J’aime bien me réveiller dans des parkings.
Ça ferait une bonne première phrase pour un livre, je trouve. Mais en ce moment, je ne suis pas en quête de première phrase pour un livre. J’essaie surtout de reconnecter mon blog (et moi-même aussi, même si nous sommes deux entités séparées) avec le présent. Et pour ça, aussi surprenant que ça puisse être, les parkings, ça peut aider !
Entendre la ville qui revient à la vie autour de soi. Les voitures, les gens. Les discussions sur le Chamion. Les « c’est original » ont été remplacés par des « que bueno » (j’y viens, j’y viens ; les hispanophones auront déjà eu des doutes à cause du titre de l’article, je continue à semer des indices pas subtiles du tout). Quelque soit la langue dans laquelle les commentaires sont faits, ça fait toujours plaisir de savoir que j’ai un chez nous qui plait. En vrai, le Chamion n’est pas vraiment fait pour rester caché dans une cours. Ou derrière des murs. Il aime qu’on le regarde. J’aime qu’on le regarde. Sur ces parkings, le Chamion prend tout son sens. Et j’ai d’autant plus l’impression de faire partie du lieu où je décide de m’installer. Comme toujours, je n’aime pas aller vite. J’aime passer plusieurs nuits au même endroit avec le Chamion. Pour qu’il fasse partie du paysage ; du quotidien des riverains. Pour vivre heureux, vivons à la vue de tous ?
J’ai pris mon temps pour quitter la Charente. Je voulais prendre le temps de réfléchir à la suite. Je suis toujours aussi fier de ma capacité à rebondir. Quand les choses ne se passent pas comme prévues. Ou espérées. Au final, même Montréal je trouve que j’ai bien géré compte tenu des circonstances. Mais il est vrai que ces dernières semaines (derniers mois ?) j’ai un peu fait le ping pong d’un projet à l’autre ; d’un faux départ à l’autre. Un peu comme si 2020 et 2021 avaient été un poil chaotiques peut-être ? Alors là, en fait, l’idée serait un peu de reprendre le contrôle de la situation. Redevenir maître de mes décisions et de mes choix. Nous verrons bien ! Il y a un projet qui s’en vient tranquillement, mais en attendant, je compte profiter du moment présent.
Comme c’était pas loin, et surtout comme j’avais une voiture à livrer (oui, j’ai toujours des supers plans géniaux) je suis passé dire bonjour à La Rochelle. Ville que je ne connaissais pas. Mais ça me titillait un peu quand même. Un peu comme St Malo je pense. Des histoires de départ en bateau, de Québec, tout ça tout ça… ville agréable, qui ressemblait assez à ce que j’imaginais dans ma tête. Et visite d’autant plus agréable que la soirée était relativement douce et agréable. Et ne pas avoir froid, c’est quand même bien !
Parlant de ne pas avoir froid, il faut savoir que le Chamion a connu une upgrade non négligeable. Il a d’abord été conçu sans chauffage, vu que l’idée était de passer l’hiver en Espagne avec. Si ça n’avait pas trop mal fonctionné pour l’hiver 2019-2020 (plaid et bouillotte ont quand même été mis à contribution), pour l’hiver 2020-2021, j’avais triché en installant un mini radiateur électrique. Certes, je n’étais pas dans le sud de l’Espagne, mais j’avais de l’électricité. Sauf que là, j’étais ni dans le sud de l’Espagne, ni a proximité d’une prise électrique. J’ai donc depuis début janvier un chauffage au gaz fonctionnel (et accessoirement sécuritaire vu que c’est un chauffage spécial camping car), et ça, franchement, c’est quand même très agréable ! Et j’en profite au maximum.
J’ai profité du fait que je prenais mon temps pour visiter le marché de Rochefort, le samedi matin. La ville me plait beaucoup. Et tous les gens avec qui j’ai interagit là-bas étaient de bonne humeur. Joyeux. Enthousiastes. Ça aussi, ça fait du bien !
Et puis finalement, j’ai pris ma décision. Après avoir pris le temps de la laisser mûrir. D’être sûr que c’était bien ce que je voulais. Je me suis téléporté en Espagne.
Enfin… téléporté à vitesse de Chamion on s’entend. Alors ça a pris un peu de temps. Mais j’ai triché !
« Tu ne découvriras jamais un pays en restant sur l’autoroute. Ce sont des cicatrices géantes qui traversent le paysage en te montrant un faux aspect de là où tu es. Toujours la même chose. Deux rangées d’arbres, une sortie d’autoroute, quelques restaurants rapides et une station service. Parfois des magasins de souvenirs pour les touristes pressés. Les autoroutes vont trop vite. Si tu veux découvrir un pays, prends ton temps. Prends les petites routes. Même si elles vont moins vite. Tu verras des gens qui vivent, pas des gens qui se déplacent. Tu pourras entrer en contact avec eux. Les autoroutes servent à aller vite. Le voyage est affaire de lenteur. »
Sophie, dans « Fille de la route » (jusqu’à présent mentionné sous le titre « la demoiselle de l’Alaska »)
J’aime beaucoup les Landes ; j’ai eu plaisir à les traverser l’été dernier. Pour autant, je n’avais pas envie de revoir tout ça. Et comme l’autoroute était gratuite, j’en ai profité. Une grande étape, donc, qui m’a conduit jusqu’à Dax. Pourquoi vouloir m’arrêter dans une ville dont le nom ressemble à un code d’aéroport (genre, ça serait l’aéroport de Dos Angeles) ? Parce que c’était sur ma route. Que ça faisait une étape cohérente. Que j’ai des envies d’urbanité (d’être en zone urbaine quoi). Et que j’avais l’impression que ça pouvait être une ville bien.
Ou pas.
Bon, bin j’ai visité Dax. Alors forcément, une ville balnéaire, un dimanche soir de janvier, c’est pas forcément le meilleur moment pour visiter. Pour autant, même en l’imaginant avec les magasins ouverts et un peu d’animation… non, franchement… on peut passer à autre chose.
Sérieusement… ils ont une source chaude… et ils la mettent dans une prison ? Non mais ça va pas la tête ! Du coup, je ne me suis pas éternisé, repartant dès le lendemain.
Je pensais faire la route jusqu’en Espagne en deux jours. Un peu en mode « ok, j’y vais à fond, comme ça rien ne se produira cette fois qui m’empêchera de la franchir cette frontière ! Vous allez voir, je vais arriver en Espagne ! ». Mais j’ai eu une demande urgente de ma cliente préférée. Qui se trouve aussi être mon artiste de feu préféré. Et mon artiste de rue préférée. Louve. « Seb, tu pourrais me faire un pamphlet pour ma grosse chenille ? C’est assez urgent ». Après tout, je lui ai déjà fait un cornichon, des légumes, et deux trois autres trucs. Alors pourquoi pas une chenille ? Du coup, j’ai fait une escale supplémentaire à St-Jean-Pied -de-Port.
En fait, j’avais bien envie de m’y arrêter. Je m’étais dit « à St Jean, j’ai complété une boucle, j’aime bien les boucles, je remets mon blog à jour, et pouf, c’est magique ! ».
J’aime beaucoup les flashback. C’est une approche assez classique dans un récit. On se retrouve au milieu de l’action, et on fait un petit retour en arrière, pour comprendre comment on s’est retrouvé ici. Là, c’est un peu pareil. J’ai la possibilité de mentionner mon premier arrêt à St Jean, à l’été 2021. Alors… faisons le !
Après Biarritz/Bayonne, je suis rentré dans les terres. Je savais que Montréal m’attendait, et j’avais donc décidé de ne pas franchir la frontière. Mais plutôt de sillonner un peu les routes du Pays Basque. Et après plusieurs jours, j’étais finalement arriver à St-Jean-Pied-de-Port qui représentait, pour moi, la fin de mon voyage. Ma dernière destination. Après, je repartais vers le nord, puis j’allais ranger le Chamion, et prendre l’avion. Vous voyez que ça fait une boucle : dernière destination avant Montréal, première destination juste avant l’Espagne. Ça colle !
J’avais trouvé la route absolument magnifique. Sauf que quand je conduis le Chamion, en général, même si j’admire le paysage, j’ai besoin de rester pas mal concentré sur la route. Mais ça faisait un moment (plusieurs mois !) que j’avais repéré une ligne de chemin de fer qui me faisait envie. Les paysages m’ont confirmé cette envie. Enfin, on m’a dit que Bayonne, c’était vraiment très beau. J’avais été déçu par Biarritz, mais on me disait que Bayonne valait la peine. Alors j’ai sauté dans un train, et je suis retourné à Bayonne le temps d’une journée. Sans regret. Parce que la balade en train était magnifique !
Et que la balade en ville était sympa aussi ! Tant mieux !
Concernant Saint-Jean-Pied-de-Port… disons que c’est un peu plus compliqué. La ville est belle, je le reconnais. Son emplacement est très bien aussi, on est d’accord. Par contre, en plein été, ça déborde de gens dans tous les sens, et de nombreux randonneurs venus faire une ou deux (ou 14) étapes de Compostelle. Mais… sérieusement… pour de vrai ? Gite pour pèlerin, pharmacie pour pèlerin, boulangerie pour pèlerin, massage thaï pour pèlerin, recharger votre téléphone pour pèlerin, faîtes ici votre selfie de pèlerin… à chaque fois que je mentionne que j’aime la randonnée, on me demande « et tu as fait Saint… » en général, j’interromps. Non, je ne l’ai pas fait. Je n’ai aucune envie de le faire. Aucune raison de le faire. Ma quête personnelle de spiritualité ne me donne pas envie d’aller marcher sur un chemin où le capitalisme rencontre la religion. Je n’ai aucun doute que le chemin doit être superbe. Aucun doute que les paysages sont magnifiques. Mais la randonnée de masse, perso, ça n’est pas mon truc. Des paysages superbes, il y en a plein. Partout. Pas besoin d’aller m’entasser sur des sentiers avec plein d’autres gens. Bref, Compostelle m’énerve. Ah mais !
Ceci étant dit, il faut bien le reconnaître, le pèlerin se fait beaucoup plus discret en janvier. Ah ! On fait moins les fiers hein ?
L’été dernier, j’étais ensuite reparti vers le nord. J’avais fait une pause rapide à Sauveterre-de-Béarn. Parce que le village était juste magnifique, et clairement, il valait la peine d’une petite balade !
J’ai aussi fait une autre escale de deux jours à Orthez, vu que je devais me faire trouer le bras une deuxième fois à l’époque. Village que j’avais trouvé agréable, d’autant que j’avais pu installer ma maison sur les bords du lac de Grècq (Orthez, Grècq, sont pas hyper doués en orthographe dans le coin).
Et puis après, mon voyage s’était plus ou moins terminé, en prenant mon temps. Je suis parti à Montréal, je suis revenu… je suis de retour à Saint-Jean-Pied-de-Port… mais cette fois-ci, j’ai pris la route du sud. Direction Pampelune, où m’attendait un parking accueillant.
J’ai passé la frontière espagnol le 26 janvier. Deux ans et deux jour après l’avoir passée dans le même sens pour la dernière fois…
Belle ville, Pampelune, d’après mes souvenirs. Tu n’y seras plus pour le lâcher de taureaux dans les rues (en juillet !).
Par contre c’est encore une étape du chemin de Compostelle : tu vas de nouveau rencontrer quelques pèlerins.
¡Entonces buen viaje!
Salut Seb,
Ça fait plaisir de te voir en pleine forme et l’esprit clair. Je te souhaite de trouver tout ce que tu cherche en Espagne.
Bises.