Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionSeptember 6th, 2014
  • De Minneapolis, je ne savais quasiment rien. J’y allais parce que Kelly habitait là bas, et rendre visite à un(e) ami(e) est toujours une bonne idée d’aller quelque part. Et puisqu’on me le demande dans mon écouteur, il est vrai que je n’ai pas fait de rappels comme je le fais d’habitude. Kelly, je l’ai rencontrée à Burning Man en 2010, alors que je faisais mon voyage à bord du Pourquoi Pas ?. Nous nous étions très bien entendus, et avions gardé contact par courrier. Oui oui, ces choses que l’on s’envoie par la poste. Je lui ai volé son prénom, pour le donner à la Kelly de « À Vancouver, tourne à gauche ». J’ai aussi pris une partie de sa légèreté et de son insouciance.

    La seule chose que je savais de Minneapolis, c’est qu’avec Saint-Paul, on les appelle les « Twin Cities ». Parce qu’elles sont proches, très proches, l’une de l’autre.

    De Saint-Paul, dans un premier temps, je n’ai eu qu’un aperçu très rapide. Le temps de traverser en bus. Bâtiments un peu âgés, gratte-ciel assez anciens (le sentiment d’être dans le Vieux Port de Montréal), rues plutôt vides… puis la ville était derrière nous, le bus arrivant à Minneapolis. Là, par contre, j’ai tout de suite accroché sur la skyline, et ses immeubles modernes. Tours au design assez travaillé, beaucoup de verre, beaucoup de réflexions… ça m’a plus.

    Kelly m’attendait au terminus du bus. Je lui ai tout de suite fait part de mon impression « Des deux jumelles, Saint-Paul est la ville plutôt conservatrice, où il ne se passe pas grand chose, pas très dynamique, plutôt ennuyante une population plus âgée. Minneapolis est beaucoup plus vivante, sans doute beaucoup d’étudiants, il se passe beaucoup plus de choses, ça bouge, les gens sont joyeux et heureux ». Ce n’était que pures suppositions, basées sur un ressenti de quelques minutes à peine, et principalement du à l’aspect des bâtiments. Kelly a été surprise que j’ai visé aussi juste… ne me restait plus qu’à vérifier par moi même…

     

    J’ai pris ma première journée un peu tranquille. Rattraper les mails en retard, écrire un peu, penser à la suite de l’aventure également… j’ai regardé la carte des états que j’ai déjà visités. J’envisage de peut être ajuster un peu mon itinéraire. Faire un détour par l’Iowa et le Nebraska où je n’ai pas encore mis les pieds. À voir… j’hésite encore.

    Je me suis quand même promené un peu le premier jour, sans aller trop loin. Je suis resté dans le quartier, je ne me suis pas aventuré dans le centre-ville (pourtant pas loin du tout, une demi heure de marche environ). J’ai découvert un parc magnifique, puis un lac, puis un autre, reliés entre eux. Par des pistes cyclables, des zones piétones uniquement. Des endroits agréables pour se promener. Des endroits calmes, tranquilles. Et ça m’a beaucoup plus. Le Minnesota est l’état aux dix mille lacs, Minneapolis est la ville aux lacs, tout court. Je comprends assez facilement pourquoi…

    Il existe tout un système de parcs, inter-reliés, qui fait tout le tour de la ville. Un peu plus de soixante kilomètres de piste cyclables, toutes connectées, pour explorer les environs, tout en profitant du calme et de la verdure. J’aurais bien aimé le faire… il existe aussi une autoroute à vélo. Ancienne voie de chemin de fer, c’est maintenant une piste cyclable qui ne coupe aucune route, et qui permet de traverser la ville de part en part, dans des conditions de circulation optimale. Et, de temps en temps sur le parcours, il y a des zones pour réparer son vélo (différentes clés à disposition, compresseur pour gonfler les pneus, et même machine distributrice où l’on peut acheter des rustines, des chambres à air, et autres objets absolument indispensables pour réparer un vélo). Et il y a aussi un système de vélo partage. « NiceRide », sur le même principe que le Bixi de Montréal.

    Le soir, je retrouvais Alex et Kelly pour un petit repas sympa dans un restaurant Thaïlandais. Il semblerait que je vais avoir à mettre à jour ma liste des destinations idéales pour les amateurs de bière, et y ajouter le Minnesota. Les gens, ici, sont à fond dans les micro-brasseries. Au point que même un restaurant Thaïlandais offre un choix de bières locales à la pression (en plus d’un choix de bières en bouteille assez sympa). Et a priori, c’est assez normal ici… enfin, ce soir, je ne pourrais pas essayer. Au moment de présenter une pièce d’identité pour prouver que j’avais bien 21 ans et plus, je n’avais qu’un permis de conduire français sous la main. Objet jugé non valide et par la même non accepté comme preuve de mon âge. J’ai donc pu regarder Alex et Kelly boire leurs bières, pendant qu’ils se sentaient un peu mal, et que j’étais mort de rire. Après tout, il n’est jamais trop tard pour une nouvelle expérience… à trente trois ans, on aura refusé de me servir de l’alcool pour la première fois !

    J’ai décidé de ne pas garder de rancune envers Minneapolis. Mais par contre, de garder mon passeport dans la poche. Puisque je partais à l’aventure, dans le centre-ville et un peu partout le lendemain, c’était une bonne chose, finalement, d’avoir découvert la veille les papiers nécessaires à avoir sur soit.

    Kelly n’habite pas loin du tout du Walker Art Center. Un musée d’art contemporain qui « abrite » aussi tout un parc de sculptures extérieures. C’est donc par là que j’ai commencé mon aventure. Découvrant avec amusement qu’il y a encore des images que je connais, mais que je suis incapable d’associer avec un lieu en particulier. Par exemple, je connaissais l’existence de cette oeuvre d’art : une cerise géante sur une cuillère géante. J’ai découvert qu’elle se trouvait à Minneapolis. Dans le jardin des sculptures du Walker Art Center. D’où je la connais, je n’en ai pas la moindre idée (en fait si, je la connais de mon atlas routier, je pense, puisque c’est cette image qui illustre le Minnesota). Toujours est il que j’ai trouvé très amusant de la découvrir ici. Elle, ainsi que d’autres sculptures, dans un environnement assez agréables.

    Une passerelle piétonne m’a permis de traverser l’autoroute pas très artistique qui passe juste à côté, pour m’amener dans un autre parc, de l’autre côté. Avec ce sentiment étrange d’être à deux pas du centre-ville, sur le bord d’un lac, et de ne voir aucune des tours du centre. Impossible, malheureusement, de déconnecter le bruit des voitures sur l’autoroute, juste à côté.

    J’ai continué mon chemin vers le centre ville, me trouvant dans un petit espace piéton assez agréable, qui m’a amené sur une grande artère piétonnes : Nicollet Mall. Seuls des bus y passent, toutes les dix minutes. Et ils sont gratuits sur cette rue qui traverse le centre-ville d’un bout à l’autre (sinon, il en coûte 50 cents pour prendre un bus en centre-ville). J’ai donc continué ma petite promenade tranquille.

    Avant d’attaquer les choses sérieuses. Les photos de gratte-ciels, les réflexions partout… et l’ascension de la Foshay Tower. Loin d’être la plus haute tour de Minneapolis, elle l’a quand même été pendant une soixante d’années. Et surtout, c’est une réplique exacte de l’obélisque de Washington. Juste beaucoup plus grand, beaucoup plus haut, et on peut monter au sommet. Et même quand le ciel est un peu gris, la vue sur le centre ville est assez magnifique.

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    Je dois bien le reconnaître, je suis assez rapidement tombé sous le charme de la ville. Loin d’être une des plus belles villes que j’ai visitée, je lui trouve quelque chose d’agréable. Beaucoup de verdure, des rues assez large… comme souvent, en fait, dans les villes américaines. J’ai continué de me promener et de faire des photos de grattes-ciels, tout en me dirigeant tranquillement vers le Mississippi. Parce que oui, bon, y a aussi “ça”, à Minneapolis.

    Et j’ai donc traversé le Mississippi. Il n’est pas encore très large à Minneapolis. Encore un peu ridicule, même. À peine plus large que le Rhône à Lyon.

    Ce n’était pas la première fois que je le traversais. Mais c’était la première fois que j’en étais pleinement conscient. Et quand je regarde ma carte de l’Amérique du Nord, quand je regarde les zones que j’ai visitées, je me rends compte que je me suis beaucoup occupé du Saint Laurent, et un peu du fleuve Colombia. Mais pas du tout du Mississippi. Enfin… « Pas encore » comme je réponds la plupart du temps pour les endroits où je ne suis pas allé… alors… à quand la Nouvelle Orléans et la Louisiane ? Bonne question !

    J’ai exploré un peu la rive est du fleuve, donc. Découvrant un quartier plutôt vieux, encore en reconversion. Assez surprenant, si l’on considère la proximité avec le centre, et la vue sur le fleuve et la ville. Même la berge, à ce niveau, n’est presque pas aménagée. On se retrouve dans de vieilles ruines devenues un parc un peu sauvage…

    Tout en continuant d’avancer, j’ai rejoint le « Vieux Pont de Pierre ». Un pont que je trouve assez majestueux, et surtout qui offre une ouverture magnifique sur le centre ville. Ouverture que je n’avais pas trouvé jusqu’à présent. Les immeubles sont assez beaux, la skyline est intéressante, mais pas forcément évidente à capturer dans son ensemble. J’arrivais enfin à voir une vue qui me plaisait bien. La perspective du pont étant un plus indéniable.

    Le pont nous amène dans le vieux quartier de Minneapolis. En le franchissant, on peut voir les chutes d’eau (plus du tout naturelles aujourd’hui) qui sont à l’origine de la ville. Saint-Paul, légèrement en aval, a été construite à la fin de la partie navigable du fleuve. Minneapolis, elle, s’est installée à côté des seules chutes d’eaux conséquentes sur le fleuve, et de l’énergie que celles-ci allaient fournir à la ville. Des scieries, dans un premier temps -les arbres étaient coupés en amont, et descendaient le fleuve en suivant le courant- puis, par la suite, des moulins à farine. Pendant des années, Minneapolis a été la capitale de la production de farine nord américaine. Ouverte sur les plaines de l’Ioha et du Nebraska, avec l’énergie de l’eau, et la facilité de transport, grâce au fleuve et aux rails. Il en reste quelques silos à grains. Et surtout, un quartier historique : « Mill City » (la ville des moulins).

    Le quartier a été entièrement revitalisé il y a quelques années. L’immense gare de triage a complètement disparu. Certaines usines ont été converties en condos de luxe. Et une ancienne ruine a été réaménagé en musée. Les écluses sur le bord du fleuve ont été réparé, les quais aménagés pour la promenade… Le résultat est vraiment superbe. Le Guthrie Theater, dont la silhouette fait penser à une usine moderne, et le Gold Medal Park (du nom de la farine Gold Medal) viennent compléter le tout.

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    J’ai encore marché un peu, avant de m’arrêter un instant, le temps de faire une petite dégustation de bières. Et puis j’ai repris la marche. J’avais rendez-vous avec Kelly, Alex et Rachel, une amie à eux, au Weisman Art Museum. Pour aller voir « Koo Koo Kangaroo », que l’on m’avait présenté comme un groupe de musique un peu complètement fou.

    Complètement fous, ils l’étaient en effet. Après avoir fait une petite visite (gratuite) du musée, visite qui m’a laissé perplexe quant aux choix des oeuvres, leur présentation, et la façon dont elles étaient associées, on s’est retrouvé à danser n’importe comment, sous les consignes de deux chanteurs assez délirants, pendant une bonne heure. Bref, une belle façon de conclure la journée, et une confirmation de l’impression que j’avais déjà eu à plusieurs reprises… à Minneapolis, les gens ne se prennent pas au sérieux. Et c’est bien agréable comme ça !

    Et en cadeau bonus, encore des photos, sous un ciel beaucoup plus bleu, alors que je suis retourné me promener un peu en ville. De jour :

    Et de nuit :

     

    Un commentaire

    1. Commentaire de fred

      Minneaopolis, c’est aussi la vile du “Nain Pourpre” : PRINCE !

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