Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionJune 14th, 2011
  • J’ai eut la chance au cours des deux dernières années d’aller assez régulièrement dans la côte Ouest. Une première fois pour explorer les rocheuses, une autre pour découvrir la Californie, et enfin une troisième fois, pendant beaucoup plus longtemps, alors que je sillonnais la région à bord du Pourquoi Pas ?.

    Ces différents voyages m’ont donné tout le temps nécessaire pour tomber en amour avec la côte Ouest et plus particulièrement avec l’Oregon. Pourtant, au cours de ces visites, le hasard m’a fait passer à côté de plusieurs expériences que j’aurais bien aimé vivre. Je pense notamment à l’île de Vancouver, qui reste toujours un mystère, à Seattle, que je n’ai vu que de loin, depuis l’autoroute, ou encore au Mont Hood, dont la majesté me laisse rêveur.

    Pour moi, l’été s’annonce particulièrement rempli. Dans une semaine, je n’aurai plus d’appartement et ma vie devra alors tenir dans un sac à dos. Après avoir vécu 10 ans à Montréal, j’ai en effet de reprendre la route, et de partir découvrir de nouveaux cieux. Trois mois en Europe, puis l’Australie et enfin la Nouvelle Zélande. Mais cela, c’est une autre histoire, que je raconterais en temps et en heure.

    J’ai longuement hésité, avant de me décider. Ma fidélité à une certaine compagnie aérienne offrant des primes cadeaux m’a permis de m’offrir un aller-retour à un tarif défiant toute concurrence. J’ai donc choisi de me laisser tenter. Cette fois-ci, l’objectif avoué est très simple : voyager de la façon la plus économique possible. Ma vie dans le van m’a appris à me contenter de peu. On verra si j’arrive à baisser encore mes exigences.

    Le programme est simple : Montréal – Vancouver le 21 juin, Portland – Montréal le 8 juillet. Entre les deux ? L’Île de Vancouver, sans doute, ainsi que Seattle et l’Oregon. Peut être un détour par le National Rainbow Gathering. Et plein d’autres surprises, bien évidemment…

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    Il y a à peine plus d’un an, j’écrivais « L’idée de déménager moins d’une semaine avant de partir en vacances à ceci d’intéressant qu’elle évite de penser au déménagement à gérer quand on va revenir… la contrepartie, c’est qu’il devient beaucoup plus difficile de planifier, d’organiser et de préparer un blog de voyage… ». C’était juste avant de partir en Californie. Cette année, je dois bien reconnaître avoir réussi à faire encore pire, puisque ce n’est pas un simple déménagement que j’avais à gérer mais un départ de Montréal pour une durée inconnue. Mais cela est une autre histoire, qui n’a pas encore commencé.

    Nouveau départ, donc. Je réalise un nouveau rêve. Je pars avec un simple sac à dos, et une tente. Chaque voyage me voit un peu plus léger que le précédent. J’ai revendu le van encombrant. Je suis rendu pour de bon, cette fois, au strict minimum. Pas pour très longtemps. À peine plus de deux semaines. Au moins, je verrais si j’en suis capable, ou si ce type de voyage n’est pas pour moi.

    Le plan de match est simple. Départ de Montréal mardi 21 juin à 10h15. Arrivé prévu à Vancouver à 12h42. De là, une petite balade en skytrain suivie d’une autre balade en autobus. J’embarque sur le ferry direction Nanaimo, et si tout se passe bien, je trouve à bord des gens qui m’amèneront jusqu’à Tofino. Ou qui me feront faire un petit bout de route. J’espère quand même réussir à me rendre là-bas. Après tout, ne serait-ce pas un bel endroit pour admirer le premier couché de soleil de l’été ? On verra bien.

    Ensuite, je redescends sur Victoria, ferry pour Seattle où je passe quelques jours. Train ou pouce pour Portland, et après, on improvise !

    Beau programme, qui présente l’avantage d’être on ne peut plus simple !

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    Le vol c’est passé sans problème. Fidèle à mon habitude, je suis arrivé à la limite de l’heure d’embarquement, histoire d’être sûr de me faire un peu peur avant de partir. Il faut dire qu’entre le bus 747, soit disant express, qui fait des tours et des détours dans les petites rues de Montréal pour éviter le chaos autoroutier des dernières semaines, et la nouvelle ligne de Skytrain inauguré pour les jeux olympiques, on se retrouve dans deux mondes absolument incomparable. Peut être que dans quelques années, Montréal aussi aura sa liaison ferroviaire direct avec le centre ville. Ça ne fait, après tout, qu’une quinzaine d’années que le projet est à l’étude.

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    Je suis arrivé aux quais de Tsawwassen avec une heure d’avance. Ça fait du bien, des fois, de pouvoir prendre un peu son temps. J’ai sorti mon petit carton avec écrit « Tofino », et l’ai accroché sur mon sac, histoire qu’il soit visible. Le ferry me paraît le meilleur endroit pour faire du pouce. Surtout si l’on considère que je n’ai aucune idée de la configuration routière de Nanaimo. Il faudra quand même que j’essaie de trouver une carte, au cas où. J’espère juste que tout cela ne va pas virer en plan galère. Enfin… on verra bien. Le bateau avance tranquillement. Tant mieux, je suis pas pressé.

    Un accès rapide à internet m’a permis d’avoir confirmation que j’aurais un couch à Seattle. Danielle m’a déjà confirmé qu’elle pouvait m’héberger à Portland. Le logement et le transport sera donc improvisé les premiers jours, mais devrait se clarifier et aller beaucoup mieux dès la fin de semaine. C’est déjà ça !

    Il reste encore une petite demi heure de bateau. Je retourne admirer le paysage. Il fait frais au milieu de l’eau !

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    Voyager, pour moi, ça a toujours été centré sur les rencontres. Et faire du pouce, à vrai dire, m’a toujours paru une bonne façon de faire des rencontres. Ça présente aussi l’avantage d’être pas mal plus économique que la location de voiture. Mes précédentes expériences en stop n’ont jamais été vraiment concluantes, mais je voulais quand même y croire. Après tout, j’ai ramassé tellement de pouceux l’été dernier avec le Pourquoi Pas ? que ça pouvait bien être le moment où Dieu me le rendait au centuple !

    Alors que les quais de Nanaimo approchaient, je me suis dirigé vers le pont des voitures. J’ai slalomé entre les véhicules, arborant fièrement mon petit bout de carton avec écrit « Tofino ». Il y a eu ceux qui ont évité mon regard, ceux qui se sont excusés de ne pas aller dans la bonne direction, ceux qui m’ont superbement ignoré, et celui qui est venu me voir en me disant « je ne vais pas jusqu’à Tofino, mais je te fais une ride sur un bout du chemin si tu veux ».

    En fait, il me faisait faire les 40 premiers kilomètres, et m’approchait de l’unique route allant jusqu’à Tofino.

    Mes inquiétudes ont commencé à s’envoler. J’avais quitté Montréal avec la ferme intention de célébrer l’été en jouant de la flûte sur le bord de l’océan Pacifique. Le défi était de taille, mais me semblait quand même réalisable.

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    Une fois quitté le port à tendance très industriel, le paysage devient très vite intéressant. Les échanges avec Jim, par contre, le sont un peu moins. Il ramène le pickup de son fils ; la marche pour monter (c’est le cas de le dire) devait pas être loin de un mètre. Je vous laisse imaginer la taille de la chose. Il en était fier, à priori, de son gros camion, vu qu’à chaque fois que quelqu’un passait un peu trop prêt, ne lui dégageait pas la route longtemps à l’avance, il répétait « tu joues avec ta vie là, j’ai ta vie entre les mains ». Oh, pas comme un gros beauf agressif. Mais quand même un peu dérangeant sur les bords…

    Il m’a déposé sur l’ancienne route de Tofino. Huit kilomètres plus loin, je devais être capable de retrouver la route principale. Sauf que ce petit axe secondaire était pas mal moins fréquenté ; et les voitures qui passaient ne s’arrêtaient pas. J’ai vite senti ressortir mes vieilles hantises de rester pogner à une place sans être capable d’en repartir.

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    170 kilomètres, c’est bien pour Tofino…

    Et puis finalement, c’est Katelyn qui m’a sauvé après 40 minutes de marche (avec le sac, évidemment). Elle a commencé par me dépasser avec un petit sourire d’excuse, avant de s’arrêter, 200 mètres plus loin. Sans doute se sentait elle trop coupable. Elle n’allait pas à Tofino, mais au moins, elle m’a avancé jusqu’au prochain carrefour.

    J’ai commencé à y croire, d’autant plus que je n’ai eu à attendre que 5 minutes avant que Tom ne s’arrête. Finalement, peut être bien que j’allais avoir droit à un coucher de soleil sur le Pacifique pour le solstice d’été !

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    Tom m’a donné quelques minis infos touristiques, notamment à propos de Cathedral Cove, que l’on a traversé. Encore des arbres géants ! J’essaierais de m’y arrêter au retour.

    Il m’a finalement déposé à la sortie de Prince Alberni. Quand une nouvelle voiture s’est arrêtée après à nouveau seulement 5 minutes d’attente, j’ai commencé à croire à nouveau au Stop comme moyen de locomotion également à disposition des hommes voyageant seuls. Et puis faut dire que la voiture de Dylan avait quand même une certaine classe !

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    On dit que voyager est source de nouvelle expérience. J’ai toujours été en accord avec cette affirmation, même si je ne pensais pas que le pouce me permettrait de faire ma première balade en Porche Carrera ! Hormis le fait qu’il faut avancer le siège du passager au maximum pour pouvoir réussir à glisser un gigantesque sac à dos à l’arrière, je n’ai pas grand chose à dire. Le bruit du moteur est, en effet, sympathique. Mais en tant que passager, j’aurais pu être dans une Echo ou une Clio, je suis pas sûr que ça aurait fait une grosse différence…

    Dylan non plus ne pouvait pas m’amener très loin. Il m’a déposé à la station service qui sert de dernier point de ravitaillement avant les 100 prochains kilomètres de nature sauvage et hostile. Presque tous les gens qui s’arrêtent à la station vont à Tofino. Endroit idéal, donc.

    En théorie.

    Après une demi heure d’attente, j’ai compris que c’était rappé pour le couché de soleil.

    Après une heure d’attente, et un grand nombre de voiture, j’ai commencé à me demander après combien de temps je perdrais espoir.

    Après une heure trente d’attente, j’ai eut la chance de voir un aigle à tête blanche. Puis un deuxième. Puis les deux ensemble, en train de se battre. Même s’ils étaient magnifiques, j’aurais préféré avoir un lift.

    Après deux heures à admirer la station service et à avoir mal au bras à force de le lever, après avoir eut le droit à un certains nombre de messages de soutien venant de personne n’allant malheureusement pas dans la bonne direction, j’ai craqué. Avec le décalage, il est passé une heure du matin pour moi. Pas vraiment une heure pour continuer à faire du stop. Et puis si quelqu’un s’arrête maintenant, ça veut dire que j’arrive à destination vers 23h30. Dans le noir complet, à un endroit que je ne connais pas du tout. Pas top.

    J’hésite encore un peu. J’avais repéré, en arrière de la banque à côté de la station service, un endroit qui semblait pas pire pour planter la tente. Un peu isolé, un peu tranquille. Je me décide finalement à aller voir, mais ce n’est pas concluant. Je vois une voiture arriver. Je décide de donner une dernière chance à mon pouce. Je coupe à travers le fossé. Je n’ai pas pensé une seule seconde qu’il pouvait être plein de boue. Une chaussure dégueulasse, l’autre pas terrible, une jambe de pantalon salie, et une voiture qui ne s’arrête pas.

    Je crois qu’il y a un camping un peu plus loin. Je marche. Et puis je passe devant la caserne des pompiers. Il y a de la lumière, et surtout un petit coin de terrain très joli, avec un petit sapin au dessus. Je demande s’il y a quelqu’un. Après plusieurs tentatives, j’ai finalement une réponse.

    J’explique mon malheur ; je demande si je peux monter la tente sous le sapin. On me sourit, on me dit « oui oui bien sûr », et je me retrouve, assis en tailleur, le portable sur les genoux, à me plaindre de ne pas avoir pu voir un coucher de soleil sur le pacifique ce soir ! Et surtout, à me demander si j’aurais plus de chance demain…

    Une tente, un petit sac de couchage, et un gros manteau. Le sol est pas très confortable, mais ça me rassure : je suis encore jeune si j’arrive à dormir là dessus. Quand à la température, je m’y attendais, mon sac de couchage n’est pas suffisant. Pas grave, je dors quand même plutôt bien. Le bruit des voitures et des camions qui passent, de temps en temps, pendant la nuit, me berce délicatement en me rappelant les nuits dans le Pourquoi Pas ?.

    Je me réveille régulièrement toute la nuit, et finit par me décider à me lever, n’arrivant plus à me rendormir au 47e essai. Il est 7h du matin. Je plie la tente, range tout dans mon sac. Il y a trois jours, Dominique – une amie – m’expliquait à quel point elle était habituée à son sac et à sa multitude de petites poches. Quand j’ai magasiné le mien, j’ai vérifié la taille, j’ai vérifié le confort, je n’ai pas vérifié la multitude de petites poches. Mon sac est donc un magnifique bordel dans lequel il m’est impossible de retrouver quoi que ce soit. Pas très grave. Il est toujours aussi lourd à matin, par contre.

    Je n’ai pas envie de jouer au jeu de la veille consistant à admirer une station service pendant deux heures, alors je me mets à marcher tout de suite, le pouce levé. Les voitures passent, passent, et passent encore.

    Je marche depuis prêt de trois quart d’heures quand quelqu’un s’arrête finalement. Il va, justement, à Tofino ! Il s’appelle Christophe, il est suisse mais quand même sympa, et en vacances. J’embarque, soulagé. Je commençais à me demander si j’allais devoir marcher les 170 kilomètres…

    La route est belle. Les paysages à tendance plutôt magnifiques. On discute avec Christophe, tout en admirant ce qui nous entoure. Il continue son voyage vers Calgary par la suite. Je lui donne donc un certains nombre de suggestions de choses à voir dans les Rocheuses. Les nuages s’accumulent tranquillement. Du beau ciel plutôt bleu de matin, il ne reste qu’un ciel très gris. Le soleil semble vouloir percer à quelques reprises, mais ne fait pas assez d’effort pour que ça dure. Nous arrivons donc à Tofino sous un ciel plutôt gris…

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    En fait, je suis plutôt déçu par Tofino. Avec tous les échos que j’en ai eu, je m’attendais à mieux. J’avais sans doute mis la barre un peu trop haute. Soyons honnête, le ciel gris n’aide sans doute pas. Pas plus que le temps perdu à attendre que des voitures s’arrêtent. Il y a un petit côté « tout ça pour ça » indéniable. Christophe me dépose ; je lui souhaite un bon séjour, puis je me dirige vers l’épicerie. Dans la perspective où je fais du camping, éventuellement sauvage, sur l’île de Vancouver, je préfère ne pas avoir de nourriture sur moi. Et puis ça contribue un peu à alléger un sac qui, j’en suis parfaitement conscient, est rempli de choses bien inutiles.

    Je me fais un repas des plus simples, sur le bord de l’eau, en réfléchissant. Les paysages environnants laissent quand même imaginer beaucoup de choses. À n’en point douter, une balade en bateau au milieu de tout ça doit être une aventure fascinante. Mais ce voyage doit être à budget réduit, et ce n’est pas le moment que je commence à sauter sur toutes ces activités touristiques.

    En fait, j’en viens un peu à me demander ce que je fais ici. La ville n’est pas plus inspirante que ça, contrairement à ce qui m’a été dit. À part des boutiques pour touristes et des boutiques pour touristes, il n’y a pas grand chose. J’imagine que l’endroit peut justifier que l’on s’y installe, histoire de vraiment s’imerger dans la vie locale, mais ça n’est pas dans mes projets à courts termes de toutes façons.

    Je décide de me diriger vers le centre d’informations touristiques que j’ai vu un peu plus tôt dans la ville. Histoire de trouver quelques suggestions, et peut être un endroit à dormir. Juste avant le centre, je tombe devant un café qui a l’air très sympa, et qui offre internet sans fil. J’ai des envies de chocolat chaud. Je rentre. La serveuse est très sympa, et le mot de passe de la connexion internet « smilefirst » me rappelle le « welcome:) » que j’avais instauré pour les gens en visite chez nous.

    Je passe une grosse heure sur internet, à regarder deux trois petits trucs, à essayer de prévoir la suite, mais aussi le maintenant.

    Je n’en démords pas. Maintenant, dans ma tête, ça ne rime pas avec Tofino. Je ne doute pas qu’il y ait plein de choses géniales à faire, mais sans doute pas quand on a que très peu de temps, et que l’on est en stop.

    Je suis content d’être venu ; c’est un nouveau « point le plus à l’ouest » où je suis jamais allé ; mais je n’ai pas envie de rester. Je remets mon sac sur mes épaules, et me repose sur le bord de la route. Mon objectif : Pacific Rim Park, à 20 kilomètres d’ici, où je compte bien trouver un camping, et une plage avec vue sur le soleil couchant. À condition que les nuages se lèvent…

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    Les 20 kilomètres qui me séparent du camping de « Green Point » me prendront une heure et demi. Une première personne s’arrête après une vingtaine de minutes d’attente. Il m’avance de quelques kilomètres, mais c’est toujours ça. Je ne comprends toujours pas le comportement des gens. J’aimerais bien dire à ceux qui me font signe qu’ils ne vont pas loin, que « pas loin » c’est une destination parfaite pour moi. Si 5 personnes me font faire 4 kilomètres chaque, c’est parfait, je suis rendu. Je comprends encore moins ceux qui vont juste me dire « bonjour » de la main. Est-ce une façon de me narguer ? De me dire « oui oui, je t’ai vu, mais en fait je ne m’arrête pas ». Il y a aussi ceux qui me regarde avec dédain, ou avec pitié. Les automobilistes sont des créatures étranges.

    Et puis finalement, alors que je commence à me dire que quitter Tofino va être encore plus dur que s’y rendre, une autre voiture s’arrête. Emry peut m’amener jusqu’au camping ; c’est parfait. Quand je lui parle de mes longues attentes, il semble assez surpris. En même temps, il me rappelle – à juste titre- que voyager sur le pouce implique d’être zen et pas pressé. C’est la première fois que je voyage comme ça, et a priori, c’est juste pour quelques temps, sur l’île de Vancouver uniquement. Mais il est vrai que je suis un peu serré par le temps, et que j’aurais peut être du me donner un peu plus de marge de manœuvre. Je serais peut être moins stressé. Il n’empêche que j’ai du mal à me considérer en voyage quand je reste debout sur le bord de la route à avoir mal au bras à force de le lever pour chaque voiture !

    J’essaierais d’affronter le voyage jusqu’à Victoria avec plus de zenitudes…

    À l’accueil du camping, la responsable enchaîne un « hello » puis un « bonjour » qui vient de me rappeler que nous sommes dans un parc national, et par conséquent, bilingue. On discute un peu, elle m’indique un petit emplacement de camping pour les gens qui arrivent à pied ou en vélo, et je vais m’installer.

    Je monte la tente, je cache le sac à dos à l’intérieur et… je suis libre ! Je suis en vacances, pour de vrai, j’ai du temps devant moi, je peux jouer les touristes pour de vrai cette fois. Ne pas avoir le sac sur les épaules est un soulagement certains !

    Je profite de ma liberté retrouvée pour aller me promener en prenant tout mon temps sur la plage.

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    Je n’ai pas nécessairement envie de faire des folies, ou des milliers de kilomètres à pied. Je commence juste à retrouver enfin le plaisir d’être en voyage. Il m’a effleuré à quelques reprises depuis mon départ de Montréal, mais sans vraiment réussir à s’imposer. Le voilà enfin de retour, et ça fait du bien !

    Après une longue balade sur le bord de l’océan, je reviens au camping traversé par une réalisation soudaine. C’est la dernière fois que je vois le Pacifique de ce côté avant un bon bout de temps. J’ai pris l’habitude de le regarder vers l’ouest, d’admirer ses couchers de soleil. Bientôt, je me mettrais à le regarder vers l’est. Il faudra que je me lève tôt, pour regarder le soleil monter ! Je n’ai plus vraiment le choix : ce soir, je dois faire ma photo de coucher de soleil ! Peut être aussi que depuis Portland je ferais une petite virée express vers la côte après tout, je ne sais pas encore.

    Si la plage est jolie, je reste à nouveau un peu sur ma faim. Ça n’a pas la majesté de la côte de l’Oregon, toute déchiquetée, avec ses falaises et ses rochers.

    Je m’offre un petit tour de camping. Le voyeurisme de camping est un sport que j’adore. J’aime comparer les différents niveaux d’installations des gens. De la simple tente posée distraitement dans un coin au camping car entièrement et complètement aménagé. L’échantillonnage est complet !

    Les mots me tournent dans la tête depuis un moment maintenant. Ça fait plusieurs semaines que j’avais l’idée de ce que je voulais écrire, mais sans réussir à m’y mettre vraiment. Après tout, j’ai toujours ce projet de livre, commencé à bord du Pourquoi Pas ?. Certes, il a continué à avancer à mon retour à Montréal, mais je suis en train de découvrir que j’écris mieux quand je suis sur la route. Concentré sur moi même, en tête à tête avec ce que je ressens. Il y avait un peu cette envie cachée, en arrière de ce voyage. Même si l’histoire continuait d’avancer un peu, j’espérais lui donner le coup de fouet final.

    À vrai dire, l’inspiration semble être au rendez-vous, et l’histoire a bien avancé. Je suis resté un long moment à écrire, assis à une table, en suivant le fil des mots. Ça fait toujours autant de bien quand ça fonctionne ! Arriverais-je à me rendre jusqu’au bout ? C’est possible. J’ai le fil conducteur, j’ai le début, la fin, beaucoup d’idées pour le milieu. Je n’ai plus qu’à compléter. À date, ça se passe bien !

    Sauf qu’à force de rester assis sans bouger, au milieu des bois, sur le bord de l’océan, par temps nuageux, même si c’est l’été, on finit par se refroidir ! Jusqu’à ce que je me rende compte que nuageux, le temps l’est de moins en moins. Il semble avoir une volonté non dissimulée de nous offrir un magnifique couché de soleil.

    Je redescends donc sur le bord de la plage, pour me réchauffer un peu, et pour repérer les lieux. Et aussi pour découvrir que, contrairement à ce que je pensais, la plage n’est pas du tout orienté nord sud ! Le soleil semble se décider, tranquillement pas vite, à aller se coucher derrière les arbres que l’on voit là bas. Quel manque de savoir vivre !

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    Après une autre petite séance d’écriture au chaud dans la tente, je fais un dernier aller retour à la plage, pour dire au revoir au soleil. Comme prévu, celui-ci va se cacher derrière les arbres plutôt que derrière l’océan. Mais ça reste toujours aussi beau à voir.

    Comme je suis arrivé en bas un peu en avance sur les dernières lumières du soleil, j’ai emmené de la lecture avec moi. « L’Ombre du vent », que Iris m’a offert il y a quelques temps. Je l’avais prévenue que, profitant de son format de poche comparé aux briques que je lis généralement, je le mettais de côté pour mon voyage. Je l’ai donc attaqué avec délectation dans le bus qui m’a amené à l’aéroport, puis dans l’avion, dans le bus, sur le bateau… un peu partout, donc. Un vrai plaisir à lire ! Un livre qui parle de livres, après tout !

    J’alterne donc photo de soleil se couchant et lecture passionnante.

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    Le soleil une fois caché derrière les derniers nuages, je remonte m’installer dans la tente. On ne perd pas les bonnes habitudes : toujours amener un peu de travail avec soit, pour le soir, dans la tente, avant de se coucher. Je finalise donc un petit projet qui s’éternisait depuis bien longtemps, avant de m’installer, aussi confortablement que possible, pour une nuit qui sera, très probablement, trop froide.

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