Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionJuly 25th, 2015

Ce sera donc mon troisième rêve. Le premier avait été une magnifique découverte. Olive Tree Dance m’avait permis de redécouvrir le didgeridoo, et surtout Yakch’e m’avait fait rêver. Un éclair de bonheur et d’amour dans ma grisaille de banlieusard parisien (période de ma vie heureusement fort courte !).

Mon deuxième rêve avait été tout aussi beau, et les découvertes musicales encore plus nombreuses (la folie des Violons Barbares, et surtout l’osmose parfaite entre Adèle, Zalem et les Matsumoto Zoku, sans oublier le retour de Yakch’e, sur la scène libre). Et une rencontre magnifique (Lunoï, si tu passes par là, tu as le droit de te reconnaître).

Il était clair que je serai de retour sous les cèdres d’Airvault cette année si ma localisation le permettait. Et surtout, j’avais envie de faire durer le festival. Arriver plus tôt, repartir plus tard. Pour ça, une très bonne solution : jouer les bénévoles. Je ne suis pas un habitué du bénévolat sur les festivals. Je ne l’ai été qu’en Australie, pour le Wide Open Space et pour le Barunga Festival. J’avais adoré l’expérience parce que j’avais adoré ces deux festivals. Je n’ai pas envie de donner mon temps à n’importe quel festival (Vade Retro Comfest) mais pour le Rêve, aucun doute n’était permis. Je voulais insuffler un peu de mon amour dans cette bulle d’amour déjà bien conséquente. Avoir le plaisir de me dire qu’une partie de tout cela arrivait grâce à moi. C’était chouette.

Alors j’ai pris ma petite dame bleue, et j’ai traversé toute la France. Pour arriver non pas sous les grands cèdres, mais dans l’entrepôt du Rêve. Parce que oui, un festival, ça prend de la place quand il faut tout ranger. Quelque part sur la petite commune de Saint Généroux. Avec son vieux pont, et sa vieille église (l’une des plus vieilles de France d’après le panneau qui se trouve devant).

J’aime passer du côté des coulisses de temps en temps. Participer au « making off ». Je le fais depuis un moment sur BeWelcome, et j’ai appris beaucoup de choses intéressantes. Mais sur un festival de cette envergure, l’expérience était nouvelle. Je me disais que l’équipe « montage / démontage » serait composée d’une dizaine de personnes aux gros bras. En réalité, l’équipe devrait peut-être s’appeler « déménagement ». Parce qu’au final, on remplit des camions, et on les vide. On reremplit, et on revide.

Une quintaine de responsables, sous les ordres de Coco et Clairette, s’occupent de dispatcher tout ça. Quarante volontaires le dimanche soir. Soixante-dix dès le lundi. Vous vous en doutez : l’équipe cuisine recrute !

Je suis en vacances. En pause de rénovation. Pas de grenier à démonter, de bois à trier ou de voyages à la déchèterie à faire. Non, pour les vacances, je rempli et je vide des camions. Dans la joie et la bonne humeur. Avec des gens souriants, enthousiastes et heureux.

Et bien sûr, j’ai eu la bonne idée d’amener mon Swag. Six étoiles filantes la première nuit, alors que le ciel était nuageux, c’est plutôt du bonheur. Avant de voir le site, enfin, le lundi matin. Entièrement nu. Entièrement vide. Enfin non. Les cèdres sont bien là. Le ciel a été plutôt gris le matin. Pourtant, il s’est dégagé au moment même où j’arrivai sur le site pour la première fois. Le soleil m’a souhaité la bienvenue, et c’était magnifique. Le frisson que j’ai ressenti à ce moment là était-il du au changement de température ? À mon excitation ? Ou aux lieux qui me reconnaissaient et m’accueillaient ? Il y a trois façons de voir les choses. Et pour moi, c’est très clairement un mélange des trois.

Je suis passé d’une équipe à une autre. Travaillant avec un peu tout le monde, essayant de transférer au maximum mon enthousiasme et mon énergie. Et me donnant à fond. Parce que je me suis amusé comme un fou à remplir des camions, à charger des palettes en chantant (lundi, des palettes, mardi, des palettes…) à installer des barrières eras (mercredi, des barrières, jeudi, des barrières…) et trimballer des plots de 36 kilos à 7 heures du matin.

J’ai surtout adoré regarder ce petit groupe évoluer. Voir les liens se créer, les amitiés se former. Garder un peu mes distances, parce que je sais que je pars bientôt, mais quand même me laisser imprégner par tout cet amour que nous avions à partager, à donner, à échanger. Hélène, Pauline, Milo, Simon, Kid, Coco et bien sûr Nora. Et tous les autres…

Dans ce contexte, le Rêve a presque été une parenthèse. Le petit groupe a éclaté, chacun s’en allant vivre un Rêve de son côté. Avec ses amis, à son propre rythme, à sa façon. Nous nous recroisions au gré des déplacements et des concerts. Le temps d’échanger quelques mots, d’écouter quelques notes, et de repartir. Et puis il y a eu cette magnifique surprise. Lilou, sortie de nul part, venu partager un peu de mon Rêve. Depuis le temps que je savais que c’était un endroit fait pour elle ! Côté musique, de magnifiques découvertes à nouveau. Peut-être pas de coup de coeur aussi fort que les deux premières années, mais quelques très bons joueurs de didgeridoo (Kid et l’association « sur un air de didge ») , Gauthier Aube, Flyroots…).

Le Rêve s’est terminé. Le Rêve a continué. Inception ? Peut être un peu. Le Rêve dans le Rêve… Nous nous sommes retrouvés, toute la petite famille des monteurs / démonteurs. Nous avons retrouver notre rythme. Nous avons retrouvé nos camions à charger, et les barrières eras à transporter. J’avais aussi quelques histoires dans ma poche, que j’ai eu la chance de partager avec un public idéal, dans des conditions idéales. Le plaisir de pouvoir donner autant d’amour à tant de personnes si belles…

Et puis nous avons fini de démonter. Nous avons vidé un dernier camion. Et les cèdres ont retrouvé leur tranquillité et leur sérénité. Je leur ai dis au revoir. Avec Lilou, qui était restée elle aussi. On a dit au revoir à tout le monde. Enfin presque. Le Rêve a duré une journée de plus, avec Pauline, Hélène, Simon, Milo et Anatalia. Et finalement, j’ai repris le chemin du retour. Seul avec Lilou, dans ma petite dame bleue, emportant un peu de Rêve avec nous.

Quand on me demande « où est ta maison », je réponds que ma maison est là où mon coeur se trouve. Et mon coeur se trouve un peu partout. Il se trouve aussi à Airvault, sous les cèdres. Là où je reviendrai encore et encore. Là où nous avons construit un Rêve.

2 commentaires

  1. […] mais cette nuit, j’ai battu des records ! Autant elle s’était très bien comportée au dernier Rêve de l’Aborigène, autant elle n’a pas vraiment été à la hauteur cette fois. Elle est détrempée. Comme mon […]

  2. […] important, et j’aime beaucoup le chaï. Ce sont quasiment les mêmes gens qui vont peupler le Rêve de l’Aborigène ou le Wide Open Space. Quasiment. La différence est minime, et je ne suis même pas sur de pouvoir […]

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