Tête en bas

Down under wandering. Archipelagoes to islands; beaches to deserts; mountains to cities.

Trouver un job à Sydney


Ça fait un bon moment déjà que je me garde le sujet sous le coude. Parce que je suis bien conscient que les quelques lignes que j’ai écries sur l’installation à Sydney sont tout sauf suffisantes pour vraiment expliquer la situation. J’attendais, parce que j’espérais vraiment l’approche positive « voilà tout ce que j’ai fait pour trouver un job ». J’ai finalement découvert les limites de mon optimisme. Il aura quand même duré un peu plus d’un mois, ce qui, je trouve, est considérable vue la situation. Je commencerais donc par « je n’ai pas trouvé un job, malgré tout mes efforts ».

Si vous vous rappelez bien, je m’étais donné comme objectif « trouver un appartement la première semaine, un travail la deuxième ». À vrai dire, j’avais atteint mon objectif… ou presque. Parce que l’une des choses qu’il faut savoir, déjà, c’est que les australiens sont fans de « trial period ». Une journée de test quoi. J’avoue que quand on m’avait dit « vient lundi, de 16h à 22h, pour s’assurer que tout se passe bien », je voyais la job dans la poche. Surtout que tout c’est super bien passé. Mais non. J’ai appris le lendemain qu’ils engageaient quelqu’un d’autre. Sans plus de détails. Donc si j’ai eut ma job dans la deuxième semaine, elle n’aura duré qu’une journée. En même temps, vu la facilité avec laquelle je l’avais attrapé, j’étais parti hyper optimiste.

J’ai décidé de me battre sur deux fronts en même temps, en privilégiant mon point fort : le graphisme. En venant ici, j’avais envie de profiter de l’occasion pour faire de nouvelles expériences au niveau boulot. L’idée n’étant pas de faire un changement de carrière, mais bien de faire une petite pause. Quoi de mieux que l’autre bout du monde après tout ? J’ai finalement changé d’avis, pour des raisons financières, mais aussi par réalisme. En fait, j’ai fait un test tout bête… à force de croiser des français et des allemands à tout les coins de rue, de ne recevoir que ça en requête sur couchsurfing, et de les voir inonder d’annonces gumtree (les petites annonces locales), je me suis dit que ça cachait un truc. Le Permis Vacances Travail n’est pas contingenté en Australie. On l’obtient en 30 minutes. Après ça, il suffit d’acheter un billet d’avion. Et l’Australie, c’est très clair, on nous la présente comme l’Eldorado. Des échos que j’ai eut, c’était le cas il y a quelques années, moins aujourd’hui. Bref, voyant ces hordes de PVTistes, arrivant de partout, j’ai décidé de faire un test histoire de mieux connaître la situation à Sydney. À une semaine d’intervalle, j’ai donc posté deux annonces. Sur le modèle de toutes celles que l’on retrouve dans la catégorie « job » de Gumtree (définitivement le point de ralliement des PVTistes à Sydney). La première pour un poste de Barista (donc un job avec des compétences minimales requises) dans un café, la deuxième pour un job d’aide en cuisine (donc quasiment aucune compétence requise). Rien d’extraordinaire, pas de promesses mirobolantes, que du basic. Expérience des plus concluantes. Quelques chiffres pour que vous compreniez :

– Pour l’annonce de Barista, j’avais déjà 5 réponses après 20 minutes, 60 en 6 heures et 75 après 24 heures (durée de vie de l’annonce, en gros ; après, elle est perdue dans l’amoncellement des nouvelles annonces et ne produit quasiment plus de résultat). Sur les 75 annonces : 11 se déclarent en PVT (donc probablement au moins le triple avec ce statut). 8 s’annoncent comme français, 5 italiens, 4 allemands, 4 coréens, 4 anglais. Autres pays représentés : Canada, Tchéquie, Japon, Brésil, Lithuanie, Indonésie. Enfin, 5 étudiants australiens. 13 avaient ce qu’il fallait, 3 se présentaient particulièrement bien.

– Pour l’annonce d’aide en cuisine, j’ai simplifié les statistiques : 10 réponses après 20 minutes. 50 en 2 heures. 84 en 5 heures. 122 en 24 heures.

Oui, j’ai un peu saturé mon adresse courriel pour l’occasion !

Une seule chose à faire, donc, si vous voulez espérer trouver un boulot sur Gumtree : rafraichir la page aux 10 minutes et réagir très vite. Ne perdez pas votre temps à répondre à des annonces si vous n’avez pas le profil exact, et il est quasiment inutile de répondre à une annonce qui a plus de 6 heures…

Maintenant, j’ai fait une autre constatation, tout aussi intéressante : la plupart des mails que j’ai reçus pour l’occasion étaient tout simplement catastrophiques. Du style « je suis en PVT, votre job m’intéresse, appelez moi ». Pour optimiser mon analyse sociologique, j’ai décidé de faire du croisement d’informations. Mon autre excellente source d’informations concernant les gens en voyage à Sydney est évidente : c’est couchsurfing. Oui, on continue d’héberger, même en Australie. Phénomène intéressant, juste après nous être mis disponibles pour héberger, mon profil s’est mis à sortir en deuxième place dans le moteur de recherche. Celui d’Iris en troisième. On s’est donc retrouvé à recevoir beaucoup de demandes d’hébergement. Et on a constaté exactement le même je m’en foutisme. « Je suis français en PVT, j’arrive à Sydney dans trois jours, ça serait cool que vous m’hébergiez, vous m’avez l’air sympa ». La plupart en provenance de profil créé il y a quelques semaines maximums.

Le profil type du PVTiste à Sydney ? Un branleur, pas motivé, pas intéressant, qui vient ici pour se saouler la gueule tout les soirs. Il vient de finir ses études, c’est son premier voyage, et il vient apprendre l’anglais (oui oui, en demandant à des francophones de l’héberger, ne cherchez pas la contradiction). J’ajouterais qu’à mon avis, pour la plupart, papa et maman sont derrière pour financer le projet, parce qu’on leur a dit qu’en étant bilingue, fiston aurait plus de chance à trouver un travail. Bref, fiston essaie désespérément de trouver une job à Sydney, découvre que la vie est cruelle, mais que les trois allemands, l’italien et l’anglais avec qui il partage sa chambre sont vraiment cool. Alors il peut sortir tout les soirs boire une bière (ça aide pour parler anglais), et tout va bien. Il ira faire du fruit picking dans un mois. Avec d’autres français, parce que ça le saoul de parler anglais de toutes façons (ça doit être la bière).

Vous avez sans doute l’impression que je m’égare. Après tout, j’étais parti pour parler de la difficulté de trouver un job. Ce qu’il faut que vous compreniez, c’est que moi aussi j’ai l’étiquette PVTiste français collée sur le front. Avec tout ce que ça implique. Ça m’a pris du temps à comprendre ça. Ça m’a pris du temps à insister sur le fait que j’étais un vieux bilingue de 31 ans et pas un jeune nouvellement diplômé au phrasé incertains. Ça m’a permis de décrocher une entrevue, qui par ailleurs c’est très bien passé, mais ça n’a pas été suffisant…

J’ai décidé de laisser tomber Gumtree. J’y fais une veille, du coin de l’oeil, au cas où je trouve quelque chose dans les environs, pour y courir en personne, déposer mon CV.

J’ai aussi fait pas mal dans le porte à porte. Marcher, j’aime ça. Découvrir des nouveaux quartiers, j’aime ça aussi. Que le CV déposé dans une fromagerie qui cherchait un employé n’ai pas eut de retour, ça fait partie des choses qui, c’est con, m’ont fait du mal à l’optimisme. Après tout, pour l’occasion, j’en ai de l’expérience dans le fromage !

À côté de ça, donc, j’ai cherché comme graphiste. J’ai fait tout comme il fallait, suivant le guide du parfait chercheur d’emploi point par point. Envoyé des lettres de motivation personnalisées quand c’était possible (je reviendrais dans un autre article sur les agences de placement), un beau site tout beau tout neuf tout propre, un profil Linkedin parfait avec de belles références… et là, à priori, j’ai eut plus de résultats. Les CVs ont abouti sur quelques entretiens. Les entretiens se sont super bien passés… mais n’ont pas été concluant. Malgré un suivi par après…

Bref, après un peu plus d’un mois d’optimisme débordant, j’ai reçu le coup fatal hier. Il semblerait que le numéro de téléphone que j’ai activé avec Skype ne fonctionne qu’en partie. Certains appels ne rentrent pas. Combien de téléphone j’ai raté à cause de ça ? 1 ? 5 ? 10 ? Je le saurais jamais.

La saison de Noël approche à grand pas. Côté graphisme, ça s’annonce comme au Québec. Période creuse. Les annonces commencent à se raréfier. Les étudiants ont fini les cours. Ils viennent se précipiter sur Gumtree eux aussi. Et l’employeur qui doit choisir entre un PVTiste et un étudiant australien, à compétences égales, il choisit l’australien. Je n’irais pas le blâmer pour ça.

 

Alors… après tout ça, quelle est la suite du programme ? Iris a encore une semaine de cours d’anglais, mais on va bientôt plus vraiment pouvoir se permettre de payer un loyer sans rentrée d’argent. On a commencé à mettre en place un plan B. On change notre fusil d’épaule. On tente une autre approche. À défaut de finir sur une petite note joyeuse un très long post plutôt rébarbatif, je vous laisse au moins une petite note de suspens en attendant la suite !

 

— Petit ajout suite à un oubli :

En fait, j’aurais pu avoir un travail. Après avoir répondu à une annonce franchement intéressante, je me suis retrouvé à discuter avec la gérante d’un loueur de van. Il cherchait une personne bilingue pour nettoyer les vans, et assurer le service à la clientèle. Une aubaine relativement intéressante, même si la partie nettoyage n’était pas plus intéressante que ça. Le contact avec les gens me plait. Ça me tentait bien. En plus, ils demandaient un candidat bilingue… au final, la madame m’a dit qu’il n’y aurait que du nettoyage à faire. Pas de vente. Le bilinguisme, c’est plus pour être capable d’accueillir les clients. Pas non plus d’à côté du genre « vous pouvez louer un van moitié moins cher puisque vous travaillez pour nous ». Et le tout, évidemment, au salaire minimum. À 45 minutes de l’appartement.

Je n’ai pas l’intention de piler sur mes principes et de me brader. On demande pas à quelqu’un d’être bilingue si c’est pour le payer le salaire minimum. Je n’ai pas non plus l’intention de travailler en dessous du salaire minimum (il y a pas mal d’annonces comme ça). En tant que « vieux expérimenté », j’ai quelques principes qui, même s’ils ne sont pas nombreux, sont là quand même. Les employeurs, à mon avis, sont parfaitement conscient de la situation. Ils savent qu’il y a une main d’oeuvre facile à exploiter, facile à changer, et relativement inépuisable tant que le PVT ne sera pas contingenté. Alors ils en profitent tant qu’ils peuvent eux aussi.

8 Responses to “Trouver un job à Sydney

  1. December 2nd, 2011 at 12:24 pm

    Kaly says:

    Pas rébarbatif ce post, mais instructif. Tout le monde sait qu’il n’y a pas de boulot à Sydney, mais tu développes bien le pourquoi du comment.

    Cela (me) pose des tas de questions : par exemple, depuis quand les PVT existent-ils ? Parce que ces opportunités, d’abord plus ou moins confidentielles, explosent rapidement en nombre d’inscrits quand c’est de plus en plus connu.

    Alors, ce plan B ?

    Je croise des doigts !

  2. December 3rd, 2011 at 8:39 am

    Poulpinette says:

    Bouuuuuuh, je me demandais justement comment se passait ton taf…bon ben j’ai la réponse maintenant, je suis déçue pour vous deux , je pensais que ça serait moins dur que ça de trouver un taf, peut être que c’est parce que c’est Sydney.
    Ma copine qui a enchaîné 2 PVT NZ et Australie m’a dit que c’était le bonheur l’Australie par rapport à la NZ niveau taf, en NZ il y a presque rien et elle a pu juste trouver un taf dans une usine à se lever à 4h du mat pour aller découper des poissons et sinon fruit picking!
    Peut etre qu’il faut s’éloigner de Sydney effectivement…

  3. December 11th, 2011 at 9:20 pm

    alexandra says:

    Ca donne pas envie, moi qui déprime quand je bosse pas. J’aurais tenu autant que vous, après il faut bouger, bonne réaction à mon avis 🙂

  4. December 16th, 2011 at 12:38 am

    lilou says:

    Moi qui suit actuellement à Sydney et qui vient de perdre 2500 euros, je voulais rester optimiste et y croire mais là je rentre chez moi apres seulement 3 jours ici lol

  5. December 17th, 2011 at 12:18 am

    Sébastien Chion says:

    Ouch… coup dur en effet. Même si je pense que c’est dommage de rentrer aussi rapidement. Il y a quand même énormément d’options économiques/gratuites qui permettent de prolonger un séjour, histoire de profiter quand même un peu du billet d’avion.

  6. April 5th, 2013 at 1:49 am

    Marion says:

    Bonjour, je viens de tomber sur ce blog en faisant des tapant “chercher un job à Sydney” sur Google. A priori ton article date de 2011 mais je te confirme que la situation est la même en 2013. Je suis à Sydney depuis quelques temps et j’ai expérimenté 3 emplois, mon salaire n’ayant jamais dépassé les 12$/ph malgré un travail, toujours dur et intense. Je n’ai jamais été déclarée non plus. Mon moral est au plus bas d’autan que je rencontre trop de personnes dans ma situation… Fini le rêve Australien!! En tout cas ton article est très bien fait et très réaliste même si je suis certaine qu’il ne dissuadera pas les rêveurs aventuriers (dont je faisais partie).

  7. April 7th, 2013 at 3:50 pm

    Sébastien Chion says:

    Bonjour Marion ! Et bienvenue par ici 😉 le but de mon article n’était pas tant de démotiver les gens ou de les dissuader que de simplement essayer de les avertir un peu. Par rapport à mon expérience, je pense qu’il reste possible de trouver du travail à Sydney (en Australie en général, j’ai vécu exactement la même chose à Melbourne) mais que ça relève quand même pas mal de la chance. Ou du copinage. Continue de rêver et de vivre l’aventure, c’est tout ce que je te conseille. Si tu as le courage de lire tout mon blog, ou simplement des extraits, tu verras qu’au final j’ai passé 10 mois magnifiques en Australie, sans jamais réussir à trouver de travail. De combines en bénévolat, de copinage en bidouillage, je garde un souvenir inoubliable de mon séjour là bas. Côté boulot, ce que j’ai pu vraiment vérifier, c’est qu’il y a plus de boulots dans les régions/villes un peu plus reculées (je pense notamment à Alice Springs, et dans les territoire du nord). Et qu’en service à la clientèle, être une fille aide quand même pas mal 🙂 Donc tout ce que je peux te souhaiter, c’est bonne chance, bon courage, et profite vraiment à fond. Il fait bon vivre down under !

  8. December 27th, 2013 at 1:34 am

    julien says:

    Bonjour,
    Hé bien je suis là depuis 2 semaines à Lindfield (banlieue trés trop calme de Sydney) ma copine à trouvé un semblant de travail, en fait 2, promotions de flyers et waitress en part time, et moi je m’use sur gumtree et en forum en baissant les bras petit à petit, j’ai une expérience de 4 ans en tant qu’animateur en villages vacances, je voulais faire une pause aussi, car divertir et s’occuper du français en vacances ce n’est pas de tout repos. Je suis arriver sans argent, c’est pas malin je sais, Et lire tout vos avis ci dessus ne m’encourage pas beaucoup. Je manque parfois aussi un peu d’optimisme. Bref, merci de partager vos éxperiences, c’est bien de savoir tout les côtés d’une telle entreprise.