Je pensais m’arrêter brièvement, peut être jeter un oeil à mes mails, histoire de voir s’il est possible d’optimiser la planification avec Virginie (que je dois toujours retrouver dans l’ouest), mais la ville est tout simplement laide. À la pointe du lac Supérieur, sur un canal qui relie le lac à la voie du Saint Laurent, c’est une ville qui semble 100% industrielle. Je ne m’arrête donc pas.

Juste avant de sortir de la ville, j’ai une petite pensée. C’est bizarre en effet, depuis le début de mon voyage, je n’ai pas vu un seul auto-stoppeur. Certes, je n’étais pas sur les grands axes principaux, et j’étais beaucoup aux États-Unis, où le stop semble pas mal moins aimé… mais je compte un peu sur eux pour ajouter des rencontres sur la route. Je trouve ça amusant que si peu de temps après avoir formulé cette pensée, je vois un couple d’autostoppeurs sur le bord de la route. Ils répondent au stéréotype parfait des squeegees Montréalais. Vêtements abîmés, look d’adolescent rebelle qui a bien vieilli depuis, sac à dos acheté dans un surplus de l’armée… ils vont à Thunder Bay. Moi aussi. Mais c’est encore à 700 kilomètres d’ici. Enfin, je peux toujours les avancer un peu. Moi, ce soir, j’ai prévu de m’arrêter au parc national du lac Supérieur, sur les conseils d’Étienne. Étienne est très bon en conseils touristiques. Si un jour ils vous en donnent, ça vaut toujours la peine de les suivre.

Talia et Nik embarquent donc tout les deux dans le van. On se retrouve un peu serré, mais ça répond à mon interrogation. Trois dans le van avec beaucoup de bordel, ça se fait sans problème. On discute, ils sont très sympas. Ils arrivent de l’ouest de Toronto, d’où Nik est originaire. Talia, elle, vient d’Afrique du Sud. Ils s’en vont ramasser des fruits sur la côte ouest, avec 100$ en poche pour faire la traversée. C’est l’une des grandes activités des jeunes de la côte est. Traverser sur le pouce pour ramasser des fruits dans la vallée de l’Okanagan. J’ai toujours été fasciné par les gens qui faisaient ça, du coup, je suis heureux de les accompagner un mini-peu dans leur périple.