Ce matin, c’est très clairement l’automne. Le vent n’a pas arrêté de souffler pendant la nuit, apportant avec lui un magnifique amoncellement de nuages gris. J’ai l’impression que ça va être dur d’échapper à la pluie aujourd’hui.

Ce matin, j’avais un petit mot gentil sur mon pare brise. Du genre « n’oubliez pas de venir payer pour le camping. PS : j’ai noté votre numéro de plaque ». Ouais, bon, évidemment… au moins, c’est sympa, il m’a laissé dormir. Je n’ai plus d’argent liquide, mais il est possible de payer par carte visa. Je recopie donc les informations de ma carte, sans trop m’appliquer. Je sais, c’est petit. Mais en même temps, je sais pas pourquoi, aujourd’hui j’ai pas envie de payer. Autant, une fois de temps en temps ça ne me dérange pas, autant, cette fois, ça me tente pas. Bref, on verra bien…

Je fais un petit détour pour dire au-revoir au phare juste avant de partir (que je ne visiterais pas, parce que c’est payant, et que bon, il est joli, mais pas exceptionnel non plus), et je reprends la route, finalement sans m’arrêter pour visiter la maison (je sais que la visite est gratuite, elle, mais à matin, finalement, ça ne me tente plus, bon) !

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Le ciel gris m’accompagnera toute la journée, et finira par me faire tomber ma première vraie pluie depuis Jasper (il y a une éternité). Je constate tristement que mon « no dust, only happy(i ?)ness » disparaît tranquillement pas vite… enfin, en même temps, ça fait du bein au Pourquoi Pas ? de se faire dépoussiéré un peu !

Comme on me l’avait annoncé, la côte de l’Oregon est vraiment très belle. En fait, j’essaie de comparer la Californie et l’Oregon dans ma tête depuis un moment. Quand je pense à la première, c’est l’adjectif « grandiose » qui me vient. Pour le deuxième, c’est « magnifique ». Pourtant, il me semble que je préfère l’Oregon, et ça devient difficile à expliquer. J’ai l’impression que la Californie, c’est quasiment rendu « trop ». Death Valley, c’est un désert hallucinant. Yosemite, c’est un parc complètement fuck top. San Francisco, c’est une ville tout simplement génial. En fait, ça me donne l’impression qu’on ne peut pas vraiment se « reposer » en Californie. Il y a toujours trop, beaucoup trop. C’est parfait pour un voyage de deux ou trois semaines. Mais pour plus, il me semble qu’à un moment on a besoin de s’arrêter, de se relaxer. Je passerais sans aucun problème 6 ou 7 jours à Crater Lake à ne rien faire. Je ferais la côte de l’Oregon en vélo, en m’arrêtant tout les 100 mètres. La côte Californienne, c’est une autre affaire. Les « Redwood Cove » et autres regroupements d’arbres gigantesques en Californie vous écrase, vous subjugue, vous transporte. Pas moyen de juste regarder. Il faut se poser des centaines de questions métaphysiques. Et puis il y a Eugène. Il faut que je retourne à Eugène. En Oregon, tout le monde me parle d’Eugène et/ou de Portland. Les deux petites villes géantes. La Californie, c’est surf, saut en parachute et escalade. L’Oregon, c’est promenade sur la plage, cerf-volant et randonnée.

La côte de l’Oregon, disais-je. Ses criques, ses petites falaises, et ses cailloux qui sortent de la mer. Ce matin, j’ai vu une baleine :

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Mais si, regardez bien le rocher au milieu. On la dirait sortie tout droit des aventures de Pinochio !

Je commence la journée en roulant, et en me demandant bien jusqu’où ça va me mener. J’avance pendant un moment, jusqu’à me dire qu’il serait temps que j’arrête de rouler. Je pourrais, à la place, me garer dans un endroit qui me plaît, manger, pis travailler un peu. Oui, le contrat en standby depuis 3 mois vient de débloquer. Yééé !

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L’endroit me plaît bien. Je passerais donc un bon moment dans le van, à travailler tranquillement, et à regarder la mer. Et puis finalement, quand j’estime en avoir fait assez, je me dis que quand même, quand on y pense, cette presqu’île mérite qu’on aille y faire un tour. Ça sera l’occasion de découvrir une magnifique petite grotte dans la montagne du bout. Le premier caillou troué de la journée.

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Et puis pendant que je mangeais tranquillement au chaud, un couple au look bien sympathique ( comprendre « jeune dans la fin vingtaine, voyageant dans une vieille voiture immatriculée dans l’Oregon ») est parti se balader sur la plage. Je passerais juste après leur départ, là où ils ont laissé une très jolie création derrière eux, à base de plumes, de bois, et d’algues, dans un esprit qui, pour moi, est 100% côte ouest.

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Moi, je me contenterais de faire des photos hyper originales et hautement conceptuelles :

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Ils sont encore là quand je reviens au van. Mon message poussiéreux n’a pas encore totalement disparu, du coup ils me demandent si j’essaie de rentrer chez moi depuis Burning Man. D’un certains côté, c’est un peu ça… on discute 5 minutes. Ils sont de Eugène, évidemment.

Je reprends la route, pour m’arrêter un peu après dans un endroit que j’attendais impatiemment. Cape Sebastian. Bin ouais, après tout, des endroits qui portent mon nom, j’en connais pas beaucoup, et j’ai pas l’occasion d’en voir souvent. C’est sans doute magnifique sous un grand ciel bleu. En tout cas, je n’en doute pas. Mais j’avoue que sous la pluie les nuages et le brouillard, ça perd un peu en intérêt.

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Un peu après, la route entre dans le « Samuel H. Boardman Scenic Corridor », un parc tout en longueur, qui suit une partie de la côte. Nommé en l’honneur du premier responsable des Parcs Régionaux de l’Oregon, qui en gros, a fait un travail de fou pendant 20 ans (1930-1950) pour protéger le plus d’endroits possibles. Ce corridor, c’est un peu l’achèvement de son oeuvre, et c’est vrai qu’il est magnifique. Des points de vue pour s’arrêter tout les 3 kilomètres pendant une quarantaine de kilomètres. C’est très clairement de la route qui ne se fait pas vite, et qui se déguste au rythme des nombreux arrêts. Je fais la course avec un couple de cyclistes (qui eux ne s’arrêtent pas). Ils vont très clairement plus vite que moi ! Je me répète, mais je trouve tout simplement magnifique ces gros cailloux qui débordent de partout. Et pour l’occasion, j’ai le droit à 4 ou 5 rochers percés, et à un double pont naturel.

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Le corridor se termine sur un point de vue pour aller voir le pont Samuel H. Boardman. Encore une autre petite balade d’une petite dizaine de minutes, qui vous amène sur un autre point de vue magnifique. Je sais pas pourquoi, je m’attendais à un pont naturel ; en fait, non, c’est un pont en métal bien pas naturel. Joli quand même, et accessoirement le plus haut de l’Oregon (à peine une centaine de mètres). Bref, histoire de dire que je ne suis pas venu pour rien, je m’offre un petit pano.

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Mon plan pour la journée, c’était de m’arrêter dans les environs de Brookings, à la frontière avec la Californie. Absolument rien à voir avec le fait qu’il y a là bas une micro-brasserie, évidemment. Alors que je suis en centre ville, une idée soudaine me traverse l’esprit. Je cherche « Fat Kids Kitchen » dans Google. Pas complètement par hasard : il s’agit du nom que se donne le groupe que j’ai rencontré en fin de semaine passée, et à qui c’était joint Tassa de façon temporaire. Bonne nouvelle, je tombe sur un blog, pas vraiment à jour, mais avec une page « À propos » qui explique le projet en arrière. J’avoue que ça me plaît bien. Il se promène partout dans les États Unis, en offrant de la nourriture aux gens. Plus de détails : http://fatkidskitchen.wordpress.com/about/ ; je n’en regrette qu’un peu plus de ne pas avoir proposé de les accompagner un peu plus longtemps. Enfin, mon petit doigt me dit que nos routes se recroiseront. Après tout, leur bus s’appelant le « Misses Yes », il paraîtrait logique qu’il fasse plus ample connaissance avec « Pourquoi Pas ? », non ?

Dans le centre ville de Brookings, il y a également un Fred Meyers. Ça, c’est une chaîne d’épicerie géante qu’on ne trouve, je pense, que dans l’Oregon. Déjà, les prix dans l’Oregon sont pas cher. Mais là dedans… bref, je me dis que c’est l’occasion de reremplir la réserve de nourriture de Pourquoi Pas ?. Ça aurait très bien pu attendre encore un peu, mais je me dis que mon moral étant aléatoire en ce moment, et la météo pourrie, avoir quelques stocks pourrait être une bonne idée. Et puis ça rassurera mes parents. Je craque donc pour deux petits steaks, de la bière, des tonnes de pâtes, de quoi refaire de la salade de boîtes, et aussi du chocolat chaud. Au point où j’en suis dans les caprices, je m’achète un booster Magic (très certainement le dernier, mais ça me fait rire encore un peu). Et puis un petit spécial pour le repas de ce soir.

Avec tout ça, je me dis que s’arrêter dans une brasserie n’est plus vraiment nécessaire. En plus, cette brasserie en particulier brasse à deux places différentes, et il y a des chances que je passe à la deuxième place demain alors bon… je reprends la route, et quitte l’Oregon, plus vite que prévu, et un peu déçu. Incertains de revenir prochainement. Je sais que mon plan initial est de descendre à San Francisco, et de remonter à Eugène ensuite. Ça me tente toujours. Mais en même temps, je pourrais continuer vers le sud de la Californie, là où il est possible de se baigner même en novembre, puis ensuite rejoindre l’Arizona et les zones désertiques histoires de me garder bien au chaud. En fait, je pense que je sais très clairement ce qui me fera décider pour un bord ou l’autre. Alors pour le moment, sachant que je ne prendrais aucune décision définitive avant au mieux lundi prochain, je me dis que je verrais bien. Les plans dernières minutes sont toujours les mieux.

J’ai regardé la carte pour optimiser ma route, et éviter de repasser trop souvent à des endroits « déjà vus ». En fait, le seul petit bout de route que je vais refaire demain, c’est celui que j’ai fait avec les deux auto-stoppeuses il y a quelques temps et où, du coup, je n’avais pas vraiment pris le temps de m’arrêter. C’est donc parfait !

Et puis je me trouve finalement un petit parc/camping. Ce soir, je suis d’humeur à payer. Si on toc à ma fenêtre, ou qu’on me met à mot, c’est sûr que je paie. Je gare Pourquoi Pas ?. Il fait nuit, mais les arbres aux environs ont l’air magnifique. Oui, pour vous aider à suivre, je suis de retour dans le « Redwood National Park ». Enfin je suis juste à la limite. J’y rerentrerais demain, sauf erreur de ma part.

Je m’installe, range la nourriture nouvellement achetée, et me fait mon petit repas à moi.

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Bière, pain, fondue au fromage en boîte. Première fois que j’essaie. C’est un peu cher, mais ça n’est pas si pire, même si c’est loin de valoir un vrai mélange « secret de famille depuis 142 générations » comme on sait si bien faire par chez nous. N’empêche, ça fait du bien au moral qui allait déjà très bien !

La lumière du tableau de bord du Pourquoi Pas ? a décidé de ne plus fonctionner. La nuit, je ne sais plus à quelle vitesse je roule, ni si il me reste de l’essence. Demain, il faudra que je regarde si jamais ça ne pourrait pas être un fusible, ou un truc du genre, pis peut être que je serais capable de réparer moi même. Ou peut être que non. C’est pas très pratique, mais c’est moins grave que de ne plus avoir de freins (qui reviennent tranquillement pas vite, comme l’avait prédit le garagiste. Il est fort le garagiste !

Aujourd’hui, à 18h12, mon appareil photo a pris une photo sans me demander la permission.

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Personnellement, je l’aime bien.

Et puis la petite fin de soirée relax dans le van, à écouter de la musique, en bloguant, en lisant et en écrivant, ça aussi je l’aime bien !