J’ai donc mis le réveil à 8h du matin. Vous avez bien lu. 8h. Du matin. On est lundi. Le changement d’heure c’était hier. Et je mets le réveil à 8h du matin.
Parce qu’il y a une randonnée que j’ai très envie de faire. Deux autres lignes que j’ai envie de connecter. Un autre retour en arrière. Une autre boucle. J’aime les boucles ! Sauf que la météo elle dit qu’il va commencer à faire gris vers 12h/13h. Comme j’ai 3h de grimpette pour arriver en haut, je préfère partir tôt, espérant éviter une déconvenue. Au programme du jour ? L’ascension du Puchilibro par la face nord ! Deux indices (pas faciles du tout) dans le dernier post : le panneau indiquant « Loarre » et une photo où l’on voit le petit dôme arrondi du sommet (que j’arrive à reconnaître maintenant que je le fréquente suffisamment). Je l’avais fait par la face sud, depuis le Castillo de Loarre ; j’aimais l’idée de le faire depuis la face nord. Pour deux raisons : me donner l’impression que j’ai traversé la montagne d’un côté à l’autre (certes en deux fois), et retourner à un point d’observation connu, pour voir ce que j’ai appris depuis mon dernier passage. J’aime le symbole du cercle ; plus encore celui de la spirale : on ne revient jamais exactement au même endroit. Entre temps, on a grandi, appris, changé…
Aujourd’hui, je sais que je vais marcher longtemps. C’est prévu. Je suis en plein forme, même après une nuit un peu courte. J’ai suffisamment enchaîné les kilomètres ces derniers temps, tout va bien. Et heureusement :
Ce qui, une fois terminé, donnera (tout) ça :
Et cette fois, l’échelle verticale est à prendre avec sérieux !
Le démarrage se fait plutôt tranquillement. Je dois bien reconnaître que je préfère commencer par un peu de platitude avant d’attaquer les montées super raides. Le soleil est déjà grisailleux… bon… bin je ferais avec…
(Le Puchi, on le voit sur la deuxième photo ; la bosse qui dépasse un peu)
Et puis le paysage disparaît. La grimpette commence, sous les arbres. Sur un chemin super agréable, quoi que raide, mais bordé de primevère. Et c’est quand même assez joli. Pendant un moment, c’est tout ce que j’aurais à voir. 600 mètres de gagnés en 4 km, ça fini de bien réveiller en tout cas !
Je finis par sortir de la forêt. Une dernière grimpette me permet d’atteindre la crête. Et -sinon c’est pas drôle- de retrouver le vent. Celui-ci a la gentillesse de ne pas être trop fort pour le moment. Mais le ciel, lui, reste bien couvert, refusant d’offrir le paysage… côté sympa, par contre, je suis vraiment la crête pendant un moment. Chouette petite arrête rocheuse, comme j’aime bien. Pas de précipice à droite, pas de précipice à gauche. Juste le plaisir de marcher « sur le bout des cailloux ». Un bout de montagne s’est relevé par ici, pour offrir un chemin dégagé. Un peu chaotique, mais plutôt sympa.
Et je finis par rejoindre le point par lequel je suis monté depuis le château de Loarre.
Les deux points sont connectés, j’ai donc traversé la Sierra de Loarre d’un côté à l’autre. Tiens… Sierra de Loarre ? Et oui ; petite erreur de ma part, dans la dénomination des montagnes du coin qu’il me fallait corriger. Le Salto de Roldàn marque la séparation entre la Sierra de Guarra (à l’est) et la Sierra de Loarre (à l’ouest). Et non pas la Sierra de la Peña comme je l’avais alors écrit par erreur… la Sierra de la Peña, c’est au nord ouest d’ici. Au niveau du monastère de… San Juan de la Peña. Ça fait sens. Et que les choses soient claires : pour moi, il y a d’abord eu le château de Laorre. Qui a donné son nom à la montagne, et au village. Si si, ça c’est sûrement passé comme ça !
Une dernière petite ascension, et je finis par atteindre le sommet.
Ouais… youpi… chouette… bref… en plus, cette fois, le vent s’en donne à coeur joie. Il fait froid. J’ai pas envie de m’éterniser.
Par contre, on va faire un truc ; on va retourner dans le passé.
C’est déjà un peu mieux, vous trouvez pas ?
Troisième photo : l’arrête rocheuse et la crête que je viens de longer (depuis les antennes). Une grosse bosse en arrière à gauche, qui cache la bosse légèrement plus petite que j’ai grimpé lors de ma rando-train. Plus sur la gauche, trois bosses. Celle du milieu : la peña del Sol. Légèrement à droite du sommet le plus élevé de la photo (lui, je suis même pas allé lui rendre visite le pauvre) on devine l’affleurement rocheux qui descend sur les gorges du Gallego.
Quatrième photo : le pico Gratal, au fond presque au milieu. Un peu en avant sur la droite, les falaises de l’Ermitage. Au fond à gauche, blanchi par la neige : le Tozal de Guara. Toujours un peu de futur donc…
Cinquième photo : on devine le lac de la Peña au bout de la vallée. La longue falaise tout à droite, c’est San Cristobal (à son pied gauche, le monastère de San Juan de la Peña, que l’on ne voit évidemment pas) et donc la Sierra de la Peña.
Sixième photo : Oroel. Derrière, c’est Jaca. Derrière encore, mais déjà caché à ce moment là, les Pyrénées. On devine quand même un peu de neige.
Voilà… tout ces paysages que j’ai appris à connaître ces derniers jours, et à qui j’aurais bien aimé dire au-revoir. Que j’aurais bien aimé admirer une dernière fois, dans toute leur majesté ; dans toute leur splendeur…
Bon… bin y a pu qu’à redescendre tout ça maintenant. Là encore, en faisant une boucle. La dernière fois que j’ai monté le Puchilibro, plutôt que prendre l’itinéraire officiel, je suis parti par le chemin qui descendait à travers les arbres (et la neige), avant de rejoindre un chemin pour aller voir l’ermitage. Cette fois, je descends par le chemin « officiel ». Et il se trouve que ce chemin là, il rejoint l’arrête rocheuse, et il redescend en la longeant à nouveau. Je ne sais pas trop expliquer pourquoi j’ai autant de plaisir à suivre cette arrête, mais heureusement qu’elle est là, parce qu’à défaut du paysage, ça sera ma plus grande source de bonne humeur de la balade.
Et je finis par rejoindre le chemin ; si je tourne à droite, retour au château. Si je tourne à gauche, je rejoins le chemin qui m’a amené à l’ermitage. Et surtout (avant l’ermitage) je peux à nouveau tourner à gauche, et redescendre sur Rasal. Du coup, bin je prends à gauche.
Sans surprise, le chemin est encore plus ennuyeux par ciel gris que par ciel bleu… la bonne nouvelle, c’est que j’en ai pas trop long à faire. J’arrive au carrefour qui enchaîne sur la descente. Enfin sur la fin de la descente, parce que j’ai déjà redescendu un peu déjà (et remonté un peu aussi, sinon c’est pas drôle). Il reste quand même presque 700m de descente en 5,5 km. C’est bien raide à nouveau !
En chemin, j’en profite pour faire une photo du Chamion, parce que ça fait longtemps !
quoi, comment ça vous le voyez pas ? Bon, je replace le 17mm par un 250.
Ça parle un peu plus ? Toujours pas ?
Pas de zoom numérique. Juste un recadrage de la photo précédente pour mieux voir. Ca faisait longtemps que j’avais pas fait ça tiens. C’est con, c’est un jeu tout bête que j’aime bien !
La descente commence par tirer un peu sur les jambes à la fin… mais je finis quand même par m’en sortir, et à retrouver la maison.
J’ai les jambes fatiguées un peu. Il parait qu’après 19,71 km (oui, j’ai hésité à faire 290 mètres dans le village, mais finalement non) et 1129 mètres de dénivelé (1130 si on compte l’échelle pour remonter dans le Chamion), c’est normal. En tout cas, moi ça me choque pas, et j’assume.
La suite du programme est connue. La météo annonce deux jours de gris. Puis le soleil ressort. Avec trois jours de vent, avec des rafales pouvant atteindre les 80 km/h et une chute des températures… J’aurais dû être plus précis quand j’ai dit que je voulais du soleil…
Dans l’idée, je devais aller à Arguis, point de départ pour la rando qui va au sommet du pico Gratal. Et après Arguis, redescendre sur Huesca, parce que ça fait longtemps. Et aussi parce que, même si les courses ravitaillement de Jaca me permettront de manger encore quelques jours, j’ai quand même besoin de faire un ravitaillement sérieux. Et comme de Arguis je serais à 25 bornes de Huesca, c’est assez facile à jouer.
Je reprends donc la route. Toujours aussi petite ; toujours aussi propice à ne pas rouler vite et à profiter du paysage. Coup de cœur perso pour le monte Peiró (le magnifique triangle tout droit). J’avance un peu vite, et je le regrette. Pas en terme de vitesse de Chamion (je fais des pointes à 22 km/h) mais en terme de journées. Il me semble que ça aurait justifié deux ou trois escales en chemin. Deux ou trois randonnées de plus. Parce que oui, le Peiró doit offrir une vue magnifique sur les environs quand même… même si, il est vrai, le côté nord de la Sierra Loarre est moins impressionnant que sa face sud. Enfin, on verra ce que je réserve l’avenir (et surtout la météo)… je finis par arriver sur le lac de barrage de Arguis. Là encore, je ne prends pas le temps de m’arrêter. Pas aujourd’hui. Pas avec ce ciel.
Et à Arguis, je retrouve l’autoroute. La quoi ? Oui oui, l’autoroute ! Qui connecte Zaragoza à Huesca, puis Jaca. Et de là, en route nationale, à Pau via le tunnel de Somport. J’avance à une allure d’escargot. Je parcours de toutes petites distances. Je ne réalise jamais tout à fait que je ne suis jamais loin de la France. Je pourrais revenir tellement vite. Si j’en avais envie. Ou quand il le « faudra » (et je pourrais alors à ce moment là parler de ce projet mystérieux !).
C’est très étrange de se retrouver sur une autoroute. Je ne sais plus quand j’ai dépassé les 45 km/h pour la dernière fois. Il y a quelque chose de grisant à toute cette vitesse. 70… 75… je m’offre même une pointe à 90, parce que ça fait longtemps. Mais je reviens à 70. C’est une vitesse qui me plait. Et puis bon, ici, même sur les autoroutes, y a du paysage à admirer !
Les 25 km passent à toute vitesse. Relativement. Comme d’habitude. Un peu après, je suis garé sur un parking de supermarché. Histoire de faire les choses un peu sérieusement, je prends un chariot. Clairement, il faut refaire les stocks. C’est étrange d’être au sommet d’une montagne à 13h, et à errer dans les rayons d’un supermarché en milieu d’après-midi. Je me demande si en faisant tous les rayons, je peux valider mes 290m manquants… si je compte aussi le parking, ça doit être bon ?
Ça fait partie des charmes des villes comme Huesca je trouve. Au même titre que Grenoble, d’ailleurs. Pouvoir s’évader dans les montagnes, et revenir si facilement… j’ai pris une éternité pour faire ma boucle en Chamion. Je n’ai jamais été à plus de 50 km de Huesca (c’est pour ça qu’il y avait quelque chose de frustrant à ne pas avoir de moyen de transport alternatif pendant que j’étais bloqué à Huesca pour mes problèmes de démarreur ; j’aurai pu faire des virées quotidiennes dans tous les sens).
Je jette toutes les courses en vrac à l’arrière de la maison. Range le chariot. Et retourne à mon aire de camping-car habituelle, où il ne devrait plus tarder à y avoir une plaque à mon nom, pour me remercier de mes visites aussi fréquentes. Et où je peux prendre le temps de tout ranger. Dans tous les tiroirs. Ça ne déborde pas. Il reste même encore un peu de place. Mais pas tant que ça !
J’ai quitté Huesca (la dernière fois) le 11 mars, en direction du Castillo Loarre. Je reviens 17 jours plus tard, après avoir roulé 150 kilomètres. En Chamion. Parce qu’à pied, j’ai fait 10 randonnées, cumulant 172 kilomètres et 6100m de dénivelé. Ça commence à être pas mal je trouve. Et surtout, ce qui me plait le plus, c’est l’idée de faire plus de distance à pied qu’en Chamion !
Si je résume, ça veut dire que la Sierra de Loarre, pour moi, désormais, c’est ça :
Et vous savez quoi ? Après quelques jours à Huesca, le soleil est revenu, le vent commence à s’en aller. Les températures ont chuté, mais le froid m’empêchera pas de compléter encore un peu cette carte (genre toute la partie est) !
Tu aurais dû faire une photo du chariot de supermarché plein à ras bord !
Ça fait une tripotée de belles randos !
J’espère que tu vas avoir une météo plus plaisante. J’ai hâte de voir la carte remise à jour !