points communs entre toutes ces civilisations me fascinent, et j’ai envie d’en savoir plus. Dans ma quête spirituelle personnelle, j’ai l’impression que ma vérité (et je parle bien de Ma vérité, car je ne crois pas qu’il y ait de Vérité universelle) peut bien se trouver à l’intersection de toutes ces vérités communes… on verra bien ce que mon exploration m’apportera. Mais je parlais de voyage spirituel avant de prendre l’avion pour Montréal, et il me semble qu’il est temps que tout cela commence. Et le début, donc, ce sont les ruines de Teotihuacan.
La ville, peuplée de plus de 175000 habitants à son apogée, était une théocratie, qui dominait la vallée de Mexico. Elle a sombré vers 800 après JC. Elle était construite autour d’un axe principale nord-sud, l’avenue des morts, qui se terminait – au nord – par la place de la Lune (et la pyramide de la lune). La partie sud, par contre, n’a toujours pas été fini d’être explorée.
C’est au niveau de cette partie sud que le bus nous a déposé. Nous sommes arrivés bien tranquilles. Petit groupe de touristes descendant de l’autobus. Quelques vendeurs ambulants nous ont sauté dessus, mais de façon très raisonnable. Ni trop nombreux, ni trop insistant.
Quetzacoatl Pyramid
Nous sommes arrivés sur une première série de ruine. Une grande place carrée, qui servait sans doute de place de marché à l’époque. Au bout de cette place, une première pyramide, assez quelconque. Et derrière cette pyramide, la pyramide hommage au Dieu Serpent à plumes. Autrefois entièrement peinte et recouvertes de sculptures hommages aux Dieu (l’aigle, le jaguar et le serpent), la pyramide reste assez magnifique malgré le passage du temps. Tout cela sous le regard lointain de la pyramide de la lune, et de la pyramide du soleil.
L’avenue des morts
Longue avenue, donc, orientée nord-sud, longée de ruines de part et d’autres. Ruines fascinantes, dont j’essaie tant bien que mal de deviner la nature originelle. Parfois, des panneaux nous aident. D’autres fois, pas d’autres solutions que d’essayer de deviner. De laisser aller l’imagination. Et toujours, loin là bas mais de plus en plus proche, ces deux pyramides, qui m’attirent de plus en plus. La pyramide de la lune, dans l’axe, la pyramide du soleil, plus grande, plus massive, plus à l’est.
J’avance, aimanté. Plus je m’en approche, plus j’ai envie d’aller les voir, de m’approcher d’elle, de les gravir. Je sens ma flûte, sagement rangé dans son étui, dans mon dos. Elle a hâte de jouer. Elle a hâte de les saluer. Quelle est la part d’imagination, quelle est la part de fantasme, quelle est la part de réalité, je suis incapable de le dire. À vrai dire, je n’ai pas envie de savoir. Ce que je sais, c’est que je suis électrifié. De plus en plus chargé d’énergie, au fur et à mesure que j’avance.
La pyramide de la lune
La pyramide du soleil, c’est la plus haute. C’est celle où vont le plus de touristes. Je savais depuis le début que celle que je voulais surtout voir, c’était la pyramide de la lune. Lune, symbole du féminin, du féminin sacré, même. Symbole de mes dernières réflexions, de mes derniers questionnements. Lumière qui me guide dans ma quête actuelle. Beaucoup de choses à comprendre, à étudier, à apprendre. Apprendre, comprendre, accepter…
Elle est là, et je vais vers elle, le coeur ouvert, la main tendue. Elle m’attend. Devant la pyramide se trouve une grande place. La place est entourée d’une dizaine de pyramides, plus petites. Au centre de la place, une zone surélevée. En réalité, ce n’est pas la pyramide qui m’attire. C’est cette zone. Ce carré, au centre de tout. C’est là que je me retrouve. Que je m’assieds. Que je sors la flute. Alors que tout le monde s’empresse de monter les escaliers pour s’approcher de la pyramide, j’ai l’impression que l’énergie des lieux se concentre en ce point. Ma flûte est heureuse. Elle est bien. Elle chante, avec joie et bonheur. Et je la laisse faire un moment. Je suis fasciné. L’Univers est là. Il m’écoute, alors je lui parle. Je sais très bien ce que je veux lui dire. Je sais très bien ce que je veux lui demander. Je n’ai qu’une seule chose à demander à l’Univers. Pour le reste, tout va bien. Comme dirait le jeune homme du conte, « ma vie est absolument parfaite ». Et non, je n’ai pas de « mais » à rajouter après. Ma vie me plait. Ma demande est un luxe. Le plus beau de tous les luxes. Elle vaut la peine d’être faite. Comme aux sources chaudes d’Umquat, les mots me viennent d’eux-mêmes. Je les laisse sortir.
Le retour me frappe de plein fouet. Les larmes me montent aux yeux. Ni larmes de joie, ni larmes de tristesses. Simplement trop de choses. L’impression d’être confronté à quelque chose de trop grand. Quelque chose que je ne peux pas saisir. Pas encore. Mais je le vois comme la confirmation que je suis sur le bon chemin. Et que ma demande est justifiée. Je peux continuer d’avancer. Nous sommes lundi, il est 14h30 environ. En France, il est 21h30. Je me demande ce qu’il se passe dans les autres fuseaux horaires.
Je me dirige vers la pyramide, prêt à l’ascension.
La vue d’en haut est magnifique. L’avenue des morts qui s’étalent devant nous. Les petites pyramides. La grande pyramide du soleil au loin. Oui, le spectacle est grandiose. Mais c’est bien de vue dont il s’agit. Ce que la lune avait à m’offrir, elle me l’a déjà offert avant même que je ne commence à gravir les marches.
Les vendeurs sont un peu plus nombreux dans le secteur, mais ne sont pas plus pénibles qu’ailleurs. Par contre, leur présence emplie l’air de nombreux sons. Il y a deux souvenirs qu’ils cherchent plus à vendre que les autres. D’abord, un genre d’appot à jaguar. Appot, le terme n’est peut être pas le mieux choisi. C’est un genre de bidule qui permet de faire un cri ressemblant à des grognements de jaguar. « genre de bidule ». Le terme est guère mieux. Bref, régulièrement, alors que l’on se promène dans les ruines, on entend des rugissements un peu partout.
L’autre son qui emplie les lieux, ce sont des sifflements. Plus ou moins aigües. Les joueurs d’ocarina sont nombreux. La qualité des instruments est très variable. Tout comme la qualité des joueurs. On va du très grave au très aigüe. Celui qui m’intéresse, je l’ai repéré depuis un moment maintenant. Il joue bien, et le son me pait. Voilà un moment maintenant que je cherche un autre compagnon à ma flûte et à mon didgéridoo. Dois-je en dire plus ? Peut-être…
Je me dirige vers le vendeur musicien. On discute un moment. J’ai été attiré par les sons aigües, qui me plaisaient particulièrement. Pourtant, l’objet en tant que tel, un genre de chacal sculpté, ne m’inspire pas. J’essaie plusieurs instruments, tous différents, tous sculptés différemment. Et puis finalement, il me fait essayer une tortue. Une tortue au son absolument magnifique. Très grave. Plus grave que ce que je cherchais. Mais voilà, il me la présente, il me l’explique. « Ici, c’est le vent ; là, c’est l’eau. Ici, ça symbolise le pouvoir de la terre, et là, c’est le feu ». Il m’a eu. Je craque. Je repars avec une tortue. Il s’appelle Josée. C’est lui qui les fait. Il en a pour preuve l’ampoule sur son majeur droit, avec lequel il tient le stylet qui lui permet de graver la poterie.
Je suis intrigué par cette tortue qui s’invite dans mon voyage, alors qu’elle n’était pas prévue. Pourtant, j’aime énormément le symbole de la tortue. Qui voyage en portant sa maison sur son dos (moi, je me contente d’une tente accrochée au sac à dos).
La Pyramide du Soleil
Nous avons eu un ciel gris toute la journée, et c’est sans doute tant mieux. Si ça enlève peut-être un peu à la qualité des photos, ça n’enlève rien à la magie des lieux, ni à l’énergie qui s’en dégage. Ça enlève par contre quelques touristes, je pense, et surtout beaucoup de degrés. Ici même, en plein soleil, je pense qu’on serait beaucoup moins heureux…
Je me dirige vers la Pyramide du Soleil. Dernier sommet à gravir ; dernier lieu à visiter. Je sais que le contact sera différent. Mais il sera là aussi.
Elle est majestueuse. Elle est grandiose cette pyramide. Là aussi, il y a une zone en surélévation devant elle. Mais l’endroit est différent. C’est parfait pour faire des photos, et même un time lapse, pendant que j’y suis. Je me dirige au pied de la pyramide, enlève mes chaussures – ça me paraît la chose à faire – et attaque l’ascension, en prenant tout mon temps.
Je suis presque en haut quand le soleil perce les nuages. Il n’est pas très fort, mais il passe au travers de la brume. Je le vois, et je vois mon ombre. Je le sens. Il m’accompagne jusqu’en haut.
Juste avant d’arriver au sommet, j’entends une française (pourquoi faut-il toujours que ce soit un ou une française ? ) dire « pourquoi ils font tous ça comme des cons » ? Ça, c’est se tourner vers le soleil, les deux bras écartés. Comme dans l’un des mouvements de la salutation au soleil (le dernier mouvement, si je ne m’abuse). Comme dans beaucoup de civilisation. Comme dans beaucoup de croyance. Ouvrir ses bras au soleil, pour l’accueillir. J’hésite entre l’insulter, la pousser délicatement en bas des marches, ou ne rien faire. J’opte pour l’option la moins violente. Je ne suis pas venu ici pour être méchant… mais des fois, je regrette quand même un peu.
Le haut de la pyramide est assez peuplé. Il y a de tout. Des gens qui se prennent en photo, des gens qui prennent en photo le paysage, et des gens qui sont assis en train de méditer. Je me joindrais à ces derniers. Assis au sommet de la Pyramide du soleil, en son centre, au point de convergence, tourné vers le soleil, les yeux fermés… à nouveau, je suis bien. Le soleil est encore là, et je reste un long moment à le remercier. Ma flûte joue à nouveau. Comme moi, elle aime le soleil autant que la lune.
Je me décide finalement à revenir à la réalité. Laurie est là, je ne sais pas depuis combien de temps. Est elle arrivée avant ou après moi, aucune idée. Je fais quelques photos. L’heure a bien avancé. On décide de redescendre, et de retourner tranquillement au bus.
Laurie a envie de se ramener un souvenir elle aussi. On s’approche d’un vendeur qu’elle a repéré. On discute un moment. Il lui fait essayer une flûte/ocarina. Il m’en fait essayer une également. Il avait une chance sur trois. Il aurait pu me proposer d’essayer le guerrier jaguar ou le guerrier serpent. Il m’a tendu le guerrier aigle. Celui avec un son aigüe. Celui qui symbolise l’air. Celui que j’attendais.
Une flûte en bambou, symbole de l’eau, un didgéridoo, symbole de la terre, une ocarina aigle, symbole de l’air. Depuis que je sais que je veux m’accompagner de quatre instruments pendant mes contes, je me demande encore et toujours quel sera l’instrument du feu. Je me demande ce qu’il sera et quand, où et comment il croisera mon chemin. Peut être que ce guerrier aigle n’est pas celui que j’attendais. Pourtant, il me parait convenir. Je verrais bien. En attendant, je pars avec une tortue et un guerrier dans mon sac. Mon sac rendu bien trop petit…
À la sortie, quelques boutiques. Des étales. Des sacs comme j’en veux un depuis Cape Code. Vue à 32$ à Cape Code, à 45$ en Floride, les voilà rendus à 120 pesos ici. 120 ? Oui, 7$. Vendu. Ou plutôt acheté. Je me donne l’impression de l’aventurier qui complète son matériel petit à petit, avant de partir en mission. Je me sens presque prêt !
Nous retrouvons la sortie du parc juste après. Le bus nous attrape et nous ramène à la réalité de Mexico.