Rue du Pourquoi Pas



Parce qu’il y a toujours une route qui, quelque part, m’attend.
Carnets de route, photos de voyages, et pensées vagabondes.

Écrit par : Sébastien ChionMarch 17th, 2016
  • La côte pacifique du Guatemala ne m’attire pas vraiment, sans que je sache dire pourquoi. L’impression qu’il n’y a pas grand chose à voir et à faire, sans doute.

    Quand nous avons « planifié » notre itinéraire avec Lilou, nous avons évacué cette zone sans la moindre hésitation. Mais là, pourtant, alors que je me dis que j’ai une semaine à faire passer avant de récupérer mon passeport et de partir n’importe où, je me dis qu’une petite boucle rapide sur la côte pourrait me faire du bien. Après tout, ça fait un moment que je n’ai pas vu le Pacifique ! Et jamais plus au sud qu’à Venice Beach, à LA. Alors pourquoi pas ? Escuintla, Puerto San Jose, Monterrico ? avant de remonter sur Guaté le vendredi pour récupérer mon passeport et retourner sur Antigua ? J’ai réservé pour le week end d’après au Somos -j’aime beaucoup l’endroit- et je suis parti sans plan précis. Sans réservation. Rien d’inhabituel quoi.

    J’ai pris un premier chicken bus pour Escuintla, où je pensais faire simplement un transfert pour Puerto. Mon guide (j’ai mis la main sur un autre guide Lonely Planet, Lilou ayant préféré garder le sien) présentait Escuintla comme une ville sans intérêt. Pourtant, je suis arrivé dans un endroit dynamique. Vivant. Comme le sont presque toutes les villes guatémaltèques. Ça m’a donné envie de m’arrêter. J’ai déambulé un peu avec mon sac, le temps de trouver un hôtel où m’installer pour la nuit, et débarrassé de mon sac, je me suis baladé en ville. Rien d’extraordinnaire. Une ville guatémaltèque banale, ordinaire, qui n’a rien à offrir aux touristes. Mais des fois, justement, la simplicité est l’option la plus authentique qui soit. Un peu comme Quiche, même si là bas ils ont des ruines. Je me suis baladé un peu, mangé à un stand de rue, avant de rentrer tranquillement à l’hôtel pour profiter pour la première fois en 2016 d’une chambre privée rien que pour moi ! Pour la quatrième fois de ce voyage commencé il y a un peu plus de six mois maintenant…

    Le lendemain, j’achetais quelques grignotages, avant de sauter dans un chicken bus pour Puerto San Josee. J’avais des envies d’océan, de vague, de plage… je me suis retrouvé au milieu d’un centre ville bruyant, saturé de voitures, loin de l’eau… j’ai marché dans la ville pendant dix minutes, mais la décision a été rapide à prendre. J’ai sauté dans un minibus direction Monterrico.

    Si le paysage autour de Puerto n’a que peu d’intérêts, il devient de plus en plus sympa alors que l’on s’approche de Monterrico. Il faut dire que la ville est aux portes d’une mangrove / site naturel protégé.

    Petite station balnéaire tranquille, me faisant penser à Mahahual. Sauf qu’ici, il ne « pleut » pas. J’ai marché jusqu’à la plage. Je me suis arrêté au premier hôtel. El Dolphin. J’ai demandé une chambre en dortoir, et j’ai posé mon sac. Zen. Serein. Bercé par le bruit des vagues…

    Je suis conscient que mon blog n’est pas compatible avec un voyage rapide. Il n’est pas conçu pour. Mon style d’écriture, ce que je veux raconter, décrire, expliquer, prend trop de temps. À la base, j’aime prendre mon temps. Rester plusieurs jours à la même place. J’aime raconter ce que je vis avec détails, mais je n’aime pas vivre trop de choses à la fois. Je préfère laisser à chaque événement le temps de décanter un peu.

    Après trois semaines à voyager un peu vite avec Lilou, j’ai du retard. Pas dans l’écriture. Je continue à noircir des pages et des pages de cahier. Mais dans la mise en ligne du contenu… après la première nuit à Monterrico, j’ai réservé pour deux nuits supplémentaires. L’endroit me plait. Mélange de touristes locaux et étrangers. Et puis la quatrième nuit est gratuite, de toutes façons, et la connexion internet pas mauvaise. La plage, les vagues, une piscine, le soleil et une ville tranquille et posée. Parfait pour laisser décanter mes dernières aventures, prendre un peu mon temps, et rattraper le retard pris sur mon blog.

    Il n’y a que très peu de vent. L’océan est donc dans un état plutôt « calme » j’imagine. J’aimerai bien le voir un jour de tempête. Parce que quand il est calme, les vagues font des rouleaux pouvant atteindre deux mètres. Je me suis quand même mis à l’eau, me rappelant l’inquiétude de Laurie me voyant faire de même en Floride, dans des rouleaux plus petits. Je m’étais fait brasser en Floride. Ça n’était rien comparé aux vagues de Monterrico. J’avais envier jouer. Alors j’ai joué. Mais pas trop longtemps. Maintenant, je sais ce que c’est de faire un tour dans une machine à laver (agitation importante, cycle très court de quinze secondes environ). On prend une grande respiration, on ferme les yeux, on met les bras sur la tête au cas où, puis on attend. Le jeu m’a fait rire trois quatre fois. Et puis je suis sorti de l’eau lessivé. Est ce de là que vient l’expression ? Aucune idée…

    Je suis retourné à l’hôtel, j’ai pris une douche, et je suis allé nager dans la piscine. Beaucoup plus tranquille. Beaucoup plus zen.

    « C’était si agréable de dormir près de toi la nuit dernière. De me réveiller ce matin, sachant que tu étais là. Que tu m’attendais. Je t’ai rejoins… j’aime commencer ma journée dans tes bras. Tu étais plein d’énergie. Presque féroce. Je sais que tu es souvent ainsi. Mais j’étais simplement heureux d’être près de toi. Tu as joué avec moi. Il n’y avait pas grand chose que je pouvais faire de toutes façons. Tu es celui qui décide. Je suis celui qui suis…

    Mais… ce matin, j’avais envie de tranquillité. De calme. De douceur. Je cherchais quelque chose de plus reposant. Et je savais qu’elle était là. Je savais qu’elle était aussi accueillante que toi. Alors je suis resté à tes côtés un moment, mais tu me demandais trop. Tu étais trop intense pour moi. Alors je suis allé la voir. Et oui, elle m’a accueilli. De façon beaucoup plus douce. Si délicate… être avec elle, au soleil, finissant de me réveiller… j’espère que tu me pardonneras. Ce soir, j’aurais beaucoup plus d’énergie pour toi, c’est promis. J’ai hâte ! Et j’espère que toi aussi ! »

    J’ai passé quatre jours sur le même modèle. Me réveiller à 9h à cause de la chaleur. Faire plouf dans l’océan et/ou la piscine. Prendre un petit déjeuner classique en ville. Marcher un peu. Passer les heures chaudes sur l’ordi pour mettre le blog à jour et répondre aux courriers en retard. Faire un peu de bâton sur la plage à la tombée du jour. Saluer le soleil couchant en faisant plouf à nouveau. Passer la soirée sur l’ordi, en mode tranquille. Ne parler presque à personne. Profiter de ma bulle. Me détendre. Imaginer toutes les façons d’aborder ces gens. Ce serait si facile ! Mais non. Pas envie.

    Seul rupture dans la routine : l’envie d’aller faire un tour dans les canaux de la mangrove le deuxième jour. Pour le lever de soleil. Rendez-vous pris avec Eric à 5h le lendemain. Je suis allé le voir à 10h pour m’excuser. Toute première fois, il me semble, que je n’entends pas mon réveil sonner ! (quand à l’un de mes cochambreurs qui, si j’ai bien compris, a croisé Éric qui me cherchait dans le couloir, il lui a dit « non, pas dans cette chambre, il n’y a que des filles ». Yep, les cheveux continuent de pousser ). Il a accepté mes excuses, m’a laissé revenir le lendemain sans demander la moindre compensation. J’ai apprécié.

    À cinq heures du matin, la mangrove est calme. On est huit sur la lancha qu’Eric propulse à la force des bras, avec une perche. Le canal n’est pas profond. En ce temps de l’année, l’eau est salée. Six mois par an, elle est douce. J’imagine le bordel pour les poissons. Eric confirme : beaucoup meurent à chaque année ! Il y a plein de jolis oiseaux, même des cigognes (moi qui pensait que ça ne vivait qu’au sommet des cheminées alsaciennes !). Le soleil se lève. Le paysage est magnifique.

    Après quatre jours, j’ai rattrapé mon retard. Tout est près à être publié. Je fais juste poser deux articles par jour, ce qui est déjà beaucoup, je pense, pour le lectorat. Promis, bientôt, je ralentis. D’ailleurs, si vous lisez ces mots, bonne nouvelle : le rythme ralentit bientôt ! Demain, je prends la route de Guaté avec pause à Chiquimulila. Vendredi, je récupère mon passeport, et je m’installe pour dix jours à Antigua. J’ai décidé de vivre à fond la Semana Santa, après plusieurs semaines à hésiter. Ensuite, il me restera trois ou quatre semaines pour faire une autre grande boucle qui me conduira à Hotelito une fois de plus. Et là, je me pose pour un moment ! Mais ça, c’est une autre histoire !

     

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