La journée des autostoppeurs

On October 15, 2010, in Carnet de route, Panoramique, Pensées, Photos, Pourquoi Pas ?, Rencontres, [West Coast], by Sébastien
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Aujourd’hui, on termine la boucle

Bonne nouvelle : cette nuit j’ai bien dormi. Très bien même. J’étais en effet dans un coin très tranquille, et le fait de ne pas entendre beaucoup de voitures est un plus agréable en ce moment !

Le programme du jour est simple : rouler jusqu’à Eugène. Ça représente un peu plus de 500 kilomètres, que j’ai bien l’intention de parcourir tranquillement, en admirant le paysage et en prenant mon temps.

Sauf qu’en même temps, le paysage dans les environs du lac Trinity n’est pas aussi beau que ce que j’imaginais. En fait, la route se contente de circuler entre les arbres, et on ne voit quasiment pas le lac. L’avantage, c,est que je ne m’arrête pas, je me contente d’avancer sans trop me poser de questions. J’arrive finalement à l’endroit où la route monte assez raide, et qui est annoncé depuis une trentaine de kilomètres, pour prévenir les véhicules avec remorque d’éviter de s’aventurer. Ça monte, en effet, rapidement, pour nous amener dans une nouvelle vallée, cette fois beaucoup plus intéressante.

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Cette nouvelle vallée, plus habitée, est également plus sèche. Mais le relief est très clairement plus intéressant, et le paysage typique de certaines zones de la Californie. Et puis la route offre, à quelques reprises, des points de vue magnifique sur le mont Shasta ; une nouvelle montagne dans la liste des montagnes que je trouve magnifique. Et que j’espère bien monter un jour !

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La route me ramène finalement à Yreka, où je fais une petite pause rapide au Wallmart, à la recherche d’huile à lampe, mais sans succès. Je reprends l’autoroute à l’échangeur où j’ai rencontré Mowgly. Sauf que cette fois, je continue vers le nord.

La 5, dans la région, est tout simplement magnifique. Elle monte et descend, au hasard des cols et des montagnes, et j’en profite autant que possible.

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Si magnifique, d’ailleurs, qu’à un moment je décide de prendre une route secondaire, qui a la bonne idée de la longer, ce qui me permet de profiter d’autant plus du paysage. En fait, tout ça me permet de me rendre compte qu’une autoroute, ça n’est pas nécessairement horriblement laid dans un paysage. Certes, le paysage serait sans doute plus beau s’il n’y avait pas cet immense ruban de goudron. Mais en même temps, je trouve qu’elle s’intègre bien, et je viens même à me demander si elle est vraiment dérangeante.

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À partir de là, par contre, la paysage devient de moins en moins intéressant. J’essaie à plusieurs reprises de quitter l’autoroute, mais sans que ça change grand chose. Je passe à côté de la ville d’Ashland, qui était l’objectif de Pixi. On m’en a parlé en bien. J’envisageais de m’arrêter brièvement, mais ça me paraît sans intérêt, vu depuis l’autoroute. Juste après, je passe à côté de Medford, où se rendait Robert. Une autre tentative de prendre une route plus intéressante me fait retourner à Grand Pass, tout aussi inintéressante la deuxième fois. Je réintègre l’autoroute à l’endroit même où j’avais déposé Erika et Alice. Et puis encore un peu plus loin, le prix de l’essence et la vacuité récurrente de mon réservoir me fait arrêter à l’endroit où j’avais déposé Pixi. Je trouve amusant de repasser dans tout ces endroits, sans même que ce soit programmé. J’aime ces clins d’oeil à mes péripéties passées. Le plus amusant, c’est que je n’ai quasiment pas emprunter une route sur laquelle j’avais déjà roulé. En prenant des petites parallèles, en faisant des petites boucles, en allant au hasard, j’arrive à trouver des itinéraires alternatifs.

J’arriverais finalement à Eugène vers 18h30, une paire d’heures avant ce que j’imaginais. Je vais quand même directement chez Caroline, la couchsurfeuse qui me prête un coin de parking pour la fin de semaine. Elle est un peu surprise de me voir arriver aussi tôt, d’autant qu’elle n’a pas fini les choses qu’elle avait à faire. Ce n’est pas vraiment un problème. J’ai beaucoup roulé aujourd’hui ; je pars me promener au hasard dans le quartier de l’université, histoire de me changer les idées.

Un vrai campus à l’américaine, où on retrouve même des résidences aux noms étranges (phi delta teta, epsylon khi, etc…). Me semble que je savais ce que ça voulait dire à une époque, et que j’ai oublié. Le campus est assez sympa, et les bâtiments bien éclairés. Je reste un peu surpris par le cimetière en plein milieu du campus, mais pourquoi pas…

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Après une petite heure de balade, je retourne finalement chez Caroline. Petit souper rapide de macaronis au fromage, et puis on va prendre une bière, juste à côté, au Macminivil, ou quelque chose du genre. Les bières (je goûterais une stout et une IPA spéciale) ne sont pas mauvaise, mais reste très légère. On discute un peu ; on parle évidemment de voyages, de couchsurfings, de gens… c’est étrange… je n’avais pas fait de couchsurfing depuis Chicago. J’ai été hébergé chez plusieurs personnes depuis, mais c’était des rencontres par hasard, ou des amis d’amis. Ça fait bizarre de « redécouvrir » ce mode de voyage…

Il est un peu tard, on rentrera finalement se coucher. Ici, l’automne est très clairement installé, et la nuit est fraîche. Je découvre rassuré que le chauffage du Pourquoi Pas ?, qui semblait capricieux la dernière fois que j’avais tenté de l’utiliser, fonctionne très bien. Il n’empêche que je dormirais avec le gros sac de couchage ce soir !

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Et la journée se termine

On October 19, 2010, in Carnet de route, Photos, Pourquoi Pas ?, [West Coast], by Sébastien
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Non sans avoir vu encore du sable et marché un petit 8 kilomètres.

Essoufflé mais heureux, je reviens tranquillement au Pourquoi Pas ?. J’avais commencé à me dire que j’allais peut être faire une étape plus longue aujourd’hui, mais au final, entre la brasserie et la dune, la pause a été plus longue que prévue. Ce qui n’est pas du tout un problème. De toutes façons, je ne suis pas du tout en retard. J’ai même tout mon temps pour être à Portland vendredi soir. En fait, il reste encore un peu plus de deux heures avant que le soleil se couche, mais il semblerait qu’une randonnée sympa m’attende en embuscade au détour du chemin, et je devrais avoir le temps de la faire aujourd’hui, normalement.

Je roule tranquillement, quand je me rends compte que le paysage est relativement différent de d’habitude à côté de la route. Pas de champs, pas de forêts, pas de falaises, pas d’océan, mais une immense étendue de sable.

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Ce n’est pas une plage ; ça n’est pas vraiment une dune non plus. En fait, je ne sais pas vraiment ce que c’est. Le contre jour empêche un peu d’apprécier la beauté de la chose. Mais si on regarde de l’autre côté de la route, on se retrouve à avoir le soleil dans le dos.

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Et ça s’étale sur une surface relativement grande. Un panneau essaie d’expliquer un peu de quoi il s’agit, mais ça n’est pas très clair. Je traverse cette mini étendue sableuse, pour me retrouver à nouveau dans la forêt. J’entre alors dans le parc de Cap Lookout (le cap du Point de Vue donc). La route est jolie, et surtout il y a plein de petits endroits un peu tranquille sur le bord, où on peut garer facilement un van qui aurait envie de passer la nuit. Je n’aurais donc pas à me compliquer la vie pour trouver où dormir ce soir. J’aime ça.

Je me gare au début de la balade qui permet d’aller jusqu’au bout du cap. 8 kilomètres aller-retour, deux petites heures, et je peux même avoir le coucher du soleil.

La promenade est agréable, et offre quelques points de vue grandioses sur la côte sud. La côte nord, la suite de la route qui m’attend demain, n’apparaît en revanche qu’une seule fois.

J’arrive en effet un peu en avance sur le couché de soleil. Le cap est magnifique, mais un couché de soleil ne rendra pas grand chose. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a tout simplement que l’océan. Pas de premiers plans possibles. Je préfère donc rentrer, et profiter de l’éclairage du soleil couchant sur le chemin du retour pour refaire une ou deux photos.

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Je remonte dans le Pourquoi Pas ? et roule un peu – pas longtemps – avant de trouver le petit coin tranquille où nous passerons la nuit. J’ai dépassé un point de vue qui semblait magnifique, donc je commencerais par rebrousser le chemin sur un ou deux kilomètres demain matin. Puis ensuite, direction le nord, à nouveau. Je devrais, à priori, arriver à la limite de l’Oregon dans la journée de demain. Il faudra alors que je me décide sur ce que je fais ensuite. J’ai deux trois options dans ma tête, on verra laquelle gagnera sur une décision de dernière minute.

Pourquoi Pas ? installé confortablement, je m’offre une petite fin de soirée classique, à faire des choses et d’autres sur mon ordi, en buvant un chocolat chaud. Le genre de choses qui fait toujours du bien. Depuis hier soir, le chauffage refuse à nouveau de marcher. Aucune idée de pourquoi il fait un caprice. Enfin, il ne fait pas si froid que ça, donc c’est pas grave. Je ne devrais pas me réveiller tout bleu demain matin.

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Burnout : Portland Decompression

On October 23, 2010, in Carnet de route, Pensées, Photos, Pourquoi Pas ?, Rencontres, [West Coast], by Sébastien
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Là où les plans, pour faire changement, commencent à changer.

Pas de surprise : la nuit a été mauvaise, comme prévu. Je me réveille fatigué, et un peu frustré à cause de ça. Mon plan initial était de dormir sur une aire d’autoroute, en même temps ; ça aurait été bruyant de toutes façons. Mais sans doute un peu moins quand même. Enfin… j’ai de la route à faire, et pas vraiment de raisons pour m’éterniser.

La route jusqu’à Portland, sous la pluie, est d’un magnifique sans intérêt. Enfin presque. J’ai découvert lors de mon dernier passage que pour encourager les gens à s’arrêter, on trouvait du café gratuit (et surtout du chocolat chaud gratuit) sur les aires de repos. Personnellement, le concept me plaît bien. Il y a même quelques biscuits. Je me reposerais donc deux fois en 80 kilomètres, à titre de prévention. On sait jamais après tout ! Mais bon ; à part les aires de repos, donc, et l’abrutis de première qui a failli me rentrer dedans, par derrière, alors qu’il faisait un dépassement par la droite d’une voiture situé en arrière de moi, une voie à gauche (c’est assez surprenant de voir soudainement apparaître dans son rétroviseur une voiture qui roule super rapidement, qui pile, qui commence à déraper, avant de reprendre le contrôle, réaccélérer, changer de file, et finalement doubler par la gauche ; ça valait bien un autre chocolat chaud pour les nerfs ! ) à part ça, donc, rien de bien passionnant jusqu’à Portland. Par contre, un excellent feeling, et la conviction que ça va être un événement mémorable.

Première constatation : le fait que l’on puisse commencer à entrer sur le site à 15h ne signifie pas qu’une horde gigantesque de gens va faire la file à cette heure là. Il pleuvote, il n’y a pas grand monde, et l’endroit où tout cela va avoir lieu est bien petit, mais très prometteur. Et puis le parking étant juste de l’autre côté de la rue (et accessoirement fait de tel sorte que je pourrais y dormir sans problème), j’ai ma maison à portée de main. D’ailleurs, je commencerais par plusieurs aller retour, entre le van et le site, voir si les choses évoluent. Les gens arrivent au compte goûte, mais étrangement, le sentiment d’être de retour à Black Rock City est là. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en ai aucune idée. Contrairement à San Francisco, les gens ne sont pas déguisés ; ils sont en habits de tout les jours. Mais la pluie vient rajouter un peu de saleté (c’est peut être ça !) et puis l’aménagement temporaire du site saute aux yeux. On retrouve le côté « camp de réfugiés » de Burning Man. Ici, le mot d’ordre est clair. Rien de commercial, rien à vendre, pas d’argent. À marcher tout seul, à errer au hasard (le tour du site se fait en 4 minutes 22) je me retrouve rapidement à parler à une ou deux personnes.

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Il y a une tente, avec un gars qui joue du violoncelle, version hautement et extrêmement expérimental. Et puis il y a une fille en train de dessiner sur une nappe, qui me fait un sourire adorable, alors que je sors de la tente, pour retourner faire un petit tour dans le van. Je lis un peu, range quelques affaires, prends mon temps. Il n’y a rien à faire, il n’y a pas grand monde, et pourtant j’adore l’atmosphère et la façon dont les lieux semblent vibrer. J’y replonge donc, avec le sourire. Mes pas me ramène sous la tente. La fille est toujours là, toujours en train de dessiner. J’attrape un feutre, je gribouille un « no dust, only happiness ». Je sais, je suis redondant, mais ça me plaît toujours. On commence à discuter. Elle s’appelle Danielle ; elle est originaire du Kansas, mais habite Portland depuis un an. Elle ne connaît pas grand monde en ville, et elle est venue seule, un peu au hasard. On se retrouve tout les deux bien content d’avoir finalement un peu de compagnie pour la soirée. Et puis elle est venue sans apporter de manteau. Comme j’en ai un deuxième, je lui propose. Elle accepte avec grand plaisir, et m’accompagne jusqu’au Pourquoi Pas ? pour le récupérer. La pluie commence à tomber un peu plus fort, du coup on reste un moment, bien au chaud à l’intérieur, à discuter. On fera, au final, plusieurs allers retours entre le van et le site, dépendant de la météo et de ce qui se passe.

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Danielle a quitté sa job il y a deux semaines. Elle était tannée, elle n’aimait pas ça. À la place, elle joue de la guitare, et elle chante dans la rue, pour payer son loyer. Elle joue aussi de l’accordéon et du piano. Dans ce contexte, évidemment, difficile de ne pas parler musique. Un sujet sur lequel on se retrouve étrangement. Elle apprend aussi le jonglage contact (avec boule de verre) ; moi c’est le jonglage qui bouge qui m’intéresse. On rigole, on s’entend bien, on semble partager pas mal de choses. Mue par une idée soudaine, je lui demande si elle a de quoi de prévu la semaine qui s’en vient. Elle réfléchit un peu. Son emploi du temps est parfaitement vide. L’idée d’une balade en van dans le sud de l’Oregon lui plaît bien. Je lui parle des sources chaudes, du bus scolaire, de ces amis que je m’en vais retrouver. Je suis persuadé qu’elle fiterait parfaitement avec tout le monde, et Pourquoi Pas ? l’a prouvé : la place pour deux, ça ne manque pas.

Je me sens proche de Danielle. J’ai toujours été rapide pour m’attacher aux gens, pour me sentir proche des gens que je rencontre. Je me demande à quel point le fait de ne pas avoir vu mes « vrais » amis depuis plus de trois mois vient encore intensifier les choses. Mais au final, à force de discuter, on oublie petit à petit ce qui se passe en dehors du van. On fera quand même une dernière excursion, entre 23h et 1h, histoire de voir les performances des artistes de feu. À cause de la pluie, je ne ferais pas beaucoup de photos, mais j’ai quand même grand plaisir à regarder. Plus de plaisir, encore, à regarder les yeux émerveillés de Danielle, qui n’a pas autant l’habitude que moi de voir ce genre d’événements.

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On écoute encore un peu de musique, mais il ne fait pas très chaud. On retourne une fois de plus se cacher dans le van, un grog à la main pour se réchauffer. On parle, on discute, on fait des plans. En fait, ce qui l’inquiète un peu, c’est comment revenir à Portland après les sources chaudes. Moi, ce qui m’inquiétait, c’était de devoir aller trop rapidement jusqu’au rendez-vous, et de ne pas pouvoir prendre assez de temps pour admirer le paysage. Je n’ai rien de prévu après les sources chaudes, je fais donc quelques ajustements dans ma tête. Je pensais partir dimanche (demain donc) ou lundi. En fait, ça arrange un peu Danielle si on part un peu plus tôt. Et ça m’arrange aussi, vu que je pourrais faire réparer les lumières du Pourquoi Pas ?. Comme Danielle peut m’héberger, le nouveau plan consistera finalement a partir seulement jeudi pour rejoindre le bus scolaire. Ça nous donne deux jours pour faire la route vers le sud rapidement, et plus de temps pour remonter jusqu’à Portland ensuite. De mon côté, ça voudrait dire qu’ensuite, je quitterais Portland pour Chicago. C’est logique, et ça se tient.

C’est bien connu. Le temps passe vite en charmante compagnie. Et on ne s’en rend pas compte. Je suis donc pas mal surpris, alors que je sors prendre l’air deux minutes à un moment, de voir qu’il fait quasiment jour dehors. Il est déjà 7h du matin. On discute quand même encore un peu, mais on finit par être raisonnable, à se taire, et à s’endormir bien au chaud à l’arrière du van.

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Reprendre vie, tranquillement pas vite.

On October 27, 2010, in Carnet de route, Gastronomie, Pensées, Photos, Pourquoi Pas ?, [West Coast], by Sébastien
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Aujourd’hui on se promène en ville pendant que le van est réparé, on mange de la fondue au fromage, on mange du chocolat, on marche sur le bord de l’eau, et on est original, en changeant les plans.

Le réveil qui sonne à 8h30 du matin, c’est vraiment pas sympa, surtout quand la veille on a été inspiré jusqu’à très tard. Mais bon, c’est pour Pourquoi Pas ?, alors je suis prêt à faire quelques efforts quand même. Je me lève donc, difficilement, et roule jusqu’au garage. Dehors, le ciel est presque bleu. Il y a un peu de brouillard, mais ça semble vouloir se dégager un peu. La météo, si proche de la côte, relativement dans le nord, au milieu de l’automne, c’est pas folichon. J’ai été très chanceux jusqu’à présent, l’automne tardant à s’installer, mais maintenant qu’il est là, il semblerait bien qu’il n’ait plus l’intention de partir. Donc en gros, les prévisions météos pour les six prochains mois, c’est « ciel couvert et pluie ». La bonne nouvelle, c’est que je vais bientôt remplacer la pluie par de la neige…

Je laisse le van aux bons soins du garagiste, pendant que j’attends sagement dans la salle d’attente. Le verdict arrivera une petite heure plus tard. Une pièce à changer. Avec la main d’oeuvre, la facture va être un peu salé ; mais je peux pas vraiment y faire grand chose. Faire le chemin de retour uniquement de jour, je n’y crois pas. Au contraire, d’ailleurs, je me voyais bien faire des immenses étapes de nuit. Ça fait toujours du bien. Donc dans ce contexte, pas le choix, une fois de plus, de faire réparer. Je demande une info rapide pour un remplacement de pare brise arrière… à priori, vu ce à quoi je devrais m’attendre, à ce niveau là, y a pas urgence, et j’attendrais donc.

Je dispose d’une paire d’heures à tuer. Je profite du soleil pour aller me promener dans les rues de Portland, un peu au hasard à nouveau. Je me dirige quand même vers le bord de l’eau, suivant mon feeling, suivant les rues qui semblent plus inspirantes. Et puis à un moment, je me retrouve à un arrêt de tram. Je me rappelle que c’est gratuit dans le centre ville. Alors juste pour le plaisir, juste parce que ça fait longtemps que je n’ai pas pris le tram, j’embarque. C’est toujours aussi agréable. Je ne fais qu’un arrêt, mais celui-ci me permet de traverser la rivière, histoire de voir de l’autre côté. Je reprends le pont à pied, en sens inverse pour le chemin du retour. Je reviens jusqu’au garage, où je poireaute encore une petite demi heure, avant de récupérer finalement les clés, et une facture, légèrement inférieure à ce que l’on m’avait dit. Le patron a accepté de me faire une tite ristourne comme je viens de loin. C’est bien aimable !

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Quand je suis de retour chez Danielle, elle est allée faire quelques courses ; on a beaucoup parlé de nourriture, à plusieurs reprises de fondues au fromage. Elle a trouvé une recette, et est en train d’en préparer une. Pour fêter ça, et la remercier, je vais chercher deux bouteilles de bière dans le van. Je suis définitivement fan de mon cellier sur roue. Je l’ai rempli consciencieusement, petit à petit, tout en avançant. Maintenant que je me mets à acheter des billets d’avion et à faire réparer le van toutes les deux semaines, et que je n’ai plus de contrats, mes finances sont un peu plus limitées, alors je n’ai pas le choix de tourner sur les stocks. Il n’y aura sans doute plus trente bouteilles quand je repasserais la frontière. C’est pas plus grave, sans doute. Ça simplifiera les formalités.

J’avais pensé retourner en ville avec Danielle pour l’après midi, profiter du soleil, mais celui-ci n’est pas resté. Les nuages sont déjà de retour. À la place, on reste bien au chaud chez elle, à discuter, et à jouer de la musique. Je l’écoute, elle m’écoute, on s’écoute quand on fait jouer des enregistrements, ou des fois on joue ensemble. On se trouve très facilement à ce niveau là, et c’est un vrai plaisir.

Sa coloc nous parle à un moment de la projection d’un documentaire sur le chocolat, en fin d’après midi. Projection accompagnée d’une petite dégustation gratuite. Ça semble assez intéressant, et ça nous obligera à bouger un peu. C’est pas un mal. Ça fait du bien de sortir, de temps en temps. En fait, il s’agit d’un documentaire sur les enfants esclaves dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire. Je trouve personnellement le documentaire moyennement intéressant. C’est organisé par une coop spécialisée dans le commerce de chocolat équitable, évidemment. Il y a donc quelques discussions sur la question également. Quelques échanges. Le chocolat, quand à lui, est excellent. Ça fait bizarre, un peu, d’être de retour dans un monde « militant ». Je qualifierais de nihilistes la plupart des personnes que j’ai rencontré sur ma route. Des gens écoeurés de la société, qui ont décidé d’en sortir, plutôt que d’essayer de la changer. Me rappeler qu’il est aussi possible d’être actif plutôt que passif, ça a aussi du bon…

Il est encore tôt quand tout cela se termine. Il ne fait pas très chaud, mais il ne pleut pas, et c’est une belle soirée pour se promener. On retourne donc sur le bord de l’eau, où on passera finalement plus de temps à contempler la ville et à discuter qu’à réellement marcher. Les habitués de Montréal reconnaîtront peut être la tour de la Bourse (là où je travaillais, quand j’étais chez Canoë) au milieu de la première image. Une trentaine d’étages en moins simplement. Je trouve la ressemblance vraiment amusante ; il faudrait que j’essaie de me renseigner, voir si c’est le même architecte, la même inspiration, ou simplement une coïncidence.

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Je crois que je commence à comprendre quelque chose, même si je suis incapable de l’expliquer : mes projets, mes planifications, restent relativement stables et inchangés, tant que je ne les formule pas, tant que je ne les partage pas. Mes plans sont assez précis, et le reste pour une longue période. Et puis à un moment, je formule à haute voix « je vais faire ça », et comme par hasard, le lendemain se produit de quoi qui vient tout chambouler. On pourrait croire que je le fais exprès, mais je ne pense pas. D’ailleurs, c’est même un peu difficile à suivre, parfois. Pas toujours facile d’organiser de quoi, en sachant que ça change si souvent… le dernier exemple en date est extrêmement récent. J’ai formulé, tout juste hier, mes intentions de voyage. Une petite boucle en Oregon, puis un dernier petit babaille à la mer avant de rentrer à Montréal. Il semblerait que ça ne sera plus ça.

Danielle a le mal du pays un peu. Depuis un an, elle n’est jamais retournée au Kansas, et ça lui manque un peu. Elle aimerait y retourner, mais ça n’est pas très simple à organiser. En même temps, si vous prenez une carte, et que vous tracez une ligne « Portland – Montréal via Chicago » vous verrez que s’arrêter à Lawrence, au Kansas, c’est pas vraiment ce que l’on pourrait appeler un gros détour. Alors quand elle me dit qu’elle a le mal du pays, je n’hésite pas vraiment à lui proposer un lift. C’est même plus rationnel pour moi. On continue à prendre un peu notre temps en Oregon, et ensuite, plutôt que de revenir à Portland, on continue vers l’est. Et comme elle a vraiment envie de voir un phare, on commence par une petite boucle de deux jours sur le bord de l’océan. Ça lui laisse un peu plus de marge pour réfléchir à tout ça, et pour se préparer au voyage. Moi, ça ne change quasiment rien pour moi. Hormis le fait que je vais avoir une compagne des plus charmantes pour une bonne partie du voyage.

L’itinéraire de retour, je n’essaierais même pas de le formuler. Déjà parce qu’on hésite entre plusieurs options (allant de la ligne pas droite à la ligne vraiment mais vraiment pas droite du tout) et que si en plus je vous dis le chemin qu’on va prendre, on ne va pas le prendre. À la place, j’envoie un message à Jane, pour l’informer des nouveaux changements de plans, et voir si ça peut aller de paire avec une rencontre quelque part, sur la route. J’ai des envies de soleil et de désert, et ça, c’est plutôt dans le sud que ça se passe !

Les plans complètement chamboulés, on rentre tranquillement à l’appartement, histoire de fêter ça en regardant un film. Demain soir, on dort sur le bord de l’océan.

Petit mauvais plan, par contre, qui m’énerve un peu : si les phares arrières du van fonctionnent à nouveau, je découvre à la nuit tombée que les lumières du tableau de bord ne fonctionnent toujours pas, alors qu’elles devaient être réparées. Pas cool. Ça veut dire qu’il faut que je repasse au garage demain, et j’aime pas ça !

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Une dernière grande respiration…

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Aujourd’hui on rerépare le van, on boit de la bière et on mange du chocolat. Beaucoup de chocolat !

Ça y’est… la voilà qui est là. La dernière journée avant le grand départ. Je suis vraiment heureux de cette pause complètement et totalement imprévue à Portland. Je suis en pleine forme, et j’ai à nouveau hâte d’être sur la route. J’ai aimé m’arrêter, mais il est temps pour moi de repartir. Je ressens l’excitation de rouler à nouveau, et je suis fébrile comme si je n’avais pas voyager depuis bien longtemps. Peut être parce que les trois ou quatre semaines qui s’en viennent s’annoncent passionnantes, intenses, et magnifiques !

Pourquoi Pas ? est retourné au garage ce matin. D’après le garagiste, ils ont reçu une pièce qui n’était pas la bonne, mais ne s’en sont pas rendus compte, du coup, ça ne marchait qu’à moitié. Enfin, après deux heures et demi à attendre, tout remarche à nouveau. Et cette fois, j’ai vérifié !

On va être deux dans le van pendant un bon moment. Plus le temps passe, plus l’intérieur est optimisé. Danielle ne devrait donc avoir aucun mal à trouver sa place. Mais juste pour être sûr, je fais encore un peu de rangement, encore un peu d’optimisation. C’est encore et toujours plus efficace que l’optimisation précédente !

L’après midi passera tranquillement en dehors de ça. J’avance deux trois petits projets, je regarde un peu la route qui s’en vient… j’attends encore des nouvelles de Jane pour formuler un itinéraire final.

J’arrive même à m’ennuyer un peu en fin d’après midi. Ça ne m’était pas arrivé depuis… ouf ! Des fois, ça fait du bien de s’ennuyer. Et ça vient aussi confirmer qu’il est temps de repartir ! Finalement, en fin de journée, on ira faire un tit tour en ville. Au programme : poutine et bières. Yep. On trouve aussi de la poutine à Portland. On en trouve partout. Le Québec va conquérir le monde grâce à la poutine ! Danielle n’en a jamais mangé, mais sait où on peut en trouver. Pas de chance, quand on arrive sur place, par contre, c’est fermé le lundi. La suite du programme consistait à aller à la « Hopwork Urban Brewery » où j’ai donné rendez-vous aux gens de couchsurfing ; si quelqu’un s’ennuie en ce lundi soir et qu’il veut partager une bière, elle sera meilleure avec nous !

On arrive, on s’installe, on commande. Ici aussi ils ont des carrousels de dégustation. Parfait !

Voilà donc à quoi ça ressemble. Celui-ci est particulièrement sympathique en l’occurrence :

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Et si vous voulez la légende (la numéro 1, c’est celle à gauche de « hub », et en haut. Donc à 9h15 environ.

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La 5 et la 7 sont un vrai délice. Le mélange de 7 céréales dans la stout (5) lui donne une personnalité bien à elle, et le vieillissement dans des vieux fûts de bourbon donne à la 7 une odeur unique, et un petit goût sirupeux des plus agréable. La lager est excellente, d’autant plus meilleure que, comme je l’expliquais déjà par le passé, habituellement les lager ne sont pas vraiment mon style. Évidemment, l’IPA est un vrai petit bonheur, et l’abominable se laisse boire sans problème. À vrai dire, toutes ces bières sont excellentes et on passe un bien bon moment à toutes les découvrir, en grignotant quelques frites, à défaut d’avoir eut notre poutine. Et puis il y a cette petite carte des desserts qui nous fait de l’oeil. Entre la tarte au chocolat et basilique et le brownie servit chaud avec crème glacée à la vanille, le choix est vite fait. On prendra les deux, et le régale sera complet et total. Chocolat basilique, j’avais déjà pratiqué une fois. La deuxième fois me convainc tout autant que la première. Il est temps que je mette ça en application !

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La « Hub » est une brasserie particulièrement sympa. Le fait que toutes leurs bières soient bio rajoutent aussi au plaisir. Le propriétaire, en plus d’être un grand amateur de bière, est un fan de vélo, et ça paraît. Oui, remontez voir : le plateau de dégustation est une petite roue de vélo transformée. Côté déco, l’alignement de cadres de vélo en dessus du bar donne un effet des plus sympa aussi.

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Excellente bière, excellents desserts, décor agréable, bonne ambiance, on passe une belle petite soirée, mais on se décide à partir après un moment, le ventre bien rempli. Malgré quelques « nous viendrons peut être », il semblerait qu’aucun couchsurfeur ne soit venu.

On découvrira au moment de sortir que en fait non, il y en a bien quelques uns. Ils nous avaient simplement pas trouvé, et attendaient dans un coin, persuadés que l’on était en retard. Du coup, on se rassois, on partage une dernière bière, et on rajoute une petite paire d’heures à discuter, de tout et de rien. Je fais plaisir à tout le monde quand je dis (et je le pense vraiment !) que je préfère l’Oregon à la Californie, malgré la beauté des paysages de cette dernière. J’essaie de m’expliquer un peu, parce que c’est plus une question de feeling que de logique, mais ils partagent aussi ce sentiment. Pour résumer très fortement, on choisit la Californie pour sa carrière, on choisit l’Oregon pour le mode de vie. Ici les gens sont encore plus ouverts, relaxes, tranquilles. Si la Californie est peuplée de Bobo, l’Oregon semble plus la destination des artistes qui veulent s’épanouir tranquillement, loin de toute pression sociale. Ils veulent juste être heureux dans leur petit monde à eux ; un petit monde où tout le monde est le bienvenue. Et franchement, j’aime ça. Ils étaient évidemment tous là samedi soir, à la soirée Halloween. Je n’en reconnais aucun, mais en demandant leurs déguisements, je replace la plupart. Anecdote amusante : à un moment, l’un d’eux raconte qu’il a vu quelqu’un cracher du feu, et qu’il a pu prendre une vidéo. Il ne m’avait pas reconnu. Le monde de couchsurfing est très petit. Moi, je suis content, je vais avoir une vidéo de moi, peut être.

Quitter Portland ne va pas être évident. Heureusement, je commence à avoir l’habitude de quitter des places qui me plaisent. En une année, je suis revenu trois fois à San Francisco, alors que je n’y croyais pas vraiment. Je n’ai aucune inquiétude quand au fait que je reviendrais à Portland également. Quand il ne pleuvra plus. Dans six mois donc ! Ou plus tard.

Rencontrer ces quelques couchsurfers avant de partir me fait bien plaisir et termine agréablement mon séjour ici. On rentre chez Danielle un peu plus tard. Un message de Jane m’attend. Ils seront aux sources chaudes en fin de semaine. Ça finit de compléter ma journée. L’itinéraire du retour est désormais connu, et c’est parfait pour moi. Un peu plus de 6000 kilomètres m’attendent ; je vais voir un peu de désert dans le Nevada, et il semblerait bien que Bryce et Zion réapparaissent soudainement sur l’itinéraire ! Tout cela est parfait. Celui-ci a de fortes chances d’être assez final, vu que mes dates sont de moins en moins compressibles. J’ai hâte de voir tout ça ! La quinzaine de jours tranquilles puis les kilomètres qui défilent semblent se confirmer !

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Et si on revenait à la maison ?

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Aujourd’hui, on mange du désert, on mange du désert, on mange du désert, et on mange du désert.

Le ciel qui nous attend à notre réveil correspond beaucoup plus à la vision que j’ai du désert. Le paysage et la lumière aussi. C’est quand même beaucoup plus crédible qu’un ciel gris. Il vente énormément, et il ventera toute la journée. Mais en dehors de ce petit détail, il fait beau, il fait chaud, on est bien. La 395 est magnifique, et on la suivra un très long moment. Pas grand chose à signaler tout au long de ces kilomètres, si ce n’est que je passe mon temps à m’arrêter pour admirer et faire des photos.

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On croise quand même Alcali Lake et Abert Lake, deux lacs semi asséchés, semi vivant, et très salés.

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Et puis on quitte l’Oregon. C’est pas la première fois. J’ai quitté l’Oregon un certains nombre de fois (quatre ou cinq je dirais) au cours de ce voyage. Mais cette fois ci, c’est sûr que je ne reviens pas avant un moment. Si j’aimais la Californie, l’Oregon a vraiment mis l’état du gouvernator au second plan. Oui, il faudra que je prenne le temps de faire un résumé de tout ça à un moment… la Californie, on n’y reste pas longtemps. Juste le temps de faire un détour ravitaillement à Alturas, puis de revenir au nord prendre la 299.

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Juste avant de quitter l’Oregon, on aurait du voir un geyser, mais celui-ci est à sec. La madame qui me donne l’info me dit que l’année a été particulièrement sèche ici. Ils semblent manquer d’eau. En parlant de manquer d’eau, le van est à sec. De partout. On a roulé un peu plus de 200 kilomètres sans croiser la moindre station d’essence. Heureusement qu’il a une belle autonomie quand même ! Le réservoir d’essence est vide depuis la veille au soir. Et le propane est sans doute pas loin non plus d’être vide. Alors aujourd’hui, on reremplit tout. On rachète aussi du chocolat (on sait jamais !) et une bouteille de brandy. Les stocks sont faits. Ça a un petit côté « déjà vu » ce « il faut que tout soit rempli au maximum ». On se dirige vers la 299, que l’on quitte ensuite en direction de Gerlach. Oui, finalement Danielle a décidé. Je n’étais pas tout à fait sûr, mais voir Black Rock Desert, ça lui fait bien envie. C’est donc là bas qu’on fêtera son anniversaire demain. Un chouette endroit, je trouve, pour fêter un anniversaire.

Je ne me souvenais pas que la dernière étape, au Nevada, était si longue. Ça prend une bonne heure et demi après avoir quitté la Californie. Sauf que cette fois, il n’y a absolument personne sur la route ! Mais je reconnais le paysage avec grand plaisir !

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Et puis on contourne une dernière colline, et on voit la petite ville de Gerlach apparaître toute seule, toute petite, au milieu de son grand désert. À Gerlach, il suffit de tourner à gauche. Sauf que juste au moment de tourner à gauche, juste après, je vois ce petit panneau. Complètement effacé. « Hot Spring ». J’avais bien lu qu’il y avait des sources chaudes à Gerlach, sans avoir la moindre idée de où… en même temps, en plus du panneau complètement effacé et passé date, il y a ce panneau « entrée interdite ». Alors évidemment, ça fait hésiter. Mais c’est quand même tentant. À ce moment là, on voit une voiture prendre le chemin. On se décide à la suivre. Je me dis qu’on pourra toujours demander la permission ou l’information… sauf qu’on perd la voiture de vue. On hésite une fois de plus. Une autre voiture arrive. On demande si on a le droit d’accéder aux Hot Srpings. Le gars semble surpris. « Bien sûr, vous pouvez y aller, si l’eau n’est pas trop chaude. Moi je suis là juste pour une minute ». On commence donc à se changer, discrètement caché dans le van, tout en observant le monsieur en train de tester l’étanchéité de son matelas gonflable dans le bassin. Remarque, pourquoi pas après tout ?

Et puis on trempe un pied. Pinaise que c’est chaud ! Mais pinaise que c’est bon ! C’est qu’on a quand même bien roulé aujourd’hui, c’est mérité. À vrai dire, je n’arriverais pas à m’immerger complètement. C’est trop pour moi. Mais je resterais quand même un petit moment. Danielle fera même quelques brasses. Le bassin est magnifique, au milieu de nul part, en pleine nature, sous ce ciel bleu grandiose. Que du bonheur !

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On sortira quand même tout rouge. Direction… la playa ! Le soleil commence à se coucher. J’avoue que j’aimerais bien dormir au milieu de Black Rock Desert, mais je ne suis pas sûr que ce soit autorisé, et je préférerais éviter si ce n’est pas légal. On roule un peu. On retrouve le chemin d’accès, un panneau d’information à l’entrée. « Camping autorisé à plus de 30 mètres d’une source ». Bon, ça, à priori, ça ne devrait pas poser de problème.

Le sol est parfaitement régulier. Il y a bien quelques traces de voitures, mais les traces des deux exodes semblent en grande partie disparues. Je me souviens quand même la direction générale, et on l’emprunte donc. C’est un sentiment extrêmement particulier de se retrouver ici, à nouveau, avec absolument rien, ni personne. Je suis heureux. De retour à la maison. Sauf qu’il y a personne à la maison, et que pour ça, c’est un peu bizarre.

Rouler sur une playa parfaite, c’est un vrai bonheur. C’est lisse, c’est propre, c’est régulier. On peut aller où on veut, n’importe comment.

Un groupe de voiture apparaît à l’horizon, plus ou moins à l’emplacement que j’imaginerais être celui de Black Rock City. On se dirige donc vers eux. On est samedi soir. Je me demande si on va rencontrer un groupe de burners nostalgiques. Ça pourrait être sympa après tout ! En s’approchant, je me dis que finalement, c’est pas vraiment le look. L’un d’eux nous salue de la main, et on va dire bonjour quand même. Danielle parle avec l’un, je parle avec l’autre. Il me demande si on a eut de la pluie. C’est vrai que c’est extrêmement couvert, et qu’il y a un beau nuage à l’horizon. La playa sous la pluie, j’ai essayé. J’ai prévu Danielle : s’il pleut, on ne bouge plus tant que ça n’a pas séché. La terre ici à une capacité agglomérante impressionnante ! Je pense pas que le van ferait plus de 100 mètres. Bref, le gars nous dit de faire attention. Je lui dis que je suis au courant. On reprend la route. Danielle me dit que l’autre personne lui a dit qu’ils sont là pour faire des cartes de Noël. Ils ont des tentes, avec une génératrice, et des guirlandes. Pourquoi pas !

On roule encore un peu. Je suis à peu prêt persuadé d’être à la bonne place ; dans le même temps, le sol de la playa est beaucoup plus chaotique. Comme si plein de gens seraient passés par ici dans tout les sens. Ça se tient. Je continue à rouler un peu, au hasard. C’est amusant cette immense étendue infinie, où l’on peut aller où l’on veut.

On regarde les nuages qui se rapprochent, en se demandant si on va se prendre une énorme averse. Il semblerait que non. C’est simplement extrêmement venteux. D’ailleurs, je reconnais l’odeur de la poussière, qui était omni présente pendant Burnint Man. Cette odeur me rappelle beaucoup de souvenirs. Et puis le paysage, dehors… ah, le paysage…

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On installe le van bien confortablement. Le vent souffle de plus en plus fort dehors, mais ce n’est pas grave, on est bien à l’abris. Il ne fera sans doute pas très chaud cette nuit, mais c’est pas grave, on est sur la playa.

C’est vraiment bizarre. Hier au soir, sur le petit parking, j’avais un étrange mauvais feeling pas agréable. Il a fini par passer après un bon moment à rationaliser. Ce soir, au contraire, j’ai un sentiment tellement positif qui m’habite. Je suis tellement bien sur ce petit tas de sable au milieu de nul part. Il n’y a absolument rien, personne. Juste le vent, la poussière, et nous. Et j’aime ça !

Tiens, pour fêter ça, en pré-anniversaire de Danielle, on ouvre la bouteille de vin que j’avais acheté il y a quelques jours. Du vin… ça fait un millénaire ! J’aime toujours ça à priori, c’est bon signe ! Un shiraz produit à Washington, bien parfumé, qui accompagne parfaitement les pâtes au bleu !

La soirée continue tranquillement avec une petite discussion philosophique. Décidément, il va falloir que je l’écrive et que je la détaille ma théorie sur la génération tranquille !

Demain, la journée devrait être bien remplie. J’ai pas mal de photo à faire au milieu de la playa. Et on doit enregistrer l’une des chansons de Danielle. Tout ça a condition que le vent se calme, et qu’il ne pleuve pas. Bon, après, on a largement une semaine d’autonomie, probablement même un peu plus. Et ça me surprendrait qu’il pleuve une semaine d’affiliée au milieu du désert.

Allez… avouez, elle est belle ma playa :

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De retour dans le désert

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Aujourd’hui, on admire une montagne magnifique, on roule tout droit, on souhaite joyeux anniversaire à son père, on visite des dunes, et on retrouve la magnifique 395 !

La nuit est on ne peut plus calme et tranquille. On entend bien un lointain camion de temps en temps, mais ils sont bien rares. De là à dire que c’est trop silencieux… non, n’exagérons quand même pas ! Hier, un peu tannés de la polenta, on avait sauté le petit déjeuner. Comme on a fait l’épicerie, par contre, on peut recommencer à varier un peu les petits déjeuners, et c’est vrai que ça fait du bien de commencer la journée avec des granola (muesli). Ça fait changement !

Le ciel est grisailleux quand on quitte notre petite forêt sympathique, qui nous a si bien tenu compagnie pendant la nuit. On ne roule pas très longtemps avant que la forêt disparaisse, nous précipitant dans le désert typique de la région. Un truc pas complètement totalement désertique donc. Il reste quelques mini plantes bien sèches qui poussent au milieu.

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On quitte une fois de plus la route principale (qu’on avait rejoint en quittant une route principale que l’on avait rejointe en quittant une route principale), pour prendre la direction de Fort Rock. Petit village qui doit son nom à un caillou voisin. Un caillou parfaitement bien nommé soit dit en passant. De loin, on voit d’abord apparaître une palissade. Pour découvrir ensuite que la palissade n’est qu’un côté d’un magnifique fer à cheval. Un endroit parfait pour installer une armée, et défendre l’endroit contre des envahisseurs. Bon, il faudrait juste une armée et des envahisseurs, et c’est pas avec les quatorze habitants et demi de la région que l’on fera quelque chose… mais c’est toujours ça, en théorie.

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On se promène un peu à l’intérieur de cette magnifique formation ; on escalade un tit peu pour varier les points de vue, on regarde, on admire. On se plaint un peu du ciel gris et de la température un peu fraîche. On est quand même dans un désert, non ?

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Et puis en version panoramique, quand on regarde vers l’extérieur :

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Et quand on regarde vers l’intérieur :

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On reprendra ensuite la route, vérifiant rapidement si la ville de Fort Rock n’aurait pas un téléphone publique, mais ça n’est pas le cas. Peut être que notre étape suivante, Christmas Valley, sera plus civilisée.

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Christmas Valley est en effet un peu plus grande que Fort Rock. D’ailleurs, à peine entrée dans la ville (ça devient vraiment difficile d’appeler ce genre d’endroit une ville, vu qu’en fait, c’est surtout un plus grand nombre de maisons, plus proches les unes des autres, mais qui ne ressemble vraiment pas à ce que j’appellerais une ville. Ou un village) on trouve un bureau de poste. J’avais quelques timbres à acheter et des cartes à envoyer. C’est donc parfait. Le vendeur n’est même pas plus surpris que ça que je demande des timbres pour le Canada et la France. Il doit avoir l’habitude, sans doute. Sur le parking, par contre, on me demande si je viens de Colombie Britannique. La question me surprend un peu, vu que le van est très clairement immatriculé Québec. Je réponds donc que je viens de Montréal, ce qui semble impressionner mon interlocuteur, qui me dit « so you’re french. Bonjour ». Oui, même au fin fond de l’Oregon, les gens essaient de mettre un ou deux mots de français quand ils me parlent !

Je m’arrêterais à nouveau, juste après, alors que je vois une cabine de téléphone à côté d’une épicerie. J’en profite donc pour faire un petit appel outre-atlantique. Avec les fuseaux horaires, et les changements d’heures récents, je ne suis pas tout à fait sûr de ne pas appeler au milieu de la nuit, mais à priori mon calcul était correct, et je ne réveille personne. Pendant que je parle au téléphone, une voiture s’arrête. Un couple en descend, regarde le van en souriant. M’entend parler français au téléphone, ils font le rapprochement assez facilement, et me salut d’un mouvement de tête, l’air un peu déçus de ne pas pouvoir me parler. Ils croiseront Danielle à l’intérieur de l’épicerie, et en profiteront pour demander confirmation si je viens bien du Québec. Un imposteur est si vite arrivé !

Amusant, quand même, de constater que l’année passée à la même date, j’arrivais à Tucson, en Arizona, à la fin d’un road trip de 6000 kilomètres en quelques jours à peine. Cette année, je suis encore plus perdu au milieu de nul part, au milieu d’un road trip encore plus fou, et beaucoup plus long… que sera l’année prochaine ?

Danielle profite de son passage à l’épicerie pour récupérer un pamphlet sur des dunes qui seraient, semble-t’il, pas trop loin d’ici. La photo en couverture est des plus inspirantes, l’explication pour y aller est facile (tout droit pendant 12 kilomètres, à gauche, tout droit pendant 12 kilomètres, à droite, tout droit pendant 6 kilomètres). On décide donc d’y aller. Les indications sont parfaites exactes. Quand ils disent tout droit, c’est tout droit. Bon, en même temps, vu la géographie des lieux, je comprends assez parfaitement la volonté de ne pas mettre de virage, mais peut être que des fois, quand même, juste pour le plaisir, non ? Non. Bon, d’accord.

Je pensais que la route nous amènerait jusque sur le bord des dunes, mais on se contente de les voir un peu à l’écart, à deux ou trois kilomètres. Après une petite hésitation, je transforme une fois de plus le Pourquoi pas ? en véhicule tout terrain, et m’engage sur un petit chemin de terre. Petit, il l’est vraiment. Il est plus conçu pour les quads que pour les vans. Mais ça roule quand même, et le Pourquoi Pas ? poursuit son chemin bien sagement, pour nous emmener jusqu’au pied des dunes.

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Elles sont juste devant nous. Une petite pente, pas trop raide, permettrait même au van d’aller faire un tour dessus. Je vérifie à pied, ça a l’air passable. Je n’ai pas encore fait trop d’expérience de ce genre avec Pourquoi Pas ?. Entre autre parce que je n’ai pas nécessairement envie de l’abîmer. Mais je décide de faire le test. Après quelques essais, pourtant, je dois bien me rendre à l’évidence qu’il ne montra pas. En fait, il monte sans problème la partie la plus raide, mais le sable devient plus léger et moins dense après, et c’est là qu’il patine. Autant ne pas trop insister, donc, et ne pas rester coincé au milieu de nul part.

À la place, on va se promener bien sagement, à pied sur les dunes. Non sans avoir mangé un magnifique sandwich rôti de boeuf + fromage à la crème + avocat avant de partir à l’aventure. C’est quand même agréable de varier la nourriture des fois !

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On repère une belle grosse dune un peu plus loin. On va donc lui rendre visite. On fait la course jusqu’au sommet, d’où la vue est assez grandiose, et un peu déprimante en même temps. Mais en même temps, quand on aime les immensités vides à perte de vue, c’est pas mal !

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Immense et vide, mais qui se prête parfaitement à un petit 360. Une Danielle à droite, une Danielle à gauche.

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J’en profiterais également pour faire quelques courses de descente dans le sable, histoire de ne pas perdre la main, maintenant que je sais si bien faire !

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L’heure tourne tranquillement. On refait donc les 6 kilomètres, on tourne à gauche, 12 kilomètres, et on tourne, cette fois, à gauche, histoire de reprendre la route en direction de la 395. Ce n’était pas l’itinéraire que j’avais envisagé de prendre, mais celui-ci marche tout aussi bien, et nous fait arriver un peu plus au nord. Ce qui veut dire plus de 395. C’est parfait.

La route est longue. Une centaine de kilomètres, environ. Au milieu de rien. D’autant plus longue que je continue à rouler à 90 km/h, un rythme qui convient parfaitement au Pourquoi Pas ? et à son réservoir. Bon, d’accord, je craque deux fois en essayant de voir les limites que je peux atteindre. 130 sur du plat, je n’ose pas aller beaucoup plus loin. 150 en descente, j’ai l’impression qu’on va s’envoler. Je n’insiste pas plus.

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Et puis finalement, une dernière immense descente, une grande vallée très large. Aucun doute, c’est la signature de la 395. Je la devine qui est là bas, qui nous attend.

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On roule encore un peu. Le paysage est beaucoup moins ennuyeux, entre autre à cause de « Albert Rim », une falaise d’une cinquantaine de mètres de haut, qui s’étend sur une soixantaine de kilomètres en longueur. Il y a simplement un peu plus de choses à voir ici.

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Et puis on arrive à une aire de repos ; celle-ci était indiquée sur la carte, et je la voyais bien comme halte potentielle. Il n’y a aucun panneau interdisant quoi que ce soit, c’est donc plutôt bon signe. Certes, on est juste à côté de la route, mais côté trafic, ça devrait être plutôt tranquille j’imagine.

Il est encore un peu tôt. Je ressors donc les massues, histoire de pratiquer un peu mes habiletés de jongleur. Avec trois quilles, ça laisse encore pas mal à désirer. De son côté, Danielle pratique son « contact jungling » avec sa boule de verre. C’est toujours aussi fascinant. Histoire de varier les plaisirs, on s’essaie aussi avec trois balles. Ça, personnellement, j’ai plus vraiment de problèmes. L’étape d’après va être d’apprendre des « figures », et c’est pas gagné. Le ciel commence à se dégager un peu. On pourrait avoir une très belle journée demain. En tout cas, on a droit à un magnifique couché de soleil !

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Et puisque l’on est toujours sur une thématique de variation des plaisirs, je m’essaie au Didgeridoo pour la première fois, et je m’en sors pas trop mal après quelques essais infructueux. En fait, j’aime énormément l’expérience et la sensation. Je joue donc pendant un bon moment. Ne me reste plus qu’à apprendre la respiration circulaire. Ça, c’est pas gagné !

Le soleil disparaît complètement, et on migre bien au chaud à l’intérieur du van. La température a légèrement remonté juste à la fin de la journée, et on est relativement bien dehors, mais faut pas exagérer non plus.

Je prépare une petite salade variée pour le repas (concombre, maïs, haricot rouge, fromage, betterave) et on mange une petite part de gâteau au fromage en guise de dessert, en hommage aux gens dont c’est l’anniversaire le 5 novembre !

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Pour couronner le tout, j’ai même le droit à ma petite séance de musique rien que pour moi dans le van. Moi je dis qu’il y en a qui sont chanceux quand même !

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Bonne fête Danielle !

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Aujourd’hui, on profite un peu de la playa, on traverse le Nevada et on dort presque en prison.

Imaginez deux immenses montagnes, avec entre les deux un immense désert tout plat, tout sec. Je suis sûr que vous imaginez le potentiel éolien de la chose. Nous, on passe la nuit en plein milieu de ce corridor. Si pendant Burning Man j’ai eut le droit à quelques belles rafales, et à une jolie tempête de sable, je n’avais pas eut le droit à des vents d’une telle violence. C’est tout simplement impressionnant. Et, au bout d’un moment, inquiétant. Non, je n’ai pas vraiment peur que le van s’envole, même avec le toit ouvert. Il dépasse la tonne et demi avec tout ce qu’il y a dedans. Non, l’inquiétude est au niveau de ma vitre arrière, qui consiste en une nappe en plastique orange à 3$ au Wallmart, et un rouleau de ducktape. Ok, c’est solide le ducktape, mais quand même… c’est surtout que ça fait « flap flap flap » dans le vent depuis un bon moment. Et j’imagine perdre la vitre arrière, en plein désert, froid, de nuit, dans une tempête de sable. Ça pourrait rentrer dans la liste des expériences pas forcément positives. Et c’est sans compter le bruit de ce flap flap… bref, une raison de plus pour pas être content de ne plus avoir une vitre arrière en bon état ! Il y a quelques accalmies au niveau du vent, qui me permettent quand même de dormir un peu, mais je trouve que ça devient lassant de cumuler les mauvaises nuits… quand la pluie, à son tour, commence à tomber, je commence vraiment à le prendre mal. L’idée d’être enlisé au milieu du désert de Black Rock ne me tente pas vraiment non plus. J’aime bien le désert de Black Rock, mais bon, quand même… il pourrait faire un effort !

Et puis au final, on survit ! Oui, ça tombe raide, un peu, comme conclusion, après un suspens si insoutenable, mais que voulez vous… s’il est tombé quelques gouttes, le sol est tellement sec que ça ne paraît quasiment pas. Et mon bricolage à base de nappe et scotch est d’une solidité à toutes épreuves. Tant mieux ! Mais du fait de l’instabilité météo, la première chose qu’on fera au réveil, c’est de revenir plus prêt de la route. Là, je pourrais préparer un petit déjeuner anniversaire à Danielle. Je ne réalise qu’au moment de le faire mais si on considère que l’on s’est rencontré il y a tout juste deux semaines à un événement Burning Man, et que je lui ai fait des crêpes le lendemain matin, fêter son anniversaire avec des crêpes au petit déjeuner, sur la playa, semble parfaitement logique ! Évidemment, c’est moins sophistiqué. On fait avec les moyens du bord. Mais crêpes au brie, et crêpes au Nutella, ça marche toujours autant !

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La pluie semble ne plus être au programme. Si le ciel ne se dégage pas, il est quand même moins menaçant. Et j’avais quand même envie de faire une vidéo de Danielle, en train de chanter au milieu du désert. Elle a quand même une chanson qui s’intitule « Thristy Fish » (poisson assoiffée) ; l’endroit semble se prêter à merveille à l’enregistrement d’un magnifique clip ! Évidemment, pour des raisons techniques, ça prendra un moment avant de voir le résultat final, mais il devrait y avoir de quoi d’intéressant à faire.

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Comme on est là, on décide d’en profiter pour aller voir comment c’est de l’autre bord de la playa. L’autre bord de la playa, il est loin. C’est l’une des choses fascinantes dans le désert. Avec aucun point de repère, pas moyen d’estimer les distances. La traversée nous occupe un moment. Par contre, conduire dans ce genre d’endroit est un vrai bonheur. C’est plat, c’est infini. On peut tourner, avancer, reculer, aller où on veut, comme on veut. L’expérience est des plus amusantes. Qu’est-ce que l’on trouve de l’autre côté de la playa ? Un train !

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Le chemin du retour, la playa dans le sens de la largeur mais dans l’autre sens, je le ferais assis sur le fauteuil du passager. Parce que tiens, pour une fois que j’ai une occasion de ne pas conduire ! Danielle deviendra donc la deuxième personne à avoir conduit le Pourquoi Pas ? depuis mon départ de Montréal !

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De retour sur la route, on dit au-revoir à Black Rock Desert, puis à Gerlach et Empire, alors que l’on prend la route du sud, qui doit nous emmener vers de nouvelles aventures. C’est sympa de pouvoir refaire le même chemin qu’au moment de quitter Burning Man, mais cette fois-ci en voyant le paysage ! On fera quelques pauses, brèves, notamment pour admirer le lac Pyramide, mais sinon, on rejoindra rapidement la 50, avec qui on fera plus ou moins de kilomètres. L’itinéraire exact peut encore varier.

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À partir de là, la route perd soudainement tout intérêt. Il fait gris, il pleut un peu, il pleut beaucoup, il n’y a pas grand chose à voir, sinon un grand désert plat. À priori, il y a aussi des jolies montagnes, mais on les perd la plupart du temps.

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On discute un moment avec Danielle de la stratégie à adopter. Je suis d’humeur à rouler ; vue la météo, vu le paysage, qu’il fasse jour ou pas ne changera pas grand chose. Une longue étape aujourd’hui, manger du kilomètre pendant la nuit, nous donnera un peu plus de temps après, pour un paysage possiblement beaucoup plus intéressant. J’hésite encore un peu, je remets la décision en question une ou deux fois, mais des vérifications météo me confirment qu’à priori, on fait le bon choix. On prend donc la route la plus courte, et la plus rapide. Autre petit détail qui me motive à aller vite : les prévisions sont à la neige. Oui, j’ai arrêté de comprendre. Il pleut à verse, il va bientôt neiger, il faut que je révise ma vision du désert. Toute à la fin de la traversée, on a un col à 2500 mètres à traverser. Le van n’a pas de pneus neiges, autant éviter d’être pris dans une tempête de neige.

On perd au niveau paysage, on gagne par contre une expérience des plus intéressantes : la traversée du Nevada, de nuit, sous la pluie, par temps de brouillard, en écoutant la musique d’un film de zombies, histoire d’être bien dans l’ambiance. Comme je l’explique à Danielle, si jamais je vois une silhouette sur le bord de la route, les bras écartés, dans le doute, je l’écrase ! Mais bon, finalement il ne se passera rien de tel, pas de rencontre surnaturelle. On mange kilomètre après kilomètre. Ou plutôt je mange, pendant que Danielle se repose bien confortablement. Il y a quand même des injustices dans le monde du road trip !

Aujourd’hui, on a changé d’heure. Entre la pluie, le brouillard et le changement d’heure, il fait nuit noire un peu avant 17h. En même temps, ça renforce l’impression d’aventure. Quand on traverse la ville d’Eureka, je suis persuadé qu’il est trois heures du matin. Même chose rendu à Ely… et pourtant, après vérification, il est seulement 23 heures.

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J’ai une hésitation à Ely. Le col à 2500 n’est plus très loin. Il y a une aire de repos juste avant, et une pas mal plus loin, qui implique une heure de route en plus, ce qui commence à faire tard. On pourrait aussi, tout simplement, passer la nuit à Ely, dans un parking. J’hésite, et puis je me dis que peut être l’aire de repos sera une bonne solution. À peine sorti de la ville, je me dis que c’est peut être une erreur, mais bon, maintenant qu’on est sur la route, essayons voir.

En fait, je ne me sens pas très « safe » ce soir. Je ne suis pas sûr de vouloir dormir n’importe où dans le Nevada. L’aire de repos, ou un endroit avec d’autres gens, me plairaient quand même plus. Surtout que peu de temps après être sorti de la ville, le panneau « veuillez dénoncer les personnes tirant depuis la route » n’est pas pour me rassurer. Au loin, je vois une zone plutôt bien éclairée. Ça correspond plus ou moins avec l’emplacement de l’aire de repos sur la carte. J’anticipe avec enthousiasme un endroit civilisé, plein de routiers, plein de vie, où l’on pourra dormir sans se poser de questions. Le panneau « zone de prison, autostop interdit » puis « pénitencier d’état prochaine à droite » me laisse imaginer que finalement, mon aire de repos n’est pas idéale. D’ailleurs, cette aire de repos, je la verrais jamais.

Par contre, je vois le panneau « National Forest », tout comme je vois le petit chemin un peu après. Je m’y engage. C’est un peu scabreux, mais ça passe quand même. Je tourne en rond dans les arbres, trouve un endroit plat. On parque le van, le passe en mode nuit. J’ai un très mauvais feeling. Déjà, la porte latérale ne ferme plus à clé, et je prends ça comme un mauvais pressentiment. Ensuite, on a roulé « juste » 15 kilomètres depuis la prison. Oui, on est rendu loin, mais je sais pas… y a un côté pas rassurant. Quand au petit chemin où on est, si jamais il neige cette nuit, c’est possible que l’on ne ressorte pas le van avant 2011, ce qui pourrait être gênant… alors finalement, avec tout ces sentiments négatifs, je préfère faire demi tour. C’est bête, je sais, mais je me sentirais mieux.

On revient donc 30 kilomètres en arrière, jusqu’à Ely. À l’entrée de la ville, il y a une halte routière. Je me gare bien confortablement à côté d’un camion Wallmart. Voilà… ça, il me semble, c’est beaucoup plus rassurant. Je me couche, fatigué, un peu plus de 600 kilomètres dans les jambes. Je m’endormirais sans problème, et rapidement.

J’ai passé le 20000e kilomètre depuis que j’ai quitté Montréal, un peu après Black Rock Desert.

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Le changement de planète

On November 8, 2010, in Carnet de route, Panoramique, Pensées, Photos, Pourquoi Pas ?, [Le chemin du retour], by Sébastien
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Aujourd’hui, on se réveille sous la neige, on quitte le Nevada, on rechange d’heure, et on débarque sur une nouvelle planète.

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Et là, soudain, je me dis que finalement, être revenu en arrière et ne pas avoir dormi sur un chemin de terre au milieu de la forêt, mon dieu que c’était une bonne idée !

Il fait froid, ce matin, au réveil. Et tout ce blanc autour, alors que dans ma tête je suis dans le désert (Nevada = désert, non ?) c’est extrêmement perturbant. On est dans les 2200 mètres, c’est pas si haut, et on est encore bien dans le sud… même à Montréal et à Québec, je suis pas sûr qu’ils en ont autant ! Bon, d’accord, j’aime la neige, et c’est beau. Et puis la route reste tout à fait praticable, donc ça ne sera pas un problème. Danielle est heureuse aussi. Ça fait un bon moment qu’elle n’a pas vu la neige : s’il neige beaucoup au Kansas, à Portland si près de la côte, c’est une autre histoire. Alors on a froid, mais on apprécie quand même. Le gars en vélo, par contre, qui lui s’en allait en Californie, il se peut qu’il soit moins heureux !

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La météo et le non changement au niveau du paysage confirme, par contre, qu’on a pris la bonne décision en roulant beaucoup hier. Autant l’avoir fait de nuit. Parce qu’aujourd’hui, plus ça change, plus c’est pareil. Et les lignes droites de 15 kilomètres, bon, comment dire… à 90 kilomètres heure, ça veut quand même dire 10 minutes sans tourner le volant. C’est long !

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Et soudain, paf ! Ce qui semble être un aperçu de ce qui nous attend un peu plus tard. Qu’est-ce qu’il fait ici, ce canyon, alors que c’est le style « South Utah », je sais pas trop. N’empêche que… bin oui, il est magnifique ! Dommage que ce soit sous la pluie par contre, mais bon. Des fois, j’arrive aussi à ne pas me plaindre, et à tout simplement admirer. Cathedral Gorge, le nom est plutôt bien choisi !

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Ce bref mais magnifique petit aperçu nous encouragera à continuer joyeusement. Dans le lointain, le ciel semble peut être éventuellement se dégager. Les prévisions météo sur Zion sont à la tempête pour aujourd’hui, mais au soleil avec passages nuageux pour demain. C’est plutôt encourageant. On arrive finalement dans l’Utah. L’Utah qui se trouve dans la « Mountain Time Zone ». Ça veut dire qu’on regagne aujourd’hui l’heure perdue hier. Non, le contraire. On repère aujourd’hui l’heure gagnée hier. Ou je sais plus, je me mélange tout le temps. Bref, tout ça pour dire qu’il est pour nous à nouveau la même heure qu’il était. Je me demande bien pourquoi j’ai changé l’heure de mon appareil photo…

Il nous reste une dernière vallée à traverser, avec au loin, la promesse du soleil. On s’y attelle sagement, sans se poser vraiment de questions sur la neige qui tombe.

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Un dernier virage, et repaf, en pleine face. Une petite demi heure plus tôt, j’expliquais à Danielle que le van pouvait se transformer en vaisseau spatiale, sauf qu’en ce moment, pas de vitres arrières, je peux pas vraiment aller me promener dans le vide. Sauf que là, je me demande si en fait, on vient pas d’être catapulté quand même sur une autre planète. Genre mars, complètement au hasard.

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Une montagne avec des bourrelets, moi, personnellement, ça me surprend !

Alors ici, ça s’appelle « Snow Canyon », et on l’a pas vu venir du tout. Ça surprend quand même pas mal. Mais on y reste, on s’y ballade, on admire, on rigole sans raison tellement c’est magnifique. Rester sans voix, complètement fasciné par un paysage, ça ne m’était pas arrivé depuis… bon, okay, pas depuis si longtemps que ça. Yosemite et Crater Lake ne sont pas très loin. Pas plus que le mont Robson. Mais quand même… là, j’ai bien l’impression que ça dépasse tout ce que je connais… fascinanbuleux ? En fait, je me serais éventuellement attendu à marcher sur du sable orange en Australie. Des dunes pétrifiées oranges, c’était pas prévu. Et des mélanges de couleurs orange/vert de la sorte, c’est juste… wo !

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Évidemment, un paysage de même, ça demande aussi de faire quelques panoramiques…

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Bon, d’accord. Un petit dernier, mais c’est juste parce que vous le demandez !

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Au moment de quitter le parc, il y a une madame dans la guérite. J’ai bien vu qu’il fallait payer à l’entrée, mais j’ai ma passe magique des parcs nationaux ; j’ai aucune idée si elle marche pour ce genre de parc. La madame me dit que non. Je veux lui poser une question, mais je sais pas pourquoi, les mots se mélangent. Trop de choses dans ma petite cervelle, là maintenant peut être. La madame me regarde avec un petit air dédaigneux, et nous dit qu’on peut y aller. Bon, bin passer pour un idiot vient de me faire économiser 6 $. Ok…

Juste après le parc se trouve une petite ville. Le style des maisons me plaît beaucoup. J’ai l’impression d’être de retour en Arizona, ou dans le sud de la Californie, avec ces maisons en terre, de forme carrée, mais aux coins arrondis. J’aime beaucoup ce style. Par contre, ce que j’aime beaucoup moins, ce sont les murs tout autour.

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Il y a un certains nombre de belles maisons, mais toutes sont cachées derrière des murs, derrière des barrières, dans des rues privées. Le genre de petite communauté parfaite où l’on ne veut surtout pas voir apparaître un étranger, parce que les étrangers sont tous des terroristes vilains pédophiles voleurs venus manger le pain des américains. Autant le paysage est magnifique, autant mes préjugés -que ce soit en Arizona, en Utah, au Texas ou dans le Nevada- sont relativement forts. Pas pour rien que je ne voulais pas dormir n’importe où au Nevada. En même temps, je suis parfaitement conscient que ce sont des préjugés, et que c’est dommage. Et j’ai bien l’intention de les briser un jour en prenant plus de temps dans la région, pour rencontrer les gens, leur parler, et me rendre compte qu’ici aussi, s’il y a beaucoup d’abrutis, il y a aussi des gens bien. Ça sera pour une prochaine fois par contre.

Petite pause internet rapide, où je vérifie l’arrivée d’un mini contrat urgent. On aime ça les mini contrats urgents. Ça met un peu de gaz dans le van, et si je veux le ramener jusqu’à Montréal, ça va me prendre encore pas mal de gaz. J’aurais donc un peu de travail à faire ce soir. Mais pour le moment, c’est très clair, on veut profiter du magnifique soleil qui vient de s’installer pour de bon semble-t’il. Le plan est simple : trouver un endroit où dormir, trouver une connexion internet pas trop loin pour le lendemain matin, et trouver tout ça le plus proche possible de Zion. Ça paraît jouable.

Plus on s’approche du parc, plus nos commentaires perdent en originalité. Alors on passe notre temps à trouver ça magnifique, fascinant, et à le répéter 5 ou 6 fois du kilomètre.

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Au détour d’une courbe, je vois deux tentes sur le bord de l’eau. Ça m’interpelle. On fait demi tour. Il y a là un grand terrain, semi terrain vague, semi camping pas aménagé du tout. Aucune information, aucune demande de paiement. Juste une bonne quinzaine de voitures, un peu partout, et quelques tentes. Parfait. C’est toujours agréable de savoir où l’on va dormir.

On en profite ensuite pour aller faire un petit repérage rapide du parc, et récupérer une brochure d’informations. Le soleil est en train de disparaître, donc on ne restera pas dans le parc, mais au moins, on pourra prendre des notes. Au parking de l’accueil touristique, une dame vient me voir, et demande si elle peut signer le van. Moi c’est le genre de demande auquel je réponds toujours oui ; j’ai aucune raison de dire non. On discute un moment. Elle est très sympathique. Elle vient d’Irlande. Alors forcément, des ronds verts, elle n’avait pas le choix. Danielle, grande fan de Finegans Wake (de James Joyce) et du Book of Kells (oui, elle a été très jalouse d’apprendre que je l’ai vu en vrai) passe un moment à discuter avec elle.

Pendant ce temps, on a le droit à un coucher de soleil rouge sur des rochers rouges. Effet réussi !

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On retourne au van, qui nous ramène sagement jusqu’au camping, où l’on s’installe tranquillement. Moi je me mets au travail. Danielle, elle, se met à la lecture. Et puis j’ai surtout énormément de photos à trier soudainement ! Et beaucoup de panoramiques à faire ! Que de travail, à nouveau, que de bloguer tout ça ! Mais en même temps, comme je l’explique à Danielle, j’aime ce petit exercice quotidien, le soir. Ça me permet de repasser toute la journée dans ma tête, de la revivre une deuxième fois, de la réapprécier une deuxième fois. Et de me rappeler que des fois, comparer le paysage du matin au paysage du soir, c’est quand même une expérience intéressante !

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Allez… je vous le refais, encore plus facile pour vous aider :

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Parce que des fois, il faut bien travailler

On November 11, 2010, in Carnet de route, Gastronomie, Photos, Pourquoi Pas ?, [Le chemin du retour], by Sébastien
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Alors aujourd’hui, on ne fait pas grand chose.

On a survécu à la nuit. Il faut reconnaître que le chauffage a grandement aidé ! Quand on se réveille, tout est blanc partout, tout est joli. Les prévisions météo disent que le temps va être couvert toute la journée, avec possibilité d’averses de neiges, et que demain, le ciel sera tout bleu tout beau. Ça tombe bien, parce que j’ai quelques petits projets à faire aujourd’hui. Et puis il y a toujours ces petites contraintes logistiques. Genre prendre des douches, laver le linge, et préparer les plans tops secrets. Bref, aujourd’hui, on prévoit passer la journée en ville.

Pourquoi Pas ? est un tout petit peu moins enthousiaste à l’idée de démarrer ce matin, mais il est toujours fidèle. Il demande juste un quart de seconde en plus. Il y a trois centimètres de neige sur le parking. Sur la route, tout n’a pas été complètement déneigé. Je fais donc un petit test tout simple. Bloquer les freins alors que je roule à peine à 10 kilomètres heure. Pourquoi Pas ? réagit exactement comme je m’y attendais, il part tout de suite de travers. Après tout, les pneus doivent commencer à se faire vieux.. je leur ai pas ajouté 20000 kilomètres pour rien… et puis ça n’est pas des pneus d’hiver, alors bon. Je sais qu’il faut que je fasse attention ; c’était déjà prévu de toutes façons. N’empêche que ce paysage de montagnes rouges, sous la neige, même si c’est étrange, c’est beau !

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Le reste de la journée passe lentement, et froidement. On lave le linge, on se douche, Danielle lit et se repose, moi j’essaie d’être inspiré et je travaille.

Et puis on confirme un certain nombre de petits détails techniques également. Par exemple, pour rentrer au Canada, les américains ne sont pas obligés d’avoir un passeport. Danielle n’en a pas. Ils peuvent rentrer avec une preuve de citoyenneté (extrait de naissance) et une preuve d’identité (permis de conduire). Ce qui est valide uniquement par voix terrestre. Il se trouve que :
1- Le Pourquoi Pas ? reste pour le moment très attaché à la route
2- La colloc de Danielle peut lui envoyer un extrait de naissance en express post
3- Estelle et Olivier n’ont rien contre le fait que j’arrive à deux plutôt qu’à trois
4- Danielle a bien envie de jeter un oeil à Montréal

Donc voilà… petit changement dans les plans. On se supporte toujours bien, on ne se tape toujours pas sur les nerfs, et l’idée de terminer le voyage ensemble nous plaît bien. Danielle va donc venir faire un petit tour à Montréal. En fait, l’une des motivations est musicale : Danielle est en train de terminer 6 CDs. Oui, elle est productive ! Mais certaines de ses chansons pourraient gagner à être réenregistrer, notamment le piano. L’avantage de mon piano numérique, à Montréal, c’est que l’enregistrement est d’une qualité parfaite sans se compliquer la vie à faire des réglages. L’avantage d’avoir des contacts à Montréal, c’est que je pense pouvoir lui avoir accès à un petit studio où elle pourrait refaire quelques enregistrements. Bref, l’idée lui plaît énormément !

La météo vient un peu changer le plan de vol aussi. Le froid qui nous tombe dessus me démotive un peu à jouer les touristes. Cette nuit, ils annoncent quand même -13 ! Autant rentrer à Montréal, il fait plus chaud ! Dans la journée de demain, il devrait faire +1. La randonnée dans ce contexte, même si le paysage est magnifique, perd un peu en intérêt. Je pensais profiter un peu plus du sud de l’Utah, mais on va probablement se remettre sur la route un tit peu plus vite que prévu. On arriverait un peu plus tôt à Lawrence, pour permettre à Danielle de quand même voir un peu sa famille et ses amis, et elle se réarrêterait sur le chemin du retour. Ça semble un bon plan. Et puis moi j’ai les projets qui s’acculent dans ma tête, et j’ai vraiment envie de commencer tout ça ! Et d’en finir certains aussi ! Un certains nombre de livres, quelques dizaines de milliers de photos, quelques contrats… bref, le besoin de rentrer se fait de plus en plus ressentir. Donc demain, Bryce, et ça devrait terminer la partie très touristique. Ensuite, on roule.

À la fin de la journée, je fais une petite épicerie pour la soirée. Il fait froid, c’est pas motivant… et puis au moment de démarrer, Pourquoi Pas ? se fait vraiment très hésitant. La batterie semble souffrir pas mal du froid, ce qui m’inquiète un peu… s’il fait réellement -13 cette nuit, dans quel état est-ce qu’on va la retrouver demain ? Bon, le pire qu’il puisse arriver, c’est que le van démarre pas. On est sur le bord d’une route, il y a quand même du passage, on pourra faire signe aux voitures, en espérant trouver quelqu’un pour nous aider à démarrer. Rien de catastrophique donc.

On rentre à notre petit parking/camping, où je prépare un chocolat chaud. Il reste juste assez d’eau pour ça… bon, bin on n’a plus d’eau non plus. Ce sont tout ces petits détails ; rien de bien catastrophiques ; juste des mini petites gênes… qui font que la perspective de rentrer me plaît bien. Me libérer un peu de tout ces soucis. Bon, je sais que j’en aurais beaucoup d’autres à Montréal, mais c’est bien de varier les soucis de temps en temps !

Enfin… il n’empêche qu’avec le chauffage qui marche, on est bien au chaud dans le van ! Et puis le chocolat chaud + beurre de peanut + brandy + crème fouettée, ça aussi ça réchauffe bien ! Pis ça endore un peu aussi. J’ai l’impression que je ne m’éterniserais pas pendant des heures ce soir !

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