Je me suis endormi très tard hier. Je n’avais tout simplement pas envie de me coucher. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Et comme je dors dans le salon, la nuit ne sera pas très longue, même si je me réveille vers 10h. J’ai quelques petits préparatifs à faire avant de quitter San Francisco. En fait, je suis assez fier de moi : en arrivant avec une date précise de départ, j’arrive à me motiver à partir. Le fait que Mowgli ait envie de reprendre la route doit sans doute me motiver également. J’aimerais quitter San Francisco vers 14h. La fin de matinée se passe on ne peu plus simplement. Bagels et fromage à la crème, puis je range le van pendant que mon ligne se lave et se sèche. Au moment de dire au revoir à Jane, je lui parle du rendez-vous prévu aux Sources Chaudes de Big Bend avec le bus des Fats Kids Kitchen. L’idée lui plaît bien. Depuis San Francisco, ça n’est pas très loin. Et puis on a tellement l’habitude de se revoir ces derniers temps que ce dire « au revoir » n’est plus vraiment un problème ! Une dernière petite pose à la librairie usagée au centre-ville de Berkeley, où je m’étais arrêté la fois d’après. Je complète mes lectures avec les tomes 8 et 9 de David Eddings. Ils n’ont malheureusement pas le 10, et je trouve ça très cruel. Par contre, je suis très heureux de trouver une édition du journal de Lewis et Clark. Ça risque d’être intense à lire, mais je m’y mettrais sans doute à un moment. Je trouve également “letter from the earth” de Mark Twain, que l’on m’avait recommandé à Reno. Bref, je suis très content d’avoir trouvé tout ce que je cherchais, et le fait de ne pas reprendre la route tout seul me plaît énormément. Si on considère aussi qu’il fait au moins 30 degrés dehors et un soleil parfaitement estival, on ne peut pas demander grand chose de plus !

Il y a trois façons principales de remonter vers le nord depuis la Californie. Il y a la « 1 », la route côtière, que j’ai déjà prise. Magnifique, mais pas très rapide. Il y a la « 5 » que l’on a pris pour arriver. Laide, mais très rapide. Et puis il y a la « 101 », qui est un peu entre les deux. Ça roule vite, sans suivre la côte, mais dans des paysages qui valent la peine. Enfin… les paysages finiront par valoir la peine après un bon deux heures de routes, quand on aura quitté une interminable série de petites villes de banlieues, toutes plus laides les unes que les autres. La 101 et la 1 fusionnent un peu avant l’Avenue des Géants. Jusque là, je serais donc sur une route inconnue. Mon but est de rejoindre Artaca, puis d’être à Eugène vendredi, ou samedi au plus tard. Pourquoi samedi ? Parce que j’espère bien retrouver un certain marchand de flûtes…

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Avoir de la compagnie dans le van aide les kilomètres à passer plus vite. Mowgly me confirme l’information que Robert « Crazy Bob » m’avait déjà donné : c’est la saison des récoltes, dans la Californie du nord, alors tout les « kids » ont tendance à converger vers là bas. « Kids », c’est la façon dont Mowgly désigne ses semblables. Vous comprendrez, évidemment, que même si on est en automne, ça n’est pas des vendanges que je parle. La région du vin, c’est juste au nord de San Francisco. Ensuite, c’est l’herbe.

Tanné de conduire, et le paysage s’améliorant, on fait une petite pause sur le bord d’un cours d’eau sympa.

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En fait, si c’était possible, je m’arrêterais ici. L’endroit est parfait, et mon but n’est pas de rouler 800 kilomètres par jour. Maintenant qu’on est dans des paysages qui en valent la peine, et que je suis moins pressé par le temps, les étapes plus courtes me conviennent parfaitement. Malheureusement, le parking est sur le bord de la route, et ça descend raide pour aller sur le bord de l’eau. Pas moyen, donc, de rester là pour la nuit. On repart en même temps qu’une demoiselle et de ses deux enfants. On discute trente secondes avec elle. Elle demande à Mowgly s’il veut un peu de pote (herbe) ; celui-ci accepte avec un grand sourire, et part avec une jolie poignée de la toute nouvelle récolte toute fraîche.

On reprend la route avec la même idée en tête : trouver dès que possible un endroit sympa pour s’arrêter. Malheureusement, la chose semble rare, et on perd la jolie rivière au profit d’une ville. Moins idéal… on en profite pour un mini ravitaillement chez Wallmart. Au moment de quitter l’autoroute, on voit un couple de stoppeurs sur le bord de la route. Mowgly n’a évidemment pas de problèmes à avoir plus de compagnie, et le van parfaitement rangé, je n’ai aucune inquiétude à l’idée de rentrer à quatre dedans. Ils sont encore là quand on finit l’épicerie, sauf qu’ils vont vers le sud, et nous vers le nord. En même temps, l’idée de trouver un endroit sympa et de passer la soirée tous ensemble les tente bien, et ils embarquent quand même. On roulera encore une trentaine de kilomètres avant de finalement trouver un endroit sympa, tranquille, et à priori loin de tout.

Mowgly s’occupe de l’aspect social, je m’occupe de l’aspect pratique. Pendant qu’ils discutent tranquillement assis dans l’herbe, je prépare un repas tout simple, mais qui sera accueilli avec enthousiasme par Josh et Karly. Jane et Rameen m’ont donné quatre boîtes de cornedbeef qu’ils ne mangeront pas. Pour un seul homme, une boîte ça fait beaucoup, mais partagé en quatre, c’est parfait. Ouf. Plus que trois ! Et puis pendant le repas, Josh nous apprend que c’est son anniversaire aujourd’hui. Je réfléchis rapidement. Je regrette de ne pas avoir de bananes ; j’aurais volontiers refait des bananes flambées. Et puis j’ai une petite étincelle dans mon cerveau. Il me reste un peu du mélange à crêpes que j’avais acheté pour Burning Man. Ils hallucinent donc complètement quand je sers des crêpes au sucre flambées au Brandy en guise de dessert. Après tout, un anniversaire, ça vaut bien ça, non ?

Je me retire dans mes appartements un peu après. Je suis fatigué, un peu, et puis j’ai envie de lire, un peu aussi. Je propose à Mowgly une place dans le van, mais il préfère dormir à la belle étoile. Il prétend avoir un excellent sac de couchage. S’il est aussi bon que celui de Tassa, je comprends parfaitement qu’il n’ait pas peur du froid ! Josh et Karly, par contre, sont un peu moins bien équipés, mais j’ai un sac de couchage de trop, qu’ils utilisent volontiers.

Je m’installe confortablement, mon livre à la main. Je me déciderais finalement à me coucher pour de vrai, après en avoir lu les 200 premières pages.