Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionDecember 4th, 2015
  • La visite de Merida de nuit, après être revenu d’Uxmal et en attendant Rodrigo m’avait donné envie d’en voir un peu plus. La ville était particulièrement dynamique et vivante, pour employer deux légers euphémismes. Un mélange entre le souk de Marrakech et le Grand Bazar d’Istanbul. Des gens de partout, dans tous les coins. Des voitures, dans tous les sens, qui ne font pas forcément attention aux piétons qui débordent des trottoirs. Des klaxons, des moteurs qui ronflent, de la musique partout, des gens qui crient pour vendre leur marchandise ou pour attirer le chalands. Le contraste est saisissant avec la tranquillité des ruines, avec la douceur des cenotes, avec le calme de Valladolid. Se retrouver dans pareil environnement est agressif. Limite violent. Pourtant, je me rends compte que ça me fait du bien. J’ai besoin de ce bain de foule, alors que je n’avais pas forcément envie de faire du tourisme urbain. J’ai besoin de ce chaos autour de moi. Je pense qu’il fait échos à mon chaos intérieur et ça me rassure. Oui, je vis les choses avec intensité. Du coup, des fois, j’ai besoin d’évacuer. Ou simplement de m’immerger complètement dans une ambiance dans laquelle il ne m’est plus possible, d’aucune façon que ce soit, de focuser sur moi-même.

    Je déambule au hasard des rues, regardant les étalages de nourriture, et tout ces magasins, qui vendent absolument tout ce que vous pouvez imaginer. Et régulièrement, je m’amuse à rentrer dans des magasins de chaussures. Je ne perds pas espoir de retrouver le même modèle que celui que j’ai vu à Tulum et sur lequel j’avais tant accroché. Ou sinon, de trouver un autre modèle qui me plaise autant. Il faut dire que les magasins de chaussures, c’est loin d’être difficile à trouver au Mexique. Et puis ils sont ouverts, facile d’accès. On rentre, on fait le tour rapidement, on ressort si on ne trouve pas quelque chose qui nous plait. Je me retrouve donc à en faire une bonne série, sans pour autant trouver chaussure à mon pied (oui, elle était facile, mais bon).

    J’en profite aussi pour réfléchir un peu à mes plans pour les quelques prochains jours qu’il me reste, essayer de profiter au maximum de tout cela. Je fais en une semaine ce que j’aurais aimé faire en trois ou quatre. Mais c’est pas grave. Des fois, ça fait du bien aussi d’être en mouvement. Alors je bouge. Accélérer. Ralentir. S’arrêter. Repartir. Varier les plaisirs et les vitesses.

    Je trouve finalement une option qui me convient. Un bus de nuit, le lendemain soir, pour Chetumal. En voyageant de nuit, j’économise un peu de temps. Je peux passer la journée à Merida, plutôt que repartir immédiatement. En règle général, je préfère voyager de jours. J’aime regarder les paysages, j’aime savoir où je vais. Mais une fois de temps en temps, je peux bien changer mes habitudes. D’autant que les routes ont sensiblement tendance à se ressembler par ici, et je ne suis pas sûr de rater grand chose. La jungle est belle et agréable à regarder. Mais ça ne devrait pas être grave si j’en perds quelques centaines de kilomètres. Adjugé vendu, donc, pour le bus de nuit. En plus, j’économise une nuit en auberge de jeunesse en dormant (oui, bon, en essayant de dormir) dans le bus. Deux pour un ! Parfait

    Je passe donc ma journée à déambuler dans les rues de Merida, dans le même quartier chaotique que la veille. De jour, l’ambiance est peut être un peu plus calme, mais reste sensiblement identique. Des gens, partout, dans tous les sens. Des magasins, partout, dans tous les sens. Et des voitures…

    Au Mexique, je me retrouve à avoir les mêmes problèmes qu’à Singapour. La nourriture est absolument partout, omni présente. Elle est belle, elle sent bon, elle est inspirante, elle donne faim. On a envie de goûter à tout. Et en même temps, on veut éviter. Parce que si je mange maintenant, je n’aurais plus faim après. Et comment pourrais-je goûter à tout ? Se forcer à ne pas manger tout de suite pour manger plus tard, se laisser tenter, finalement craquer pour un burger délicieux, des tacos savoureux, ou même une part de pizza qui passe très bien.

    Et puis comme un peu partout au Mexique, il y a ces façades colorées, vivantes et joyeuses, que je ne peux m’empêcher de photographier avec régularité.

    Il y a aussi ces vêtements plein de couleurs que je regarde régulièrement. Et ces vêtements en lin, comme j’ai envie de m’acheter depuis quelques temps. Comme celui-ci, par exemple, en prix spécial. Le blanc cassé est trop petit (je ne rentre pas dans du XS !) mais à ma grande surprise, le modèle blanc en taille S me va très bien. Je rentre dans du S, moi ? Vraiment ? Je suis conscient d’avoir perdu du poids. D’avoir maigri. Je mange peu, je grignote de moins en moins, j’ai ralenti considérablement la bière et je suis très actif. Alors forcément, oui, ça parait de plus en plus… il n’empêche, quand ai-je porté du S pour la dernière fois, si jamais ça m’est déjà arrivé ?

    Je fais aussi un détour pour aller voir le « grand boulevard » de Merida, mais celui-ci n’a que peu d’intérêt, hormis quelques jolis bâtisses, et un joli bâtiment commémoratif aux mayas.

    Je finis par retourner chez Rodrigo, pour récupérer mes affaires. On discute encore un peu. Il est très sympa, mais je suis fatigué et je sens que lui l’est aussi. J’ai eu plaisir à le rencontrer, et j’aurais plaisir à le recroiser, mais il est vrai que sur cette rencontre, nous n’avons pas particulièrement connecté. Ce n’était sans doute pas le meilleur moment pour ça !

    Mon sac sur les épaules, j’attrape un bus qui me ramène pas très loin du terminus. Je m’y dirige en prenant mon temps. Je suis en avance, mais ça me va bien de ne pas courir. J’aime ne pas être pressé.

    23h15, le bus arrive. J’embarque. J’ai eu l’idée intelligente de prendre une petite veste avec moi. Avoir su, j’aurais même pris un manteau d’hiver québécois. La clim a deux positions : éteinte, ou -32. Alors de temps en temps, le chauffeur l’éteint pour laisser le monde décongelé un peu. Mais cinq minutes après, il la relance. Du coup, à défaut de descendre à -32, nous oscillons entre -24 et -28. C’est déjà beaucoup plus agréable. J’ai quand même l’impression de servir de cobaye pour des expériences de criogénisation. Mais pourquoi pas…

    La nuit se passe. J’arrive même à dormir un peu. À moins que je sois en hibernation involontaire, ou en sommeil suspendu. Il est 6 heures du matin -heure de Qintana Roo, donc une heure plus tard que le reste du Mexique- quand j’arrive enfin à Chetumal. La boucle est bouclée. Ou presque. Je suis content d’être de retour ici !

    2 commentaires

    1. Commentaire de Kaly

      Toujours d’aussi belles photos : je l’ai déjà dit, mais bon…

      Je me pose soudain une question : Merida a l’air très propre, pas de papiers gras ou sacs plastique qui volettent ? En Inde, les ordures puantes m’ont beaucoup dérangée : accéder à une (relative !) aisance matérielle sans aucune logistique de collectage des ordures et encore moins de leur recyclage, c’est pas une bonne idée.

      J’en conclus – un peu vite peut-être – que le Mexique pourrait avoir sur ce sujet une meilleure gestion ? C’est une vraie question, si tu peux m’y répondre.

      Bonne suite !

    2. Commentaire de Sébastien Chion

      Le Mexique, a ma grande surprise, est assez propre. D’autant plus surprenant que les poubelles sont peu présentes. Notamment à Mexico, où il est quasi impossible d’en trouver dans la rue et où, pourtant il n’y a (presque) pas de détritus dans la rue…

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