Les aventures du Pourquoi Pas ?

Sur les routes d'Amérique du Nord, à bord du Pourquoi Pas ?

Les 160000 kilomètres de Pourquoi Pas ?


On s’attendait à une journée relativement tranquille, consistant simplement à rouler des centaines de kilomètres. En tout cas, c’est à ça qu’on était préparé… Le petit duvet blanc qui recouvre le parking et le paysage tout autour laisse imaginer dès le réveil que finalement, ça ne sera peut être pas aussi simple que ça… on prend la route tranquillement, admirant le paysage, et se demandant comment va évoluer la météo…

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La route est magnifique, le paysage est impressionnant, mais la neige m’inquiète. D’autant plus inquiétant, les panneaux indiquant « chaînes obligatoires pour les véhicules commerciaux, au col de Vail ». Enfin, on n’y peut pas grand chose, alors on avance, et on verra bien.

Les vallées se succèdent ; on passe de l’une à l’autre. C’est de plus en plus étroit ; même avec le brouillard et la neige, c’est magnifique. La route est d’ailleurs une merveille d’ingénierie. En fait, elle est quasiment tout le temps suspendu. Impressionnant ! Le problème, par contre, c’est la neige qui commence à s’accumuler sur la route…

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Et puis soudainement, on entre dans une nouvelle vallée. Beaucoup plus large, et surtout, les nuages disparaissent, et le soleil réapparaît ! Malheureusement pas pour très longtemps. Il retourne se cacher au début de l’ascension du col de Vail. Et là, ça se dégrade. Vite. Très vite.

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Mais Pourquoi Pas ?, malgré ses 20 ans, et ses quasiment 160 000 kilomètres est un véritable héros. Il grimpe ; lentement, mais sûrement, faisant preuve d’un courage à toute épreuve. Et le passage du col nous fait pousser un grand soupir de soulagement. 3231 mètres, c’est pas n’importe quoi !

La route se dégage, on respire. Ça redescend. J’imagine que le pire est désormais derrière nous. Les panneaux sur le bord de la route indiquent pourtant que les chaînes sont obligatoires, pour les véhicules commerciaux toujours, pour passer le tunnel. Un tunnel ? Quel tunnel ? Aucune idée… la neige redouble… la pente est de plus en plus raide. La route de plus en plus couverte. Je suis bien conscient que j’ai de moins en moins de contrôle. En même temps, ce qui m’inquiète, ce n’est pas le Pourquoi Pas ?. Je sais quand même relativement bien ce que je fais, et à 15 kilomètres heures, c’est pas vraiment grave. Non, le problème, c’est ces idiots qui se croient invincible dans leurs énormes pickups, et qui roulent à 100 kilomètres heure, sans se poser de question.

Une première voiture est bloquée sur le bord de la route. Trop de neige, trop de glace, ça patine trop, la pente est trop raide. Une dépanneuse est déjà là. Juste après, il y a un groupe de 4 ou 5 voitures. Bloquées également. En fait, il y a trois catégories de voitures. Celles qui sont parfaitement équipées, et qui montent sans problème, mais qui n’ont pas le choix de ralentir désormais, entre le blizzard et les voitures dans tout les sens ; ceux qui comme nous monte péniblement, mais monte. Et ceux qui ne montent plus du tout. Il n’y a pas à dire, tout ça est extrêmement stressant. Je sais que si on s’arrête, on ne redémarre pas. Je maudis les chasses neige qui ne passent pas. Je maudis les idiots qui roulent aussi rapidement. Et surtout, je répète inlassablement des mots d’encouragement à Pourquoi Pas ?. J’en suis fier de mon petit van, qui continue de monter, envers et contre tous. 13 km/h. Il y a de moins en moins de véhicules en train de rouler. 10 km/h. Le van dérape de plus en plus, mais continue de monter. Je me demande si c’est prudent de continuer d’avancer. Est-ce que c’est plus prudent de s’arrêter au milieu de tout ça, pas sûr ! Pas vraiment le choix de continuer d’avancer. 8 km/h. Le van fait ce qu’il veut ; le volant ne sert plus vraiment à rien. 5 km/h. Le moteur patine tant et plus, je surveille la jauge, mais il ne semble pas surchauffer. 2 km/h. J’ai vraiment les nerfs à bloc ; la pente semble se calmer un peu. Pas loin. Juste au prochain virage. 1 km/h. J’y crois encore. C’est juste là. J’ai le van le plus formidable de tout les petits vans à pois verts. Le van n’avance plus. Quelques dernières petites avancées, petit dernier soubresaut d’espoir. Et soudainement, le van part en marche arrière. Ça, c’est pas prévu. La pédale de frein ne répond plus. Le volant ne tourne plus du tout. Quart de seconde de panique, avant de comprendre que le moteur à caler. Je mets le van sur parking. Il s’arrête. La fumée qui sort du capot résume le problème. Surchauffe. Note plus tard : la jauge de température n’est pas tout à fait exact. On se regarde. Le van est sur le bord de la route. Il reste deux voies disponibles pour les voitures, qui peuvent donc continuer à passer. Avec les warnings et les phares, il est parfaitement visible. Il ne reste pas grand chose à faire, si ce n’est attendre. Je maudis une fois de plus les chasses neige. Il me semble que dans une zone de montagne, il y a l’équipement nécessaire pour éviter un tel chaos…

Une dépanneuse arrive, s’arrête. Le gars nous offre un lift pour le haut de la montagne : il y a là un grand parking, juste avant le tunnel. Après, ça fait juste descendre. 200$. Je n’ai pas d’assurance pour ça ; mais tout simplement aucun moyen de négocier. Donc pas le choix d’accepter. On va pas non plus rester ici en attendant le dégel… le van se retrouve à l’arrière de la dépanneuse. On n’a même pas besoin de sortir du Pourquoi Pas ?. Ride originale et intéressante ! Danielle a pas mal le même sens de l’humour que moi, et on rigole quand même beaucoup de tout ça. Savoir que de toutes façons je finirais par rire de tout ça plus tard, autant commencer à en rire plus tôt ! C’est juste 200 $. Le van n’a rien, et l’énorme camion ne nous a pas rendu dedans. Tout va bien, la vie est belle. Et puis monter en dépanneuse, c’est quand même beaucoup moins pénible !

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On arrive en haut, il y a en effet un tunnel. Et un panneau juste avant. 11158 pieds. 3400 mètres. Ouais, bon, quand même ! Sauf erreur, il me semble bien que c’est la première fois que le Pourquoi Pas ? monte aussi haut ! Enfin avec moi. Un peu frustré quand même par le coût de la dépanneuse. Frustré un peu aussi par le fait que j’avais vérifié les prévisions météos, et qu’ils n’annonçaient pas de blizzard. Mais bon, voilà. Tout le monde est en vie, j’aurais peut être fait la même chose en sachant que la météo était mauvaise, et le Pourquoi Pas ? redémarre sans problème. Juste une petite surchauffe. Il a du mal à quitter le parking et à se rengager sur l’autoroute, mais une fois sous le tunnel, ça roule à nouveau parfaitement. Et de l’autre côté, on ne fait plus que descendre. La route est mauvaise, mais c’est quand même plus simple de descendre. On y va tout doucement tranquille, et ça se fait sans problème.

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On est quand même bien content quand ça se dégage à nouveau ! On continue à descendre, on rerespire, le stress s’en va petit à petit. Mais Lawrence ce soir, je n’y crois plus vraiment.

Beaucoup de stress pour moi, encore plus pour Danielle, qui en plus a beaucoup de raisons de stresser sur son retour au Kansas. On prend donc une sortie, histoire de s’arrêter un peu, et de se faire un chocolat chaud pour se changer les idées. Le hasard nous fait sortir juste là où il faut pour aller voir la tombe de Bufalo Bill. Le nom est connu, mais je n’ai aucune idée de si c’est quelqu’un de bien ou pas. Mais bon, on est là, alors pourquoi pas ? Il y a aussi un musée, mais l’entrée étant payante, on ne saura rien de plus sur ce monsieur. Mais on aura vu sa tombe. C’est toujours ça.

Les rocheuses américaines, c’est comme les rocheuses canadiennes. Un mur à la fin d’une plaine gigantesque. Et là, on est juste sur la dernière bosse du mur. À l’infini devant nous, la pleine. Juste à nos pieds, Denver. Rien d’inspirant ! Pas même la brasserie Coors, qui brasse l’une des pires bières d’Amérique du Nord.

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Comme on a quitté l’autoroute, la descente sur la plaine se fait sur une toute petite route magnifique, qui nous permet de vraiment admirer le paysage.

Il est 16h30 quand on arrive dans Denver. On traverse la ville au début de l’heure de pointe ; dernière petite dose de stress pour la route. Pourquoi Pas ? en profite pour fêter son 160000e kilomètre, mais il n’y aura pas de photos pour l’occasion. Pas au milieu d’une brettelle d’autoroute !

17h, il fait nuit noire. On roule.

20h, ça roule toujours.

À un moment, on quitte le Colorado. Nous voilà finalement au Kansas. Plus que 650 kilomètres.

22h. Danielle dort depuis un moment. Moi je commence à fatiguer un peu. Le premier café n’a pas été suffisant. Le deuxième aide un peu.

Minuit. Il n’y a plus aucune voiture sur la route. Il n’y a rien. Juste du plat, et des étoiles. Je me surveille énormément. Fatigué, mais ça va.

1h du matin. La fatigue est partie. Le deuxième café a sans doute aidé. Mais surtout, je suis finalement dans mon état de relaxation complète et totale. Cet état que j’aime tant. Si agréable. Plus personne sur la route, ça avance tout seul. Je m’arrête régulièrement, pour faire quelques pas, m’étirer, et repartir.

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Traverser le Kansas de nuit est une expérience relativement intéressante. C’est plat. Il n’y a rien. Juste des antennes, plantées régulièrement (sans doute pour les cellulaires) et qui clignotent en rouge. Ou en bleu. Ça dépend. Régulièrement, également, on traverse une ville. À chaque fois, ça ressemble à une aire d’autoroute géante. Station service, petite boutique 24h, une grosse usine, quelques maisons. Tout ça à espace régulier. Comme si l’installation s’était fait régulièrement, étape par étape. On avance un peu plus dans le vide à chaque jour. Facile d’imaginer toutes ces familles, rêvant d’un monde meilleur, mais perdu au milieu d’un vide qui n’en fini plus.

3h30 du matin, je quitte l’autoroute. On ne va pas à Lawrence, mais à Ottawa, chez les grands parents de Danielle. Ils sont prévenus que demain, à leur réveil, il y aura peut être un van dans leur cour.

4h30 du matin, on arrive à Ottawa.

4h45, nous voilà finalement chez les grands parents de Danielle. Loin de la ville, petite maison perdue au milieu de nul part. Accueilli par un chien qui semble relativement gros et pas sympathique. Pas de problème, on ne sortira pas du van.

4h50, allongé, bien confortablement. Je m’endors bien vite, après un résumé des épisodes du jour. Un réveil sous la neige, un col à 3200, un col à 3400, un voyage en dépanneuse, une surchauffe, une visite à la tombe de Buffalo Bill, la traversée du Colorado et du Kansas… et j’ai roulé 1450 kilomètres en 21 heures… et il en reste bien plus que ça jusqu’à Montréal ! Dur !

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3 Responses to “Les 160000 kilomètres de Pourquoi Pas ?”

  1. November 17th, 2010 at 2:40 pm

    Caly Chion says:

    Si je puis me permettre… maintenant que tu connais tes capacités, peut-être peux-tu rester en-dessous dorénavant. En fait, c’est histoire d’arriver en vrai.

    Vous êtes sur quelque chose de long et de pénible, la fatigue s’accumule, et le pire ne serait pas d’arriver à Montréal avec un jour ou deux de retard.

    Mes connaissances en géo, tu t’en doutes, sont un grand vide avec pas grand-chose autour : vos conditions de voyage vont-elles s’arranger ? Moins d’altitude ?

    En tout cas, les photos continuent à être superbes, et même coupantes pour le souffle !

    Bonne suite…

  2. November 18th, 2010 at 9:49 am

    Caly Chion says:

    Avec ça, toute occupée à exprimer mon inquiétude, j’ai oublié de te dire un truc que je garde au chaud depuis longtemps déjà : je suis tout-à-fait épatée (de lapin) par ta capacité à tenir ton blog.

    Il faut du temps, pourtant tu réussis l’exploit (n’ayons pas peur des mots !) de poster régulièrement long en texte, et quantité en photos.

    Tu me diras que si c’est écrit à chaud, il y a moins de problème avec la mémoire, et que les détails sont abondants car c’est tout frais. Bien sûr, mais trouver de façon si régulière le temps de publier autant, c’est pour moi une magnifique performance.

    Bravo et bisous…

  3. November 21st, 2010 at 1:39 pm

    Sébastien says:

    En même temps, rendu à Ottawa, j’aurais très bien pu aller encore plus loin 😛 mais bon, je suis pas sûr que l’occasion de rouler 1450 kilomètres avec deux cols et une tempête de neige ne se reproduira de si tôt !

    En tout cas, ça restera très probablement longtemps dans mes étapes les plus folles, avec un Québec/Îles du Prince Edouard en une nuit (pour aller aux îles de la Madeleine) et un New-York Nashville en 24 heures, avec visite de Washington en même temps.

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