Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

De Xela à Lago Atitlan – jour 1">
Écrit par : Sébastien ChionFebruary 9th, 2016
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    Je n’arrive pas à comprendre les gens qui évitent les chicken bus. Ces gens qui préfèrent réserver des navettes privées, mini bus climatisé où l’on assit pas plus d’une personne par place. J’ai vu tellement de gens réserver des navettes qui allaient leur couter une fortune, tout en les déconnectant du pays…
    De mon coté, je suis mort de rire dans le chicken bus qui m’amène à Xela (Quetzaltenango). Mort de rire avec ce chauffeur qui conduit à toute vitesse sur les routes de montagnes. Comme je l’explique à Megan, pas le choix : mort de rire ou mort de peur. Comme je sais que tout se passera bien, qu’il ne m’arrivera rien au Guatemala, je suis donc mort de rire.
    Megan ? Megan est originaire du lac St Jean, au Québec. Mais elle vit en Alberta avec son chum. Elle est partie pour six mois sur la route, après avoir quitté son boulot. J’ai échangé quelques mots rapides avec elle la veille au soir. Un peu plus ce matin. Elle voulait des infos sur les randos autour du lac Atitlan. Je lui ai donc donné deux trois conseils, avant de lui expliquer ce que je m’apprêtais à faire. Elle m’a regardé avec de grands yeux. Peu après, elle regardait un site internet, pour récupérer quelques informations supplémentaires. Encore un peu après, on réservait deux lits dans un dortoir à Xela. Avant de sauter dans un bateau, et d’enchainer avec trois chicken bus. On a déposé nos sacs à dos dans un hostel sans intérêt, puis on est allé assisté au briefing de Quetzaltrekkers.
    Et là, évidemment, une autre explication est nécessaire. Parce que depuis un peu plus d’un mois, je ne parle plus vraiment de mes projets sur ce blog. Je vis dans un « ici et maintenant » des plus agréables. Dans quelques jours, Lilou arrive. Cinq, je crois. Moins quand j’aurais un ordinateur pour recopier tout ça…
    Rendons à Boulette ce qui est à Boulette : il semblerait que ce soit elle la première avoir m’avoir parlé de Quetzaltrekkers. Je suis prêt à le croire. Par la suite, j’ai recroisé son nom à plusieurs reprises. Et je me suis retrouvé sur leur site web assez régulièrement.
    Quetzaltrekkers est une association unique en son genre, basée à Xela. Une asso sans but lucratif, qui organise des randonnées dans la région de Xela. Les guides sont bénévoles, et les profits sont reversés à une école locale et une maison d’accueil pour les enfants. Le projet est magnifique. Il me plait. L’idée me plait. C’est le genre de projets qui donne envie de dépenser un peu d’argent…
    Il y a une logique assez intéressante en arrière de tout ça. J’ai envie de rester au Guatemala. J’aime prendre soin des gens, m’occuper d’eux, m’assurer qu’ils vivent la meilleure expérience possible… j’ai envie de travailler comme guide depuis que j’ai suivi Cassy à Uluru. Et c’est l’une des raisons pour laquelle j’ai envie de devenir trilingue. Ajoutez à cela que j’adore la randonnée, et la conclusion me parait assez évidente. J’ai commandé une paire de chaussures de randonnée. Lilou me les livre dimanche. Elles sont correctes, mes chaussures. Sauf si je me mets à monter à 4222 mètres régulièrement. Oui, je vais rencontrer Quetzaltrekkers, voir si l’association me plait, si leur organisation me plait, et ensuite voir dans quel sens souffle le vent ! Mais oui, j’envisage très fortement de devenir guide bénévole par la suite. Les choses se mettent en place d’une façon qui me plait énormément.
    Nous sommes 14 au briefing. Plus trois guides. Petit tour rapide. Chacun se présente. La moitié des personnes présentes a quitté son boulot pour partir voyager. Certains ont une années sabbatiques, pour faire un ou plusieurs pays. Comme ce couple de hollandais, qui a pris une année, pour rejoindre Ushuaia, en partant du Canada. En van, bien évidemment. Je ne me sens pas du tout déplacé au milieu de tout ces gens. J’ai plutôt cette impression agréable de n’être qu’une personne normale au milieu d’autres personnes normales. Beaucoup plus à ma place qu’à la Iguana, à vrai dire…
    Le départ à lieu le lendemain vers 7h30, après un petit déjeuner collectif. Je ne peux pas m’empêcher de penser que le premier pas que je vais faire ce matin là va changer ma vie. Qu’il va me propulser dans des directions auxquelles je ne pensais pas forcément il y a deux mois à peine. Je m’apprête à attaquer une randonnée magnifique… et un avenir magnifique en même temps !
    Nous commençons par vingt minutes de marche en ville, pour attraper un chicken bus qui nous déposera une demi heure plus tard dans le petit village de Secam. Tout le monde prend son sac à dos, et on part dans la joie et la bonne humeur. Nous partons pour deux jours et demi. Quarante deux kilomètres de randonnée. Environ 800 mètres de dénivelé positif, 1800 de dénivelé négatif, à travers la campagne du Guatemala. Objectif : le lac Atitlan.

    Un peu inquiet au début à l’idée d’être dans un groupe aussi conséquent, mais aussi par rapport à ma condition physique, je me rends compte que nous allons à un rythme très tranquille. Presque trop tranquille, au final. Moi qui m’attendait à me retrouver en queue de peloton avec mon rythme plutôt posé, je me retrouve plutôt à discuter dans le groupe de tête. Les arrêts sont fréquents. J’en ferais moins si ça ne tenait qu’à moi. Mais ça permet à tout le monde de ne pas s’épuiser.

    La première partie de la randonnée se fait en montant. Il nous faut sortir de la cuvette où se trouve Xela. Monter permet de découvrir le paysage. Le Santa Maria, au premier plan, les panaches de fumée du Santiaguito (l’un des volcans les plus réguliers du monde) et loin, loin, là bas au fond, le Tajumulco. J’ai eu un rendez-vous manqué avec le Santa Maria. Quetzaltrekkers organise des randonnées à son sommet à chaque pleine lune. La dernière a du être annulée, mais ça n’est que partie remise. J’ai rendez-vous avec le Santa Maria. Mais j’ai surtout rendez-vous avec le Tajumulco. On est assez d’accord avec Lilou : ce serait dommage de passer juste à coté du plus haut sommet d’Amérique Centrale, et qui plus est un volcan, et de ne pas passer lui rendre visite. Cela ressemble à un chouette projet. Tout comme l’idée de franchir ensemble la barre symbolique des 4000 mètres. Oui, je continue à faire semblant d’être frustré de m’être arrêté à 3986 mètres à Yosemite !
    Et si tout se passe bien, donc, ça sera ma première d’une longue série d’ascension !

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    Santa Maria à gauche, avec la fumée du Santiaguito, et au fond au centre, le Tajumulco

    On continue de grimper. Le paysage change d’un coup. Nous arrivons sur le plateau, dans les champs, avant de traverser un premier village.

    Nous sommes à 3080 mètres. Mes poumons rigolent. Tout va bien. Le San Pedro était un bon entrainement ! Et à partir de maintenant, on descend !

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    Du sommet, on voit toujours le Santa Maria et le Tajumulco d’un coté, mais apparaissent de l’autre coté le San Pedro, le Atitlan et le Toliman. Et plus loin en arrière, Fuego, Acatenango et Agua. Oui, j’ai aussi des rendez-vous avec l’Acatenango (2000 mètres de dénivelé) et le Atitlan.

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    La descente nous fait passer par des paysages plus magnifiques les uns que les autres. On devine déjà le lac, dans le lointain. Le relief est de toute beauté. Suffisamment magnifique pour que je retrouve ce mauvais réflexe de perdre mes mots et de ne plus savoir quoi dire.

    On fait une pause un peu plus tard pour le repas. Je regarde les guides étaler toute la nourriture que l’on a transporter dans nos sacs. Tout cela donne faim. Et tout cela est délicieux. Quetzaltrekkers marque des points ! Parce que la bouffe, parfois, dans les randonnées organisées, c’est plutôt limite. Là, c’est très clairement loin d’être le cas !

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    Nous attaquons la dernière étape de la journée. Encore une heure de descente, avant de rejoindre une route. Une autre petite heure plus tard, et nous arrivons à destination.

    Nous sommes hébergés dans une grande maison. Des matelas étalés dans plusieurs pièces. Andrew, l’un des guides, m’expliquera qu’avant les groupes s’installaient à l’école. Et puis une femme du village a décidé d’investir son argent. Sans en parler à personne, sans rien dire, elle a construit ce grand bâtiment. Puis elle est allée voir Quetzaltrekkers, et leur a proposé de rester chez elle, plutôt. Elle a pris le risque de le faire sur elle même, sans en parler à personne avant.

    Nous sommes au Guatemala. Je suis au Guatemala. Enfin ! Je ne suis plus à la Iguana. Pour deux jours. Je peux enfin voir le pays que je veux visiter. J’attends Lilou pour en voir plus, mais j’avais envie/besoin d’un petit aperçu quand même.

    Je suis assis par terre, à regarder les guides tout préparer. Depuis trois mois, c’est moi qui m’occupe des autres. C’est étrange. Et à vrai dire, je me sens coupable de ne pas les aider. Les chances sont élevées que je sois à leur coté dans pas très longtemps…

    Petite pause. Le temps d’un dix minutes dans un sons maya, pour se détendre et se laver. J’enlève la poussière ; perds la moitié de mon bronzage. Je n’ai aucune crampe à faire passer. Aucune douleur à calmer. Je m’attendais à une randonnée beaucoup plus difficile.

    De retour sur le patio avec tout le monde. À écrire un peu ma journée, pour ne pas l’oublier, en attendant le repas. Et à nouveau à écrire. Rapidement. Pour pouvoir recommencer à discuter avec tout le monde !

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    Un commentaire

    1. Commentaire de Iris

      Un seul mot qui me vient, là de suite : BRAVO!

      Très beau projet.

      Continue ton petit bonhomme de chemin. Heureuse de te savoir heureux :)

      Grosses bises

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