Pensées

 

La vérité sur Burning Man

On August 7, 2010, in Pensées, by Sébastien
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Où le photographe pyromane recommence à s’agiter et à projeter des plans de conquête du monde.

Deux cent kilomètres de champs de blé, c’est long. Alors je m’arrête sur une aire de repos que je trouve bien accueillante, et je m’attelle à la lecture du « guide de survie à Burning Man ». Ça m’occupera prêt de deux heures. Burning Man. J’en parle, j’en parle, mais c’est quoi exactement ? En fait, moi même je n’en suis pas sûr. Burning Man, ça dure une semaine, et ça se passe au fin fond d’un désert du Névada. Chercher Reno sur une carte, puis Fernley, 40 kilomètres à l’est. Ensuite, monter plein nord en suivant la 447 pendant une centaine de kilomètres. Vous verrez pyramide lake. Vous traverserez Nixon, Empire et Gerlach, avant d’entrer dans le Black Rock Desert. Vous serez alors rendu. Belle ballade, non ?

Black Rock Desert, c’est un vrai désert, où il fait 40 le jour et 4 la nuit. C’est un vrai désert où se crée, pendant une semaine de temps, une ville de cinquante mille habitants. Descendant des Woodstocks et autres festivals, Burning Man se veut un lieu de création et d’échange. Aucun argent (à part pour payer les billets…), juste du troc. Création en tout genre, le thème principal est le feu. Construire des structures, des oeuvres d’art, que l’on enflamme ensuite. Le point d’orgue du festival est la mise à feu de la structure géante qui est construite pendant la durée du festival. Un genre de « Fallah » perpétuelle pendant une semaine de démesure. En fait, quand j’en ai entendu parlé la première fois, ma réaction a été « je dois y aller un jour, je n’ai pas le choix ». Ensuite, j’ai appris le prix des billets. Ajoutez un aller-retour depuis Montréal, je me suis rendu compte que c’était plutôt impensable. L’impensable s’est produit. Je vais assister à Burning Man avec un appareil photo, un ordinateur, et une imprimante. Pas de ventes, juste des échanges. On verra bien si j’arrive à échanger quelques photos ! Une chose est sûre, entre un concours d’artiste de feux à Montréal, la pleine lune de Chicago et Burning Man, l’exposition Brasier va prendre un second souffle ! Et moi, je vais devoir faire le stock de cartouches d’encre noire avant d’entrer dans le désert !

J’ai fini la lecture du document. Je ne réalise toujours pas que j’y vais pour de vrai. C’est un peu, beaucoup, énorme pour moi. Je n’ai jamais assisté à un événement du genre (Woodstock en Beauce, Shambala, etc…)… il semblerait que je rentre par la grande porte. J’ai été prévu, Burning Man, c’est beaucoup, et c’est intense. Je m’attends d’ailleurs à en avoir trop. Je sais qu’après, je cours me cacher dans les montagnes, tout seul, avec mon petit van !

 

Chapeau haute forme blanc

On August 8, 2010, in Pensées, by Sébastien
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Autant qu’il serve de temps à autre !

Je reste un bon moment à les écouter, mais il y a quand même quelque chose qui me travaille. Je suis tanné de mon look sempiternel de touriste, en sandale et t-shirt. Il y a pas mal de gens aux looks originaux ; j’ai amené beaucoup de vêtements différents, autant que j’en profite un peu ! Je fais donc un petit retour rapide au van, le temps de me changer. Chemise blanche, gilet, et chapeau haute forme blanc. Look découvert un peu par hasard pour la pendaison de crémaillère mais qui, au final, me plaît beaucoup. J’écoute à nouveau un peu de musique en traversant le parc. Comme toujours, la transformation est efficace. Les gens me regardent, me sourient, complimentent mon chapeau. En plus, comme ça, j’ai l’avantage de ne pas faire trop peur.

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Bushwakker

On August 8, 2010, in Gastronomie, Pensées, by Sébastien
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Ma bière finalement terminée et mon blog un peu mis à jour, je suis les indications du serveur. Elles me permettent de m’éloigner un peu du centre ville de Regina. J’ai donc la confirmation que celui-ci est tout petit petit petit. Je passe à côté du Casino, traverse le tunnel sous le chemin de fer, […]

Ma bière finalement terminée et mon blog un peu mis à jour, je suis les indications du serveur. Elles me permettent de m’éloigner un peu du centre ville de Regina. J’ai donc la confirmation que celui-ci est tout petit petit petit. Je passe à côté du Casino, traverse le tunnel sous le chemin de fer, tourne à gauche dans une rue où je serais jamais allé si on ne me l’avait pas dit, et franchit une énorme porte gravée Bushwakker.

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L’intérieur me plaît beaucoup. Ambiance festive, sans être trop bruyante ou débordante. Je m’approche du comptoir, et demande quelques renseignements sur les bières qu’ils ont à vendre. Le vendeur connaît parfaitement la question, et me prépare un certains nombre de verres de dégustations. On passe un bon moment à commenter chacune. Je sais pas… quand je fais une dégustation, surtout quand c’est gratuit, j’essaie de commenter le plus possible. Je veux montrer que j’aime ça, que je connais quand même un peu le sujet, et que je fais pas juste semblant pour avoir le droit à quelques gorgées gratuites. En général, c’est une méthode qui marche bien. Après les deux premières dégustations, la personne en face est plus ouverte, plus enthousiaste. Elle parle plus, fait plus de suggestions, et accessoirement cerne mieux mes goûts. Ce qui lui permet de m’en faire essayer deux autres. Si je vide les deux premiers verres (de dégustation, hein ! pas des pintes) je reste raisonnable sur les suivants. J’ai déjà une autre bière derrière moi, je conduis dans pas long, et habituellement, les dégustations me montent vite à la tête. Quelques découvertes très intéressantes, dont une stout à la vanille. Comme je dis au serveur « je l’aime pas ; elle a de quoi qui me dérange, mais elle est définitivement très originale et mérite donc que je la ramène avec moi ». Je lui explique ensuite ma quête. Faire le tour de l’Amérique du Nord, et ramener le plus de bières différentes avec moi. Oui, mon objectif semble évoluer un peu : j’achète trois autres bouteilles. Je suis déjà rendu à 11 ou 12, si je compte bien. Je pense que je ferais poper les 30 assez rapidement et facilement si je continue comme ça. Au moment de partir, le vendeur me demande si je suis là pour le festival et si je passe la soirée ici. Je lui explique que je passais par hasard, et qu’à priori, je quitte Regina ce soir. D’après lui, pourtant, la musique reprend en soirée, et le festival continue.

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Les kilomètres qui défilent

On August 8, 2010, in Carnet de route, Pensées, by Sébastien
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Mais l’essence baisse mois vite, c’est déjà ça.

Les kilomètres défilent, relativement lentement. Même s’il n’est pas rapide, j’y ai pris goût à mon rythme de conduite à 90-95 kilomètres heures. La veille, il m’a finalement permis de passer sous la barre des 10 litres au cent. 9.9 ! Aujourd’hui, je pulvérise complètement le record, en descendant à 9,3 litres. Faut dire que je fais de l’autoroute, de l’autoroute, et rien que de l’autoroute. J’essaie de comprendre. Le même paysage, en remplaçant le blé par du sable, me fascine. La même chose, version désertique dans le Névada, je trouve ça magnifique. Mais avec du blé, avec des herbes, ça ne m’accroche pas. Et j’avoue être bien en mal d’expliquer pourquoi. Peut être parce que la nature a disparu ? Peut être parce que ce paysage est en parti artificiel ? Je ne sais pas… toujours est il qu’il n’y a pas grand chose à faire, à part regarder un faucon sur un poteau électrique de temps en temps. Je craque à nouveau, et me regarde un deuxième film. Cette étape est pas mal la plus longue. C’est aussi pas mal la dernière fois que je roule autant.

 

Route de montagne, pas de freins

On August 11, 2010, in Carnet de route, Pensées, Photos, Pourquoi Pas ?, [Rocheuses Canadiennes], by Sébastien
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Où le plaisir du freins moteur.

Ce matin, réveil très tôt. Pas forcément nécessaire pour moi, mais je suis avec des touristes pressés et leurs journées commencent tôt. Dans ce temps là, pas évident de dormir tard. En même temps, il faut que je fasse vérifier les freins, donc autant que je commence la journée rapidement, si c’est pour la passer dans un garage. Je repense, encore, à Volkswagen Blues. Jacques Poulin s’arrête dans un garage avant les montagnes, pour faire vérifier les freins. J’envisageais de peut être faire de même, mais j’étais pas sûr. Je voyais la vidange qui s’en venait, je me disais que je pourrais faire les deux en même temps. Finalement, je n’ai plus vraiment d’hésitations. Route directe jusqu’à Golden. J’ai une centaine de kilomètres à faire. Je sais que dans la vallée de Kicking Horse, des fois, ça descend un peu raide.

Je dis au revoir à Karine et ses amies. On devrait se retrouver à nouveau dans quelques jours -le vendredi soir- à Banff, histoire de faire la fête tous ensemble, si Virginie est partante aussi.

La route est un peu stressante. Les freins ne se sont pas réparés tout seul par miracle pendant la nuit. On pouvait toujours rêver ! Accessoirement, la route est très souvent en chantier. Je roule prudemment, lentement. À chaque fois, le van répond quand je lui demande de freiner. Je me rends compte qu’en pompant un peu, il freine mieux. Mes immenses connaissances en mécanique me laisse imaginer un tuyau de liquide de frein arraché ou percé. Ça marche encore, juste moins bien. Tout cela est quand même un peu stressant. J’écoute le moindre bruit de Pourquoi Pas ?, la moindre de ses vibrations. J’ai pas vraiment envie qu’il me laisse tomber alors que mon voyage fait juste commencer ! Enfin… dans ma tête, j’ai l’impression que c’est juste le début… il vibre plus que d’habitudes, il fait des bruits qu’il ne faisait pas avant. Ce n’est pas le stress qui me fait dire ça, je le connais quand même bien mon petit Pourquoi Pas ?. J’espère que je n’aggraverais pas trop le problème en continuant de rouler.

C’est une boîte automatique. Je n’aime pas vraiment ça, en zone de montagne. La boîte manuelle donne un meilleur contrôle sur le frein moteur. Mais en même temps, il y a une position où je le bloque en troisième vitesse maximum. Je le teste. À ma grande surprise, le frein à moteur est une vraie merveille. En descente, raide, il faut que j’accélère pour dépasser le 60. Ça, ça me rassure beaucoup. Pour la route présente, mais pour la route qui viendra plus tard également. Tant mieux si je n’ai pas à trop me servir des freins.

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Les petits ronds verts

On August 11, 2010, in Carnet de route, Pensées, Pourquoi Pas ?, [Rocheuses Canadiennes], by Sébastien
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Concept voyage.

On m’avait suggéré à mon départ de Montréal « tu pourrais écrire le nom de tes différentes destinations dans les tits ronds verts ». L’idée m’avait beaucoup plus. Je ne l’ai pas fait tout de suite, vu que j’avais rien à écrire, mais après à un moment, j’ai commencé à marquer le nom des grandes villes, et de certains endroits qui m’ont plus. Les grands lacs, Fargo, Saint Malo, etc… je découvre, juste à côté de la portière du passager, que le garagiste a écrit son nom et le nom du garage. C’est bête, mais ça me fait super plaisir. Ça montre que non seulement il l’a réparé, mais il l’a regardé, et il a « compris » mon idée. Acte spontanée que je trouve très sympa. Je rerentre dans le garage pour le remercier. Et puis finalement, je démarre, et on quitte Golden. Je freine souvent, au début, pour le plaisir. Ça marche ! La vie est décidément bien belle ! Destination : les sources chaudes de Radium Hot Spring. Que demander de plus ?

 

Monsieur le premier ministre

On August 11, 2010, in Carnet de route, Pensées, [Rocheuses Canadiennes], by Sébastien
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De la culture de nos voisins

Un couple discute à côté de moi, pendant que j’attends Virginie. À un moment, le gars me demande : « qui est le premier ministre du Canada déjà » ? Un peu surpris, je réponds à sa question. Par curiosité, je lui demande d’où ils viennent, m’attendant à des australiens ou des néo-zélandais. « Du Minesota ». Je me souviens, lors de mon précédent voyage dans les rocheuses, avoir rencontré des texans qui ne savaient pas où était Montréal. Considérant l’immense distance entre Montréal et le Texas, je n’avais pas été choqué plus que cela. C’était, éventuellement, compréhensible. Mais là, je reste vraiment sur le cul. Qu’un couple d’Américain, vivant dans un état frontière avec le Canada, ne connaisse pas le nom du premier ministre, j’hallucine complètement. Après tout, les États Unis ont seulement deux pays voisins. Le Canada et le Mexique. Et c’est pas comme si le Canada ne faisait pas parti du G8…

 

Steve

On August 11, 2010, in Carnet de route, Gastronomie, Pensées, [Rocheuses Canadiennes], by Sébastien
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Les rencontres imprévues… du genre qui font travailler la mémoire.

On est de retour au van, où l’on s’installe cinq minutes pour discuter. Je suis sur le fauteuil passager, tourné vers l’arrière, la porte fermée. Virginie est assise à l’arrière, la porte ouverte. Un gars passe juste à côté du van et lance un « Pourquoi Pas ? », invitation très claire à commencer la discussion. J’ouvre la porte pour lui dire bonjour. Il me regarde. « On se connaît ». La phrase que je déteste. Il est très clairement québécois, très clairement francophone. Mais j’ai juste aucune mémoire des visages. Alors reconnaître quelqu’un au beau milieu des rocheuses, je vois juste pas comment y arriver. J’essaie, sans succès. Il sait que je suis de Montréal ; il décide à faire durer le jeu, de voir si je suis capable de le replacer. Un indice de temps en temps, mais c’est tout. On passe un bon moment à discuter tout les trois. Il est sympa, mais en même temps, il y a quelque chose qui me met mal à l’aise. Incapable de dire quoi. On en parlera avec Virginie le lendemain pour découvrir qu’on partage exactement les mêmes impressions. Il pourrait être tout à fait normal. Son jeu d’essayer de me laisser le replacer peut être tout à fait anodin, mais me laisse perplexe. Son visage, pourtant, me donne l’impression que je l’ai en effet peut être déjà vu.

On échange sur pas mal de sujets, notamment nos voyages en cours. Ce que l’on fait ici, pourquoi… malgré la petite appréhension, je le trouve sympa. Et je me dis que passer la soirée avec lui pourrait être agréable. Je pose une ou deux questions anodines ; il fait du camping, ce qui est parfait. Étrangement, je n’aurais pas envie qu’il dorme dans le van alors que je serais prêt à passer la soirée avec lui. J’hésite un peu ; théoriquement, je devrais consulter Virginie avant de proposer, mais je vois pas comment lui demander son avis… je prends donc une chance et lui propose de passer la soirée avec nous. Lui va vers le sud, nous vers le nord, mais si on trouve un emplacement discret, pas loin, ça pourrait le faire. Je regarde Virginie après avoir posé la question, ne voit aucun mouvement de panique, aucune tentative de me faire changer d’avis. Steve, puisque c’est son nom, accepte l’invitation. Par curiosité, je lui demande où est sa voiture. Car sur le parking, il n’y a plus qu’un gros camion blanc pas de remorques, et une vieille voiture un peu délabrée. Mon petit doigt me fait penser qu’il se déplace en camion. Il confirme. Sa tente est pas mal plus grosse que la notre ! Je me dis que ça peut être être un peu difficile de trouver un petit chemin tranquille, mais il n’a pas l’air de s’en faire. Comme il n’a pas vu le canyon, et qu’on lui a dit que ça valait la peine, il demande si ça nous tente de le refaire rapidement. Je décide d’accepter, histoire de pouvoir parler un peu plus avec lui, me sentir plus à l’aise. L’ambiguïté de ce que je ressens me perturbe énormément. D’habitude, j’arrive à me faire assez rapidement une première idée générale. Je suis déstabilisé par cette impossibilité.

On refait la balade, donc, beaucoup plus rapidement. En une vingtaine de minutes. Il est toujours aussi agréable de discuter avec lui, mais il n’arrive toujours pas à me convaincre. Je lui pose quelques questions, histoire de réussir à le replacer. Il continue à jouer à me donner des indices, très légers, sans conséquence. On se connaît grâce à une personne que ni lui, ni moi, ne connaissons vraiment, mais couchsurfing a à voir là dedans. On ne s’est vu qu’une seule fois, à la mi saison (le printemps ou l’automne, lui même ne le sait plus) ; c’était dans le centre ville, à l’extérieur. Tout cela ne m’aide pas.

De retour au van, et au camion, on commence à discuter de la démarche à suivre pour trouver un endroit sympa où s’installer pour la nuit. Du coin de la tête, j’indique le petit chemin qui s’éloigne du parking principal, avec le panneau « camping interdit » à l’entrée. « Dommage qu’on ne puisse pas camper ». On se regarde, on regarde le panneau. Il est vraiment petit, discret. Le petit chemin va vers un deuxième parking, caché depuis la route. Si on se parque là, on ne sera pas visible pendant la nuit. De jour, on ne sera visible que depuis le parking. Ça semble plutôt parfait. Dans le pire des cas, si un garde nous repère, on s’excusera disant que, de nuit, on n’avait pas vu le tout petit panneau.

On a donc juste 100 mètres à faire, ce qui convient parfaitement à tous. Virginie a même le droit à une promenade en camion. On rigole à plusieurs reprises avec Steve sur le fait qu’on ne le connaît pas, et qu’il pourrait très bien être un fou psychopathe. Après tout, comme je lui ai dit en rigolant -et pourtant en le pensant un peu en même temps- il aurait très bien pu prendre une chance en disant que je venais de Montréal. Il m’a expliqué que les camions sont barrés à 105 kilomètres heures, au Québec, pour des raisons de sécurité. Je lui dis donc, toujours sur le ton de la plaisanterie (et en ne le pensant pas vraiment cette fois) que ça ne sert à rien qu’il essaie d’enlever Virginie, le van montant à 110.

On gare les deux véhicules côte à côte, 100 mètres plus loin. Il nous offre une petite visite de sa maison à lui. C’est franchement grand et impressionnant à l’intérieur. Là aussi, tout est optimisé pour économiser la place. Mais de la place, il en a sans doute au moins autant que nous. Et puis lui peut se tenir debout à peu prêt partout. Il m’explique un peu les 13 vitesses du camion. On jase un peu technique. J’ai toujours un restant de passion pour les camions qui n’est jamais parti. Et puis après tout, chauffeur routier en Amérique du Nord, ça fait parti des métiers que j’aimerais faire. Pendant six mois. Pas plus. Comme pilote de train. Par contre, il n’a ni cuisinière ni eau courante. Et les fauteuils ne se retournent pas. On se retrouvent donc tout les trois dans le van, autour d’un plat de pâtes aux tomates, que l’on dévore avec plaisir. Il ne boit pas d’alcool ; ça ne nous empêchera pas, avec Virginie, de nous faire une tite vodka pomme en accompagnement. Et puis un petit morceau de fudge de Mackinac en désert, ça ne se refuse pas. Il ne m’en reste plus beaucoup, mais j’en ai encore un peu. Plaisir sans cesse renouveler. Un vrai délice. Il mérite largement sa réputation.

On discute jusque tard dans la nuit ; et puis à un moment, dans la soirée, mes deux neurones se connectent enfin. J’ai toujours adoré ce sentiment de savoir que la mémoire travaille en tache de fond, pendant que le cerveau continue à fonctionner normalement. J’imagine tout les neurones paniqués, courant à toute vitesse, dans tout les sens, essayant de retracer l’information. Je sors soudain « on a tout les deux accompagné Chelsea, une couchsurfeuse américaine qui cherchait quelqu’un pour lui faire découvrir Montréal. C’était au métro Mc Gill, on a mangé ensemble là bas, puis vous êtes partis de votre côté ». Bingo ! Mon ordi se rappelle de tout. J’ajoute donc : « c’était le 6 mars 2010 ».

Une partie de moi se trouve rassurée. Ce n’était pas du bluff ; il était exactement ce qu’il prétend. Je suis tout simplement impressionné qu’il m’ait reconnu, alors que l’on a passé juste quelques heures ensemble. Mais maintenant que je l’ai replacé, je reconnais son visage sans le moindre problème. Je me souviens même que, quand je l’avais vu à Montréal, il ne m’avait pas vraiment inspiré confiance. Comme quoi ! Certaines impressions ne changent pas. Il n’en reste pas moins que croiser dans un parking du parc Kootenay un montréalais que je n’ai vu que quelques heures… ça ne fait que confirmer une fois de plus la micropetitesse du monde.

Et puis finalement, on décide de se coucher. Il rebondit pourtant sur une remarque pour prolonger un peu la discussion encore, donnant l’impression qu’il n’a pas souvent l’occasion de rencontrer du monde et de discuter. Pour être routier, après tout, il faut quand même pas mal aimer la solitude !

On discute encore un petit dix minutes avec Virginie, histoire de réviser nos plans. Finalement, on n’aura même pas traversé le parc Kootenay. C’est la beauté des rencontres imprévues, et de voyager en prenant son temps. On se couche finalement, Pourquoi Pas ? tranquillement à l’abris du gros camion blanc.

 

Petite pensée pour les parents inquiets

On August 13, 2010, in Pensées, [Rocheuses Canadiennes], by Sébastien
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Mais on a survécu quand même !

On arrive à Pourquoi Pas ? pensant à nos parents inquiets d’imaginer leurs enfants perdus sous un orage de grêles et slalomant entre les arbres qui tombent avec un ours qui leur court après. Ça fait du bien ces petites balades en montagne ! Ça réveille et remet les idées en place ! On étend tout le linge un peu partout dans le van, on se change pour du sec. Ça fait du bien ! C’est l’avantage de voyager tout confort. On se fait une soupe bien chaude pour se remettre de nos émotions, et on reprend la route.

 

Le démon tout droit sorti de l’enfer

On August 15, 2010, in Pensées, [Rocheuses Canadiennes], by Sébastien
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Vous trouvez pas vous ?

Personnellement, je vois très clairement une créature démoniaque en train de sortir du sol !

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