Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionJuly 18th, 2021
  • Et donc, on tourne à gauche. Une fois de plus. Plein sud. À nouveau. Mais là, j’avais clairement plus le choix. Quelques mois (semaines ? années ? ) plus tôt à Royan, j’aurai pu envisager de continuer encore un peu vers l’ouest. Pas beaucoup. Mais quand tu es rendu à l’Île Madame, la suite te laisse plus trop trop d’options… et donc, après un dernier coup d’oeil à la Charente, je suis parti vers le sud.

    Brouage

    La route vers le sud est très belle ; elle traverse des marais, dans une zone qui a su rester naturelle et j’en profite un peu. Surtout mes yeux. Je me suis arrêté peu après, à Brouage. Damien m’en avait parlé à plusieurs reprises, et j’avais bien compris qu’il fallait que j’aille voir. Clairement, aucun regret quand au détour qui n’en est même pas un !

    Ancien port fortifié, l’assèchement de certains cours d’eau de la région ont fait que les petits bateaux ne pouvaient plus s’y rendre. Et que la forteresse n’avait plus vraiment lieu d’être. Pour autant, elle reste agréable à visiter ! Et puis bon, la rue centrale s’appelle Rue du Québec. Sans doute un signe, non ?

    Marennes

    Et je reprends la route. J’ai bien repéré mon itinéraire. Ça ne m’empêche pas de m’égarer un peu, au niveau de Marennes, pour me retrouver sur une jolie petite route, qui longe une rivière/canal où les huitres sont clairement à la mode. Je passe à côté de la cité de l’huitre sans m’arrêter. C’est con, quand même, de passer mon temps dans des endroits où tout le monde veut te faire manger des huitres quand tu n’aimes pas ça. Mais le paysage est joli, et ça compense clairement !

    Bon, et à partir de là, il faut bien le reconnaître, ça dégénère un peu. Il faut dire que l’on est samedi 17 juillet. Et qu’il fait grand soleil. Week-end du 14 juillet, vacances, soleil, tout ça tout ça… pourtant, moi je me disais que sur la côte atlantique, un peu au milieu de nul part comme ça, j’arriverai bien à trouver un endroit où poser ma maison. Et où me baigner. Pas forcément tranquille sans personne. Mais juste poser ma maison quoi… après tout, ça s’appelle la côte Sauvage, dans le coin c‘est rien que juste une forêt… mais en fait, non. Dès qu’il y’a le moindre accès à la plage, les véhicules s’entassent dans tous les sens et les bords de route se transforment en stationnements kilométriques. Dès qu’il y a un parking, il y a des barres de hauteur, et les rares fois où il n’y a pas de barres, les camping-cars s’empilent les uns sur les autres. Bref, tout ça me vend vraiment pas du rêve. En même temps, quelle idée de vouloir aller à la plage le samedi 17 juillet ! Je finirai quand même par trouver un endroit pour me garer le temps d’aller faire plouf et de revenir pour reprendre la route. Clairement, je ne m’éterniserai pas ici.

    Meschers

    Je reprends la route, avec dans l’idée de manger un peu du kilomètres pour m’éloigner (comprendre « faire au moins 50 kilomètres ! »). J’attaque la zone urbaine de Royan et tout le bordel ambiant qui donne pas du tout envie de s’arrêter. Dans ma folle innocence de gars qui connait pas trop les vacances estivales (c’est quand la dernière fois que j’ai joué les touristes en juillet en France ?) je pensais que ça s’améliorerait en remplaçant l’océan par l’estuaire de la Gironde, mais pas vraiment… je finirai quand même par m’arrêter à Meschers après avoir bien tourné en rond dans le village à essayer de trouver un endroit où me poser. Il y a deux aires de camping-cars qui débordent, et j’avoue que ça ne me fait vraiment pas envie de payer (entre 10 et 15 euros la nuit la plupart du temps) pour me garer sur du goudron, et à pouvoir passer la salière à mon voisin directement par la fenêtre… je décide donc de la jouer au culot, et je me pose sur la place du village, au pied de l’église, dans un coin où je ne dérange absolument pas, où je suis seul, et où aucun panneau me dit que je suis un fou psychopathe dangereux qui met l’humanité en péril si je fais ça. Ouf !

    Je m’offre une petite balade en ville le soir. Faut croire que j’ai quand même un petit rythme avec mes habitudes : début de journée tranquille en prenant mon temps dans la maison, puis une petite marche pour commencer la journée. Rouler, avec des pauses plus ou moins longues. Puis poser la maison. Et refaire une marche pour se détendre les jambes après la route.

    Et la journée suivante n’échappera pas non plus à cette règle. Une nouvelle balade dans Meschers, mais cette fois en visant un peu plus large, et surtout en allant me promener le long des falaises. Et au pied des falaises. Je n’irai pas visiter les grottes de Matata (parce qu’a priori, pas de tarifs réduits pour sonneuveu c’est scandaleux ! ) mais par contre, les petites carrières sous la ville sont superbes !

    Port Maubert

    Nous sommes donc rendu le dimanche 18 juillet ; mon prochain rendez-vous, c’est demain à Bordeaux à 17h30, pour retrouver Gaëlle. Je me suis bien débrouillé côté timing : je peux continuer d’avancer à mon rythme, faire une journée tranquille encore aujourd’hui, et ne pas être en speed demain non plus. Et c’est donc ce que je fais. Parce que j’ai bien envie de privilégier les petites routes le plus possible sur le bord de l’eau.

    Je laisse passer Talmont sur Gironde. Ville historique qui semble avoir un cachet, mais qui demande à ce que l’on commence par payer un parking (deux fois plus cher pour les campings car accessoirement) avant même de pouvoir faire quoi que ce soit… bref, désolé, c’est pas mon style.

    Et le hasard me fait arriver à Port Maubert. Le hasard, et un carrefour que je n’avais pas vu. Cul de sac. Terminus. Un peu comme la veille à Marennes. Encore un coin joli. Je décide donc d’en profiter pour me poser un peu et jeter un oeil. Le camion est garé. J’entends quelqu’un qui fait des commentaires ; un père qui parle du Chamion avec son fils. Je descends de la cabine. On commence à échanger quelques mots. Comme bien souvent, je leur propose de jeter un oeil. Le Chamion c’est ma bulle, c’est mon chez moi, et pourtant je n’ai aucun problème à le faire visiter à la plupart des gens que je croise. À le partager. Il y a sans doute de la fierté, mais pas que… je trouve ça chouette de pouvoir inspirer les gens… de pouvoir leur donner des idées.

    Lionel, comme souvent quand je propose de jeter un oeil à ma maison, et surpris. Mais enthousiaste. On discute un peu. « ma femme est là bas, on vient de commander à manger, si tu veux venir boire un verre avec nous en attendant ». Du coup, je me suis joint à eux. On a discuté longtemps. Faut dire qu’en ce dimanche ensoleillé, les clients sont nombreux et le service et long. Et puis le repas est arrivé. Ils avaient assez de moules frites pour quatre ; ils m’ont proposé de rester et de partager ça aussi avec eux. Et forcément, il y a des invitations qui ne sont pas faciles à refuser !

    Je garde le numéro de téléphone de Lionel, dans l’idée d’essayer de se recroiser, même si le timing ne parait pas forcément favorable. Mais vu leur projet (auto-construction d’une maison passive, potentiellement en ossature bois) je propose aussi de les mettre en contact avec Jonathan et Yunae et leur Tiny House Livingston. Après tout, ils sont voisins !

    Blaye

    Je me balade un peu au bord du canal, et puis je reprends la route. Petite pause à Blaye, parce que je pensais que la ville serait belle. Mais une fois fait le tour de la citadelle, je comprends vite que je peux reprendre la route sans m’attarder.

    Roque de Thau

    Et là, surprise ; quelques kilomètres plus loin, à la Roque de Thau, un parking. Certes, juste contre la route. Certes pas très large. Mais aucune interdiction. Et s’il est tout contre la route (qui est une voie secondaire où les véhicules passent une fois par heure), il est aussi tout contre la Gironde. Je me régale les yeux le jour. Je me régale les yeux quand le soleil se couche. Je me régale les yeux la nuit tombée.

    Pour les oreilles, c’est un peu moins ça. Un camp de vacances / groupe d’adolescentes a élu domicile pas très loin de là. Les entendre chanter du Patrick Bruel à gorge déployé est assez… surprenant on va dire ! Par chance, elles sont en camping, et se coucheront bien avant moi !

    Bourg

    Je reprends la route tranquillement le lendemain. Aujourd’hui j’ai tout mon temps, et pas grand chose à faire. Pas beaucoup de kilomètres de prévu. Pas besoin de me presser.

    Quand j’arrive à Bourg sur Gironde, je décide donc de m’arrêter, parce que le village est quand même plutôt joli.

    Oui, j’ai fait tous les vignobles du Cognac. J’ai aussi traversé le Médoc. Je suis maintenant dans l’appellation Côte de Bourg. Je devrai passer pas très loin de Sauterne… autant j’aime pas les huitres, autant j’apprécie un peu le vin… mais pas en connaisseur. Pas au point de m’arrêter dans chaque cave pour me faire une dégustation. Moi mon trip c’est les bières de micro brasserie ; forcément, dans le bordelais… du coup, je vois plein de noms qui me parlent et que j’ai déjà entendus. Mais je les ignore, car pas intéressé. Je sais, c’est triste un peu tout ça…

    Pour rééquilibrer un peu cette tristitude, je m’arrête donc à Saint André de Cubzac, pour passer mon linge dans une machine à laver. Des choses qui se font, parfois. Pas trop souvent, quand même, je suis sensé garder un peu mon image de hippie sauvage pas propre non ?

    Alors un conseil si vous allez à la laverie de Saint André de Cubzac (celle qui est en extérieur, à côté du super U), n’utilisez pas la sécheuse. Après une heure à me dire « bon ça va être sec maintenant » je finis par comprendre que je suis un peu débile d’insister, et je marche 30 mètres pour aller à l’autre laverie, qui me sèche tout en dix minutes. Du coup, je peux enfin prendre la route pour Saint Romain la Virvée. Autre petite escale technique, cette fois pour remplir les cuves à eau du Chamion. C’est dommage, le robinet fuit, en fout de partout, et ça me prend une éternité.

    Et c’est con, mais à force de mettre trois plombes pour des trucs qui n’en prennent normalement que deux, alors que j’étais sensé avoir tout mon temps, j’arrive avec une demi heure de retard au rendez-vous avec Gaëlle à la gare de Bordeaux Saint-Jean ! Mais elle a été sympa ; elle m’a attendu. Du coup, elle embarque dans le Chamion, et on quitte la ville. Direction : petit parking caché et tranquille sur les bords de la Gironde ! Euh non, de la Garonne. Mais elle est où alors cette Gironde si on parle de l’estuaire de la Gironde ? Bin merde… la Gironde, en fait, c’est la fusion des deux fleuves Dordogne et Garonne. C’est juste un estuaire. Et rien d’autre. Bon, bin j’aurai encore appris un truc moi !

    Un commentaire

    1. Commentaire de Patrice GEORGES

      Comme toi il n’y a pas très longtemps que je sais ce qu’est la Gironde! comme quoi on en apprend tous les jours!

    Laisser un commentaire