Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionNovember 12th, 2015
  • — Mes deux parents sont magiciens !
    — Tiens donc ! Explique moi ça alors.
    — Oh, tu sais, c’est très simple. Mon père travaille beaucoup le bois. Il prend des planches toutes laides, avec encore l’écorce dessus, et il fabrique des meubles. Il a une machine magique qui transforme le bois gris et rêche en bois tout doux, tout beau. Il n’y a que la magie pour faire ça !
    — Et ta mère ?
    — Elle ? Elle fait encore mieux ! Elle s’installe dans une pièce toute noire. Elle prend un morceau de papier blanc, projette une image dessus, puis met le papier dans de l’eau. Elle promène la feuille dans plusieurs bacs, et d’un seul coup, l’image apparaît ! Ça se fait tout seul, sans imprimante, sans feutre, sans rien !

    C’est l’avantage de l’autofiction, j’imagine… je peux par la suite m’auto-citer pour parler de moi-même. Pratique. Le prochain livre ne sera pas de l’autofiction… arriverais-je à me citer quand même ? On verra bien !

    Quoi qu’il en soit… oui, mes parents font de la magie… et j’ai moi-même appris quelques tours. Un de ceux dont je suis assez fier, je dois bien le reconnaître, c’est de pouvoir cracher du feu (pas pour rien que l’on m’appelle parfois le phénix des profondeurs. Si si, c’est vrai !). Ces derniers jours, pourtant, j’ai appris un autre tour de magie. Très différent. Mais qui me plait énormément.

    J’ai appris à voler. 

    Oui. Maintenant, je sais voler. Je vole au ralenti. Lentement. Doucement. En anglais, ils disent souvent « fly down ». Je trouve que ça sonne mieux que « voler vers le bas ».

    La sensation est magnifique. Et, oui, absolument magique. Le sol est là, et vous êtes au dessus. Vous pouvez monter et descendre simplement en contrôlant votre respiration. En anglais, ils disent « buoyancy» . Je trouve qu’en français ça sonne mieux. « flottabilité ».

    Être sous l’eau et pouvoir respirer, déjà, ce n’est pas explicable. Ce n’est pas racontable. Il faut le vivre, je crois, pour le comprendre. Mais une fois que vous commencez à être à l’aise avec votre matériel, à être confortable, à savoir comment tout fonctionne… une fois que vous êtes en contrôle, ce n’est comparable à rien d’autre. Une respiration un peu plus grande, votre volume augmente, votre flottabilité augmente, vous montez. Une expiration un peu plus longue, votre volume diminue, votre flottabilité diminue, vous descendez. Et vous vous retrouvez, comme tout le monde, assis en tailleur, à faire de la lévitation, quelques mètres au dessus du sol.

    Dans cette apesanteur nouvelle, on se déplace en trois dimensions. Vous pouvez tourner sur vous même, danser, faire des galipettes si vous en avez envie. Tout est possible. Le monde est là, au dessous de vous. Vous le survolez, plus ou moins vite. Vous voulez voir quelque chose de plus prêt ? Il suffit d’arrêter de bouger, de souffler un peu. Et vous descendez. Apprendre à maîtriser son corps pour apprendre à maîtriser ses déplacements dans l’espace. Apprendre à évoluer en trois dimensions.

    J’ai appris un nouveau tour de magie. Et pour ça, je ne peux pas ne pas remercier ma tante, qui -sans le savoir- m’a fait ce magnifique cadeau d’anniversaire !

    [Vous l’aurez deviné, depuis que Boulette m’a volé ma GoPro, je ne peux plus faire de photos sous-marines.
    C’est donc tout sa faute à elle si cet article n’est pas illustré comme il se doit ]

     

    Mon séjour à Mahahual se termine. J’ai fait ce que j’avais à faire, appris ce que j’avais à apprendre. Le bilan est mitigé, mais quand même très clairement positif. Demain, je prends le colectivo pour Tulum. Un peu plus au nord. N’ayant pas de nouvelles d’hôtes potentiels sur helpx, j’ai tenté une autre méthode. Parce qu’après tout, le démarchage direct, il n’y a que ça de vrai. Je n’ai pas envie de payer pour dormir. Je préfère donner un peu de mon temps. Du temps, j’en ai beaucoup plus que de l’argent. Alors j’ai contacté quelques auberges de jeunesse, pour proposer un échange de service. J’ai reçu une réponse intéressée. Vivent les voyages hors réseaux. Vivent les contacts directs. Vivent les échanges. Et peut être que les contacts seront meilleurs avec le staff de Tulum qu’avec celui de Mahahual.

    Il n’empêche… j’aurai passé deux semaines ici. Deux semaines au cours desquelles je n’aurai jamais enfilé de chaussures. Et surtout, deux semaines au cours desquelles je n’aurais jamais été dans un bâtiment fermé -hormis, certes, une visite aux toilettes de temps à autre.

    Ça aussi, ça a quelque chose de magique. De vivre sans chaussure, sans porte, sans fenêtre, sans mur. Si le bilan humain de Mahahual n’est pas exceptionnel -malgré quelques belles rencontres- le bilan personnel est quand même des plus positifs !

    Et puis, hey… demain, je reprends la route !

    Un commentaire

    1. Commentaire de Boulette

      Ta GoPro est à Montréal, elle va faire du ski cet hiver. Alors, heureux ? :D

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