Je ne me suis pas réveillé trop tard. C’est agréable d’ouvrir les yeux sur le bord de la mer, et une balade sur la plage commence définitivement bien une journée. En plus, le Ranger venu vérifier que tout allait bien a eut la gentillesse d’attendre que Pourquoi Pas ? soit en mode « incognito » (tout les rideaux ouverts, et moi qui ne me promène plus en pyjama) pour venir faire son inspection. Au moins, si jamais je n’avais pas le droit (et le panneau « camping interdit » est quand même assez explicite), il est trop tard pour me dire quoi que ce soit.

[À moitié réveillé, et déjà en train de faire des panoramiques]

[Et j’ai même le droit à un aperçu de la faune locale]

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Mon objectif pour la journée est assez simple. Trouver un garage et une laverie. À priori, j’ai deux semaines d’autonomie en linge, ce qui est pas mal pratique, mais il n’empêche que des fois, c’est nécessaire. Je reprends donc la route en direction de North Bend, qui est la ville la plus importante dans les environs. J’aurais plus de choix de garages, et plus de quoi à faire pour m’occuper en attendant. En fait, la première chose que je ferais en arrivant en ville, c’est de me jeter sur une station service. J’ai continué à surveiller le compteur kilométrique, mais la petite aiguille descendait moins vite que d’habitude. Du coup, j’ai battu un record en faisait 698 kilomètres sur un seul plein, mais en gardant une consommation d’environ 10 litres au 100. C’est donc bien le réservoir qui est plus grand que je pensais : un peu plus de 72 litres semble-t’il.

La deuxième étape consiste à trouver une connexion internet. Je commence à être lassé de chercher des connexions internet. J’ai hâte d’arrêter d’en chercher en fait. Mais ça me paraît un bon moyen de repérer un garage facilement. En même temps, je me fais la promesse qu’après San Francisco, je disparais de la toile pendant un moment, parce que là, quand même, ça commence à bien faire, non mais oh, hein, bon !

Une recherche de garage dans les environs me permet d’en trouver un qui s’appelle « Paul Autopart ». Déjà, à la base, le nom m’inspire confiance. Et puis en plus, c’est le seul qui a un commentaire, et il est positif. Je m’y dirige donc tranquillement. Autant la conduite sur les routes de campagne avec des freins fonctionnants moyennement bien, ça reste tout à fait gérable, autant en ville, j’aime pour ainsi dire pas vraiment ça. Mais bon, j’ai pas trop le choix non plus… je discute un peu avec le garagiste, lui explique le problème. Il me dit de repasser en début d’après midi. Je vais donc me garer en « centre ville », et me promène un peu pour faire passer le temps. Je suis à nouveau en mode « chemise blanche, veston et haut de forme blanc ». J’aime toujours ça. À ma grande surprise, je me fais demander à deux reprises si je peux être pris en photo. J’accepte volontiers, tout en trouvant ça très sympa.

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Pour dire la vérité, je ne suis pas exactement à North Bend. Je suis à Coos Bay. Il y a plusieurs agglomérations qui se touchent les unes aux autres, et je me suis arrêté à la première. L’ensemble de ces petites villes portent le doux nom de « Oregon Bay Area ». Oui, sont mieux de préciser « Oregon », parce que la Bay Area, c’est déjà pris plus au sud. Le tour des 3 rues du centre ville de Coos Bay est très vite fait, donc je me pose tranquillement sur l’ordinateur pour faire passer le temps.

Et puis retour au garage à l’heure dite. Le garagiste jette un oeil, regard le niveau de liquide de freins, quasiment vide. Il en remet. Je me sens un peu bête. Si c’est juste ça… en même temps, ça m’arrangerait ! Mais non, on admire juste après la magnifique flaque à côté de la roue arrière gauche. C’est donc au tour de l’autre… à priori, même symptôme, même problème. La bonne nouvelle, c’est donc que la première réparation avait été bien faite (mais le garagiste aurait du en profiter pour faire l’autre roue). L’autre bonne nouvelle, c’est que les roues avant ne me feront pas le même coup (j’ai demandé confirmation, un peu inquiet). Ça devrait prendre une paire d’heures. Je prépare quelques affaires pour emmener avec moi, hésite pour le linge sale. Ça sera une autre fois. À la place, je prends mes rollers, dans l’intention d’aller voir North Bend. Je ferais vite demi tour. Rouler sur un bord de route nationale 4 voies avec des graviers et un revêtement mauvais ne me fait pas plus envie que ça.

Je retourne donc m’installer sur mon banc où je capte internet, et attend tranquillement. Je fais également un petit arrêt au pub du coin (très sympathique) pour boire une bière à la santé de Virginie (bonne fête m’selle 🙂 ).

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Et puis je reviens au garage, pour trouver un garagiste qui m’explique qu’il va devoir changer une pièce, mais qu’il ne l’a pas. Il faut que je revienne demain matin. Je lui demande le prix. Une centaine de dollars. Ça semble inclure la main d’oeuvre. Si c’est ça, ça me va. Mais j’avais pas vraiment envie de rester dans le coin ce soir. Enfin… tant pis. Une fois de plus, en tout cas, il est très sympa, et sait me mettre en confiance

Je reprends donc le volant, et fait un petit détour complètement inutile par North Bend, où le centre ville ne semble même pas exister. Je me dirige donc en direction de la côte, dans l’espoir de trouver un petit endroit tranquille pour passer la nuit. La ville s’étale ; plein de petites maisons, éparpillées, pas vraiment belles. Le paysage ne présente aucun intérêt, et ça me déprime un peu. Je trouve finalement une route qui me mène vers la plage. Il y a plusieurs parkings avec des panneaux « no overnight camping » mais si on continue un peu plus loin, les panneaux ne sont plus là. Si c’est pas interdit, c’est que c’est autorisé, non ?

Je regarde l’océan. Il est 17h30. Il est tôt, encore. Je n’ai pas vraiment envie de rester des heures ici à ne rien faire. Je ressens encore le vide d’avoir quitté tout le monde hier, et rester assis sur le sable à regarder les vagues n’est assurément pas la meilleure façon de reremplir tout ça. Alors à la place, je reprends la route, et continue un peu sur le bord de la côte. Celle-ci devient soudainement magnifique, même si j’ai du mal à en prendre conscience, perdu dans mes pensées que je suis. Je me gare à un moment. Ce qui devait être juste quelques pas pour aller voir un point de vue se transforme en une petite balade qui me fait le plus grand bien. La machine à sourires redémarre, tranquillement pas vite. Je retrouve, amusé, les théories que j’avais formulé sur l’âme il y a quelques temps maintenant. Tout n’est pas fonctionnel à 100%, mais ça se remet en place, petit à petit, et c’est tout ce dont j’ai besoin.

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Sur le retour à mon parking, je fais une autre petite pause à « Sunset Bay » la bien nommée, dans un timing parfait pour souhaiter bonne nuit au soleil.

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Et puis je reviens m’installer tranquillement, sur mon bord de plage. Le vide a diminué. Si je peux reprendre la route demain, encore un ou deux jours, et le problème devrait être réglé.