Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionSeptember 25th, 2015
  • La journée étant déjà bien avancée, l’idée était de faire un peu de route. Parce que de toute façon, notre prochaine étape ne devait pas être très folichonne. Nous sommes sur la côte est, et nous allons attaquer la série des grandes villes… New York, Philadelphie, Baltimore, Washington… mais nous ne sommes pas d’humeur à faire du tourisme urbain. Pas cette fois. Pas alors que l’on voyage en van. Alors on a décidé d’accorder une journée à Philadelphie, pour voir. Et aussi une journée à Washington, parce que j’aimerai bien faire un ou deux musées du Smithsonian Institute (ils ont la bonne idée d’être tous gratuits). L’objectif était donc de nous rapprocher de Philadelphia le plus possible, de squatter une aire d’autoroute, et d’aller en ville le lendemain matin. Nous avons donc pas mal roulé de nuit, avec changement de conducteur. J’ai donc eu la chance et le privilège de conduire Shambala. Et aussi la douce nostalgie de retrouver le levier de vitesse au volant, et les habitudes de conduire un Dodge… j’ai aussi eu le privilège de conduire pour la traversée de New York. Avec les autoroutes blindées et saturées de voitures à 22h et les gens qui font n’importe quoi.

    C’est quand nous nous sommes arrêtés sur une aire d’autoroute que nous avons eu l’explication du pourquoi du comment… François est de passage aux États-Unis. Oui, oui, ce François là. Le pape François arrivait à New York le jour même, et nous rejoignait à Philadelphia le lendemain… on a vu pointer le plan galère. On s’est dit que visiter Philadelphia avec le pape en ville c’était pas une bonne idée… mais on a décidé de ne pas changer nos plans.

    On a passé une bonne nuit sur l’aire de repos, et frais et dispo le lendemain matin (oui, on parle bien de quatorze heures du matin) on a repris la route de Philadelphia. Comme j’avais tout bien repéré l’itinéraire, et qu’il était facile (l’autoroute traversant la ville) on n’a pas pris soin d’allumer le GPS. On savait qu’on avait une petite heure de route devant nous, et c’est tout.

    Ça faisait une bonne heure que je conduisais quand j’ai commencé à me poser des questions. Quand j’ai vu qu’on arrivait au bout du New Jersey, j’ai relevé qu’il y avait sûrement un problème. On s’est arrêté. On a regardé une carte. On a demandé au GPS. Ah bin oui. On a dépassé Philadelphia d’une bonne demi-heure. Je n’avais pas bu ; j’ai bien regardé les panneaux ; je n’ai pas vu passer Philadelphia. Et puis bon, d’après le plan, on devait traverser la ville, quand même ! Bref, c’est la première fois de ma vie que j’arrive à rater une ville. On en a discuté. On a hésité. On a réfléchit. On a décidé de laisser tomber. Dieu nous a envoyé un signe. Il ne voulait pas que l’on rencontre le pape ce jour là. Qu’il en soit ainsi. Nous laisserons donc faire Philadelphia. À la place, nous avons décidé de remonter vers Lancaster, et les terres Amishs. Laurie est intriguée par cette culture. Moi, je ne vois pas de raison de ne pas jeter un oeil.

    Nous sommes donc allés jusqu’à Lancaster, empruntant des routes assez jolies. Je visualise assez facilement dans ma tête un paysage typique « à la française ». Là, sur ces routes sinueuses, j’ai vraiment l’impression d’un paysage typique « à l’américaine ». Je trouve ça agréable ces maisons ouvertes, sans haie à l’avant, avec uniquement un gazon invitant. Je me souviens que c’était l’une des premières réflexions que je m’étais faite lors de mon tout premier voyage au Québec… il y a 15 ans de ça (coup de vieux !). J’aime ces maisons qui donnent l’impression que l’on est les bienvenus.

    Lancaster

    Et nous sommes arrivés à Lancaster. Ville dont Laurie ne savait quasiment rien du tout, et dont je ne connaissais moins que la moitié de rien du tout. En fait, je savais juste que c’était une ville de Pennsylvanie (facile, c’est l’état dans lequel nous étions) et qu’il y avait beaucoup d’Amish autour (facile, Laurie me l’avait appris).

    Nous nous sommes garés au centre-ville. On est allé discuté un peu à l’office du tourisme. Accueilli par une demoiselle adorable qui nous a donné quelques pistes pour explorer la région le lendemain. Et, après que je lui ai demandé, elle nous a confirmé que « oui, la brasserie juste à côté est très sympa ».

    Nous avons quand même décidé de commencer par une petite balade dans les rues. D’abord le marché central, endroit bien sympa où on a fait quelques provisions, puis les rues des environs.

    Il m’est arrivé à quelques reprises que l’on me dise d’une ville « tu devrais aller là, ça te plaira ». J’arrivais donc dans ces villes où je ne connaissais rien, pour découvrir un endroit vraiment inspirant. Je pense à Nelson (BC), Ashland (OR) et quelques autres. Mais la surprise est encore plus belle quand on arrive dans un endroit complètement par hasard, et que la ville sait nous charmer. Eugene (OR), Tucson (AZ) sont de très bons exemples… auquel je peux désormais rajouter Lancaster (PA).

    Des boutiques assez variées, un centre-ville tout petit, mais assez actif, des lieux inspirants. Des gens plutôt souriants. Des ensembles de magasins, regroupés dans un même entrepôt, avec toute sorte de folâtries. Après un moment, j’arrive même à trouver un adjectif pour décrire l’ensemble. J’avais l’habitude des lieux bobos ; voilà que je découvre une ville bochrébo. Oui oui, vous avez bien deviné. Comme dans bourgeois chrétien bohème. Parce que Dieu il est quand même un peu souvent trop là à mon goût, dans de bien nombreuses citations. Mais c’est pas grave. Ça me plait quand même.

    Nous avons encore marché un peu, avant d’aller nous poser à la brasserie. Où je me suis installé bien sagement devant mon verre de stout au chocolat. Une stout qui mérite bien quatre étoiles, je trouve. Tiens, ça me fait penser d’ailleurs, qu’il faudra que je vous en parle de ces histoires d’étoiles un de ces jours. Mais plus tard. Quand j’aurais un peu de temps. Parce que là tout de suite, c’est un peu limite…

    La fin d’après-midi à la brasserie a été des plus sympas. Nous nous sommes retrouvés à discuter avec un couple dans la soixantaine (je n’ose plus dire « de petits vieux »). Originaire du Rhode-Island, ils viennent régulièrement à Lancaster pour acheter des antiquités. Comme ils le disent en rigolant « nous venons dans le sud acheter des antiquités, et ensuite ceux du sud viennent dans le nord pour les racheter. On fait des aller-retour régulièrement, les prix augmentent petit à petit, ça fait tourner l’économie ». Couple très sympa, donc. Avec un sens de l’humour agréable. On passera une bonne vingtaine de minutes avec eux, à rire de tout et de rien, sans fil conducteur.

    Et puis on se dit au-revoir. Eux rejoignent leur bed and breakfast. Nous, on rejoint notre parking de Walmart… Parce que oui, Walmart autorise les gens à dormir sur le parking. Ce qui, en dépannage, peut parfois être bien pratique.

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