Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionSeptember 13th, 2014
  • Deux chiffres important pour m’aider à m’habituer aux degrés farenheit : 32°F, c’est la température de congélation de l’eau. C’est aussi la température qu’il faisait ce matin quand je me suis réveillé, avec la rosée gelée sur le pare-brise. Et 100°F, c’est la température des sources chaudes dans lesquelles je me suis baigné dans l’après midi. 40°C, c’est plutôt confortable… 

    Devils Tower

    C’est le froid qui m’a réveillé. À plusieurs reprises pendant la nuit. Comme les autres nuits d’avant. Finalement, on s’habitue. Entre la voiture pas la plus confortable pour dormir, et le froid, mes nuits ne sont pas forcément parfaites, mais je ne suis pas là pour dormir de toutes façons. Alors quand j’ouvre les yeux une fois de plus et que je vois la tour teintée d’une magnifique lumière orange, je ne réfléchis pas. J’attrape mon appareil photo, et j’en profite.

    Puis je m’installe au volant, démarre, et roule un peu. Le pare-brise est complètement givré (mon cerveau aussi, je crois). Mais j’ai déjà pu constater que le moteur chauffait vite, et c’est tant mieux ! Je me décongèle un peu, et continue de me déplacer un peu dans le parc, pour changer les points de vue. La lumière finit par retomber. J’ai eu le temps de faire pas mal de photos, mais je pense que la toute première, prise alors que je suis encore complètement endormi, reste ma préférée.

    Il n’est pas encore 8 heures du matin, et je dois prendre une décision. Retourner me coucher ? Prendre ça relaxe et profiter encore un peu de ma tour ? Ou décider que ma journée est officiellement commencée, et prendre la route ?

    À vrai dire, j’ai prévu de faire pas mal de kilomètres de aujourd’hui. Un peu plus de 500. Pourquoi autant ? Simplement parce qu’entre ici et l’endroit que j’ai repéré, il n’y a pas vraiment d’endroits qui me donnent envie de m’attarder. Des routes qui devraient être belles, mais c’est tout. Et puis comme ça, je serais rendu relativement proche de Yellowstone, et à partir de là, je pourrais prendre mes journées aussi tranquillement que je le souhaite. Parce que j’aurais tout mon temps. C’est donc l’option « et hop on roule » qui l’emporte. Et je prends donc la route.

    Crossing Wyoming

    J’avance assez tranquillement pour les quarante premiers kilomètres qui me ramènent à l’autoroute, puis ensuite, je pose la voiture bien sagement à 100, et j’attends. En fait, j’ai plus l’impression d’être le copilote dans cette voiture. Elle fait tout toute seule, il faut juste que je tienne un peu le volant. Mais comme les autoroutes ici vont toujours tout droit, ça n’est pas trop compliqué. Ça me laisse beaucoup de temps pour réfléchir, et pour avoir des idées pour mon livre. Je n’en reviens pas à quel point ce voyage se révèle beaucoup plus inspirant que ce que j’aurais pensé au début !

    Ce n’est pas la première partie de l’autoroute qui me donne des idées. C’est sur la fin. Quand j’approche de Buffalo. Parce qu’après des kilomètres et des kilomètres de « rien » de « vide » et de « néant » une barrière se profile à l’horizon. Moi, je suis heureux de la voir. Ça veut dire que j’avance bien dans ma traversée. Mais je continue de penser que pour les personnes parties à la conquête de l’ouest, il doit y avoir quelque chose d’horriblement déprimant là dedans. Après avoir peiné, à traverser les contrées inhospitalières, plates, sans eau, sans ombre, sans rien d’autre que du vide, découvrir cet obstacle à l’aspect infranchissable, plusieurs jours à l’avance. Et plus on avance, et plus il a l’air infranchissable, et plus on se demande comment on va réussir… Encore, ici, ça n’est pas trop mal. Ce n’est pas un mur infini comme à Calgary. Celui-ci de mur, on peut le contourner. Les autres, ça ne sera pas le cas.

    Bighorn Mountain

    Moi, je suis en voiture. J’ai un char qui ne s’arrête jamais et qui n’a peur de rien. Alors comme mon atlas il dit que la plus belle route c’est « toujours tout droit », je ne me pose pas de question, et je continue. Je quitte l’autoroute à Buffalo, pour m’engager sur la 16, qui va me faire traverser les « Bighorn Mountain ».

    Route de montagne à l’américaine, je pose le cruise contrôle à 90, et je laisse aller. On gagne vite en altitude, on retrouve la neige, et un paysage superbe. On grimpe encore. Et encore. Jusqu’à atteindre un col à un peu plus de 3000. Buffalo, là en bas, est entre 1000 et 1500. Je ne sais pas exactement.

    La voiture attaque la redescente avec un enthousiasme non dissimulé. De copilote, je deviens pilote. C’est moi qui gère les vitesses, histoire de m’amuser un peu, et de profiter du frein à moteur. Conduire cet engin est un régal. Elle est un peu trop lourde à mon goût, mais elle me plait. La redescende dans la plaine se fait sans problème, dans un paysage complètement différent, et encore plus beau que pour la montée !

    Je m’arrête de retour dans la plaine, dans le petit village de Tensleep. Il est midi et demi. J’ai bien avancé, je suis fier de moi. J’ai envie de manger quelque chose à midi aujourd’hui, alors je m’arrête dans le bar/café/restaurant/saloon. J’en profite pour recharger un peu l’ordinateur, vérifier que je n’ai aucune urgence mail, et manger un cheeseburger avec des frites. Oui, difficile de trouver autre chose dans les menus… enfin, j’ai été très raisonnable ces derniers jours, et je conifère que je le suis encore aujourd’hui, donc tout va bien.

    Je reprend la route dans un paysage lunaire à tendance martienne à tendance « mais je suis où là » ? C’est aride, c’est désertique, ça fait beaucoup penser aux Badlands, mais a priori, ça n’en est pas. Enfin ça n’en porte pas le nom. La route est belle. Je pose la voiture à 110.

    Thermopolis et Hot Springs Park

    Arrivé à Worland, au lieu de tourner à droite pour aller vers le nord comme planifié initialement, je tourne à gauche. Direction le sud, pour un « petit » détour par la ville de Thermopolis.Oui, « thermo » comme dans « therme » et non pas « terme ». En fait, les deux écritures auraient pu convenir, puisqu’à Thermopolis, on trouve des sources chaudes. Et devinez quoi ? Ils revendiquent avoir les plus grandes sources chaudes minérales du monde ! Moi, je dis que ça justifie un petit détour, donc. Ce n’est que deux fois cinquante kilomètres de plus après tout. La route est agréable… et quand j’arrive à Thermopolis, sur le point de vue dominant la ville qui permet d’admirer les sources, je me dis que j’ai eu absolument raison de venir ! C’eut été dommage de rater ça !

    Je descends, gare la voiture, et vais me promener entre les bassins. Admirer les formations, sentir cette odeur que je ne peux m’empêcher d’aimer. Associée à trop de souvenirs positifs, j’imagine. Alors je ne peux que l’aimer. Je prends ma flûte avec moi, d’ailleurs, pour partager un peu mon plaisir d’être ici. Je ne sais pas à quoi m’attendre à Yellowstone, mais je sais que je suis charmé par ce que je vois ici !

    Une visite à des sources chaudes ne serait pas complète sans se tremper dedans. Les bassins extérieurs sont interdits d’accès, mais il y a une piscine aménagée. Du genre avec plein de trucs, de machins, de bidules, et d’options. Sauf qu’à 12 dollars, je me dis que ça n’est pas si nécessaire que ça de se tremper. Ma dernière douche ne remonte pas si longtemps que ça en arrière, et j’arrive encore à supporter mon odeur alors…

    Mais il y a cet autre bâtiment, qui fait très « piscine publique ». Alors je vais voir, par curiosité. Pour découvrir que c’est lui le bâtiment officiel, et que l’accès est gratuit. 20 minutes maximum par personne (la gratuité faisait parti des conditions imposées par les tribus Shoshone et Arapaho lors de la signature d’un traité en 1896 pour vendre les sources aux États-Unis – et ici, au moins, ils ne font pas payer le parking…). Moi je trouve ça très bien. Je me change, et me plouf pendant un petit quart d’heure. Ça fait un bien fou considérable ! J’adore. Je suis heureux. Je suis propre. Je revis !

    Et fidèle à moi même, je reprends la route. Il est 17h30. Il me reste deux heures de route. Et j’estime que le soleil se couchera à 19h30. Mon objectif pour ce soir : « Bighorn Canyon ». Je sais pas ce que ça peut donner un coucher de soleil là bas, mais ça peut s’essayer.

    Bighorn Canyon

    Je pose la voiture à 115, et reviens à Worland. Cette fois, je continue vers le nord. Nous suivons ces genres de « badlands », que je me demande bien ce que c’est exactement. Je suis intrigué par toutes les formations que je vois. Et ça me plait ! Ça donne très envie de regarder par la fenêtre en voiture, mais surtout pas de s’installer et de vivre ici !

    Arrivé à Greyhull,je quitte la route de Cody et de Yellowstone, continuant en direction de Lovel. Rendu là, le paysage n’est même plus martien ou lunaire. Je n’ai aucune idée de comment le décrire. Mais pour moi, c’est de toute beauté. Aride, désertique et sec, mais tellement beau ! La route est bien droite, il n’y a pas trop de traffic. Je pose donc la voiture à 125.

    J’arrive à Lovel, que je traverse sans me poser de question. Je continue en direction de Bighorn Canyon, où j’arrive finalement. La lumière est superbe, les lieux de toute beauté. Je me régale. Le soleil disparait juste après mon arrivé. Il me reste encore une quinzaine de kilomètres pour me rendre au camping. J’avance tranquillement. Il y a quelques chevaux sauvages qui paissent sur le bas côté. Quelques chèvres aussi.

    Quand j’arrive au camping, la lumière est trop basse pour faire des photos qui vaillent vraiment la peine. Je me contente donc de me régaler avec mes yeux pour le moment.

    Je trouve un endroit confortable pour la voiture, avec vue sur la rivière, et je m’installe. Du rangement, de l’écriture, de la photo… je commence à fatiguer. Je me suis levé tôt ce matin, la journée a été vraiment longue… je crois qu’il est temps d’aller me coucher !

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