Tête en bas

Down under wandering. Archipelagoes to islands; beaches to deserts; mountains to cities.

Archive for the ‘[Australia – Canberra]’ Category

Le sous-marin, Canberra et King O’Malley

Retour sur la route. Toujours aussi tranquille. On suit le rythme de Sébastien et Virginie qui, contrairement à ce que je m’attendais, n’est pas aussi rapide que je le pensais. Chacun son rythme, chacun ses habitudes… j’avoue que si j’avais seulement 12 jours à passer en Australie, je ferais sûrement des nuits de 7h, me levant tôt, et me couchant tard, pour voir le plus possible. Comme nous, nous avons une année, avancer pendant quelques jours à un rythme qui n’est pas du tout le notre ne me dérange vraiment pas. C’est même une expérience que je trouve intéressante. Être passif en voyage, ce n’est pas vraiment dans mes habitudes. Mais là, pour l’occasion, m’installer à l’arrière de la voiture et simplement regarder la route défiler en ne connaissant rien du tout du programme, ça me va bien.

La route n’est pas particulièrement plus intéressante que la veille, et la seule vraie « attraction » que l’on verra, c’est dans la ville de Holbrook, avec son sous-marin garé au milieu d’un parc.

En fait de sous marin, je me rends compte très rapidement que ce n’est qu’une coquille vide. Avant de comprendre que ce n’est qu’une demi coquille vide. En fait, ce n’est même pas une coquille du tout, c’est un faux. L’ensemble est construit en résine. Du coup, je ne peux m’empêcher de visualiser la scène au conseil municipal…

– Chers conseillers, la situation est grave. Nous habitons sur un axe majeur, à savoir la route Sydney-Melbourne ; nous habitons une ville d’une taille respectable, et pourtant personne ne s’arrête jamais chez nous. Nous devons mettre la ville d’Holbrook sur la carte. Nous devons en faire une destination touristique incontournable, une ville étape pour tout les gens qui vont de Sydney jusqu’à Melbourne ! Dans 10 ans, Holbrook sera une ville majeure, renommée à l’international. Des hôtels géants ouvriront, et Vegas sera jalouse !

– Oui mais comment faire ? Nous n’avons rien à offrir aux gens. Le vieux Tommy est mort, et ses héritiers ont décidé de jeter sa collection de nains de jardins. Qu’avons nous d’autres à proposer ?
– Et bien justement ! Cette nuit, j’ai eu une vision ! Cette nuit, j’ai trouvé la solution. Mes amis ! Nous allons installer un sous marin en plein centre ville !
– Un sous marin ? Mais nous sommes loin de la mer, comment allons nous le faire venir ? La ville ne peut pas s’acheter un sous marin, et encore moins payer le transport sur un camion jusqu’ici !
– Ahah ! Mais j’ai une solution pour ça aussi. Beaucoup plus simple, beaucoup plus économique ! Il faut se tourner vers l’avenir mes amis. Et l’avenir, c’est le trucage, le faux et le factice ! Nous allons construire un faux sous marin. En résine !
– Et vous pensez vraiment que les gens s’arrêteront par centaines de dizaines de milliers pour voir ça ?
– Bien sûr ! C’est évident voyons ! Un sous marin. En plein milieu d’un parc. Au milieu d’une ville. Loin de la mer qui plus est. C’est une idée de génie je vous dis !

Le sous marin se retrouve assez rapidement derrière nous. On arrive en début de milieu d’après midi dans la grande région de Canberra. Là non plus, il n’y a pas grand chose à voir. Si ce n’est énormément de vignoble, et des pistes de courses pour chevaux. Pas une, pas deux, mais au moins trois, et sans doute plus.

Virginie et Seb jettent leur dévolu sur une autre petite maisonnette, plus grande et confortable que celle de la veille. Le temps d’une petite sieste, et nous voilà partis pour la capitale. Il est 18h30, un jour de semaine, sous la pluie.

Canberra, c’est un peu comme Ottawa, sauf que les tensions n’étaient pas entre Montréal et Toronto, mais entre Sydney et Melbourne. Tout le monde veut être la capitale, personne n’arrive à se décider. Dans ce temps là, la meilleure solution consiste à créer une capitale au milieu de nul part. Ville artificielle sortie de terre, ville uniquement administrative, ou toute vie s’arrête passer 18h. Comme Ottawa, donc. Il y a bien trois musées et demi à voir ici, mais c’est à peu prêt tout. Les touristes ne s’arrêtent jamais ici, et rares sont les australiens à faire de même. D’ailleurs, je trouve particulièrement significatif que sur une brochure touristique, le titre soit « découvrez votre pays à l’échelle d’une ville ». « Votre pays » : le message s’adresse directement aux australiens. Les touristes étrangers, à priori, on ne connait pas ici. On ne les cible même pas.

De Canberra,je ne savais rien. Mais après quelques pas au hasard dans les rues, nous avons décidé de manger une pizza au « King O’Malley’s ». Oui, on trouve des pubs irlandais partout, y compris dans les capitales sans grand intérêt. En fait, ce choix totalement aléatoire, nous a permis d’apprendre beaucoup sur la ville.

Né en 1858, King O’Malley est devenu l’un des politiciens australiens les plus colorés. Il a toujours revendiqué être canadien (donc membre d’un pays du comonwealth, ce qui lui a permis d’accéder au parlement australien) mais la légende raconte qu’il est américain, et qu’il aurait fuit les états unis après la dissolution de la « Waterlily Rockbound Church » dont il aurait été l’évêque fondateur… Élu au parlement d’Australie du Sud en 1896, puis au premier parlement en 1901, il devient ministre de l’intérieur en 1911. Il a été le personnage le plus influent dans la fondation de Canberra.

O’Malley aurait aimé que Canberra s’appelle « Shakespeare » ou « Captain Cook ». Il avait également proposé « Myola » qui avait la faveur du public, jusqu’à ce que la presse dévoile qu’il s’agissait d’un anagramme de O’Malley. Ce sera finalement « Canberra », l’ancien nom de la localité, qui sera conservé suite à un tirage au sort.

Lors du choix du site, O’Malley a affirmé « dans quelques années, Canberra sera la rivale de Londres par la taille, de Athene pour les arts, et de Paris pour la beauté ». Comme quoi, il faut toujours se méfier des visionnaires !

Une fois le site choisi, un concours international a été lancé pour dessiner le plan de la ville. O’Malley a désigné Burley Griffin, de Chicago, comme vainqueur. Là encore, la presse a beaucoup critiqué, affirmant qu’il s’agissait de chauvinisme. O’Malley, lui, a continué à clamer être canadien.

Voilà à peu prêt tout ce que l’on peut dire sur Canberra. On peut aussi ajouter que les pizzas, au pub irlandais, sont bonnes, mais particulièrement copieuses !