Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionMarch 2nd, 2022
  • Bon… je crois que j’ai encore le même problème. Par où je commence ? Je crois que je sais plus trop là en fait… Huesca est arrivée dans la liste des endroits où je voulais aller… je sais plus du tout comment. C’est pas impossible que ce soit alors que je découvrais les « Roques de Benet » dans le Parc Naturel dels Ports. Un genre de panneau qui disait « si vous avez aimé ici, vous aimerez sans doute aussi là bas » avec une photo du Salto de Roldán. Promis, j’y viendrais à lui… c’est un peu l’emblème du coin après tout. Mais il faut l’attendre encore un peu.

    À la base, je devais découvrir la région depuis l’ouest, et avancer petit à petit vers l’est. Mais à cause de la météo et du bougonnage, j’ai avancé jusqu’à Huesca (on pourra relever ici que la décision était plutôt bonne, vu que ça m’a permis de ne pas être au milieu de nul part pour attendre mon nouveau démarreur tout neuf). Du coup, moi j’ai cette ligne de falaise qui m’a fait de l’œil pendant un moment. Le parc naturel de la Sierra de Guara il s’étale jusque pas mal loin vers l’est ; l’atlas il me montre plein de jolies lignes vertes partout. Mais y a tout ce que j’ai laissé de côté dans l’ouest également (qui ne fait pas partie de la Sierra de Guara, mais qui est quand même dans la continuation) et que je dois retourner voir. Ça m’a pris du temps à m’organiser un itinéraire qui me convienne et que je décide d’adopter en sachant qu’il y avait tellement de choses qui pouvaient me faire changer de direction. Tout ça pour découvrir une région qui, on s’entend, s’étale sur un maximum de quatre-vingt-dix kilomètres est-ouest, et une vingtaine sud-nord. En décidant de commencer par le barrage de Viadello, je réduisais la distance est-ouest à cinquante kilomètres. Ça devenait jouable. Mille kilomètres carrés de montagnes ? Let’s go ! Je sais déjà que je ne ferais pas tout. En tout cas, pas sans une interruption dors et déjà prévue (et oui, je planifie, je planifie !). Et peut-être que quand j’aurais fait cette première partie, je ferai la partie plus à l’est.

    Et donc, j’ai pris la route pour le barrage de Viadello… 25 kilomètres plus loin. C’était un peu ma frustration, d’être bloqué à Huesca, si proche de tout ça. Mais la location de voiture était trop cher. Alors j’ai attendu sagement. Ça valait la peine, vous inquiétez pas. Et ça a permis au Chamion de faire des petites routes sinueuses comme il aime (oh la jolie petite tour là-haut sur la montagne, c’est noté) ! Et moi de me faire quelques petites inquiétudes. Du genre « nan mais si le tunnel il faisait moins de 4m de haut, ils auraient prévenu quand même ? En plus, c’est une route de barrage, y a des gros truc(k)s qui ont du passé, je passe, n’est-ce pas ? Hein ? Bon, le premier tunnel, je m’y suis engagé calmement. Le deuxième aussi. Mais deux personnes à l’autre bout m’ont fait signe que ça passait. Les trois suivants, je n’avais plus peur. Bref, juste la route pour se rendre. Juste ces paysages, ces montagnes, ces falaises, ces sommets…

    Barrage de Vadiello

    Une heure plus tard. C’est pas mal comme performance ; 25 km/h. Moi j’assume. Une heure plus tard, donc, j’arrive au niveau du barrage de Vadiello. J’ai un peu repéré ce qui se faisait dans le coin (des tonnes de balades), mais comme d’habitude, je préfère quand même être sur place pour me faire une idée de ce que je veux voir ; je construis un peu mon emploi du temps au fur et à mesure. Je suis dans l’idée de rester deux ou trois jours juste sur cette zone. Y’a du potentiel après tout !

    Je regarde un peu les panneaux, mais je vais surtout faire un tour sur le barrage ; et suivre la route qui continue après. Et c’est beau. Je vois pas comment le dire autrement. Le paysage est superbe, et je m’éclate les yeux. J’en veux un peu au ciel gris de casser un peu les contrastes et le relief de tout ça, mais je ne peux pas y faire grand chose…

    Voilà… pour vous familiariser un peu avec les lieux :

    Tout en bas à gauche, la magnifique maison à roulettes sur le parking, c’est le Chamion. Le gros tas de cailloux dans tous les sens après, ce sont les Mallos de Ligüerri. Et après les Mallos, c’est le Pico O Borón (un sommet pareil, je ne serai pas surpris s’il avait de l’importance dans la suite de l’histoire !). Pour les autres, j’ai malheureusement un trou de mémoire imprévu.

    Une fois mon tour de barrage effectué, je pars me balader un peu de l’autre côté (en gros, au parking, y a la route qui va au barrage, et une autre route, qui s’enfonce dans un long tunnel, pour aller voir le lac de l’autre côté). Je découvre très vite que ce chemin permet d’aller au village de Nocitol, 20 km plus loin. Et ça me travaillera quand même un peu. Non, pas aujourd’hui, quand même.

    Mais la balade sur l’autre « berge » du lac est bien sympa aussi. Et le pont m’inspire beaucoup !

    Le retour au Chamion me permet de rencontrer des habitants du coin ; pas hyper causants, mais pas vraiment du genre gênant non plus.

    Je redémarre ; pour aller me garer moins d’un kilomètre plus loin ; j’ai repéré un emplacement pour la nuit qui me plait bien. Au départ d’une balade que j’ai envie de faire le lendemain.

    Alors que je cherche le sommeil, j’entends un bruit bizarre à l’extérieur. Un genre de grognement. Reniflement un peu profond. Pas forcément très rassurant. Je fais défiler la liste des animaux potentiellement dangereux dans la région. Normalement, même dans une tente, je pense pas que je risquerai grand chose ; pas trop de grizzli par ici. A priori, les chèvres ne grognent pas comme ça. Une vache me parait peu probable. Surtout en liberté. Par la fenêtre, je ne vois rien. Je me décide de voter pour un sanglier. Lors de la conception du tout premier chamion, dans cet état un peu chelou qui précède l’endormissement, j’avais soudain réalisé que je n’avais rien prévu du tout si un sanglier rentrait dans la maison. Il faut savoir que le modèle actuel n’est pas vraiment mieux équipé contre l’intrusion d’un sanglier. Et que si celui-ci arrive à monter l’escalier et à ouvrir la porte, il pourra en effet rentrer. Au pire, comme je dors dans la mezzanine, je n’aurai qu’à anticiper. S’il se décide à rentrer, je lèverai l’échelle, et j’attendrai qu’il parte.

    L’ermitage de San Chinés

    Au final, la nuit se passe sans encombre, et sans visiteur improbable. Je peux commencer ma journée du lendemain tranquillement, avant de partir en balade. Comme ça fait un moment, je me dis que je pourrais bien aller voir un ermitage ! On m’annonce une balade plutôt tranquille ; une jolie boucle assez simple, pas fatigante. C’est exactement ce dont j’ai envie. D’autant que la météo, de son côté, m’annonce quelques averses potentielles. Ce qui me met de mauvaise humeur. C’est con d’avoir eu du beau temps pendant toute ma pose à Huesca et me retrouver maintenant sous la pluie. J’aime pas être de mauvaise humeur. Ça me met de mauvaise humeur. Mais marcher, ça fait toujours du bien. N’est-ce pas ?

    La balade part tranquille, le long d’une belle vallée ; avec des grosses falaises, et des arbres magnifiques. J’avance d’un pas tranquille ; au sol, des traces de terre bien labourée font pencher un peu plus la balance pour un sanglier. Le paysage est joli, mais je me passerai bien du ciel gris, qui ne semble pas aider mon humeur. Mais j’arrive quand même à l’ermitage. Encore un asocial qui n’aimait peut être pas beaucoup les gens… et qui devait faire bien attention en rédigeant sa liste d’épicerie !

    Et donc, sur le panneau au début de la balade, le plan indiquait une boucle. Et moi, j’aime bien les boucles, alors ça m’allait très bien. Et j’ai donc continué en suivant le chemin ; il a commencé à pleuvoir un peu, mais pas trop. Donc ça allait. Puis j’ai commencé à grimper, comme les cairns me disaient de le faire. J’ai sagement suivi les indications quoi.

    Sauf que en fait, bin non, fallait pas. À un moment, les cairns ont disparu. Parce qu’en fait, à part sur le panneau au début de la balade, toutes les indications que j’ai trouvées par la suite, toutes les cartes du parc que j’ai pu consulter… bin non, cette balade est un aller-retour. Mais à ce moment là, moi, bêtement, je ne le savais pas. Donc je me suis baladé encore un moment sur mon gros rocher, avant d’essayer d’improviser un chemin, dans les fourrées. Sans succès. Pour l’occasion, alors que j’avais envie d’une balade simple, calme, et reposante, je commence à me prendre la tête. Puis à me glisser un peu comme je peux dans les buissons. S’il ne pleut plus, les feuilles sont encore mouillées. Forcément… Bref, la mauvaise humeur est vraiment là. Je gueule bien quelque fois, pour le plaisir de profiter de l’écho et du vide et du silence, mais les chèvres viennent me demander d’arrêter. Y a déjà trois crises cardiaques dans leur rang. Je m’excuse donc, et j’arrête. Les vautours tentent de négocier que je pourrais bien crier encore une ou deux fois quand même, mais j’ai fini par me faire une raison et demi-tour, retrouver un chemin, et revenir à l’ermitage.

    Depuis l’ermitage, le retour au Chamion est quand même plus calme, et je finis d’évacuer ma mauvaise humeur.

    Eulalia la Mayor

    Même si le sanglier ne m’a pas dérangé, je ne resterai pas à dormir une deuxième nuit au même endroit. Outre le fait qu’il n’est pas vraiment autorisé de passer la nuit dans le parc, j’ai besoin d’un bon accès internet ce soir, et c’est clairement pas le cas où je suis.

    J’ai repéré plusieurs options possibles, et je me dirige vers la première d’entre elle. Le village d’Eulalia la Mayor, juste avant l’entrée du parc. Et sa magnifique tour inspirante en haut de sa colline.

    Je refais la route en sens inverse ; avec les tunnels que je connais un peu mieux désormais ; et ce paysage toujours aussi fascinant. Puis je tourne à droite, sur la toute petite route vraiment pas large pour Eulalia. Le genre de route où c’est pas gagné pour deux voitures de se croiser. Alors quand ça implique un Chamion… Au pire, si je dois croiser, ils auront peur, et se gareront gentiment dans le fossé pour me laisser passer. Mais en fait, y a personne.

    Le parking que je recherche est de l’autre côté d’Eulalia. Je m’engage dans le village avec beaucoup d’enthousiasme, malgré les deux bâtiments quand même très proches des deux côtés de la route. Et je continue… avant de me dire que ça n’a pas l’air d’aller en s’améliorant. J’improvise donc un magnifique demi-tour, me gare pas trop comme un sauvage à l’entrée du village, et part explorer à pied dans un premier temps.

    Bon, le village ne présente vraiment pas beaucoup d’intérêt ; mais s’il le faut, le Chamion pourrait le traverser (sans doute en traumatisant un ou deux autochtones). Et la vue, il est vrai, vaut vraiment la peine. Par contre, le panneau est suffisamment explicite et ne prête pas à confusion. D’autant que d’après plusieurs témoignages, je ne pourrais même pas tenter le « non mais moi je ronfle pas ». Tant pis.

    À la place, je vais admirer le paysage. Depuis la tour. C’est beau ! Et puis c’est quand même assez rare, les panoramiques à 360 !

    Je m’extasie encore un peu, et retourne au Chamion, qui me conduira finalement jusqu’à mon parking suivant, une dizaine de kilomètres plus loin.

    Un commentaire

    1. Commentaire de Kaly

      Un peu sauvage, un peu isolé, mais tout à fait magnifique en effet…
      Je comprends que tu ne te sois pas précipité sans quelques précautions sous les tunnels !
      Je vois que tu ne croises pas d’autres promeneurs que les bêtes à cornes. C’est un peu limité ! Quant tu rejoins la civilisation, tu réussis à dépasser un peu le bonjour-bonsoir avec les gens ?

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