Nous avons hésité un peu. À Tikal, il est possible de voir le soleil se lever depuis la pyramide IV, la plus haute pyramide du site. L’idée du lever de soleil depuis le sommet d’un temple avait un certains charme… Presque autant que depuis le sommet d’un volcan. Mais assister au lever de soleil est très populaire. Nous avons réfléchi à la perspective d’être avec une quarantaine, peut être même plus, de personnes, entassés dans un espace restreint. Pas de calme, pas de sérénité, pas de spiritualité. Juste des tonnes de selfies… on a donc décidé de dormir un peu plus. Départ à 5h30, arrivée sur le site pour l’ouverture à 6h. Pas encore trop de gens, tranquille, parfait.
Tikal est immense. Pour avoir un bon aperçu du site, il faut prévoir de marcher au moins dix kilomètres. « Prévoir de bonnes chaussures de marche ». Les bonnes chaussures de marche, je les ai. Elles sont restées à l’hôtel. J’ai compris depuis mes premières ruines que des ruines, ça se visite pieds nus.
La navette nous a déposé à l’entrée du site, encore chargé de l’énergie de la nuit. Bercé par les lueurs du matin. Nous avons commencé à marcher.
L’attraction principale de Tikal est le Templo IV donc. Le deuxième plus haut temple du monde maya. Deuxième, après la Denta de… el Mirador. La Denta, qui est non seulement la plus haute pyramide du monde maya, mais aussi le bâtiment le plus volumineux de toute l’antiquité. Oui, plus volumineux que les grandes pyramides d’Egypte, semble-t-il. Nous avons rendez vous, elle et moi. Un jour. Bientôt… pour le moment, nous sommes à Tikal. Au centre du site, la « plaza central » avec ses trois autres grandes pyramides est l’autre « must see » de Tikal. Certains font Tikal en trois heures. C’est assez pour faire une photo de soi devant chacune des quatre pyramides principales. Nous n’avons pas réservé la navette de 14h, persuadés que 8h ne nous suffiront pas. Nous avons décidé de visiter Tikal en suivant une spirale horaire.
Temple VI
Nous sommes arrivés au temple VI, aussi connu sous le nom de « temple des écritures », à cause des colonnes de glyphes que l’on y a trouvé, après 20 minutes de marche tranquille dans la jungle. Très beau temple, simple et solitaire, parfait pour commencer Tikal.
Palacio de los Acanaladunas
L’étape d’après dans nos explorations, le groupe G de son nom moins inspirant, ou le palais des canelés une fois le nom plus inspirant traduit, est un complexe résidentiel comptant au moins 29 chambres voûtées (voûtes mayas, vous vous souvenez ?). Les murs sont doublés aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, des colonnes qui lui ont donné son nom. Les ruines sont magnifiques, perdues dans la jungle, et bien conservées et rénovées. Elles donnent presque l’impression d’être encore vivante. Encore habitée. Un singe nous observe pendant que nous explorons…
Templo V
Nous passons des ruines encore en train d’être excavées, avant d’arriver au temple V où nous croisons nos premiers touristes depuis que nous avons quitté l’axe centrale du site. Ce temple, qui ne semble pas avoir hérité d’un autre nom que son simple numéro, a été le premier temple pyramide construit à Tikal, en 600 après JC. Quelques photos, assez impressionnantes, documentent la rénovation du temple. Comme à Chichen Itza, la pyramide n’est pas rénovée de la même façon sur tous les cotés, ce qui permet de voir les différents états de rénovation des lieux… le temple est beau, mais il semble mort. Il n’émane rien de là. On réalisera plus tard, avec Lilou, qu’il ne nous a rien laissé. Au point qu’à un moment, enfin de journée, on a eu l’impression en le voyant au loin qu’on ne l’avait pas visité.
Plaza de los 7 Templos
Nous avançons en prenant tout notre temps. Le nombre de touristes augmente très lentement. Surtout parce que l’heure avance. Mais nous restons hors des sentiers battus. Et quand nous arrivons à la place des 7 temples, nous partageons les lieux avec seulement 3 ou 4 employés qui s’occupent de couper l’herbe. À coup de machette. La machette est vraiment l’instrument magique au Guatemala. Pour couper les herbes comme les arbres. Ouvrir les noix de coco, creuser des trous ou avoir la classe en la gardant dans son dos sur sa moto. Quand je serai grand, moi aussi j’aurais une machette !
El Mundo Perdido
Celui-ci mérite bien son nom. Il y a une énergie très particulière qui s’échappe de cette zone où se trouvent les plus anciens bâtiments de la ville. C’est un lieu de recueillement… Une plateforme fait face à deux pyramides, une au nord, et l’autre à l’est. J’explique à Lilou que j’ai découvert que dans certains cas (comme au temple de la lune à Teotihuacan) les plates formes dégagent plus d’énergie que les pyramides. Parce qu’au final, elles sont des points de convergence. On décide donc d’ignorer le panneau d’interdiction, et on grimpe les quelques marches de la plateforme. Je n’hésite pas une seule seconde. Je m’assoie les yeux fermés. Un long moment. Je note du coin de l’oeil (avant qu’ils ne se ferment complètement) que Lilou fait de même. Nous restons un long moment, chacun dans notre bulle.
L’observatoire
« La grande pyramide a une énergie beaucoup plus masculine que la petite ». Comme pour les goûts et les odeurs, il m’arrive de ressentir certaines choses sans vraiment être capable de les nommer. Puis quelqu’un me donne la solution, et je me rends compte qu’en effet, c’est bien ça. Mais pour moi, le ressenti le plus fort, c’est que la plus grande de ces deux pyramides m’appellent. Elle veut que je vienne la voir. On en discute. Hésite un moment. Pourtant, des guides laissent monter leurs groupes sur la petite pyramide malgré un panneau d’interdiction. On hésite encore un peu, avant de se décider. Il n’y a personne. On grimpe assez vite. Pour s’installer au sommet. Au dessus des arbres. Au dessus de la jungle.
La vue est magnifique. Mais ce n’est pas tant ça qui m’interpelle que le plaisir que j’ai à être ici. Je m’assoie à nouveau. Le soleil vient de percer les nuages. Il semble nous confirmer que nous avons eu raison. Cette pyramide servait à faire des observations astronomiques. J’aime l’énergie qui s’en dégage. Très calme, apaisée, sereine elle aussi. Comme la plateforme de Ceibal…
Nous restons un long moment en haut, à penser et à discuter. Avoir tout mon temps, je me serai posé un long moment. Pour dormir. Puis pour écrire. Puis pour rêver. Et discuter avec l’Univers. Nous resterons quand même un long moment au sommet.
Un guide arrive avec un petit groupe alors que nous redescendons. Il nous voit et nous interpelle, pour signaler que nous n’avons pas le droit d’être ici. C’est dangereux. Il n’insiste pas plus que cela. J’étais près à lui expliquer que la pyramide m’avait appelé, mais ça ne sera pas nécessaire.
Nous nous dirigeons vers la deuxième pyramide. La plus petite des deux. Pour découvrir que le panneau que nous avions vu de loin n’était pas « interdiction de grimper » mais « interdiction de faire des graffitis ». Soudain, on comprend mieux le laxisme des autres guides… bon, et bien puisqu’on a le droit, on va grimper celle-ci aussi. Pas tant parce qu’elle nous appelle que parce que je la devine bonne source potentielle de photo. Et j’ai raison !
Templo IV
Nous continuons notre chemin en direction du temple IV. Finalement. Nous traversons d’abord le complexe N et passons à coté du « palacio de los murcielagos » que nous ne pouvons pas visiter, a priori. Ou peut être que si, mais nous n’avons pas le courage de faire le tour complet.
Nous arrivons enfin au pied du temple IV, encore à l’état de rénovation peu avancée. On découvre que l’on ne grimpe pas le temple par l’escalier principal (façade ouest) mais par un escalier en bois, construit sur la face sud. Du coup, on n’a pas du tout l’impression de gravir un temple. Plutôt d’accéder à un belvédère. Lilou m’a posé la question que je me suis posé à plusieurs reprises. Pourquoi les marches sont aussi hautes sur les temples ? Je n’ai jamais trouvé la réponse officielle, mais j’ai le sentiment que c’est pour que l’ascension ne soit pas facile. Pour la rendre plus majestueuse, mais aussi plus demandante. Il y a quelque chose de très solennel à grimper ces marches de pierre. Nous l’avons senti lors de l’ascension de l’observatoire dans le monde perdu. Je l’ai ressenti sur de très nombreux temples… Mais monter cet escalier en bois, nous coupe complètement du temple et du plaisir de l’ascension… et arrivés au sommet, nous sommes juste déconnectés de ce qui nous entoure. La vue est magnifique mais j’ai l’impression d’être au sommet d’un mirador. Pas d’un temple. Lilou, une fois de plus, partage mon ressenti. Dans ces conditions, nous sommes particulièrement heureux de ne pas nous être levés à l’aube pour voir le lever de soleil. Pas comme ça. Pas dans ce contexte.
Les gens au sommet font des photos d’eux, parlent fort, rigolent… je fais des photos du paysage, magnifique sans moi dessus, et des autres temples qui dépassent des arbres.
Grupo Norte
Nous redescendons assez rapidement. Cet endroit ne présente que bien peu d’intérêt, contrairement à ce que nous pensions / attendions / espérions. Nous commençons à avoir faim. Nous n’avons pas voulu manger au pied du temple où il y avait beaucoup trop de gens. Nous quittons la foule pour reprendre les chemins moins fréquentés. Nous perdons tous les touristes, et nous arrivons une quinzaine de minutes plus tard, au complexe P. Deux pyramides et une plateforme. Non excavées.
Elles sont voisines du Groupe Nord. Deux temples plus conséquents. Nous choisissons la plateforme du temple nord pour nous installer et manger notre pique nique. Nous avions amené notre nourriture car nous ne voulions pas payer une fortune sur le site. Nous avons bien fait : l’un des plaisir de Tikal, c’est l’absence complète de vendeurs ambulants sur le site ! Très différent de Chichen Itza (aussi plus difficile d’accès, certes). Le repas fini, nous explorons rapidement les deux pyramides du groupe nord.
Un coup d’oeil à l’heure nous fait réaliser que nous devons presser un peu le pas. Le site ferme à 18 heures, mais nous avons envie de visiter rapidement le musée à l’entrée. Nous décidons donc d’aller directement à la place centrale, voir les deux magnifiques temples qui la composent…
Je suis admiratif devant les monuments et… les arbres aussi. Même si je ne ressens pas le côté mystique de la chose, je crois que visiter ce genre de lieu me rendrait heureux pour tout un tas de raison… Par exemple parce que je suis impressionné par le travail que les “anciens” ont fait pour aménager leurs milieux de vie (je dis bien “aménager”, alors qu’à l’heure actuelle on détruit beaucoup).
Je me méfierais des “appels” de la nature. Quand on a le vertige, on est parfois “appelés” par le vide et l’on saute. Il parait que c’est irrésistible… Le contact avec le milieu naturel chamboule alors pas mal l’ordre de sa propre vie. En général, les interdictions dans ce genre de lieu ont pour objet de préserver les monuments, de préserver les vies humaines ou de simplement réserver les visites à quelques privilégiés.
Pour ce qui est des touristes, tu peux rayer définitivement de ta liste l’Alhambra de Grenade à moins d’être pote avec le conservateur. Mais moi, même si je n’aime pas la foule, les solutions élitistes ne me satisfont pas non plus.
C’est drôle comme la lumière est blanche sur tous les clichés… C’est quoi l’arbre qui apparait dans le groupe 1 de photos ? J’ai une petite idée mais je ne suis pas sûr…
C’est quoi ce petit animal curieux sur les deux premières photos? Un lémurien??
@la feuille : oui, il s’agit bien d’un Ceiba. Quand à la lumière blanche, c’est plus un problème de lentille qui commence à se faire un peu vieille…
@iris: Cet étrange animal est un Coati. Sur lequel, à part le nom, je ne peux guère dire plus :)