Tête en bas

Down under wandering. Archipelagoes to islands; beaches to deserts; mountains to cities.

Archive for the ‘[Australia – Melbourne]’ Category

The pleasure of making mistakes

I’ve always said that making mistakes results, most of the time, with interesting consequences. It’s true in most part of your life, but that’s specially true in a kitchen. So much recipe came from mistake… I always end up talking about food with the people who host me. I don’t remember why we were talking about “crème brûlée” with Rosie, but I said that I would be really happy to cook some for all the housemates. I hadn’t make “crème brûlée” for a while. I was feeling that there was quite a lot of sugar… but still, I cooked them… to realize, later, that I put 4 times much more sugar. Hum… It was good, but definitely to sweat to be eaten like that.

And then, I realize it tastes exactly the same that a Sugar Pie feeling. There was the solution to my problem. Cause yes, I was quite ashamed. Crème brûlée is not such a hard recipe… so I just had to put everything back in a bowl, mix it again, and made a shortcrust pastry,

Twenty minutes in the oven…

And that was done !

And yes, according to the other in the house (two australians, one italian, one german and one dutch) it was pretty good.

So… if you want to make a very nice homemade traditional sugar pie, just miss your crème brûlée !

The Lui Bar

Located 236 meters above sea level, on the 55ht floor of a gorgeous sky scrapper, the Lui Bar offers an awesome view on Port Philip Bay, on the south side of the Yarra River. The Lui Bar is one of those elegant places, where you know that you’ll have a quiet time, enjoying a little chat with some friend, while being amazed by one of Melbourne best view. In this kind of place, absolutely nothing is forgotten to make you feel the luxury of the place. I’ve experienced a couple of those “high in the sky” bars, in Montreal, Quebec or Sydney. This one beats them all, and as soon as you enter the building. A smiling waitress is here to welcome you, and to check with the bar if there is some room. She will then escort you to the elevator. Forget about the usual boring business elevator, with a small mirror and a TV telling you the last economic news. A dark room, with soft neon light, and world music. You climb the 55 floors very quickly, and then just get in the Lui Bar.

Definitely quiet on this sunny wednesday afternoon. The waiter told me that I’ll have the place all for me. I like the idea. Comfy and design couches every where, nice bulb lamps… all with a little “timeless” trendy touch… if you prefer, you can also enjoy your drink on the terrace. For the little story, big bags are now forbidden in the bar, because two parachutists jumped from the bar terrace, two weeks ago. Well, I won’t jump. I definitely prefer to stay and enjoy my beer.

And, of course, this awesome view on the south shore of the Yarra River…

The menu is definitely what you would expect in a place like that. Here, snack means “oyster” or “caviar”. They also have an amazing list of cocktails, all coming with there own little history. But yes, the view, the feeling, the name, all that has a price. So even the beer was quite expensive, specially on a traveler budget. Lets face it: I come here for the view, and for that, it’s definitely worth it. A perfect place for visitors who would like to relax after a long afternoon wandering around Melbourne CBD.

Time for me to finish my “Alpha Pale Ale”, from the Matilda Bay Microbrewery. With a strong hop taste, from the beginning to the end, a beer that lacks a bit of subtlety; would have been nice to have something else than bitterness…

Reflection

I was walking downtown Melbourne. I looked up. Saw this building, the mirror, the clouds… and just loved it.

Le bon côté des choses

Hier soir, alors que je lisais le profil d’une couchsurfeuse (oui, j’ai lu énormément de profil ces derniers temps) italo-harmenienne quadrilingue presque quintuplolingue je suis tombé sur cette phrase « CS is an amazing chance for those who don’t believe in money but in people ». Petite phrase toute simple, toute bête, mais qui me plait énormément.

Les gens me demandent depuis combien de temps je suis à Melbourne. Je me mélange un peu les pinceaux. Il faudra que je compte à un moment pour savoir… n’ayant toujours pas de job, donc pas les moyens pour un appart, je passe régulièrement d’un canapé à un autre. Et même si ces déplacements constants ont un petit côté éprouvant, ils sont, en même temps, l’occasion de rencontrer énormément de gens avec qui le courant passe super bien.

Il y a d’abord eu la gang de hippies féministes de Northcote. La plupart des hippies ont un petit côté fatigant, dans le fait qu’ils refusent que la société les mette dans une boîte. En guise de révolte, ils adoptent tous le même comportement paix, amour, marijuana et musique psychédélique. Je trouve très amusant ce réflexe si régulier de dire « je ne veux pas être dans une boîte » et de s’enfermer alors dans une autre boîte, toute aussi clichée, des gens qui n’aiment pas être dans une boîte. Ils sont presque tous sur le même modèle, avec de bien rares variations. Il n’empêche que malgré ça, j’aime bien les hippies. J’aime ces gens qui pratiquent la simplicité volontaire, qui sont persuadés de déborder d’amour et qui cherchent à en donner à tout le monde. Je les aime, parce qu’ils sont heureux avec très peu de choses. Et que généralement, ce qui les rend heureux, c’est d’essayer (souvent maladroitement) de faire plaisir aux autres. Il y a un petit côté maladroit dans leur approche, dans leur volonté de donner de l’amour, de faire plaisir, qui me fait sourire. Mais plus que tout, ce que j’aime chez les hippies, c’est que leur mode de vie n’empiète pas sur le mien. Contrairement au gentil monsieur qui conduit son quatre quatre, pollue ma planète, et essaie de se faire de l’argent sur mon dos et sur celui des autres, en refusant ma différence, ces gentils végétariens paix et amour m’accepte comme je suis, me laisse faire ce que je veux, et ne pose pas de questions. Et ça fait du bien.

Depuis Northcote, on a continué jusqu’à Rowville. Loin, très loin, dans le sud. Trente minutes de train, quarante cinq minutes de bus, pour se retrouver chez Zoltan, Beata, et leurs deux filles. Première expérience de couchsurfing dans une famille, comme moi comme pour Iris. Pour la petite anecdote, on aura trouvé leur profil par le biais de François, le frère d’Iris. Oui, encore ! Zoltan et Beata partait en France juste quelques jours après nous avoir hébergé, leur chemin passant par Bordeaux, où il était déjà prévu que François les héberge. Comme quoi, CS réduit vite la terre à un tout petit village où tout le monde se connait (ou plutôt où tout le monde semble connaître Franek !). Zoltan et Beata sont originaires de Hongrie et, c’est très clair, je regrette énormément que l’on n’ai pu rester que trois jours chez eux. Les discussions, à tout les soirs, ont été de vrais moments de bonheur. Il est, il faut bien le dire, toujours agréable de trouver des gens qui partagent les mêmes idéaux. Je me suis pas mal reconnu en Zoltan, dans sa façon de mettre tellement de valeur dans les petites choses de la vie, plutôt que dans les grosses. L’entendre dire que l’un de ses meilleurs souvenirs remontent à la Suisse, quand il a bu l’eau qui coulait directement des glaciers m’a rappelé un certains nombre de petits bonheurs identiques. Ajouter à ça qu’il y avait toujours un (ou deux ou trois) petits verres de vins pour accompagner les conversations, ça ne fait qu’ajouter un peu plus au charme de la chose ! J’ai fait plaisir à tout le monde en faisant à manger. Iris a fait plaisir à tout le monde en faisant des profiteroles. Et Zoltan et Beata ont fait plaisir à tout le monde en nous préparant une spécialité hongroise.

  

De Rowville, nous sommes revenus à St Kilda, chez Tammy, Drew et Nick. Je suis arrivé chez eux fatigués. C’était au moment où j’ai fait mes deux jours de « bénévolat » pour Plan International. Les nuits sont Zoltan et Beata ont été bien courtes. Du coup, un peu fatigué, pas très motivé, j’avais pas envie de parler à des gens ce jour là. J’ai laissé Iris faire la conversation pendant que je faisais un peu mon asocial. Mais bon, je me suis vite rattrapé par la suite. Tammy et Drew font partis des couchsurfeurs comme je les aime, avec un parfait équilibre entre leurs affaires à eux, et le temps consacré aux gens qui squattent leur canapé. Là encore, ça a été l’occasion de nombreuses discussions, d’échanges sympas, et de beaucoup de rigolades. Ils ont réveillé mon humeur un peu sarcastique, et avec beaucoup de second degré, et j’avoue que ça m’a fait plaisir de le retrouver. C’est étrange à dire. D’autant que je ne m’étais pas rendu compte que je l’avais perdu. Bref, quelques très bons moment avec eux. C’est aussi à ce moment là qu’Iris a continué vers Ballarat pour aller s’occuper de deux adorables petites pestes. Ou quelques choses du genre. Le séjour chez Tammy et Drew (et aussi Nick, mais c’est vrai que j’ai passé beaucoup plus de temps avec les deux premiers) a aussi été l’occasion de découvrir Chapel St, une autre rue de St Kilda, plus loin de la plage, et à nouveau avec ce petit côté Melbourgeois un peu bohème, un peu plein de choses, qui me plait temps ici, et qui a permis à St Kilda de remonter dans mon estime, maintenant que je sais qu’il suffit de s’éloigner de la plage et des backpackers pour que tout aille mieux.

Me voilà de retour à Northcote. Chez Ned, Rosie, Sophie et Prawn (ou un truc du genre, parce que Prawn, ça veut dire crevettes, et je ne pense pas que ce soit un prénom pour un gars). Et là encore et une fois de plus, les contacts se passent bien, je rigole, et tout va bien.

J’avais déjà eu ce sentiment, en novembre, quand on cherchait nos premiers canapés à Melbourne. J’étais tombé sur beaucoup plus de profils sympas et inspirants qu’à Sydney. Je le redécouvre à nouveau. Je passe mon temps, en ce moment, à rencontrer des gens avec qui je m’entends super bien, et ça compense un peu le manque de motivation du côté du travail. Ça fait pas mal longtemps, maintenant, que je n’utilise couchsurfing juste pour dormir chez des gens, et je suis un peu tanné de ça. Pour moi, il y a très clairement un côté « donner au suivant ». C’est peut être un peu bête, mais j’étais quand même content de pouvoir dire, à Montréal, que j’avais donné beaucoup plus que ce que j’avais reçu sur CS. Mais là, j’ai le sentiment que la balance est en train de changer. J’ai hâte de recommencer à donner. J’ai l’impression que c’est ma principale motivation à me trouver un job et un appartement. Pouvoir recommencer à héberger, et organiser des événements. Parce qu’il faut bien le dire… tant que je serais à squatter chez des gens, sans beaucoup d’argent, et à essayer de trouver un boulot, je n’aurais pas vraiment d’énergie et de motivations pour organiser quoi que ce soit ! Enfin, ce n’est pas parce que l’épicerie fine dont la moitié des produits est constitué de fromages vient de me répondre qu’ils ont trouvé quelqu’un qui convenait mieux que moi (après tout, soyons réaliste, il y a des gens qui sont plus passionné de bouffe que moi, qui maîtrise mieux les fromages, et tout le reste) que je vais me laisser abattre. D’ailleurs, il y a aussi une bonne nouvelle dans tout ça : j’ai un entretient d’embauche lundi, pour travailler dans une multinationale, mondialement reconnue ! La classe, non ?

Ah oui, j’ai aussi des nouvelles d’Helpx. J’ai un endroit plus permanent où rester à partir de vendredi prochain. Ce week end, c’est mariage, lundi je suis encore ici, ne me reste plus qu’à trouver un canapé pour mardi-mercredi-jeudi. Ouf !

Comme quoi, tout va bien à Melbourne !

Work in progress…

Depuis le temps que je veux en faire un de time lapse, il était temps que je m’y mette ! Et Melbourne devrait s’y prêter particulièrement bien. Surtout si on rajoute du tilt shift par dessus. Qu’est-ce que c’est que tout ce charabia ? Une façon d’utiliser mon appareil photo qui me plait énormément. Premiers tests aujourd’hui. Ça devrait m’occuper un moment, mais j’ai bien l’intention de rendre hommage à Melbourne comme il se doit.

Rêves

Tout à la base de ce voyage, il y a un rêve. Un rêve qui m’habite depuis bien longtemps. Ce rêve est accompagné d’images d’immensités désertiques rouges et poussiéreuses. Des images qui me suivent depuis mon enfance. Je suis tombé dans l’Australie tout petit, et ça dure depuis. Mes parents se souviennent peut être que j’avais recherché à faire de la correspondance avec quelqu’un en Australie. La première lettre que j’avais reçu venant d’Autriche, tout le monde s’était bien moqué de moi dans la maison. Et moi, je m’étais mis à douter aussi. Australia, Austria, je me fais encore régulièrement avoir dans les menus déroulants sur internet… quoi qu’il en soit, quelques temps plus tard, j’avais aussi reçu une lettre d’Australie. Si je me souviens bien, le magazine qui mettait les correspondants en contact cherchait aussi des personnes avec des goûts similaires dans d’autres pays. Je me rappelle ni du nom de l’Australienne, ni du nom de l’Autrichienne. Je ne me souviens absolument pas si j’ai répondu à l’une ou à l’autre. Oui, il me semble me rappeler que c’était toutes les deux des filles. C’est bien un truc de filles, ça, de vouloir écrire à des gens à l’autre bout du monde…

Le Working Holliday Visa est présenté, et vu, comme un produit miracle. Le visa facile à obtenir, qui permet de venir faire fortune en Australie. La fortune, personnellement, ne m’intéresse pas. L’argent non plus, mais malheureusement, il en faut quand même pour vivre. Et pour payer l’essence pour traverser les grandes immensités rouges oranges.

J’ai répété à plusieurs reprises à Iris « un Working Holliday visa, c’est ce que tu en fais ». Je l’ai toujours vu comme un visa pour les audacieux. La possibilité de faire plein de choses, d’ouvrir plein de portes. Je dois bien reconnaître que je commence à douter. Un peu. Parce qu’il y en a qui ne joue pas le jeu. Qui ne sont pas intéressés par des rêveurs temporaires. Qui veulent juste des gens terre à terre, et permanent.

J’avais imprimé 40 CVs sur papier. Je n’en ai plus un seul. J’ai arrêté de compter ceux envoyés sur internet. La conclusion est simple. À Melbourne, il est extrêmement facile de trouver du travail. Si vous êtes prêts à faire de la vente, payé uniquement à la commission (donc probablement ne pas gagner d’argent les premières semaines, le temps d’apprendre) ou si vous êtes prêts à essuyer des assiettes en dessous du salaire minimum. Pour l’occasion, je vais rejeter la faute sur mes parents. Ils m’ont appris que c’était mal d’être exploité, que c’était important de garder une certaine estime de soi, y compris au travail. Du coup, je refuse de jouer ce jeu là. Je n’essuie pas d’assiettes, et je ne sonne pas aux portes de la moitié de Melbourne. La conséquence est radicale : du moment que l’on montre que le salaire nous importe, les employeurs ne rappellent pas. Je les comprends : ce sont des idéalistes, qui pensent que le salaire est quelque chose de secondaire et sans importance, et qui cherche des employés qui partagent leur opinion. Je ne partage pas leur vision socialiste du monde. Je suis un capitaliste qui veut gagner toujours plus. Hum…

Les journées se suivent et se ressemblent quand même beaucoup. Le matin, j’envoie des CVs et des lettres de motivations pour tout les postes de graphistes que je trouve. Puis ensuite, je fais le tour des annonces Gumtree. L’après midi, je choisis une rue vivante parmi celle que je n’ai pas encore fait, et je vais distribuer mes CVs. C’est un peu comme à un mariage ; au bout d’un moment, on est quand même un peu tanné de sourire. Le soir, je retourne sur internet, pour une deuxième série de CV sur Gumtree…

J’ai commencé à y croire un peu moins. Absolument personne qui ne rappelle, c’est pas terrible pour le moral. Et puis hier, j’ai reçu le mail de Benjamin. « Merci de votre candidature, vous nous intéressez, quand est-ce que je peux vous rappeler ». Sursaut d’optimisme. La vie tout entière ne serait elle donc qu’un long voyage en stop sans fin, à perdre patience en cherchant désespérément un travail, puis d’un seul coup à repartir super motivé au premier coup de téléphone ?

J’ai brièvement parlé au téléphone avec Benjamin aujourd’hui. « Hélas, nous cherchons quelqu’un de permanent ; pas juste 6 mois. Et nous ne pouvons pas offrir de sponsor ». Donc voilà… je les intéresse, ils aiment mon profil, mais ils n’aiment pas mon visa. Pas bon pour le moral tout ça. J’ai perdu courage pendant un bon trente minutes. Le temps de me retrouver dans un tram qui m’amenait au centre ville, et d’échafauder un plan. Après tout, j’ai un visa pour rêveur audacieux. Et, de l’audace, j’en ai. Puisque dans ce pays où les gens ne sont pas matérialistes, ils cherchent des gens qui ne sont pas intéressés par le salaire, c’est ce que je lui réponds. Je prends en compte l’expérience que ça m’apportera (c’est vrai que sur un CV, expériences de boulots internationales, je vois ça comme un gros plus ; et je pense aussi à la Nouvelle Zélande qui s’en vient). Le fait, aussi, que la boîte à l’air très sympa. Est-ce que je préfère un boulot de caissier chez IGA ou, pour quasiment la même paie, un boulot de graphisme ? Poser la question y répond un peu quand même. Les caissiers sont quand même bien payés ici. Mais ça non plus, ça n’a pas l’air d’un post pour rêveur audacieux. On verra bien si ça abouti à quelque chose ou pas. Au moins, j’aurais essayé.

Et puis à un autre moment, dans la journée, j’ai reçu un mail. D’un recruteur, qui cherche un développeur flash, pour début immédiat, à Richmond (rendu dans mon top 4 de mes quartiers préférés de Melbourne, depuis que St Kilda s’y est subrepticement glissé. Il faudra que je recommence à vous parler de choses moins personnelles et plus touristiques bientôt). Bin écoute, si je dois écrire des lignes de codes pour trouver un boulot, let’s go mon gars. On verra comment il va réagir à mon visa… quand à la madame de Brisbane, toujours pour un contrat en graphisme, qui m’a appelé un peu plus tard, et qui m’a dit qu’elle non plus n’aimait pas mon visa, de toutes façons, je la trouvais pas sympathique au téléphone.

Alors voilà… toujours du surplace, mais maintenant, la moitié de Melbourne sait que je cherche du travail. Oui, je sais, il me reste encore une autre moitié à informer ! Demain, je retourne imprimer des CVs.

Cette demoiselle, je l’ai trouvée sur le chemin du retour. Je trouve qu’elle correspond parfaitement à mon humeur du moment. Moi, en tout cas, j’arrive à cerner l’humeur qui se dégage de tout ça. Le petit texte, pas forcément évident à lire, dit simplement « Be Free » (rien à voir, je pense, avec un fournisseur internet français). Ça m’a rappelé que j’avais l’habitude, pendant mon voyage en van, de mettre parfois une simple photo, avec juste un titre, et pas de légendes. Il y a certaines habitudes qu’il est temps que je reprenne.

Quelques assiettes plus tard

On était vendredi matin. Je me suis courageusement levé pour aller travailler à l’autre bout de la ville. Une heure de train, pour aller essuyer des assiettes, en dessous du salaire minimum, il est vrai que la motivation est difficile à trouver… et puis juste avant d’arriver à la gare, j’ai vu ce café, qui cherchait « waitress et kitchen hand ». J’étais déjà un peu en retard. Et puis je n’avais pas de CV avec moi de toutes façons. Alors je suis monté dans le train, et je suis allé essuyer mes assiettes.

J’ai eu un doute soudain, quand vers 13h ma boss m’a dit de revenir le lendemain, vers 10h. Je me suis demandé à quel moment j’allais trouvé le temps de distribuer d’autres CVs. Parce que c’est très clair, je ne passerais pas les 6 prochains mois à essuyer des assiettes, à un salaire plus qu’indécent. J’en ai parlé à ma boss. Je lui ai dis que je ne pouvais pas rester si elle ne me payait pas plus. Elle ne pouvait pas me payer plus. Je suis parti.

Décision prise peut être un peu rapidement. Travailler quelques jours de plus m’aurait permis d’avoir quand même un peu plus d’argent pour les jours suivants. Sans doute… quoi qu’il en soit, j’ai arrêté de laver des assiettes. Je pense que le ton condescendant de l’apprenti cuisinier n’a pas aidé non plus. J’ai toujours du mal quand quelqu’un dans le début de la vingtaine essaie de m’expliquer la vie…

Je suis rentré, j’ai récupéré des CVs, et je suis allé en distribuer. Dans le café, l’option « waitress » avait déjà disparu. Il ne restait plus qu’une option « gars qui fait la plonge à 15$ de l’heure ». C’est toujours ça de plus… test le lundi matin… on verra si j’ai mieux à faire ou pas.

Je suis reparti faire du repérage avec Iris le samedi. Il y a, pas loin de nos couchsurfers actuels (oui, je ferais un récap des derniers canapés à un moment) la célèbre « Chapel St. », qui nous a réconcilié avec St Kilda. Oui, nous sommes revenus à St Kilda. St Kilda que l’on trouvait trop « Sydney ». En fait, c’est surtout quand on est proche de la plage. Quand on s’éloigne, on retrouve le côté un peu plus bohème de Melbourne. J’ai encore distribué des CVs le dimanche. Je continue à répondre à des annonces sur Gumtree aussi. D’ailleurs, il y a même quelqu’un qui m’a rappelé. Pour une entrevue le lundi matin. Bon salaire, bons horaires, et ça n’avait pas l’air d’être de la vente. Quand j’ai fait la première entrevue le matin, ça n’avait pas non plus l’air d’être de la vente. Alors j’ai accepté de me revenir l’après midi. Qui s’est avéré une formation sur comment démarcher les gens en faisant du porte à porte. Là encore, je suis le plus vieux dans la salle. La plupart ont entre 20 et 25 ans. La plupart ont anglais en langue seconde. Encore un job payé uniquement à la commission. Encore des promesses de beaucoup d’argent. Je n’y retournerais pas.

Dans le tram, je regarde les gens dehors, dans la rue. J’ai à nouveau cette même impression qu’à Sydney. Cette impression de ne pas réussir à rentrer dans la bulle. Je voudrais faire parti de la vie ici, m’intégrer pendant quelques temps. Vivre avec la ville, ne pas me contenter de la traverser. Sauf que Melbourne m’inspire bien plus que Sydney… alors je n’en suis que plus motivé. En attendant, une chose est sûre : trouver du boulot, quand on est prêt à travailler sous le salaire minimum ou uniquement à la commission, c’est facile. Par contre, quand on veut un salaire normal, c’est une autre paire de manche. D’ailleurs, les deux fois où j’ai parlé salaire, je n’ai jamais été rappelé…

Sur ce, c’est encore une belle journée ensoleillée. Un temps parfait pour aller distribuer des CVs j’imagine…

Ma première expérience comme « fund raiser »

« Hi, my nage is Ming. What is your name ? » Telle est la question que Ming répète sans cesse. C’est la seule chose qu’elle a appris à dire en anglais, et elle ne se lasse pas de le dire. Je me suis senti un peu comme elle au cours des deux derniers jours. L’impression que mon vocabulaire se limitait soudainement à quelques mots. « Hi, how are you ? », sans vraiment aller plus loin.

Inutile, évidemment, d’essayer de compter le nombre de visage que j’ai vu défiler. Tout aussi inutile d’essayer de compter le nombre de fois où les passants m’ont ignorer. « Si vous ne supportez pas que les gens passent devant vous sans vous voir, si vous n’aimez pas que l’on ne vous prête aucune attention, alors ce job n’est pas pour vous ». Quand Paul, notre formateur, nous a dit ça, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à mes quelques expériences à lever le pouce sur le bord de la route. C’était la théorie. Dans la pratique, il se trouve que l’exercice est quand même énormément ressemblant. On sourit à tout le monde, on essaie d’attirer le regard, de commencer une discussion. La très grande majorité des gens va vous ignorer, d’autres se contenteront de répondre à votre salut sans s’arrêter. Ça fait partie du jeu. Ça ne m’a pas poser le moindre problème. Pas plus que le fait de sauter sur des parfaits étrangers pour tenter d’amorcer la conversation.

La première journée dans la rue s’est très bien passée. L’exercice est relativement éprouvant, j’étais épuisé en fin de journée, mais le moral était là. La volonté de continuer aussi. Pour ce genre de choses, je sais être patient et entêté. Persuadé, donc, d’avoir la personnalité parfaite pour ça. J’avais réussi à parler un peu plus en détail à quelques personnes, à leur dire pourquoi on était là, et à bafouiller quelques mots au sujet de «Plan International », l’organisme pour lequel on essaie de lever des fonds. En fait, ce qui est amusant, c’est que l’on cherche tellement à entamer la discussion, et on se fait si souvent rembarrer, que quand la personne en face se montre intéressée, on ne sait plus comment continuer. Évidemment, c’est une question d’habitude. De répétition.

On nous a donné quelques exemples de speech à débiter. On nous a expliqué quoi dire, comment le dire, et à quel moment. Je me suis rendu compte que ça ne me convenait qu’à moitié. Ça n’allait pas avec ma façon de faire. J’ai fait à nouveau le parallèle avec une autre expérience que j’ai vécue. Un peu. Celle de conteur. On peut, bien évidemment, préparer l’histoire dans sa tête. La répéter, encore et encore, voir comment les mots s’enchaînent, se répondent les uns aux autres. L’exercice est assez facile. Ensuite, on le fait à voix haute, pour s’assurer que ça marche toujours bien. On ajuste encore un peu le rythme, on change quelques mots… et on se retrouve soudainement avec cinq, dix, ou quinze personnes en train d’écouter. Et on découvre que quand on parle à quelqu’un, même si la personne ne participe pas, il y a quand même une interaction. Les silences, les pauses, les regards deviennent soudainement extrêmement important. Le rythme de l’histoire change à nouveau. Et plus on raconte le même conte, plus celui-ci évolue. Je ne l’ai pas fait beaucoup. Je pense que le conte que j’ai présenté le plus souvent, je ne l’ai répété que 6 fois en public. Ça a largement suffit pour le faire évoluer. Sachant cela, il était hors de question que je prépare un pitch par coeur. J’avais besoin de le faire vivre. De le créer au fur et à mesure, en interagissant avec les personnes en face de moi. Prendre le temps de leur parler, mais aussi regarder tout ça de l’extérieur, afin de voir comment « l’histoire se construit ». Et à partir de là, les choses allaient se faire toute seule. Il me suffisait d’arrêter une vingtaine de personnes, et je savais qu’après ça, je commencerais à être rodé sur quoi dire. je saurais ce que les gens écoutent, et ce qui ne les intéressent pas.

Aujourd’hui, nous sommes retournés sur le terrain, pour la deuxième journée. Cette fois-ci, accompagné par quelqu’un de plus expérimenté. Quelqu’un qui fait ça depuis presque une année. Après quelques temps, j’ai pu le voir aller. J’ai pu voir comment il interagissait avec la fille à qui il essayait de vendre un parrainage. J’ai pu comprendre son approché et ses manoeuvres. Et c’est ce qui m’a convaincu d’arrêter.

J’avais le profil presque parfait. Patient, assez imperturbable face à l’indifférence des gens ; j’aime interagir avec les inconnus. J’aime créer des interactions. J’aime parler. J’aime sourire. J’aime raconter des histoires. Mais tout ça, j’aime le faire pour le plaisir. J’aime le faire sans raison particulier. « Complimentez les ; vous verrez, les gens adorent les compliments, c’est une bonne façon de les approcher ». C’est là que j’ai commencé à comprendre que tout cela était artificiel. J’ai vu une fille approcher. Elle avait des cheveux vraiment magnifiques. Je l’ai pensé. Je me suis dit que si, ce jour là, je m’étais promené en anonyme dans le centre commercial, je l’aurais peut être complimenté. Sans raison particulière. Gratuitement. Pour le plaisir. Aujourd’hui, avec mon t-shirt bleu et son logo blanc, même en ayant pensé le compliment, celui-ci serait devenu artificiel. J’ai compris que les (quelques) échanges que j’ai eu au cours des 24 dernières heures étaient tous entièrement factices. Ce que je peux faire sans aucun problème pour le plaisir d’échanger un sourire, ou juste quelques phrases avec un ou une inconnue, je me rends compte qu’il est hors de question que je le fasse avec une intention cachée en arrière. Il est hors de question que mes sourires, mon enthousiasme, ma bonne humeur et le plaisir que j’ai à parler avec des gens deviennent soudainement artificiel. J’ai plié mes affaires, remercié tout le monde, et je suis parti.

Il y a deux ou trois ans, alors que j’étais à Montréal, j’ai entendu parlé de cet étudiant qui s’était lancé dans un projet très simple. Étude générale finie, il n’avait aucune idée de ce qu’il voulait faire. Aucune idée de la direction dans laquelle il voulait orienter sa vie. Il a décidé de se donner une année. Une année pour savoir. Il a trouvé 52 entreprises/artisans prêts à le prendre en stage pendant une semaine chacun. Je n’ai aucune idée de ce que le projet a donné, où tout cela a abouti. J’ai juste trouvé l’idée plutôt intelligente, et vraiment intéressante. « Je ne sais pas ce que je veux faire, parfait, je vais tout essayer, et on verra ».

Ce n’est pas vraiment ma situation. Ce n’est pas que je ne sais pas ce que je veux faire. C’est plus qu’il y a beaucoup d’opportunités différentes. Je suis dans un moment de ma vie où j’ai l’occasion assez unique et exceptionnelle de faire de nombreuses expériences. J’ai déjà passé quelques heures dans une cuisine, et ça va continuer. Je peux maintenant dire que j’ai aussi essayé de faire des levées de fond. Je ne regrette aucune l’expérience, qui est loin d’être un échec, mais une autre occasion d’en apprendre d’avantage sur moi. Sans compter que je trouve très intéressant le lien qu’il peut y avoir entre l’auto-stoppeur, le conteur et le vendeur fatiguant dans la rue. Bref, très belle expérience, aucun regret, mais pas pour moi !

Demain, je retourne nettoyer des assiettes.

Trois jours et trois jobs plus tard

Je me demande quand même… changement dans l’alignement des astres ? Changement dans la période de l’année ? Changement dans le CV ?Changement dans la ville ? Changement dans les démarches ? Sans doute un peu de tout ça en même temps…

Mercredi soir, j’envois quelques mails pour répondre à des annonces via Gumtree. Le site internet de petites annonces, qui marchait si mal à Sydney, à cause des centaines de milliers de personnes qui répondent à chaque annonce. Il n’empêche que jeudi matin, j’avais un mail m’invitant à un entretien d’embauche le lendemain.

Le jeudi, je m’en suis allé porté des CVs. Je discute avec la fille dans la première place où je rentre. Elle m’annonce que c’est sa mère qui s’occupe de la place, mais que je peux venir en test le samedi matin.

Le vendredi, l’entretien est une rencontre de groupe. Paul est le fondateur de ASAP, une agence spécialisée dans la levée de fond. C’est un truc qui marche formidablement bien en Australie. Ça embauche à tour de bras. Il nous présente le concept, nous pose une ou deux questions, pour être bien sûr que l’on a compris ce que l’on attend de nous, pour voir nos personnalités. Un peu après, je reçois un texto me confirmant mon embauche et une formation le mardi d’après. Qu’est-ce que je vais faire ? Parler aux gens dans un centre commercial. Les encourager à faire des dons pour aider des enfants dans le besoin. La levée de fond est quelque chose qui a un côté très immoral pour moi, notamment pour ce qui est de la paie. Zéro paie de base, tout fonctionne à la commission. Comme la dit le recruteur « vous gagnez ce que vous valez ». Ça sonne bien « exploitation du petit voyageur » tout cela. Il n’empêche que je suis vraiment intéressé à faire l’expérience. Parce que j’y vois quelque chose d’extrêmement formateur : apprendre à vendre. Pour un graphiste, pour quelqu’un qui fait beaucoup de travail autonome, et dont la grosse lacune, c’est le démarchage de nouveaux clients, je pense que j’ai beaucoup à apprendre. Je suis très curieux de voir ce à quoi ça va ressembler, et attend la formation, et surtout la première journée, avec impatience.

Le samedi, j’ai fait mon test, non payé, d’esclave en cuisine. Il est fortement recommandé de refuser les longs tests non payés, chose que j’approuve fortement. Mais pour l’occasion, j’étais autant testé que je testais le job. Parce que « kitchen hand » (l’appellation officielle des esclaves en cuisine) c’est quelque chose que je n’avais jamais fait. J’ai eu l’outrecuidance et l’audace d’annoncer un 6 mois d’expérience comme kitchen hand au restaurant de La Feuille, dans la ville de Charbinat. Les chances de vérification était, je pense, plutôt mince. Oui, vous avez bien lu, j’ai franchi le cap : je me suis décidé à mentir sur mon CV. Il était hors de question pour moi de me créer des compétences que je n’avais pas. Il n’empêche que je prétends savoir ma place en cuisine. Je sais qu’on utilise la lame du couteau pour couper, et le manche pour tenir. Je sais que couper des oignons ça fait pleurer, et qu’un couteau à petites dents c’est beaucoup pour couper les tomates. Alors fier de toutes ces connaissances (et de quelques compétences pratiques aussi) je me suis dit que je pouvais toujours tenter ma chance. Dire « oui oui je sais faire » et voir ensuite, dans le fait accompli, si je sais faire ou pas. La seule chose que j’ai apprise, c’est que les laves vaisselles de restauration, tu mets du produit dedans juste en début de journée. La chose la plus difficile que j’ai eu à faire ? Étaler de la sauce tomate sur des pizzas. J’ai réussi toutes ces tâches avec brio, j’ai accepté sans rien dire quand la madame m’a parlé d’un salaire en dessous du salaire minimum, et je me suis donc retrouvé avec mon deuxième job. Aucune expérience a gagné à ce niveau là, mais une petite rentrée financière qui sera la bienvenue. Il est très clair dans ma tête que je quitte dès que je trouve mieux.

Le samedi soir, de retour su gumtree, je réponds à une annonce demandant de l’aide d’urgence. L’annonce est publiée depuis moins de dix minutes. Je réponds bravement « je peux être sur le plancher demain ». Une heure après, un mail m’invite à me présenter à 7h du matin au café. À une heure de là, en tram. Tram qui commence à circuler plus tard le dimanche matin. Pas grave, j’irais en vélo. Je suis courageux. Quand le réveil sonne, à 5h45, je me sens beaucoup moins courageux. J’hésite un tout petit peu. Les gens qui me connaissent (j’entends mes parents rire d’ici) savent que je ne suis pas vraiment quelqu’un du matin. Quand j’ai entendu la sonnerie, je me suis demandé si j’avais vraiment envie de me réveiller à cette heure là cinq jours par semaine. Je me suis rendormi sans problème, et sans scrupule. Pourquoi ? Parce que j’ai déjà un travail. Parce que j’en teste un autre bientôt. Que ça n’a pas l’air d’être la situation catastrophique de Sydney. Alors je me permets de faire mon difficile. Et toc !

Dimanche après midi, après une petite promenade en ville avec Iris, on se pose tranquillement chez Lindt, à boire un milkshake au chocolat. Je vois déjà les yeux de ma poulpinette s’ouvrir en grand « le chanceux, il va bosser chez Lindt ». En fait, non. J’ai juste pas entendu mon cellulaire sonner. Je reçois le message par contre. Je suis invité pour une interview, esclave en cuisine dans un restaurant fusion japonais. Problème ? Je ne suis pas sûr de comprendre le numéro à rappeler, et je n’arrive pas à rappeler. Pas grave. Quelques recherches sur google me donne l’adresse du restaurant. Je m’y présente directement. Le cuisinier me regarde méfiant. Je dis le nom de la personne qui m’a appelé. Ça débloque tout de suite la porte. Je suis en entrevu improvisée 30 secondes après. Une demoiselle adorable, très gentille, avec qui le courant passe très bien. Je lui parle de ma passion tout à fait réelle pour la cuisine, ma passion tout aussi réelle pour la cuisine fusion, mon intérêt tout aussi grand pour la cuisine japonaise, et ma volonté tout à fait sincère d’apprendre des choses dans une cuisine. Parce que d’après elle, il y a beaucoup à apprendre. Je lui confirme savoir tenir un couteau, être motivé. Là encore, quand je demande le salaire minimum, elle me regarde avec des grands yeux ronds, me disant que ça ne sera pas possible. Pas grave. Je suis curieux. Intrigué. Je veux apprendre. Elle doit en discuter avec son manager, et devrait donner suite pour une journée de test (payée, mais au lance pierre).

La situation a beaucoup changé depuis Sydney… je trouve du travail sans problème, mais j’accepte des choses que je n’aurais sans doute pas accepter à Sydney. En même temps, si je les accepte, je pense que c’est plus par curiosité que par réelle nécessité. Évidemment, je n’ai pas le choix de commencer à travailler, et une paie, même à 13$ de l’heure, sera plus que bienvenu. Mais il y a, en plus, une réelle volonté d’apprendre comment la vie se passe dans les cuisines. De voir l’envers du décor. D’essayer, un peu, pour une fois, d’être de l’autre côté.

Voyager, c’est aussi les nouvelles expériences, les formations, les découvertes, les apprentissages. Alors pour moi, tout ça, ça m’intrigue au plus haut point. Je sais très bien qu’en faisant cela, je joue un jeu que je devrais refuser. Après tout, je peste contre les annonces « recherchons graphiste bénévole désirant améliorer son portfolio ». Parce que dans un certains sens, c’est ce que je fais. Accepter de me brader, pour essayer quelque chose que je ne connais pas. Je le fais sans trop de scrupule. Ma conscience, pour  l’instant, se porte pas trop mal. Et de toutes façons, je continue de porter des CVs, en attendant de trouver un endroit où j’aurais au moins le salaire minimum !

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C’est mon premier voyage du genre. C’est bête à dire, c’est simple comme affirmation, mais ça n’en reste pas moins très vrai. Je n’avais jamais expérimenté cela avant. Avoir une année pour découvrir un pays, le plus possible. Du coup, je découvre à la fois le pays et la façon de voyager. Et évidemment, comme dans tout voyage, je me découvre moi même.

Sydney… je n’ai pas accroché à la ville plus que ça, mais en y restant un peu plus d’un mois, j’avais commencé à mettre en place des projets. À vouloir faire des photos de tels endroits, une vidéo de tel autre… partir n’a pas été trop difficile, même si ça m’a fait réfléchir un peu.

Il y a ensuite eu ce premier passage à Melbourne. Un séjour assez mouvementé, certes, mais qui nous a permis de découvrir la ville en vitesse accélérée. Brunswick, Fitzroy… les noms sont restés dans ma tête. Melbourne me plait, Melbourne m’inspire. Je voulais y rester, je voulais m’y installer pendant quelques temps. J’ai eu du mal à partir, à enchaîner sur la Tasmanie. J’étais à Melbourne, j’avais envie d’en profiter. Pourquoi aller voir ailleurs ? Pourquoi continuer ?

Et puis nous sommes arriver en Tasmanie. La première relocation, la route sur le bord de la côte, un aperçu inspirant. Et surtout, Freycinet. L’existence de cette randonnée de 3 jours, sans ours pour manger les touristes et leur nourriture (les opossums, une fois que l’on sait comment ils fonctionnent, sont faciles à maîtriser). Puis la Tasman Peninsulae. Il y a eu cette enchaînement de découvertes. Toutes ces randonnées. Tout ces paysages qui attendaient. Tout ces endroits sauvages, accessibles uniquement à pied. La Tasmanie a été un coup de coeur. En pensant Australie, je ne pensais pas du tout montagnes, falaises et randonnées. Plutôt désert, poussière, rouge… j’attendais la Nouvelle Zélande avec impatience. J’attendais les paysages à randonnée là bas. La Tasmanie, ça a été un petit aperçu de Nouvelle Zélande, un peu en avance. L’achat de matériel de camping destiné à la randonnée. Regarder les cartes. Planifier. Je ne voulais plus partir. Je voulais aller là. Et puis là. Et aussi ici. La Tasmanie est une toute petite île, avec Hobart au milieu, mais complètement décentré. De Hobart, petite ville simple et sans prétention, on peut aller partout. On peut tout faire. Tout est possible. J’ai entendu des gens dire « San Francisco / Vancouver c’est génial. Tu n’es pas loin du tout de la nature, tu peux facilement aller te perdre dans des paysages grandioses ». Je n’imagine pas me faire prendre en stop au centre ville de San Francisco. J’ai redécouvert une échelle de pays qui me plait. J’ai redécouvert la possibilité de pouvoir rayonner si facilement. Je serais resté sans problème 6 mois (d’été évidemment) à Hobart, en alternant stop + randonnée, et petit boulot. Je me voyais très bien travailler, et profiter de mon moindre jour de congé pour aller grimper tel ou tel sommet que je n’ai pas encore fait, mais que j’avais vu depuis un autre. J’ai commencé à me demander si je voulais quitter la Tasmanie. On s’est posé la question. On y a longtemps réfléchi. On se posait encore la question sur le bateau.

J’étais animé d’un sentiment étrange en revenant à Melbourne. Je savais que la ville me plaisait, mais ce n’était pas non plus exactement ce que je venais chercher en Australie. En étant loin, l’image s’est peut être un peu pâlie. Je n’avais plus forcément l’intention de revenir m’installer ici. N’importe quelle autre ville pouvait convenir après tout, non ? Adelaide, que j’imagine être à la porte du désert. Ou Brisbane, sur la côte, au début de la grande barrière. Ou pourquoi pas Perth, de l’autre côté du continent ?

En descendant du bateau, je me suis rendu compte que je n’étais pas prêt à m’arrêter. Était-ce d’avoir roulé toute la nuit d’avant ? Je ne sais pas… comme je le disais un peu plus tôt, c’était un peu comme si je n’avais pas fait la préparation psychologique nécessaire. Mon coeur était encore en Tasmanie. Je n’étais pas très enthousiaste, au début, à l’idée de faire un aller-retour à Sydney. J’ai commencé par y aller un peu à reculons, avant de me rendre compte que ça me donnait le temps de préparer la transition. Plutôt que de sauter directement de la Tasmanie à Melbourne, on faisait une petite transition sur la route avant. Une transition qui a fait le plus grand bien.

Finalement de retour à Melbourne. Le van est rendu. Et maintenant, on fait quoi ? Il nous faut trouver appartement et travail. Le plus rapidement possible. Mais Melbourne est elle vraiment la meilleure place pour ça ? J’ai un doute soudain. Et pourquoi ne pas repartir tout de suite ? Il y a des relocations intéressantes. Vers Adelaïde, vers Perth. Même vers Alice Spring. J’hésite un peu. Ne pas aller trop vite. Prendre une nuit pour réfléchir.

Et puis j’ai vu passer un tram. Ça m’est revenu, un peu. Je me suis rappelé que j’aimais Melbourne. Qu’il y avait ici plein de belles choses. Nous sommes arrivés chez Kizza et tout les autres. Cinq personnes dans une maison caricature de squat hippie. Ambiance étrange et particulière. Dès le premier soir, j’ai envoyé des CVs et des lettres de motivation. J’ai reçu ma convocation pour mon premier entretien d’embauche dès le lendemain matin. Je suis allé marcher un peu dans la rue. Je suis rentré dans un restaurant avec un panneau « personnel demandé ». J’ai discuté cinq minutes. J’ai obtenu un test pour le samedi matin…

Soudainement, c’est devenu comme si Melbourne me rouvrait les bras. Comme si la ville m’avait attendu, et qu’elle était désormais prête à m’accueillir. À m’offrir le meilleur d’elle même. Je me suis retrouvé dans un tram, à admirer ces rues qui me plaisent tant. Qui sont si vivantes et bariolées. J’ai redécouvert le quartier Richmond, où nous avions déjà erré un peu. Et celui-ci vient s’ajouter aux côtés de Fitzroy et de Brunswick dans ces lieux qui me plaisent tant.

Le petit garçon est revenu dans le magasin de glace. Avec l’impression qu’il y a encore plus de parfums qu’avant. Les choses sont un peu compliquées à gérer, pas évidentes à mettre en place. Mais ça se fait, lentement. Ça ne se passe pas aussi bien que l’on voudrait. C’est du jonglage sur beaucoup d’éléments. Mais ça devrait se mettre en place très prochainement.

Demain, je vais bosser dans la cuisine d’un restaurant pour la première fois.