Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionJanuary 27th, 2022
  • J’ai donc décollé de Saint-Jean-Pied-de-Port. Non sans avoir discuté un peu avec les autorités locales avant. Une voiture, trois policiers, qui se sont arrêtés pour un contrôle de routine. Vérification d’identité. Vérification du véhicule. Je n’en saurais pas la raison. Voisin inquiet ? J’ai pas une tête de pèlerin ? Aucune idée. Mais bon, ils sont polis, souriants et respectueux ; je le suis tout autant ; je suis toujours poli, souriant et respectueux en présence des forces de l’ordre… pas vraiment le choix de toutes façons… mais ça reste toujours beaucoup plus appréciable quand c’est réciproque (oui, je pense à toi, motard de pacotille, qui était frustré de voir mon véhicule dans les règles, et que tu n’as pas pu m’immobiliser ; j’espère que tu t’en souviens et que ça t’enrage comme ton mépris et ton irrespect m’enrage encore parfois). Une fois ce simple contrôle de routine effectué, j’ai donc pris la route.

    À vrai dire, je me suis retrouvé en Espagne sans m’en rendre compte. Parce que à Arméguy, la frontière n’est même pas marquée au sol. Pas de gens qui contrôlent un quelconque passe sanitaire ou vaccinal, les passeports, ou quoi que ce soit. Je retrouve cette liberté de circuler qui me plait tant… il y a donc ce pont, et de l’autre côté, c’est écrit en espagnol. J’ai un doute. Mais la station service juste après me confirme que j’ai bien changé de pays. Le diesel à 1.40 le litre est une indication plus sûre qu’un trait blanc au sol !

    C’est quand même une sensation étrange de laisser le Chamion, et de retraverser la frontière à pied, sans lui… mais je le retrouve tout de suite après.

    Et j’attaque la montée, puis la descente sur Pampelune. Dans ma tête, il y avait beaucoup plus de kilomètres ; j’ai donc estimé un temps de route plutôt élevé. Sauf qu’en même temps, j’avais oublié à quelle vitesse je monte et descends les cols… et puis en plus, les paysages sont magnifiques, et donnent envie de s’arrêter un peu. Parfois.

    Et donc, enfin, comme je le disais, me voilà garé dans Pampelune. Enfin pas vraiment. Dans Ezkaba, dans la banlieue nord de Pamplona. Une ville dont je ne sais rien du tout. Si ce n’est qu’un personnage secondaire de la Casa del Papel aime y faire la fête. Soit.

    Je pars donc marcher. D’abord en suivant l’Arga, puis en grimpant sur la hauteur où se trouve la ville. Et ses murailles très raisonnables.

    Avant de continuer ma déambulation, au hasard, dans les vieilles rues étroites et tortueuses du centre-ville. Ça fait du bien d’être là. D’être en Espagne. Ou peut être de ne plus être en France ? C’est bizarre. Compliqué. Je ne suis pas sûr… en tout cas, ce qui est sûr, c’est que je suis bien. Je commence à réentendre parler espagnol autour de moi. J’essaie aussi de dérouiller mon espagnol à moi… mes interactions ne sont pas toujours très faciles au début, mais ça revient progressivement. J’avais déjà eu cette impression lors de ma première incursion en Espagne il y a deux ans : les espagnoles me paraissent plus prompts à commenter el Chamion et à en dire du bien. Là encore, ce ne sont que des ressentis.

    Et moi, je déambule dans les rues. Un peu perdu dans mes pensées, un peu indécis quand à ce que je vois. Mais je crois que ça me plait, quand même. Parfois, discrètement, on voit une coquille St Jacques. Mais Pamplona n’existe pas uniquement pour le pèlerinage. C’est même très secondaire ici. Tant mieux.

    Je marche un long moment, avant de rentrer jusqu’à la maison. Il y a un autre truc qui me fait un bien fou. Je suis d’abord allé pas mal dans l’ouest, je continue vers le sud, nous sommes fin janvier… à 18h, il ne fait pas nuit !

    Une soirée tranquille de plus sur un parking. Le soleil, pour moi, c’est aussi le retour des batteries bien remplies ; moins de questionnements (et de restrictions !) sur mon usage au quotidien. Pour autant, j’ai pris quelques habitudes d’économies qui font que j’utilise moins d’électricité qu’avant je pense… pour le moment, je n’ai pas redémarré le frigo, mais je n’en ressens pas le besoin. Par contre, le chauffage, lui, continue à tourner. Le défaut de ce chauffage est d’être ni programmable, ni télécommandable. Il s’allume uniquement en présentiel (pour autant, je suis sûr qu’il y a moyen de bricoler un truc, ça sera dans mes missions à un moment : un automate télécommandable, qui fait un quart de tour horaire, appuie 30s, arrête d’appuyer et termine sur un huitième de tour anti horaire). En attendant, j’ai trouvé une solution pour parer au problème. Je dors en bas. Quand je me réveille, je tends le bras, j’allume le chauffage, et j’attends au chaud sous la couette qu’il fasse assez chaud pour que je daigne sortir. Ce rythme me convient parfaitement. Avant, j’attendais de trouver le courage de sortir affronter le froid. Le temps nécessaire était sensiblement le même ; sauf que c’est beaucoup moins désagréable comme approche !

    Après avoir pris ma matinée tranquille, à bricoler des trucs, ranger des machins, écrire des bidules, je retourne faire un petit tour en ville. En me demandant si ce sera ma dernière ou mon avant dernière balade dans Pampelune.

    Je finis par mettre le doigt sur ce qui me dérange. La ville pourrait être belle. Mais elle ne l’est pas. L’hiver est trop là. Tout est un peu trop gris. Les arbres manquent de couleur. Il n’y a pas de fleurs… certes, les façades des bâtiments sont colorées (j’ai parfois l’impression d’être de retour à Prague, mais en pas aussi joli, faut pas exagérer quand même, Prague reste une des plus belles villes que j’ai eu la chance de voir) mais tout ça manque de couleurs. De vie. D’animation. Alors je marche encore un long moment ; fini par sortir du quartier historique, pour y revenir rapidement. En dehors, soyons simple et efficace, c’est laid. Tout simplement.

    Bref… la ville a un certains charme, mais il lui manque un certains truc…

    Pour autant, j’aurais encore marché longtemps, et il fait nuit pour de bon, cette fois, quand je suis de retour au Chamion, pour une autre petite soirée tranquille. Il faut dire que j’ai un peu calmé sur la marche ces derniers mois, et que je manque un peu d’entrainement. Il va falloir que je m’y remette progressivement. Et raisonnablement !

    Je consulte mon atlas routier (j’ai troqué le français contre l’espagnol !) pour la suite de mon itinéraire. J’étais plutôt dans l’idée de partir plein sud, au départ, vers ma prochaine destination… mais je vois plein de lignes vertes, le long des lignes de couleur, et ça me donne envie de faire quelques détours. De ne pas aller trop vite. Et de prendre mon temps. Après tout, c’est comme ça que je voyage non ?

     

    4 commentaires

    1. Commentaire de Bernadette Suchod

      Oui mais Prague c’était en été.
      Une ville vue en hiver est très différente de la façon dont on la perçoit en été.

    2. Commentaire de Sébastien Chion

      non non, ma toute première visite de Prague c’était bien tout début janvier :)

    3. Commentaire de Patrice GEORGES

      Moi aussi je trouve que Prague est une belle ville. Je n’apprécie pas particulièrement les villes espagnoles. Il faut dire que j’aime particulièrement les pays plus à l’est et je trouve leurs villes et villages nettement plus beaux.

    4. Commentaire de Sébastien Chion

      J’aime beaucoup les villages espagnols qui, très souvent, font vraiment un bloc, un rassemblement… contrairement aux villages français qui s’étalent dans tous les sens… mais je garde vraiment un souvenir magnifiques de tout ces petits villages en Terra Alta… Côté grandes villes, en Espagne, ça dépend… c’est un peu plus variable… quand à l’Europe de l’Est… elle est prévue depuis… pfiouh… longtemps maintenant ! Jusqu’à présent, j’avais un peu le blocage hiver/froid/pas de chauffage. Maintenant que cette problématique est réglée… nous verrons bien !

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