Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionAugust 26th, 2019
  • Pour ce deuxième jour, histoire de me reposer les jambes de la veille, je décide de partir sur du beaucoup plus raisonnable. Aller au col du Pré, et de là, redescendre sur Arèches, où je pourrai prendre une navette pour remonter à Saint Guérin. Pas trop de marche et un dénivelé raisonnable. On monte 200 mètres jusqu’au col du Pré, et après on descend.

    Départ tranquille après un bon petit déjeuner à base de fromage, histoire de voir dans quel état sont mes jambes. On monte un peu vite au début, histoire d’avoir une belle vue sur le lac, puis au détour d’un virage, il disparait. Le chemin est large et caillouteux. Chemin de tracteur, pour permettre aux éleveurs d’aller traire les vaches ; parce que le Beaufort d’alpage, c’est ça : des vaches qui restent dehors presque toute l’année. Et les éleveurs qui vont faire la traite là où elles ont décidé de brouter. Par-ci par-là un petit chalet ; généralement vide ; parfois habiter. La vue est magnifique. La vallée descend sur Arèches, 500 mètres plus bas, tandis que le chemin reste au pied d’une très belle ligne de crête. Contrairement au lecteur, j’ignore encore que mes changements de plans vont finalement me faire passer au sommet de ces falaises…

    J’arrive finalement au col du Pré. Sans surprise pour un col accessible en voiture, il y a pas mal de monde. Pas mal de vélo aussi. Faut dire que ce col est un défi local : 1000 mètres de grimpette depuis Beaufort, sur une route plutôt raide pendant tous le trajet. À la base, après mon séjour à Saint Guérin, je pensai rejoindre le lac puis le cormet de Roseland par ce col, mais il est marqué interdit aux campings-cars. La route à l’air plutôt étroite après tout. C’est donc tout à fait compréhensible. Mais j’ai eu envie de venir voir à pied si je ratais quelque chose. La vue du col est assez belle, mais on reste plutôt bas par rapport aux montagnes environnantes.

    Et puis il y a quelques panneaux de direction. Différentes options qui s’offrent à moi. Arêches, donc, le plan initial… ou le passage de la Charmette. J’ai vu le nom à deux reprises sur des panneaux, peu après le départ du lac. Et pourquoi ne pas faire une boucle après tout ? Je sors la carte du sac à dos, et je regarde. Le chemin qui rejoint le passage de la Charmette passe de l’autre côté de la crête que j’ai longé à l’aller. Il me faut certes monter à 2058, mais je me dis qu’en prenant ça tranquille, je n’aurai pas de problème à y aller. Et puis je soupçonne la vue d’être plutôt belle sur le lac.

    Je repars donc tranquillement, à l’ombre sous les arbres. Pas très longtemps à l’ombre. Très vite, le paysage se dévoile à nouveau.

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    Il est des paysages comme celui-ci qui font qu’on ne regrette pas vraiment le détour. Au contraire, on est bien content d’avoir décidé de le faire. Le lac de Roseland au premier plan le Mont Blanc au fond. L’Aiguille du Grand Fond en arrière du lac. L’Aiguille du Grand Fond. C’est elle qui m’a séduite quand je suis passé rapidement en voiture quelques semaines plus tôt, et qui m’a convaincu de revenir. Elle domine joliment le Cormet de Roseland. Je sais que je ne pourrai pas en voir le sommet -je suis randonneur, pas alpiniste- mais j’avais bien envie d’en faire le tour. A priori, c’est au programme de la deuxième partie du voyage.

    On distingue bien, aussi, la route qui permet de rejoindre le barrage. Non pas celle du col du Pré, mais celle qui arrive de Beaufort, et que je ferai donc avec le Chamion, là aussi quand je déménagerai mon camp de base. La montagne, à gauche du lac, recouverte en grande partie de sapins. Avec des Z un peu plus clair. Oui, ça c’est la route.

    Je continue sagement de monter. Tranquillement. Je découvre assez vite que dans un premier temps, le chemin longe la crête, mais ça me va bien. La vue est très belle des deux côtés.

    Nouveau détour de sentier ; la Roche Parstire apparait dans le prolongement du chemin. Particulièrement belle et imposante.

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    En théorie, je suis sensé en faire le tour. Mais plus le chemin avance, plus je dois me rendre à l’évidence : a priori, je n’ai pas pris le chemin qui contourne la Roche, mais celui qui passe au sommet.

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    Elle est impressionnante. Je pense que ça va monter raide. Mais je me sens capable de le faire. J’entends un peu derrière moi un « wahou, on doit monter ça ? » qui résume assez bien mes pensées du moment. Assez vite, je me fais doubler par deux filles. L’une des deux grimpes sans effort, parlant à jet continue. Elle explique comment il y a quelque temps, elle est son copain se sont levés à deux heures du matin pour faire 2000 mètres de D+ (oui, dans le milieu on dit D+) pour se rendre à 4000. Du coup, je comprends assez bien pourquoi elle monte tout ça sans problème. Son amie, par contre, se contente de ponctuer la conversation de phrases plutôt courtes et simples.

    Je continue de monter tranquille. Ca tire un peu sur les jambes, mais ça vaut varient la peine ! Le paysage est sublime. La vue sur les environs est parfaite. Et le sommet fini par se laisser atteindre.

    J’ai rarement eut l’occasion de faire des sommets en France. Plutôt des cols. Ou des balades pour aller voir des lacs. J’ai découvert mes premiers sommets dans les Rocheuses Canadiennes. Et depuis, j’avoue avoir du mal à ne pas aller en chercher le plus possible… il faut dire que voir le monde s’étaler à ses pieds dans toutes les directions à quelque chose de magique…

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    D’un côté, la vallée d’Arêches dominée par le Mont Mirantin et plus à gauche, la pointe de la Grande Journée

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    De l’autre côté, toujours le Mont Blanc, le lac de Roseland, et l’Aiguille du Grand Fond.

    Je reste un moment à admirer tout ça. Je me pose un peu. Et puis j’attaque la descente. Enfin pas vraiment la descente tout de suite. Je suis encore un peu la ligne de crête. Si j’aime les sommets, je crois que j’aime encore plus les lignes de crêtes. C’est logique : c’est un sommet qui dure encore plus longtemps !

    Le chemin me fait redescende tranquillement, jusqu’à atteindre -finalement !- le passage de la Charmette.

    descente

    Si la descente a été assez tranquille jusqu’à la Charmette, il me faut cette fois redescendre d’un coup pour rejoindre le chemin initial. Et là, la descente est quand même plutôt raide. Alors j’y vais tranquillement, en prenant mon temps. Et puis bon, pour m’aider un peu, je croise régulièrement des framboises sauvages, mûres à point. Alors j’en profite. Et c’est vrai que ça donne un peu du coeur à l’ouvrage !

    Je rejoins enfin le chemin que j’avais suivi au départ. Pas mécontent. Ça commence à tirer un peu au niveau des genoux alors rejoindre un chemin beaucoup moins incliné, je suis plutôt pour !

    Je retrouve enfin le lac puis le Chamion, avec grand plaisir. Je me retrouve pieds nus avec encore plus de plaisir. Même si mes chaussures sont des plus confortables, les enlever est toujours un petit moment de bonheur. Si j’avais intelligent, j’aurai mis quelques glaces dans le congélateur du Chamion avant de venir me perdre dans des endroits comme ça. Mais ils ont pensé à tout : à 10 mètres du Chamion, il y a une petite guérite. Où ils vendent des glaces. Du coup, je me fais un petit cornet au chocolat bien mérité en admirant la vue sur le lac dont je ne me lasse toujours pas. Il y a quelque chose d’absolument magique « d’habiter » ici. D’avoir ma maison ici ; d’avoir un tel jardin pour m’accueillir quand j’ai envie de partir me promener. Je termine la journée en bouquinant tranquillement, et en levant régulièrement les yeux de mon livre pour regarder dehors.

    Y’a pas à dire : la vie est belle, quand même !

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